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Sur le terrain

Ca y est, ma première semaine est – presque – finie. J’étais ravie de ce premier contact avec les clients et de ces 3 jours passés avec ma collègue.

Je pense que ce poste va me plaire. Après avoir travaillé dans les bureaux, je découvre le terrain et la réalité des magasins. Je suis aussi confrontée à la complexité de l’être humain, et ceux qui me connaissent savent à quel point ça me passionne. En effet, les deux clients que nous avons visités cette semaine étaient très différents.

A Grenoble, il s’agissait d’une première formation, suivie par une responsable visiblement récalcitrante, son PDG et la responsable paie. Je l’appellerai Carole. Elle a l’attitude typique de la femme, pourtant jeune, qui fait le même métier, dans la même société, depuis 24 ans et voit la nouveauté comme une menace. Heureusement le PDG, lui, est très enthousiaste. Jeune, il est sympa, dynamique et déconne pendant la formation en nous lançant des clins d’œil. Les deux autre râlent et soupirent quand on les invite à utiliser le logiciel. A la fin de la première journée, ma collègue se plaint de la négativité des deux femmes.

Le lendemain, au déjeuner, je pose des questions, leur demande s’ils sont tous de la région. Comme je m’en doutais à son accent, le PDG est chtimi. Lucette, la responsable paie, embraie avec moi sur des recettes de cuisine et à la brasserie, me conseille des petits plats. Elle me parle de son fils et nous conseille pour le soir un resto en montagne. Lucette marche à l’affectif. Elle a besoin d’attention. L’après-midi, elle est beaucoup plus motivée et fait volontiers les exercices. Je me dis dans ma tête qu’il faudra que je relise mon bouquin sur la formation et les façons de gérer les différents profils de stagiaires, le « je sais tout », le « grincheux », le « piégeur », le « bavard » etc.

Lucette demande quand on va utiliser la « stimulation ». L’adhérent la charrie « Simulation, pas stimulation ! Ben, alors, z’avec pas honte à votre âge, Lucette ? » Elle glousse en me jetant des coups d’œil goguenards.A la pause café, elle profite que le patron aie disparu pour me confier qu’elle est confrontée à la misère comme elle ne l’a jamais vue. « Des caissières en contrats de 22h, après 23 ans d’ancienneté et payées le SMIC, vous vous rendez compte ? ». Ca y est, nous nous en sommes fait une alliée.

Carole, quand à elle, finira la formation en étant à peine moins réfractaire que quand elle l’a commencée. Elle a de forts problèmes d’absentéisme dans son équipe et se plaint que personne ne veut la dépanner en cas de besoin. Elle dit que pour le patron, elles ne sont que des numéros, mais c’est bien elle qui râle parce que ses salariées pourront désormais avoir 2 jours de repos continus (?). Elle anticipe déjà des problèmes à venir, et ce faisant, elle va les créer. En effet, comment vendre l’outil à son équipe si elle-même n’y croit pas ?

Entre deux pauses café, j’en profite pour faire mes courses et lire les notes de service affichées sur un tableau, où on promet par exemple des primes en cas d’alerte sur un vol. En discutant avec les stagiaires, j’apprends qu’il y a de plus en plus de maladies liées au travail pénible de caissière, principalement des tendinites à cause de la répétitivité des gestes.

A li’ssue des 3 jours, l’e PDG est ravi. Il nous demande ce que nous pensons de ses 2 collaboratrices. « Un peu négative, vous êtes gentilles ! » dit-il lorsque nous parlons de Carole. J’espère être envoyée sur la formation complémentaire, à l’issue de quelques mois de pratique, pour savoir comment les changements ont été accueillis par l’équipe de Carole.  

Le jeudi, nous dispensons justement une formation complémentaire à une responsable  et sa directrice, dans la région de Montpellier. Une jeune femme très dynamique et volontaire qui utilise notre logiciel depuis 4 ans. Elle en est très satisfaite et lorsque sa directrice s’absente et que nous discutons un peu de son poste et son équipe, elle se réjouit de la bonne ambiance et et du volontarisme de ses salariées pour la dépanner si besoin. « C’est donnant-donnant », dit-elle.

