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Bus 38

Ce soir, j'ai quitté le travail en compagnie d'une de mes hôtesses. Agée d'une cinquantaine d'années, celle-ci vient de vivre des moments difficiles. Seule, sans enfants, c'est une femme aigrie, difficile. L'année dernièer elle m'a fait un coup de trafalgar et depuis un an je m'en tiens à des relations strictement pro avec elle : bonjour, au revoir.

En juillet, elle m'a appelée un matin, en larmes, pour m'annoncer que son neveu de 30 ans venait de se tuer en voiture, sur une route de Corse.

Depuis son retour, je me suis fait discrète, ne posant pas de questions, la laissant venir à moi à son rythme. Je la connais un peu après 5 ans. Cette semaine, elle m'a confié qu'elle était bouleversée, n'arrivait pas à dormir et qu'elle se sentait seule. Je lui ai proposé de nous retrouver dans la semaine pour passer la soirée ensemble.

Ce soir, donc, je l'ai emmenée boire un mojito dans le Marais, un de mes quartiers préférés. Nous nous sommes laissées tomber dans les fauteuils en cuir fauve de l'Amnésia. Elle m'a raconté son neveu, fils unique, qui avait annoncé à ses parents que sa copine était enceinte 2 jours avant de se tuer. Quad j'ai vu ses yeux se mouiller, j'ai doucement changé de sujet. Puis nous sommes allées dîner d'un magret de canard rôti aux figues et miel à la Tartine, 24 rue de Rivoli. Une brasserie sans prétention que j'avais découverte, cet hiver, au sortir d'un théâtre. J'avais été subjuguée par la chaleur et le professionalisme des serveurs. Le service y est toujours aussi courtois. Sur le carrelage, un éclair qui attrape mon regard : c'est Kiki, la souris de la maison, elle se balade entre les tables, visiblement peu perturbée par le bruit et les lumières. Marrant d'observer le regard surpris des autres convives.

A la sortie du restaurant, nous levons les yeux vers l'Hôtel de Ville et la tour Saint Jacques défigurée. Le soir, j'aime rentrer en bus et admirer Paris qui scintille sous les feux de la nuit.

Place du Châtelet, je me souviens du Pygmée, restaurant africain ou âgée d'à peine 20 ans, après des concerts de jazz live au Front Lounge, je venais à l'aube manger d'odorants mafés avec Simon, le barman. Ring that bell, Simon !

J'enjambe le Pont au Change, à gauche Notre Dame, à droite la Conciergerie, sous lequel glisse un bateau-mouche qui promène sur son dos des grappes de touristes émerveillés. Nous remontons le boulevard Saint-Michel, quartier favori d'Esperanza, jusqu'au Luxembourg, puis arrivons à Port Royal, enlaidi par la cité du CROUS. J'aperçois la Closerie des Lilas, bar restaurant mythique qui vit Zola, Cézanne, Verlaine puis André Breton et Hemingway. A droite, on file vers Montparnasse. Nous roulons maintenant sur les pavés de la place Denfert Rochereau ou trône une réplique miniature du lion de Belfort et ou on trouve l'entrée des catacombes. La rue Daguerre, à droite, est quasi-déserte.

18° sur Paris m'annonce l'affichage lumineux au-dessus du périph'. J'aurais juré qu'il faisait meilleur. Dans ma rue , une québecquoise m'arrête, elle est paumée et me demande quelles sont les rues alentour. Amusée, je me lance dans une énumération appliquée quand une personne fait irruption d'un immeuble voisin et lui crie "C't'é ci !". Ma blonde frisée me jette un "Z'êtes bin fine". Je suppose que c'est un compliment. Merci madame et bone soirée ... moi je vais bloguer.

Commentaires

  • Moi aussi je préférais prendre le bus quand j'habitais à Paris...
    Je crois que "ma blonde" pour un québécois ça signifie "ma copine"...

