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Prestataires

Je viens de suivre une formation très intéressante qui s’intitule : « Piloter des contrats de prestations de service ».  Au cours de la première journée, j’ai réalisé, avec une certaine irritation, que cette formation, j’aurais dû la faire il y a 5 ans quand j’ai intégré ma société ou d’urgence en 2006, quand on m’a ajouté 3 prestataires à celui que je gérais déjà.  

La jurisprudence dit que « pour qu’un contrat de prestations de services soit recevable en tant que tel, il doit avoir pour objet une tâche précise et ponctuelle qui nécessite un savoir-faire particulier que l’entreprise cliente n’est pas capable d’assumer en interne. »

Je suis responsable d’une équipe mixte d’hôtesses d’accueil -standardistes internes et prestataires, ce qui est donc interdit et constitue de toute façon une configuration hautement déconseillée, car propice aux conflits.

Et aussi « Par la suite, le prestataire doit être la seule autorité hiérarchique et disciplinaire concernant ses salariés qu’il aura mis à la disposition de l’entreprise cliente. »

Si ces conditions ne sont pas respectées, on est en délit de marchandage. J’ai été dans cette situation, sans le savoir, pendant 3 ans et demi. Jusqu’en 2006, mon job au quotidien consistait à sélectionner les hôtesses d’accueil proposées par mon prestataire (je précise pour Tonnegrande que non, ça ne consistait pas à les faire défiler en lingerie), les former et les manager, ceci incluant la rédaction des procédures, des évaluations et des notations indivuelles.

« D’autre part, le contrat doit prévoir une obligation de résultat, en aucun cas de moyens, pour laquelle l’entrepreneur est seul responsable. C’est à lui de s’organiser pour atteindre l’obligation de résultat. »

C'est-à-dire que le donneur d’ordre ne doit en aucun cas s’immiscer dans le management des prestataires, ni imposer les moyens à mettre en œuvre. Cela comprend le matériel, les tenues éventuelles, les fournitures et les documents de travail. Le contrat ne doit préciser ni le nombre de personnes, ni les noms, ni les qualifications professionnelles. Le montant de la prestation doit donc être forfaitaire et non basé sur un nombre d’heures ou de personnes.

Il faut savoir que la plupart des sociétés qui emploient des prestataires de service sont en permanence ou à la limite du délit de marchandage ou d’immixtion.

Il y a de nombreuses clauses qu’il est conseillé de faire figurer au contrat, par exemple pour se protéger de la sous-traitance. J’ai également eu la confirmation, suite au cas de Seiji, qu’il est du devoir du client de s’assurer que le travailleur prestataire est en règle avec son titre de séjour, et ce tous les 6 mois.

La bonne nouvelle, c’est que j’ai du pain sur la planche. Cette formation m’a permis de comprendre les difficultés auxquelles je me heurte depuis 5 ans et elle m’a remotivée. Je dois réécrire entièrement le contrat d’un de mes prestataires, revoir mes outils de suivi et surtout, je vais me simplifier la vie. Mais je vais aussi être beaucoup plus exigeante quand au suivi du contrat. Ca va faire tout drôle au prestataire avec lequel je bosse depuis 5 ans. N’empêche, j’ai bien la haine. C’est quand même rageant qu’on m’ait laissée me démerder, à vue, pendant aussi longtemps.

Si vous êtes concerné et que recherchez des informations juridiques, vous pouvez consulter le site Legifrance ou NetPME. Si vous recherchez des outils pour gérer vos prestataires de service, le site de l’ARSEG fourmille d’informations. Prestataire ou client, comment ça se passe pour vous ?

   

 

Commentaires

  • Tiens ! Je vais faire un commentaire sérieux avant que Tonnegrande ne déboule lamentablement.

    Ca fait 20 ans que je suis prestataire.

    Tu as raison sur l'encondrement, pour le reste je n'en suis pas sûr. En tous cas, c'est faut dans un domaine tel que le mien (prestations informatiques). Les prestations ne sont pas obligatoirement forfaitaires et peuvent être (au moins à moitié) nominative (généralement, les recrutements de prestations se font sur CV).