2 femmes, 2 attitudes, 2 atmosphères tellement différents …  

Commentaires

  • Caissière ... Voilà une profession où l'on est encore bien exploitée !
    Sans oublier qu'il y a de plus en plus de caissières mâles.
    C'est ce que je remarque tous les jours dans mon hypermarché dont je ne donnerai pas le nom, mais qui commence par Carre et finit par Four ...
    C'est vrai qu'elles se paie des tonnes d'articles à tirer d'un tapis pour l'envoyer vers l'autre !
    Pas étonnant qu'elles grimacent en fin de journée quand il s'agit de manipuler un pack d'eau minérale ...
    Tout ça me rappelle un blog que j'ai découvert à son début et qui est devenu mondialement connu : http://caissierenofutur.over-blog.com
    Tu dois connaître j'imagine !
    Une caissière avec un DEA de littérature ...

  • C'est vrai que c'est un métier pénible, et ça soulage de lâcher une caisse.
    [ok je sors]

  • Hum je sens que je vais me régaler de ton regard si direct sur ce que tu vas vivre et sur les gens que tu sais si bien regarder. Ça promet !

  • Philo,
    Exploitées, le mot est fort. Ca m'agace prodigieusement, je t'avoue, d'entendre tout le temps ce mot dès qu'on parle des patrons.
    Ok, le métier de caissière est assez pénible, peu enrichissant et peu valorisé. Mais c'est souvent un travail d'appoint (d'ailleurs il vaut mieux que monsieur ne quitte pas madame, parce qu'alors là, c'est la galère) et ça peu-être pratique aussi.
    J'ai bienretenu ce que me disait mon grand-père quand j'étais petite : il n'y a pas de sots métiers. J'ai managé assez de gens qui faisaient des boulots supposés être des "boulots de merde" (et j'en ai moi-même fait quelques-uns) pour savoir que ça peut aussi être un choix. Il est juste dommage qu'en France, quand on veut travailler en temps partiel parce qu'on a des contraintes personnelles, on soit obligé de faire ces "petits" métiers.
    Si tu penses que les caissières sont exploitées, tu es donc favorable à la mise en place de caisses automatiques ? Mais alors, elles perdront leur travail et pour certaines (la plupart ?), c'est un drame. Je n'ai pas d'avis sur la question. Je ne trouve pas qu'elles aient beaucoup de valeur ajoutée en temps qu'êtres humains, dans la mesure où le passage en caisse est un moment souvent chiant pour le client aussi, où il n'est pas très enclin à papoter. C'est marrant, moi j'ai longtemps ressenti une forme de gêne, proche de la honte, au moment de payer mes courses.
    Enfin, tu parles des caissiers. Excuse-moi, mon cher Philo, mais je ne vois pas pourquoi ce serait un métier réservé aux femmes ?
    :p
    Je connais le blog dont tu parles. Je ne savais pas qu'elle avait un DEA en littérature. Là, on touche un autre problème, celui de l'absurdité du système scolaire et du monde du travail. Quand qq'un a un DEA en littérature et se retrouve à passer des articles sur un tapis toute la journée, pas étonnant qu'il soit frustré !
    CUI,
    Oui, mais alors pas en boîte, hein ! Je préfère l'odeur de l'encens !
    Bougrenette,
    Ah, les humains sont passionnants. Je sais que tu as le même regard :)

  • Les caissières sont souvent plus exploi ... pardon ... sollicitées, dans des structures plus petites, comme les hard discount ou le bricolage. Le temps partiel, quand il n'est pas choisi, c'est ce toujours plus de précarité qui fait qu'au moindre faux pas, on plonge !
    Les caissiers de mon hyper sont plutôt sympas et je n'ai rien contre le fait que les hommes fassent ce métier.
    D'origine modeste, je fais aussi mienne l'idée qu'il n'y a pas de sots métiers, surtout quand ils sont ingrats et utiles. Mes parents en ont été les exemples tout au long de leur vie !
    J'ai connu le fils d'une amie avec Bac+5 qui faisait roller à Carre ... ne trouvant pas emploi à son pied !
    C'est très agréable de pouvoir débattre de cette manière avec toi.
    Je t'en remercie.

  • Philo,
    Comme toi pour l'origine.
    Tu sais, avec le recul je ne regrette pas de n'avoir pas fait d'études (c'était mon choix). C'est peut-être pour ça que je bosse avec le sourire. On me voyait mal barrée et je m'en suis pas mal sortie, je trouve.
    (et si je te dis que ma nouvelle boîte vend un logiciel qui augmente la productivité en magasin, tu me détestes ? ;)

  • Te détester ? J'espère bien ne jamais devoir en arriver là !
    Mais c'est vrai que tu commences à cumuler les défauts ... jolis yeux, épicurienne, routarde lettrée, sympathique en diable et copine de Boug !
    Tu files un mauvais coton moi j'dis ;)

  • Philo,
    Hé hé hé (désolée j 'ai pas trouvé mieux)
    ;)

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