Dernière journée de formation. Ce matin, j’ai été réveillée aux aurores par un groupe qui chantait à pleins poumons. Il avait une belle voix de ténor mais je l’ai maudit.
Aujourd’hui, ma journée sera courte. A 14h30, nous plions les ordinateurs et mes 5 stagiaires chargent ma valise dans une des voitures. Direction un restaurant tout proche. « Sophia, que quieres beber ? » me demande l’un d’eux. Una cerveza, por favor ! Il me faut bien ça après une semaine d’espagnol intensif. Sur la table, le patron dépose des planches gargantuesques de viandes, patates, côtelettes d’agneau, chipirones et seiche grillée.
Après una tarta con queso y frambuesas et un café, mes stagiaires retournent travailler, sauf R. qui est en week-end et propose de me faire visiter la ville. Sur la route, la radio diffuse Julio Iglesias en V.O..
R. gare sa voiture dans un parking du centre et m’entraîne dans la calle Toro, l’équivalent de Grafton street à Dublin dit-il. Il est allé en vacances en Irlande et aime parler anglais, nous switchons donc parfois de l’une à l’autre. « Je vais te montrer la boutique Zara » dit-il. Pas pour Zara mais parce qu’elle est située dans un endroit exceptionnel, un ancien couvent ». Ce doit être la boutique Zara la plus belle du monde, en effet. Nous remontons la calle Toro, R. me désigne sa boutique préférée dans laquelle sont accrochés de généreux jambons et débouchons sur la plaza Mayor. « Ce doit être la diagonale la plus empruntée de Salamanque », plaisante R. Nous voici dans la calle et après m’avoir montré la signature de l’architecte de la place, incrustée dans une façade, R.désigne des figurines sculptées sur les façades : chaque numéro est représenté par un dieu. Plus lloin, sur la droite, c’est la Casa de las conchas (littéralement maison des coquilles Saint-Jacques). « Une légende dit qu’un trésor est caché sous chacune des coquilles Saint-Jacques » dit R. Ce que je pense, c’est que le trésor c’est la maison toute entière ».
Nous arrivons devant la cathédrale, ou plutôt les cathédrales : la vieja, minuscule, et la nueva. Sur la façade, R. me montre un détail très moderne qui fut ajouté par l’architecte lors de la rénovation de l’édifice. Vous le voyez ?
Il paraît que le jour où cet amusant détail fut ajouté, un Salamanquais passablement bourré mais encore assez alerte pour escalader la façade lui cassa le nez. A l’intérieur, je dois remettre mon gilet sous peine de prendre froid. R. me confie qu’à chaque fois qu’il passe dans le quartier, il ne peut s’empêcher de faire un détour par la cathédrale, dont il ne se lasse pas. Au fond de la cathédrale se trouve Notre Dame de la Solitude qui pleure des larmes de diamant et s’offre une procession dans la ville lors de la Semaine Sainte. L’orgue fut restauré par les Japonais, en échange de la possibilité d’en faire une copie exacte.
R. m’entraîne dans un jardin très romantique, el huerto de Calixto y Melibea, rendu célèbre par le roman La Celestina (roman espagnol très célèbre dont il m’apprend l’existence). Le jardin situé directement au-dessus de l’antique muraille de la ville offre une très belle vue sur le fleuve Tormes. Puis la Cueva de Salamanca, où le diable aurait enseigné les arts occultes à 7 étudiants, dont un qui devint son esclave. La chaleur est maintenant étouffante : 29°C affiche l’IPhone de R. Dans une rue attenante, je découvre le musée Art Déco et Art Nouveau.
Vers 18h15, R. me dépose à la gare de bus où je laisse ma valise à la consigne pendant que je profite du réseau WIFI du café « Bus Stop ». Je crois que je vais m’écrouler dans le bus !
Commentaires
Encore un superbe voyage, je ne peux qu'admirer en attendant la suite (un jambon dans la valise cela serait il possible ... je me demande)
15 ans que je n'y suis plus allé, merci pour ces extraits qui me rappellent de bons moments.
Je me souviens bien de la charcuterie, mais pour le reste la gastronomie sur place ne m'a pas laissé un souvenir impérissable.
je m'y croirai presque, tournant dans ces rues, admirant ces façades... dégustant ces jambons, et surtout m'abreuvant de ces bières... Ah! ça c'est le cas! :o)
Alors ainsi les salamanquais seraient spatiogargouillophobes? (je veux dire par là qu'ils ne semblent pas apprécier plus que ça les gargouilles de l'espace)
Moi une fois quelqu'un m'a cassé le nez aussi en cherchant à m'escalader avec ses chaussures à crampon, je ne pense pas qu'il était uscladophobe, ni ivre, ni même salamanquais, je ne lui ai pas demandé, faut qu'une mélée de rugby se prête peu aux discussions de salon
(oui je sais, depuis moi aussi, faudrait que je me fasse réparer la façade...)
[ faut dire qu'une mélée de rugby se prête...]
Boug',
Un jamon en la maleta ?
Faut déjà que je me rachète une valise, j'ai cassé la mienne hier matin !
Au pire, tu mangeras du boudin au ptit déj avec moi en Irlande :)
Zoumpapa,
Ravie de te rappeler de bons souvenirs :)
Je me demande comment elles font pour être aussi minces. Les Espagnols mangent vachement gras, je trouve ...
Las croquetas, je leur laisse, mais tous les fruits de mer, je m'en ferais une orgie ! Et j'adore ce concept de tapas où l'on partage tout. Je connais aussi les tapas à la japonaise, c'est super sympa ! (spéciale dédicace à Seiji)
Loupi,
Tant mieux si tu as un peu voyagé avec moi :) Et au moins, tu n'as pas mal aux pieds, toi ! ;)
Usclade,
Toi aussi, tu cherches les coups !
C'est pas juste, il est mignon comme tout le petit astronaute, non ?