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Saint-Denis / Antananarivo : l'aventure commence !

Mon vol Air   Madagascar était prévu à 21h30. Toute la semaine, Air Mad' m'avait envoyé des mails avançant le vol de 5 minutes. Dimanche, jour de mon départ, C., fort de son expérience, avait appelé l'aéroport et découvert que le départ de mon vol était avancé d'1h20. 

Je quitte la maison des hauts de Saint-Paul avec ma valise et mon sac à dos, vide, à l'intérieur, en prévision de tout ce que je ramènerai sans doute de Mada. A l'aéroport, je fais la queue derrière une famille; la maman, un visage rond encadré de jolies tresses, et ses 2 portraits crachés en miniatures. Elle se tourne vers moi : " On vous a prévenue que le vol était avancé ?" Nous commençons à discuter. Ninon s'est installée avec son mari et ses 2 petites filles à Saint-André, après 15 ans dans l'Essonne. Elle part seule en vacances à Madagascar pour 10 jours, comme moi. "Vous y êtes déjà allée ?" demandai-je. Elle pouffe : " Je suis malgache". 

A l'approche du comptoir d'enregistrement, elle propose que nus nous enregistrions ensembe, pour voyager côte à côte. Je suis contente de débarquer à Tana avec une locale car on m' un peu fait flipper en me mettant en garde contre l'insécurité à Mada. " On parle beaucoup sur internet, il faut faire attention, comme partout " réplique Ninon. 

A la descente du bus, sur le tarma, Ninon s'étonne et qustionne l'agent d'escale : " Mais ... c'est un ATR, pas un Boeing !? Tous les bagages vont monter à bord ??" L'agent répond " Non, pas tous, si jamais vos bagages ne sont pas à l'arrivée, allez remplir une déclaration au comptoir". 

L'ATR d'Air Mad' est "à l'ancienne" : sièges en cuir bordeaux craquelé, hôtesses grandes et élancées dans un uniforme du même ton,. Dans les pochettes devant nous, un petit livret "Passeport pour Madagascar", qui contient un formulaire de débarquement sur lequel je mens effrontément en datant mon vaccin contre la fièvre jaune de moins de 10 ans et surtout l'histoire de Tananarive et une mise en garde contre l'exploitation sexuelle des enfants. Le décor est planté.

Ninon et moi trinquons à notre rencontre sur un verre de Merlot qui fait couler le sandwich mou aux crudités. Il fait nuit noire lorsque nous atterrissons à Tananarive. Ninon me presse : " Dépêche-toi,il va y avoir du monde au comptoir des visas".

Au franchissement de la porte d'entrée de l'aérogare, un homme presse un appareil sur ma tempe. " Il vérifie ta température, pour voir si tu as Ebola" explique Ninon. Au comptoir des visas, 4 policiers assènent des coups de tampons. L'un d'eux demande mon adresse à Madagascar. J'explique qu'une amie m'attend à l'arrivée et que je ne connais pas son adresse. "Il nous faut une adresse, madame" insiste-t-il, sans un sourire. Je commence à fouiller nerveusement mon téléphone. "Dis que tu es au Carlton hôtel" chuchote Ninon. Je me tourne vers le policier : "Je suis au Carlton". Il me fixe d'un air qui veut dire "Prends moi pour un con" et toujours muet comme une carpe, balance mon passeport sur le comptoir. Ninon s'amuse "Il doit se dire que la compatriote n'est pas sympa ... j'ai cassé son plan, il t'a mis un coup de pression pour que tu glisses un petit billet."

Elle pointe d'autres passagers du menton "Tu vois, tous ceux-là qui passent devant nous et n'attendent pas, ils ont glissé un billet dans le passeport. Moi je ne cautionne pas ce système."

Décidément, la mentalité de ma nouvelle copine me plaît beaucoup.

Hélas, notre gaieté est de courte durée. Le tapis roulant vomit quelques bagages, puis plus rien. Nos valises ne nous ont pas suivies, comme nous le craignions. Il ne nous reste plus qu'à faire la queue avec une vingtaine d'autres passagers devant un local rempli de bagages jusqu'au plafond, d'où s'échappe une odeur pestilentielle. Au fond de ce local, un jeune homme remplit des formulaires.

Les passagers s'impatientent, surtout ceux qui ne faisaient qu'une correspondance à Tana et ceux qui ont des enfants. Un blanc est très virulent et s'en prend au jeune homme, qu'il exhorte à sortir de son local, et à un policier sans doute venu s'assurer que la situation ne dégénère pas. "A quoi il sert, celui-là, planté comme un piquet ? Qu'il retourne dormir ! Pas étonnant que ce pays soit dans une merde pareille, ce sont des bons à rien". La réaction de Ninon ne se fait pas attendre. Sans aucun signe d'agressivité, elle répond "Ca ne sert à rien de s'énerver, ça ne fera qu'empirer les choses. Moi j'aime beaucoup mon pays, même comme il est, c'est un beau pays."

Le message a visiblement été reçu, l'homme se calme instantanément.

Nous sommes là depuis une bonne demie-heure déjà. Je m'inquiète que ma copine S., ne me voyant pas, s'imagine que j'ai raté l'avion et rentre chez elle, à une adresse que je n'ai pas. Ninon sort de l'aérogare pour rassurer son frère qui l'attend et grâce à ma description, reconnait S. à qui elle transmet mon message. Quelques passagers, pressés de quitter cet endroit puant, propose au jeune homme de nous faire passer des formulaires pour qu'on les remplisse nous-mêmes. Il refuse plusieurs fois, au prétexte que nous allons mal les remplir, puis capitule. Avoir bossé en compagnie aérienne me permet de faire un sans faute et l'affaire est  expédiée en quelques minutes.

Enfin, je quitte l'aéroport et embrasse ma copine qui me charrie : "Dis donc, t'es la femme idéale, toi, tu voyages ultra-léger !"

Elle paie le parking et nous nous enfonçons dans l'obscurité des routes non éclairées et défoncées de Tana ...

 

 

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