Elle est assise à quelques mètres et me fait face, ainsi qu’à deux femmes dont je ne vois que les chevelures blondes et noires, mais qui semblent l’écouter avec attention. Par moments, son visage s’illumine et elle rit franchement, à d’autres, ses yeux se brouillent et les larmes débordent. Je l'observe et lis sur ses lèvres.
Elle pleure un homme, une histoire qui avait bien commencé et puis soudain, l’amoureux s’était envolé, sans une explication. Elle dit qu’elle perd doucement confiance en elle, qu’elle essaie depuis des années, qu’elle surmonte ses pudeurs, s’exprime plus, tellement plus. Mais c’est pire. Plus elle s’ouvre et plus ils se ferment.
« On est vraiment une génération de merde, conclue-t-elle. On va tous finir seuls comme des cons et pleurer sur ces belles histoires qu’on aurait pu vivre.»
La femme aux cheveux blonds se penche vers elle avec beaucoup de douceur. « Parle-lui, dis ce que tu ressens. Quand tu dis a quelqu'un qu’il compte ou a compté, c'est quelque chose de joli, donc on ne peut pas mal le prendre ou se foutre de toi. Ça touche. »
« Je n’ai pas souvent réussi à exprimer mes blessures. J’ai l’impression de donner le bâton pour me faire battre, de dévoiler mes faiblesses » répond la jeune femme.
La brune aux cheveux bouclés s’emporte et invective gentiment sa voisine. « Faire bonne figure, ça va bien 5 minutes ! Être sympa et gentille, tout prendre avec le sourire, font chier ! Moi je lui dirais merde et ses 4 vérités ».
Elle ne lui a pas dit ses quatre vérités ni ses quelques vanités. Elle a ravalé ses larmes et ses questions sans réponses, comme d'habitude.
Commentaires
encore un joli texte!
faut lui dire d'écrire, peut être qu'il la lira, sans même le savoir...
très bien écrit. tu devrais tout doucement penser à publier un recueil. on est directement transporté.
Chacun sa façon de réagir... ou pas....
Dommage que cette femme malheureuse n'ait pas pu entendre l'avis de cette rousse pertinente et attentive, là, entre la brune et la blonde, juste derrière... :-)
Philachev,
Merci, ton compliment me touche, vraiment.
Il serait encore plus triste qu'il la lise sans comprendre qu'elle parle de lui, non ?
Zoupapa,
Je te remercie aussi et suis touchée de ta fidélité ici.
Je n'ai pas d'ambitions de gloire ni de reconnaissance.
Vous transporter suffit à mon bonheur quotidien :)
Usclade,
Touché ! N'être "que" 2 yeux et 2 oreilles, c'est parfois très frustrant !
La rousse t'embrasse, à défaut de faire la naïade dans la Marne :)