    Le contrat peut ne pas être forfaitaire et correspondre à un nombre d'heures ou de jours précis.

    Le reste relève du droit du travail : tu n'as effectivement pas autorité hiérarchique sur la personne que tu emploies (tu n'as pas de contrat avec elle mais avec son employeur), mais tu peux lui imposer des conditions de travail (si c'est dans le contrat avec l'employeur).

    Quoi qu'il en soit, ça n'est pas vraiment ton problème mais celui du prestataire et j'ose espérer que tes contrats sont signés par un supérieur hiérarchique qui aura l'intelligence de s'assurer auprès des services juridiques de la boîte que tout est en ordre.

    En tant que personne faisant appel à des prestataires, tu n'es pas responsable (sauf si tu as délégation de signature, et encore...).

  • Nicolas,
    Exact, je ne suis pas signataire des contrats et donc pas responsable de ce qu'ils contiennent.
    Mais dans la mesure où je dois en assurer le suivi ...
    En ce qui concerne ton domaine, d'autres participants qui gèrent des prestataires informatiques ont posé la question. Je peux te dire que le débat a été houleux et animé.
    En fait, et même si ce n'est pas évident à suivre dans la réalité, le formateur - qui est un ex responsable achats - a bien confirmé que le contrat doit mentionner une mission à remplir et qu'il appartient au prestataire de s'assurer que le personnel dépêché est compétent. Le client n'achète pas des personnes ni des compétences, mais une prestation. Sinon, il fait de la régie et le chef d'entreprise est condamnable (2 ans de prison et/ou 30000 et quelques euros d'amende)

  • Ce que je voulais dire par "pas responsable", ce n'est pas pour te dédouaner, mais en espérant que le contrat était relu par des juristes. Ou alors tu es dans une mauvaise boite.

    Pour le reste : oui et non. La démarche commerciale est bien faite avec le CV du prestataire et un entretien "tri partites" ("candidat", client et fournisseur). En outre, l'objet de la mission est bien souvent générique de type "assistance technique dans le cadre du projet tartempion" et ne décrit pas le boulot.

    "Le chef d'entreprise est condamnable" : oui, s'il y a plainte, ce qui n'arrive jamais sauf dans les cas d'abus de sous-traitance.

    En d'autres termes et c'est logique, les contrats de sous-traitance ne servent pas à grand chose (sauf "des bricoles" : confidentialité, non sollicitation, ...) : tout relève des bonnes pratiques entre le client et le fournisseur.

    Dans la plupart des boîtes, les contrats sont génériques (2 pages de contrat et 20 pages de "Conditions Générales"). Je suis donc surpris que tu ais à gérer vraiment des contrats. Non pas que je te sousestime, bien sûr, mais ça doit être drôlement le bordel dans ta boite et chez ton prestataire !

  • J'ai décroché depuis bien longtemps, mais je rejoins totalement Nicolas. Quelques points que tu soulèves me surprennent. Notamment la régie. C'est une pratique courante et totalement admise, dans le milieu informatique en tout cas. Une responsable système part en congé de maternité, son patron demande à ce qu'elle soit remplacée par un ou une prestataire ayant les compétences requises. (Qu'il n'a, logiquement, pas en double dans son petit effectif)
    - Un point sur lequel il faut insister (ne nous trompons pas de combat), ce n'est pas de l'intérim : le prestataire est salarié par son employeur, même lorsqu'il n'est pas en intervention. Ça change tout.
    - En régie, justement, l'obligation est une obligation de moyens (prestataire ayant les compétences et l'expérience requise) et non une obligation de résultats (si dans la boîte c'est le boxon, et que le système est bourré de bugs et se plante tous les quatre matins, le prestataire n'y peut mais... Du moins dans un premier temps...)
    - Au forfait, au contraire, l'obligation est de résultat. Un objectif a été fixé à atteindre dans des délais convenus. Au prestataire de gérer ses moyens pour obtenir le résultat... Et quand j'étais patron d'une Société de Service, je peux te dire que j'ai parfois eu des sueurs froides... Et/ou des marges revues à la baisse...

