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Red velvet

Leur rendez-vous avait été planifié quelques jours auparavant. La veille, elle avait reçu un sms de sa part, lui demandant si elle était toujours d’accord pour le rencontrer malgré qu’il ait décroché un CDD depuis leurs derniers échanges. Une métaphore qu’elle n’avait pas décryptée. Un brin perplexe, elle avait répondu oui bien sûr.

Le jour J, elle l’attend, attablée à un tonneau, dans un de ses bars préférés. Il entre. Il est un peu plus jeune qu’elle et a tout à fait le style faussement négligé de la bande de potes de son frère. Le courant passe entre eux dès le premier sourire. Elle lui offre à boire et le félicite « Alors ce nouveau boulot ? Raconte ! » En fait de nouveau boulot, le CDD est une jeune femme rencontrée le week-end précédent. Elle rit de sa méprise ; à partir de cet instant, la soirée se déroulera comme s’ils se connaissaient depuis toujours.

Un peu plus tard, alors qu’ils ont déjà vidé quelques verres, le barman monte le son. Il bondit sur ses pieds « Tu sais danser le rock ? » Il insiste un peu, tente de l’entraîner sur la piste. Elle trouve son enthousiasme charmant mais décline en riant ; elle se ridiculiserait et lui écraserait les pieds.

Plusieurs heures après, ils quittent le bar. Sur le trottoir, il confie, avec une touchante spontanéité, avoir passé un moment exceptionnel en sa compagnie. Cet instant de grâce les a donc frappés simultanément. Ses yeux brillent et elle le devine troublé. Elle-même se sent un peu en apesanteur, touchée par la bienveillance avec laquelle ils se sont parlé pendant des heures. Elle réfrène une violente envie de l’étreindre, de le serrer contre elle, avec une force semblable à ce qu’ils ont partagé. C’est lui qui résume en un geste le sentiment qui les saisit. Un peu hésitant, il se penche vers elle et pose sur ses lèvres un baiser sonore, généreux et sans ambigüité. Un baiser quin ne possède pas mais qui étreint.

Alors qu’elle attendait son bus, rêveuse, elle a reçu un sms de lui, quelques minutes après qu’ils se soient quittés « Ne change rien, surtout. Tu es aussi belle à l’intérieur qu’à l’extérieur ».

Quelques semaines plus tard, elle est dans le même bar, avec son crabe givré. Elle lui raconte, justement, la jolie rencontre qu’elle y a faite. Et envoie un sms au jeune homme « Devine où je suis ? La musique est toujours aussi bonne, j’espère que tu vas bien, une pensée pour toi, gentleman ». Quelques minutes plus tard, il est là, devant elle, hilare et accompagné de sa dulcinée, qu’il lui présente, en toute transparence, avec cette authenticité qui le caractérise.  Il confie avoir, depuis leur rencontre, fait sien cet endroit qu’elle fréquente régulièrement.

Par la suite, elle a tenu parole et lui a envoyé quelques messages, pour prendre de ses nouvelles. Le temps a englouti les promesses répétées d’un autre verre ensemble et son dernier sms est resté sans réponse.  C’est sans doute mieux. Elle aurait aimé en faire un bon pote et il aurait peut-être tenté sa chance. Elle ne l’en a trouvé que d’autant plus élégant. Et cette rencontre ponctuée d’un baiser chaste est restée, elle, la plus belle qu’elle ait vécue depuis bien longtemps. 

Commentaires

  • Et bien, tu nous fais dans la romance...
    il est des amitiés homme-femme que l'on sait éternelles, même si elles n'ont duré qu'un instant!
    Dans ce genre de situation je ne puis m'empêcher de penser au mythe des androgynes, je ne puis m'empêcher de penser que ce que nous ressentons est aussi vieux que l'homme, et que quoique l'on dise ou croie il n'y a pas d'évolution en matière de sentiments...

  • Philachev,
    Un instant, oui, un passage éclair dans ma vie, comme un courant d'air et pourtant, je pense que je ne l'oublierai jamais, ce jeune homme.
    Ce n'est pas une amitié mais en tout cas, un vrai coup de foudre amical et même fraternel.
    Tout est encore possible et l'on peut exprimer son bien-être, sa joie, sans être pris pour un(e) illuminé(e).

  • je ne suis pas sur que tout soit encore possible, il me semble que notre monde se rétrécit..

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