Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

avec l'aimable autorisation du gracieux modèle

  • Elle est très chouette !

    Photo062.jpgJ'ai rendez-vous avec elle place Sainte-Opportune. A l'heure convenue, elle m'appelle et annonce être à l'angle du boulevard de Sébastopol et la rue de Rivoli. Je la retrouve, particulièrement belle sous les cheveux blonds qui caressent ses épaules et lumineuse dans son trench rouge vif. La dernière fois que je l'ai vue, elle portait, comme nous, une perruque rousse.

    Elle est sans aucun doute la personne de ma famille dont je suis la plus proche, en dehors de ma tribu directe. C'est une marrante, ma tante. Quand j'étais enfant, aux fêtes de famille, elle chantait "La bonne du curé" comme personne. Plus tard, ado, j'empruntais ses nombreux produits de beauté et chez ma grand-mère, j'écoutais les 45 tours de sa jeunesse et chantais à tue-tête "Les rois mages" de Sheila. Chez elle, pas de chichis, je me sens à l'aise, comme chez moi, et sa porte m'a toujours été ouverte, seule ou accompagnée. Ce vendredi soir, c'est la mienne qu'elle franchit, pour la première fois.

    Après avoir posé sa valise, je lui demande de quoi elle a envie "j'aimerais bien aller voir les bouquinistes". Je l'ai toujours connue et voilà que je découvre qu'elle aime l'odeur des vieux livres. Je l'emmène dîner chez Félicie et nous savourons de concert un goûteux carpaccio de boeuf aux légumes grillés.

    Au métro Cité, je la prends en photo sous les porches sculptés de Notre-Dame et nous traversons la Seine au-dessus de laquelle des couples d'amoureux s'enlacent.

    Photo050.jpg

    Les quais sont bondés, des groupes de gens improvisent un apéro et sur les bateaux-mouches, les touristes agitent la main.

    Plus loin, sur le Pont Neuf, la statue équestre d'Henri IV est emprisonnée dans une construction lumineuse de Castelbajac et sur la passerelle du pont des Arts, on a déplié les couvertures pour un pique-nique nocturne. Je n'ai jamais compris l'engouement dont bénéficie ce pont auquel je trouve peu de charme.

    C'est agréable de redécouvrir Paris avec des touristes, mais c'est parfois embarrassant. Ainsi, j'hésite à plusieurs reprises lorsqu'elle désigne un bâtiment, un monument, et demande "Et ça, c'est quoi ?"

    Devant l'Institut de France, par exemple, je ne peux rien ajouter aux caractères gravés sur la façade. Je me suis renseignée, depuis : "Quatre Académies - française, des sciences, des beaux-arts et des sciences morales et politiques - reçoivent leurs nouveaux élus sous la Coupole."

    Nous bifurquons à gauche dans l'étroite rue Bonaparte et après un bref arrêt devant la boutique Ladurée, pour le plaisir des yeux, elle prend la pose devant Les Deux Magots. Plutôt que d'emprunter la rue de Rennes, déserte, je l'entraîne jusqu'à la place Saint-Sulpice. Hélas, l'église est défigurée par des travaux. Devant l'Institu Hongrois, une jeune femme est assise, le menton dans les mains.

    Photo060.jpg

    Remontant le boulevard Raspail, les pieds douloureux, nous approchons de mes lieux de villégiature préférés, qu'elle ne connaît que par mon blog. Je pointe du doigt la devanture verte du Shannon, puis les fenêtres du Rosebud, grandes ouvertes sur la rue en cette douce soirée. Nous nous installons sur la place Joséphine Baker, en terrasse du Paradis du Fruit où l'on me sert une énorme coupe glacée piquée de tranches de coco fraîche et arrosée de chocolat chaud.

    Le lendemain, nous sortons, hilares, d'un minuscule théâtre du 20ème arrondissement. Après nous avoir fait piquer du nez, une comédienne maigrichonne déroule ses os sur un flamenco prétendument sensuel, puis martèle à plusieurs reprises "Qui m'aime me prend". Elle s'accroupit ensuite derrière une chaise, bouge sa jambe d'avant en arrière et nos oreilles incrédules l"écoute gémir pendant de longues minutes jusqu'à l'orgasme final. C'est d'un tel ridicule - et mauvais goût - que nous rions aux éclats en descendant la rue de Charonne jusqu'à la Bastille.