    Mais je redis... Il y a quelques temps déjà... Se peut que je sois obsolète... Pourtant, je pense que la prestation intellectuelle reste la prestation intellectuelle.
    Bon, des secrétaires et des hôtesses, je vois moins... Là, ce serait plutôt de l'intérim ce me semble...

  • La "régie" n'a aucune existence juridique. Il s'agit de sous traitance, on l'appelle comme ça quand elle se déroule dans les locaux de l'entreprise donneuse d'ordre.
    De la sous traitance pour les hôtesses d'accueil, surtout s'il s'agit de les encadrer, leur fournir le matériel, voire les choisir, ça ressemble furieusement à du prêt de main d'oeuvre illicite (marchandage quand il y a préjudice pour les salariés, ce qui arrive très souvent).
    En réalité, c'est compliqué de dire in abstracto : il y a la sous traitance qui est de faire faire des travaux qu'on ne sait pas faire, par une entreprise, sans avoir de "pouvoir" sur sa façon de faire, et le paiement est forfaitaire suite à un devis.
    Après, il y a plein de formes de prestations plus ou moins suspectes.
    L'intérim, il faut vraiment qu'il y ait une boite d'intérim au milieu pour pouvoir dire que ça en est.
    Le mieux : aller voir un inspecteur du travail. C'est gratuit et sur.
    J'attire tout de même l'attention sur le fait que :
    - le délit de marchandage est quand même très risqué
    - qu'il n'y a pas besoin d'une plainte initiale pour qu'un inspecteur du travail se pointe et traine l'employeur devant le tribunal correctionnel
    - quand les salariés "prêtés" réalisent ce qu'il se passe, ils peuvent aussi réaliser ce qu'ils y perdent et du coup, porter plainte
    - ou se mettre partie civile sur le PV de l'inspecteur du travail.

    Ce qu'il est dit dans ces cours m'a l'air assez correct !

    Audine
    (inspectrice du travail)

  • Boby,
    Il me semble que l'assistante qui part en congé mat devrait être remplacée par une intérimaire, pas une presta !
    Tu as raison, dans les prestas informatiques, c'est la norme, mais gare au jour oùil y a des licenciements ... les syndicats s'en saisissent alors avec plaisir !
    Audine,
    Merci de ta contribution.
    En effet, tant que tout va bien, tout va bien, le jour où ça merde, tout le monde tombe des nues :)

  • Donc, maintenant, si j'ai bien tout compris, vous savez piloter des contrats ? Ce qui fait que si on me retire mon permis je pourrai toujours vous embaucher comme chauffeur. C'est bien ça ?

  • Didier,

    Faites pas ça : elle boit.

  • "Il me semble que l'assistante qui part en congé mat devrait être remplacée par une intérimaire, pas une presta !"

    Il a du mal à comprendre, le vieux... Donc, tu penses, et les syndicats, l'inspection du travail, et autres intervenants possibles, pensent qu'il est préférable d'utiliser des intérimaires corvéables à merci, sans pérennité, sans formation, jetables comme des kleenex, plutôt que des salariés en CDI dans une Société de Prestations intellectuelles, formés, protégés par un statut, avec les droits et assurances d'une corporation (et tenus par les obligations qui vont avec...) ??

    Il a du mal à comprendre, le vieux...

  • Boby,

    Légalement oui... Mais ce qui faut c'est ne pas traiter le prestataire comme un salarié : il ne doit pas être dans l'annuaire téléphonique, ne doit pas avoir d'email (ou alors avec une adresse marquant explicitement qu'il n'est pas salarié, ...).

  • J'espère bien ! il est hors de question que j'embauche un chauffeur sobre : ça me foutrait trop la trouille.

  • Boby,
    Bah, je n'ai pas une vision aussi négative de l'intérim. Tout le monde ne rêve pas d'un CDI.
    L'intérim, c'est aussi une certaine liberté, et ça peut être un choix de vie.

  • Chouette, une inspectrice du travail !

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