J'ai peu d'amies. A., dont le prénom signifie "espoir" et que j'ai connue au lycée. On avait 17 ans et on a mis longtemps à s'apprivoiser. On se croyais différentes mais au fond on était pareilles. La colère a construit notre indépendance. Je ne parle pas souvent d'elle parce qu'elle lit mon blog et qu'elle est pudique.
Mon autre amie, celle dont j'ai envie de parler ce soir parce que je viens de passer une heure avec elle au téléphone, je l'ai rencontrée il y a presque 4 ans. A un moment ou j'étais en pleine détresse, devenue une étrangère pour moi-même. Incapable d'afronter les questions, peur d'être jugée, mes amis n'ont parlé qu'à mon répondeur pendant un an. Mes parents étaient loin, heureusement, et ma fratrie me laissait tranquille. On a toujours été pudique dans la famille. J'aurais voulu hiberner dans un trou et je n'arrivais même pas à faire une nuit complète. L'hiver 2003, je ne l'oublierai jamais. C'est l'hiver ou j'ai eu le plus froid de ma vie.
Dans ce brouillard, I. croise ma route. Derrière la battante, je découvre une sensibilité exacerbée et un sens de l'écoute immense. Petit à petit, elle me raconte son histoire, similaire à la mienne, et ses blessures : manque de confiance, peur de l'abandon, sacrifices. Et puis la révolte, violente, inattendue. Le remords, comme un couteau qu'on s'enfonce et qu'on remue dans la plaie. Cette blessure là, il fallait être une femme et l'avoir vécu pour la comprendre. Alors pour la première fois, je me confie à une femme. On pleure ensemble sur nos questions sans réponse. Et puis, après de longs mois, les larmes commencent à laisser la place aux rires, au fur et à mesure qu'on se pardonne nos fautes imaginaires.
Aujourd'hui, I. cherche toujours l'amour. J'ai souvent du mal à comprendre pourquoi ses rapports avec les hommes sont si passionnels. Notre différence, c'est qu'elle en a peur. Moi, je me nourris d'eux. Je vois ce qui nous rapproche, pas ce qui nous éloigne. Ils ont les valeurs que je ne trouve pas chez mes soeurs et qui sont miennes : la fraternité et la loyauté. Mais y'a toujours une exception à la règle. La mienne s'appelle Isabelle.
Commentaires
Difficile de laisser un comm. face à des choses livrées, un peu intimes,...la pudeur sans doute,
en tout cas, c'est lu, et bien lu,
contente de te retrouver!
oui, c'est pour la même raison que j'étais silencieuse ... bien dit Cat
C'est juste l'amitié nous ressource nous ré-équilibre lorsqu'il le faut...
Avoir de vrais amis ça c'est une richesse .
Bonne journée Fiso
L'amitié est toujours une belle histoire d'amour...
:-)
is
Cat & Laefab,
C'est une demande qu'on m'a faite, de parler un peu plus de moi. Alors j'essaie, à mots couverts.
Vic,
L'amitié nous réveille aussi, parfois.
Ca fait du bien de se faire secouer. Moi je l'ai secouée un peu il y a 2 jours. J'ai culpabilisé ensuite et puis j'ai reçu ce message d'elle : "Merci".
Cette franchise est le ciment de notre amitié.
Isabelle,
L'amitié c'est toujours une forme d'amour.
C'est drôle d'ailleurs que tu laisses ce commentaire, toi, parce que tu es le maçon involontaire d'une belle amitié actuelle. Douloureuse, difficile mais puissante.
L'amitié c'est beau!
je fais une confiance aveugle à ma meilleure amie d'enfance, nous avons marché côte à côte et on fera un bout de chemn encore.
On choisit ses amis, on ne choisit pas sa famille.
C'est intéressant que vos deux points de vue opposés puisse s'entendre et se comprendre. Cela démontre effectivement une amitié profonde…
:-)
[«J'ai souvent du mal à comprendre pourquoi ses rapports avec les hommes sont si passionnels. Notre différence, c'est qu'elle en a peur. Moi, je me nourris d'eux» Ca sert à rien d'avoir peur des hommes ! Ca ne gène que soi-même…]
Lhuna,
Cette amie là est récente mais j'y tiens énormément.
Filaplomb,
Je ne dirais pas que nous avons deux points de vue opposés, mais deux histoires différentes.
Elle, un père qui a abandonné femme et enfants. Puis, un mariage très jeune avec son premier amour. Un homme intègre, stable, mais castrateur et froid.
Moi, j'ai grandi avec mon père et mon frère, avec lequel je m'entends super bien. Ensuite, j'ai recherché - et trouvé - les hommes.
Cependant, deux histoires différentes ont engendré les mêmes manques et le même constat : célibat.
"la colère a construit notre indépendance" : peut-être est-ce là qu'il faut chercher manque et constat : le célibat ? Les femmes en colère éloigneraient-elles les hommes, par leurs côtés loyal et fraternel ?
Saperli,
La colère c'était quand on avait 17 ans !
Et je crois plutôt, dans mon cas, que ce sont les manques qui ont engendré la colère.
Je ne pense pas que la loyauté éloigne les hommes, ce serait bien dommage. Tu en penses quoi ?
Fiso, si blogosapiens sert aussi à ça, alors tant mieux!!!;-)
:-)
isabelle
Fiso, si blogosapiens sert aussi à ça, alors tant mieux!!!;-)
:-)
isabelle
Isabelle,
C'est la magie des blogs, on y croise de nouveaux noms, on est intrigué, on file lire ce que raconte ce visiteur sur son propre espace ...
Bises ;)