La semaine dernière, j'assistai à une convention de mon entreprise durant laquelle était évoqué un sujet fort intéressant et sur lequel je ne m'étais jamais interrogée. Le monopole pharmacien et l'auto-médication, plus largement.
Un bras de fer est engagé depuis longtemps entre les grandes surfaces et les pharmaciens, sur la vente non pas de médicaments mais de produits dits "de confort". A une époque que je n'ai pas connue, le coton, les coton tiges, l’eau minérale, les crèmes solaires étaient exclusivement vendus en pharmacie, au prix fort.
J'y ai appris beaucoup de choses sur le statut qui régit les pharmaciens. Qu'un pharmacien diplômé ne peut s'installer librement, le nombre de pharmacies dépendant de la population de chaque commune. Que pour être titulaire, un pharmacien doit être propriétaire de son officine. Qu'il n'y pas de concurrence possible, le prix des médicaments remboursés étant fixé par l'Etat. Et puis, les prix des médicaments ne sont pas affichés en pharmacie. Pour le consommateur, aucune transparence. Quand vous demandez un médicament, le pharmacien peut vous tendre celui sur lequel il se fait le plus de marge, sous le prétexte qu'il n'a pas celui qui vous a été prescrit.
Pourquoi existe-t-il un monopole des pharmaciens sur l’alcool à 90° et 70°, les auto tests de grossesse, les pansements, les vitamines, les produits anti-poux ou les produits d’entretien des lentilles de contact ? Selon l’article L4211-1 du code le la santé publique, la vente de ces produits en dehors des officines est strictement interdite. Prenons le cas du dentifrice. Les grandes surfaces n'ont pas le droit de vendre le même Fluocaril que celui qui est en pharmacie. Le leur a un excipient différent car à partir d’un certain taux de fluor, la vente est réservée aux officines (il y aurait danger pour nos quenottes !). L'eau du robinet de certaines villes de France contient pourtant cinq fois plus de fluor qu'une pâte dentifrice que, de toute façon, on n’avale pas.
On trouve certains de ces produits en grande surface, mais les commerçants les vendant sont dans l'illégalité. La France est le seul pays d'Europe, avec le Portugal, où ces produits font l’objet d’un monopole.
Qui est pénalisé ? Evidemment le client, car une enquête de la direction générale de la concurrence et de la répression des fraudes montre que, sur ces produits à la frontière du médicament, les écarts de prix peuvent varier de 20 à 30% en faveur des grandes surfaces.
Il est temps d'en finir avec cette nouvelle exception française, non ?
Commentaires
Et encore plus loin que ça, y a tout un travail à faire sur les préscriptions de médicaments à tout va. Autre exception: la vente d'anti dépresseurs en France qui frole le record par rapport aux autres pays d'Europe.
Mais je pense que ce sont les laboratoires qui sont en cause, pas les pharmacies (qui subissent ces lobbys).
Tonnegrande,
Pour le viagra, ça donne quoi ?
...
deux fesses
deux aisselles,
j'adore les aisselles...
deux cuisses
quatre lèvres
...et les lèvres
Si on cherche bien on trouvera d'autres aberrations mais le salaire des Pharmaciens est quasiment dépendant de la sécurité sociale puisque come tu le souligne elle fixe les prix...
il y a donc souvent négociations sur le prix d'autres produits pas de première nécessité "médicale" pour compenser... c'est exactement ce qui se passe pour les médecins ou les spécialistes pour certains actes surcotés et d'autes sous cotés (on peut harmoniser mais à quel prix...)...
Si bien que si on exige d'aligner les prix partout entre pharmaciens, grandes surfaces et autres commerces on risque d'avoir une répercussion directe sur le chiffre d'affaire de la pharmacie et une baisse significative du pouvoir d'achat de ses employés (pharmaciens en premier, certes mais pas seulement puisqu'ils emploient d'autres salariés ....)
Le remboursement de gros prêts pour acquérir leur officines rend difficile cet alignement pas très équitable puisque la grande différence avec la grande distribution, c'est l'impossibilité de lisser les prix avec d'autres produits comme les lessives, les tomates ou les télés ...
Ce n'est donc pas si simple.
Mais c'est clair qu'un peu de transparence ne nuit pas. Bien au contraire. Et si on le faisait on se rendrait compte qu'à côté des grosses officines qui ont d'excellents chiffres d'affaires, une grande majorité ne s'en sort que difficilement à tel point qu'on commence, vu la logique actuelle de tirer les prix vers le bas et ce billet va dans ce sens, à s'organiser comme dans la grande distribution avec des regroupements de pharmacies et des logiques de lobbies avec des monopoles et des centrales d'achats qui ont fait la force de la grande distribution !
c'est effectivement uen aberration, de meme que l'interdiction pour les infirmieres scolaires de donner un truc un tout petit peu plus fort que du doliprane... tout cela va avec le statut des médecins et des pharmaciens et plus generalement des personnels de santé en France...
Nea,
Peux tu développer un petit peu plus, je ne suis pas au courant du pourquoi, du comment et, j'aimerai comprendre.
Intéressant d'évoquer de VRAIES rentes de situation, quand l'époque veut qu'on mette à l'index des catégories de soi-disant privilégiés, "bénéficiaires" de régimes spéciaux, à qui il faudrait appliquer des décôtes sur des retraites déjà maigrelettes au nom de l'égalité...
je ne sais pas si c'est dans la grande distribution - dont je me méfie toujours des intentions - que se trouve la réponse, mais au moins, le métier de pharmacien mériterait d'être recentré sur ses fonctions essentielles au service du public. Et là, l'Etat a sûrement un rôle à jouer qui aille au delà de protéger le revenu des pharmaciens...
à quel sujet ? celui des infirmières scolaires ? je vais supposer que oui^^ en gros les infirmières scolaires peuvent donner du doliprane et du spasfon, ce qui est plutot limité... pour tous les reste, on appelle la famille ou le SAMU... à priori les infirmières ont des compétences médicales de base, elles pourraient donner des antiinflammatoires (apres une entorse par exemple).. mais, comme à l'hôpital, elles ne peuvent rien faire sans l'avis du tout puissant médecin. personnellement j'ai vu des infirmières plus au fait que certains internes mais qui devaient se taire...
A mon avis il y a des pans entiers des professions qui gravitent autour de la santé où les revenus ne sont pas du tout harmonisés selon les services rendus réels...
En tout cas je ne sais pas comment en l'état actuel des choses on pourrait corriger la discordance dans des revenus dans une même catégorie de professionnels sans déstabiliser le système.
Surtout que le vrai problème c'est que le système finance en France invariablement le public (normal) que le privé (normal aussi quand il participe au service public) mais en revanche les revenus dasn les 2 catégories professionnelles ne sont pas du tout superposableselles ni à ce qui se pratique dans les autres professions...
Si on voulais harmoniser les salaires il faudrait une revaloirisation professionnelle passeulement salarariale mais on touche ici à tout le service public et ce n'est pasjuste les médecins qui sont à revaloriser sachant que nos revenus ne sont pas les plus modestes... Et c'est pas qu'une histoire d'argent.
Pour les prescriptions médicales ce sont bien des prescriptions médicales avec une responsabilité qui est engagée.. cette responsabilité de prescription est parfois déléguée à certaines catégories de professionnels comme les sage-femmes mais elles héritent aussi de la responsabilité civile qui va avec...
Donc oui pour déléguer le pouvoir de prescription à d'autres mais en cas d'erreur de prescription il faudrait transférer aussi la responsabilité qui va avec et l'assumer...