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Le papy portugais

6h00, le néon bleu d'un taxi est garé sous mes fenêtres. « Merde, il est déjà là » pensai-je. Tout en buvant mon thé trop chaud, j'essaie de lui faire signe que j'arrive mais il ne me voit pas, occupé à astiquer la carrosserie. Trait noir autour des yeux, mascara, un petit coup de vaisselle avant de partir.  

Comme chaque lundi matin, mon téléphone chante « Baby can't you see, I'm callin' ». C'est le standard qui vérifie que je n'ai pas loupé le réveil. « Oui, oui, je descends ». Dernières vérifications, carte d'identité, billet d'avion, GPS, permis de conduire, je m'engouffre dans l'ascenseur.

Le chauffeur, court sur pattes, un faux air de papy portugais avec sa moustache grisonnante, prend ma valise. Je m'assois. L'habitacle sent bon l'eau de Cologne légère. J'attends toujours que mon chauffeur engage la conversation pour ne pas le saouler dès le matin. « Il faut faire vite, dans un quart d'heure je ne pourrai plus remonter d'Orly. Avec les grèves, tout le monde prend la bagnole » dit-il.

Il n'est pas très bavard et moi je n'ai pas grand-chose à dire, ce matin. Je m'amuse beaucoup en revanche, de l'entendre glousser en écoutant les vannes super nazes de Rires & Chansons. Surprenant mon sourire dans le rétroviseur et se méprenant sur la raison de ma bonne humeur, il monte le volume. Il se tape même sur les cuisses, c'est trop drôle. A l'approche d'Orly, une sonnerie se fait entendre, suivie de la voix d'un type. Un collègue de mon chauffeur qui se plaint d'être envoyé rue de Rivoli alors que tout est bloqué, paraît-il, pour « leur cérémonie à la con » (commémoration de la chute du mur de Berlin).

Mon chauffeur répond avec un clin d'œil goguenard à mon intention »Ah, c'est pas grave, Jojo, ce soir on sera dans les bras d'une belle blonde ». Jojo ne comprend pas et enchaîne. « Faut que j'emmène ma voiture en révision ce soir, ça pue, j'comprends pas ». Mon chauffeur se penche sur le micro « Hé, j'veux pas dire, Jojo, mais ... t'as des fuites. C'est le quinquennat ! » et s'en remet un coup sur les cuisses de sa bonne blague. Moi je suis pliée à l'arrière. Il en remet une couche sur la belle blonde, dont je commence à comprendre qu'il s'agit de moi (putain, l'insulte, j'suis rousse -par intermittence - bordel).

Jojo répond « Moi c'est le quinquennat, toi c'est le septennat, elle risque rien avec toi,  ta blonde ». Mon chauffeur est toujours plié, et ça se vanne non stop jusqu'à l'aéroport. Arrivé devant l'aérogare Ouest, je crie « Bon courage pour la journée, Jojo ! » et je salue mon papy. Sacrés numéros, ces deux-là.

Commentaires

  • Toi t'as un pouvoir sur les taxis, genre les deux et les quatre roues, non?
    :-)
    Ohhh ben tiens, ça devait bien faire au moins deux commentaires qu'on n'avait pas parlé de ce charmant prince des temps modernes, que son cheval il a même des jantes en alu...
    (High tech le cheval)

    Happy end?
    ;-)

  • rousse, il n'avait pas bien regardé le Papy ;-) enfin à 6h du mat sur les lumières artificielles l'erreur est toujours possible. J'aime toujours autant tes moments. et je t'embrasse au passage.

  • Rousse ???
    Je n'ai pas bien regardé non plus ! :)
    Un fantasme par omission en quelque sorte ...

  • Super ! Une bonne tranche de rire pour moi aussi !
    Très très bien narré, je m'y suis cru, bravo !
    :-)

  • Julie,
    Happy end ... ça dépend ce qu'on entend par "happy end".
    Si je te dis que le motard - qui semblait être un gentleman, comme quoi faut pas se fier aux apparences - m'a posé un lapin monumental (devait être occupé à courir d'autres lièvres), on peut considérer comme une fin heureuse le fait que j'ai au moins évité d'embrasser avec la langue - voire plus si affinités - un goujat, non ?
    ;)
    Boug',
    Ouais, il faisait encore nuit :)
    Philo,
    Impardonnable ! Privé de mojito, la prochaine fois, ça t'aidera peut-être à avoir les yeux en face des trous ! :p
    Simon,
    Toi aussi, adepte des billets tagués "je vous ai croisé" ?
    Un autre des avantages de mon nouveau métier, je m'en régale !
    Hé, au fait, toi qui es brestois, tu connais Pupajim, mon nouveau chouchou ?

  • Méga goujat oui.
    Suis sidérée par ces gens, hommes ou femmes, qui n'ont aucun sens civique.
    ça me dépasse.
    Bien contente que tu ne lui aies pas laissé l'occasion de prendre trop de place ;-)

  • Julie,
    Bah, c'est pas grave, j'en ai vu d'autres, et le souvenir final restera celui d'une très bonne soirée.

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