Peu avant 11 heures, je quitte les couloirs chauds du métro pour le parvis glacé, quoiqu'ensoleillé, de la gare de l'Est. Ce matin, j'ai rendez-vous pour une visite du CNOF, le Centre National des Opérations Ferroviaires de la SNCF, au 21 de la rue d'Alsace. "Je viens pour une visite" dis-je aux deux hommes à l'entrée, qui pointe mon nom sur une liste. A l'accueil, sous une verrière lumineuse, on me remet un badge et un homme en costume prend en charge le petit groupe de bénévoles parisiens du jour.
La visite commence dans le passage qui relie la rue d'Alsace à celle du Faubourg Saint-Denis. Notre guide nous présente d'abord le bâtiment qui fut construit pour abriter le siège de la compagnie ferroviaire d'alors. Le bâtiment de briques de deux couleurs, serti de mosaïques et de grandes fenêtres habillées de métal bleu, jure étrangement avec celui qui le prolonge pourtant parfaitement. Ce dernier fut en effet ajouté quelques années plus tard et son architecture est beaucoup plus classique et imposante, pour s'acorder à l'architecture de la gare. L'"embarcadère de Strasbourg", comme on appelait alors la gare de l'Est, plus ancienne des gares parisiennes actuelles, fut construit en 1849 et inauguré par Napoléon 3.
Dans le passage, un superbe mur végétal de 1400 m² et 27 mètres de haut recouvre la quasi-totalité de la façade. C'est la plus grande réalisation de Patrick Blanc , inventeur de ce concept.
Notre guide nous invite maintenant à pénétrer au coeur du sujet. Tout d'abord, une vidéo nous présente le Centre National des Opérations Ferroviaires, créé en 1999 à l'initiative de Guillaume Pépy et suite aux problèmes rencontrés en 1997 dans le Rhône. En vue de l'ouverture à la concurrence, la SNCF a confié la gestion de ses infrastructures à la RFF. Le réseau SNCF, c'est 30.000 kms de ligne, 15 à 20.000 trains par jour, 1 milliard de voyageurs par an et 500 millions de tonnes de fret. Le CNOF coordonne les actions des 23 centres régionaux.
Jean-Louis explique les raisons des nombreux problèmes que doit gérer le centre : absentéisme, matériel défaillant, intempéries, incivilités, vol de matériel.
Les exemples que donnent Jean-Louis me font réviser mon jugement sur les messages d'excuse maintes fois entendus en gare et qui me donnent à chaque fois un rictus agacé.
Les signaux d'alarme tirés dans les trains ? Dans la plupart des cas, ils le sont pour convenances personnelles : permettre à des compagnons de voyage retardataires de prendre le train, récupérer son bagage oublié sur le quai, obtenir un billet de retard de la SNCF etc.
Les intempéries (10 cms de neige qui me faisaient doucement rigoler l'hiver dernier) ? Notre guide nous explique que sur les lignes à grande vitesse, la neige se transforme en glace et lors d'un croisement avec un autre train en autant de projectiles qui détériorent le matériel.
La SNCF fait aussi face à un accroissement des vols de matériel, notamment des câbles qui contiennent un cuivre précieux et cher. Ces actes occasionnent en moyenne 35 dépôts de plainte pour vol par semaine. Pour y remédier, la SNCF, en plus de faire appel à des rondes de police, enterrent désormais ces câbles qui jusqu'ici, étaient enserrés dans des sortes de caniveaux munis d'un couvercle.
Mes compagnons de visite demandent si les grèves ont un impact. Depuis la loi qui oblige les grévistes à se déclarer, la SNCF prévoir un plan de transport alternatif.
Nous quittons le hall et rejoignons la plateforme, tour de contrôle du réseau ferré national. Les photos sont maintenant interdites. La plateforme du CNOF emploie environ 100 personnes qui travaillent en 3 x 8. Sur 3 rangées, chaque bureau dispose de 2 à 6 écrans où des lignes matérialisent l'avancée des trains et des rectangles, leur ponctualité (vert) ou retard (rouge). Dans l'angle, le modeste bureau du Directeur des Opérations.
Après 1 heure 30, notre guide nous invite à remplir une évaluation. En discutant avec lui, j'apprends que notre conférencier, ancien commercial à la SNCF, est maintenant retraité. D'ailleurs, si cela vous intéresse, vous pouvez vous inscire pour une visite là.
Commentaires
Tiens ! Un billet qui ne décrit pas des orgies abominables.