Elle avait un jour fait irruption sur mon blog. Sans doute en tapant le nom de l'association sur un moteur de recherche, elle avait atterri sur 2yeux2oreilles et laissé un commentaire sympathique sur le billet où j'annonçais mon adhésion à Parisien d'Un Jour. J'avais reçu peu après un mail où dans lequel, ayant sans doute perçu mon goût pour le théâtre, elle me proposait de l'accompagner à l'un ou l'autre des nombreuses pièces auxquelles elle assistait chaque semaine.
Après plusieurs ratés, j'avais posé une option sur "Le chant du cygne" de Tchekhov, qu'on jouait au théâtre du Lucernaire, un endroit assez magique, construit en 1975 sur le site d'une usine de chalumeaux, que j'avais furtivement découvert un soir avec F., un copain de mon quartier.
« Tard dans la nuit, sur la scène d’un théâtre, est resté là, comme oublié, un vieil acteur, qui s’entraine à vieillir, à mourir.
Lui reviennent, un à un, des personnages qu’il a pu jouer dans le passé de sa vie. Mille rôles de lui-même en d’autres costumés, mille morts, à présent, qui jadis l’ont joué. Fantômes de lui ou ceux des autres, sans cesse lui revenant. Nous revenant.
Ce soir, de cet effondrement de lui-même en lui-même, dans ce théâtre déserté, seul le vieux souffleur, son ami, son garde-fou, son double, sera le spectateur.
Il va partager, le temps d’une nuit, le bruit assourdissant des pages d’un livre que le vieil acteur ouvre au hasard : le livre d’un personnage qui se souvient … du livre dans lequel il est écrit.
C’est la parole soufflée du grand Tchekhov qu’ils parleront tous deux.
Celle, vertigineuse et souvent drôle, de notre livre oublié. »
A l'approche du Lucernaire, j'appelle M. "J'ai les cheveux gris et des lunettes rouges, dit-elle. Je t'attends dans l'entrée."
Nous faisons connaissance et discutons de nos premières visites au sein de PDJ avant de nous installer au 2ème rang du théâtre rouge.
Le spectacle commence. Sur scène, Nicolas Chupin, sans âge, entame un monologue. Peu après, dans un coin, une forme s'agite : c'est Serge Noël, digne et beau dans sa chemise ouverte, qui joue le rôle du vieillard plongé dans ses souvenirs.
Je n'ai pas le talent de Marsupilamima pour décortiquer une pièce et transmettre mon enthousiasme. Je peux juste dire, tout simplement, que j'ai été hypnotisée par les jeux de lumière et de miroirs, les costumes, l'énergie et la drôlerie de Marie Frémont, le regard intense de Nicolas Chupin. La gravité alterne brillamment avec le comique. En particulier, le duel entre Marie Frémont et Nicolas Chupin est hilarant. On en s'ennuie pas un instant, j'ai passé un délicieux moment, avant de boire un verre avec M. au café Vavin, à quelques pas de là. Merci, M. !
Commentaires
Mais alors... c'est qui M ?
Mamz'elle Gigi,
Elle est en lien dans le billet :)