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La formatrice de retour sur les bancs de l'école

Cette année, je suis retournée en classe. En préparation d'une formation en Espagne - et en espagnol - je me suis inscrite à un cours de perfectionnement, histoire de refaire un peu mon vocabulaire et de récupérer de la spontanéité dans cette langue que je n'ai pratiquée que périodiquement.

Je vous reparlerai de cette association que je connais depuis plus de 15 ans, et que j'affectionne beaucoup, au moment des inscriptions pour la prochaine rentrée scolaire.

Dans ma classe de 28, la moyenne d'âge est 50 ans et l'on compte seulement 3 hommes. J'aimerais connaître le lien de chacun avec l'Espagne et la raison pour laquelle ils suivent ce cours. Comme lorsque j'étais au lycée, je m'assied au fond de la classe, ce qui m'a permis de constater que ces dames faisaient mentir mes statistiques personnelles, à savoir que plus une femme vieillit, plus ses cheveux raccourcissent. Je le dis de façon beaucoup moins raffinée mais le constat est encore plus flagrant aujourd'hui : la quasi-totalité des jeunes filles et femmes ont les cheveux longs et les femmes de plus de 50 ans ont les cheveux courts (et colorés et permanentés donc grillés, l'horreur). Bref. Dans ma classe, donc, les vieilles font de la résistance et ont les cheveux longs ou mi-longs. Ben je trouve ça vachement joli. Comme Zorg est séduit par les femmes "qui assument la neige dans leurs cheveux" (ah, ce Zorg, quel esprit chevaleresque !), je suis touchée par ces femmes qui s'accrochent à cet attribut de la féminité, dans une société qui voudrait convaincre que seule la jeunesse peut séduire.

Je suis les cours avec l'oeil de la professionnelle, repérant les "je sais tout", les cancres et les contradicteurs. Pour tenir un groupe aussi dissipé que le notre, il faut bien la poigne de fer de Marisa, ma prof. Fausse blonde au carré, jupes patchwork bariolées, elle paraît sèche au premier abord mais en fait, c'est une marrante qui mène son cours d'une main de maître. Elle profite d'un texte sur le partage des tâches domestiques dans les couples espagnols pour nous confier que son mari, français, était un vrai macho; et la semaine dernière, nous montrant sur son ordinateur ce qu'est la jota, elle a commencé à chantonner et à esquisser des pas de danse. Ses cours sont vivants, les thèmes choisis intéressants et elle donne sa place à chacun, rabrouant parfois vertement les mauvais élèves. "Il faut que je te baillônnes?" a-t-elle demandé l'autre jour à la vieille dame qui porte un nom de crêpe et empeste la cocotte, ce à quoi j'ai échappé jusque là parce qu'elle était au premier rang (où elle va retourner vite, j'espère).

C'est étrange de constater que dès qu'on les remet en situation d'apprentissage en groupe, ces grands adultes reprennent la peau des ados qu'ils furent, il y a des années. Ils font des commentaires à voix haute, elles gardent la place de leur copine, comme à l'école. La seule fois où j'ai voulu m'assoir sur un siège libre, dans les premiers rangs, je me suis fait fusiller du regard. Le métier de chacun explique sans doute aussi certains comportements. A ce titre, celui que l'on entend le plus, c'est C., le médecin à la barbe grise et costume en tweed. Il ne se contente pas de répondre à la place de celui qui est interrogé, ou de souffler, comme madame la crêpe, il corrige carrément la prononciation lors des lectures à voix haute. Le parfait "monsieur je sais tout" est aussi un joyeux farceur : à la question de Marisa "Qui fut le libérateur du Chili ?" il répond "Pinochet" !

Dans ceux qui sortent du lot, il y a Françoise, une très belle femme aux cheveux courts blonds cendrés et aux yeux d'un bleu transparent, qui porte des pulls légers à col V et rappelle tout à fait Françoise Hardy. Et puis aussi Virginie, dont le prénom jeune, les tenues adolescentes et les cheveux longs et gris brouillent mes capacités à lui donner un âge. Et l'élancé Jacques, lunettes sur le nez, visage osseux, crâne couvert d'un duvet ras, à la voix délicate.

Et moi ? Ben moi, j'ai retrouvé aussi la jeune Sophie de ma jeunesse. Celle qui avait l'art de mémoriser un texte en le lisant une fois. Comme je m'acquitte rarement des textes à lire et des devoirs à faire à la maison, je calcule rapidement, en fonction du nombre de lignes que chacun lità à tour de rôle, quelle partie du texte j'aurai à lire et à expliquer. Munie de mon dico, je parcours le texte en diagonale et note rapidement la traduction des quelques mots qui me sont inconnus. Après quelques loupés, la dernière fois, je suis tombée pile poil : ni vu ni connu Fiso la cancre !

PS : Je vous rassure, ma maîtrise de l'espagnol s'améliore malgré que je fasse ma maligne avec Marisa. Lorsque je suis chez moi, ma télé est branchée en permanence sur les chaînes espagnoles et au bureau, nous organisons chaque vendredi des ateliers de discussion.

 

Commentaires

  • J'adore ton récit, je me vois à côté de toi au fond de la classe, à râler sur les fayots... Sauf que je pourrais pas assister à ton cours, je cause pas le spanish !

  • Moi j'aurais préféré être dans une classe de 50 avec une moyenne d'âge de 28.
    Mais ça n'a que peu d'importance, moi pas besoin de retourner à l'école, ok je suis pas cultivé comme un médecin, mais je sais très bien que c'est l'Argentine que Pinochet a libéré !
    :-P

  • heu, que dire, c'est vivant, ça m'a fait sourire... il manque juste un truc, le mel de Françoise :p

  • Chriss,
    Ce serait marrant ...
    Usclade,
    Bien sûr ... encore un qui vise les femmes de 10 ans de moins... toi par contre, tu ne fais pas mentir mes stats personnelles ;)
    Philachev,
    Contente de vous faire sourire. Pourquoi pas de lien vers votre (vos?) blogs, Phil ?
    PS : Je négocie le mel et vous tiens informé :)

  • Comment ça 10 ans de moins? Là tu me froisses ! Avec de telles erreurs d'appréciation, je ne donne pas cher de la qualités de tes stats, non mais dis-donc ! : -)
    Usclade (qui retourne de ce pas à la salle de gym pour retrouver immédiatement et derechef la silhouette du jeune homme de 29 ans que je n'ai cessé d'être depuis quelques années)

  • Usclade,
    Ben voilà ! Je suis aussi - rarement, je crois, enfin j'espère - gaffeuse !
    Reviens Léon, lâche les haltères, c'est pas ta silhouette qui m'a trompée, c'est ton incroyable matûrité, bien sûr !!!! :p

  • Du coup, en réfléchissant, je crois que je serais la chieuse du 1er rang qui répond tout le temps et qui a toujours un truc à dire .... (Merde, triste réalité ... faut que je me ressaisisse !!!)

  • Tu es sur la bonne voie pour la communication non violente, vu comment t'es forte en retro-communication flatteuse !!! :-)

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