  • Dis, c'est-y quoi, cette nostalgie ?...
    Influence des blogs que tu visites ?
    J'aime bien ta ballade dans Paris... Marrant comme chacun peut avoir la sienne. Cette ville est trop... Fichtre, voilà que tu me fiches la nostalgie, à moi aussi... J'ai tant aimé notre capitale, me promener à pied dans toutes ses petites rues... Faire la tournée des Grands Ducs de la gaytitude... Sans le Marais, à mon époque... Elle me manque cette satanée ville. Je fiche quoi, moi, ici ? Le soleil de la Provence ne peut pas remplacer les petits matins froids et brumeux sur le jardin des Tuileries...
    Bises.

  • Anange,
    Oui tu as raison, ma blonde c'est ma copine au Québec ... tant pis, je laisse comme ça :)
    Boby,
    J'ai failli supprimer ce billet ce matin, je le trouvais médiocre, vite écrit en rentrant hier soir.
    La nostalgie ? Oui, sans doute. J'écris souvent des billets de souvenirs, mais ce sont des souvenirs heureux.
    C'est juste que je fréquentais beaucoup le quartier quand j'étais jeune donc j'y pense toujours quand je passe place du Châtelet. Simon m'emmenait faire le tour du périph' sur sa moto, j'adorais ça. Aujourd'hui, mes quartiers de prédilection ont changé.
    Les circuits de la gaytitude, je les connais aussi grâce à un ami qui me racontait ses ballades le long des quais, à l'époque ;)

  • Supprimer ce billet !?
    Ah non, faut pas !
    Ce n'est pas le récit d'une balade, c'est une ballade (avec deux "ailes" comme les papillons).

  • Merci Alex... Sans correcteur d'orthographe j'hésite toujours sur les paires d'ailes... J'ai compris maintenant ! C'est parce que j'ai toujours des papillons devant les yeux !

  • Sympa cette petite balade parisienne.

    L'histoire ne dit pas si l'hôtesse a apprécié sa soirée, mais moi, j'en ai apprécié le récit ;-)

    Bon week-end à toi

  • Tu remontes le moral à cette femme malgré le coup de jarnac qu'elle t'a fait l'année passée, tu es vraiment une nana épatante pleine de compassion, j'applaudis des deux mains car je n'aurais pas fait l'effort

  • Ne le supprime pas, il est bien cet article !
    En 3 étapes, on te devine dans ton état d'esprit.
    La disparition du neveu, la jeunesse partie et finalement Paris qui est encore et toujours là.
    C'est beau ! :-)

  • heureusement qu'il y a des gens comme toi qui ne gardent pas trop de rancune et qui, tout en restant à distance, ouvre une porte pour un peu de réconfort.

  • Fiso,
    Bon c'est vrai j'en conviens, le rapport ne paraîtra pas évident, mais je rentre à Paris mardi, avec victuailles et humbles cadeaux, mais je me pose la question : avec ou sans le cochon ?

    Nicolas,
    Tu peux revenir : je ramène des liquides tropicaux

  • Lutine,
    Ce n'est pas le genre à s'épancher.
    Elle m'a raccompagnée à l'arrêt de mon bus et m'a fait la bise, ça veut tout dire pour moi ;)
    Giao,
    J'essaie de me débarrasser de ma tendance à la rancune.
    C'est quelqu'un pour qui j'ai une forme d'affection, elle a quelque chose d'enfantin, un côté peste qui boude quand je la néglige.
    Filaplomb,
    Bien vu !
    Saperli,
    Pas d'ondes négatives ;)
    Tonnégrande,
    Cool que tu reviennes :)
    Nicolas est en vadrouille, Dyvyne parti se perdre en Ukraine, mais on peut se retrouver pour boire une mousse et organiser notre gueuleton (mon mail est en haut à droite). Bises !

  • Fiso,

    Ce qui compte, c'est que tu aies passé une bonne soirée en te remémorant de bons souvenirs, non ?

  • Ce qui compte surtout, pour moi, c'est qu'elle n'aie pas passé la soirée seule à cogiter.
    Si je lui ai permis de s'évader quelques heures de son chagrin, c'était une bonne soirée, alors.

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