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elvis restaurant

  • Bangkok, sur Sukhumvit Road

    bangkok,viva gardenHier, 13h50, mon weekend de 3 jours est sérieusement écourté car je m’envole pour un voyage professionnel à Bangkok. Toute première fois, toutoute première fois en Thailande.

    Dans l’avion, pourtant en lacune de sommeil, j’essaie de dormir mais je somnole tout au plus. Premier film : "Jasmine" de Woody Allen, qui était sur ma liste de « to do ». Les larmes me viennent aux yeux devant la déchéance de Cate Blanchett. Je jette un œil par le hublot contre lequel je suis collée : nous traversons une étendue noire seulement illuminée par une ville pieuvre. L’équipement sophistiqué d’Air France satisfait ma curiosité : nous sommes au-dessus de Bucarest et survolons ma Roumanie chérie. Le hasard n'en est pas un. J’envoie un baiser à Dana.

    Après Jasmine, toujours pas envie de dormir et j’enchaîne sur « Le Passé »,  d' Asghar Farhadi, où le ténébreux Ahmad (Ali Mossafa) me séduit totalement par sa douceur et sa bienveillance. La communication non violente n’a pas de secrets pour lui et je l’envie. Bérénice Bejo y est également très touchante et j'ai eu très envie de faire un énorme câlin au petit Fouad (Elyes Aguis), privé de maman. Je n'avais pourtant pas accroché avec le précédent film de M. Farhadi, "La séparation", plebiscité par tous, mais là, je suis touchée, vraiment (deuxième série d'yeux humides). Puis je me change les idées sur « La boucle », une gentille comédie avec Clovis Cornillac.

    Il est un peu plus de 7 heures lorsque nous atterrissons à Bangkok. Une pancarte affiche mon nom et je m’engouffre dans la « limousine » que ma cliente m’a réservée. Une heure plus tard, il me dépose aux confns du quartier d’affaires, sur Sukhumvit Road. Le Viva Garden, ouvert en 2011, est splendide.

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    Un portier m’accompagne et me fait découvrir ma chambre, que dis-je, mon appartement. Une cuisine entièrement équipée, un salon, chambre, salle de bains, et surtout une terrasse qui en fait tout le tour et offre, du 8ème étage, une belle vue sur Bankok. Comment je vais kiffer mes séances de saut à la corde, moi !

    A 9h45, soit 3h45 en France, sur laquelle mon horloge biologique est encore programmée, je me couche pour 3 heures de somme. Je ne veux pas trop dormir car demain matin, j’attaque ma première journée de formation et je dois me caler sur mon nouveau fuseau horaire.

    Il est pourtant 15h30 quand je m’extirpe du lit, déphasée. Je déballe ma valise et sors pour mon premier contact avec la Thailande. L'humidité ambiante nappe vite ma peau d'une moiteur tropicale. Il fait 30°C, la chaleur est supportable. Première mission : je n’ai pas mangé et surtout pas bu depuis 6h ce matin. Mon hôtel est situé au bord d’une grande artère où les bâtiments sont noircis de pollution. Il y a foule et les stands ambulants de nourriture se succèdent. Rien ne m’est familier si ce ne sont les fruits.

    Je bifurque à droite dans une rue super animée. On y vend de tout : des sachets de papayes, ananas et autre fruits joliment ciselés, des babioles made in China. Des hommes retournent consciencieusement des brochettes sur un grill. Des marmites fumantes mijotent des soupes aux ingrédients non identifiés. Une femme presse des jus de fruits. Je les connais tous, sauf un. Question à Maurice l’alsacien, habitué du pays et même de la région : c’est quoi un clitoris blend ? 

    Plus loin, un homme effiloche des oreilles de cochon cuites. Il y a beaucoup de salons de coiffure.

    Je devine vite que pour traverser Sukhumvit Road, il faut monter sur la passerelle qui l’enjambe et dessert le BTS, le métro aérien. De là-haut, je repère des femmes penchées sur des marmites en fer blanc. J’arrive, les filles !

    Sur place, je n’arrive pas à identifier ce qu’elles mijotent. Je me rabats sur leur voisin et gobe deux petites brochettes de ce qui me semble être des cœurs de canard. Faites pas cette tête, c’est plein de fer et ma dernière tentative de don du sang à l’EFS a échoué pour cause de carence en fer.

    J’achète aussi 2 bouteilles d’eau et un sachet d’ananas. Ça ne vaut pas le Victoria de la Réunion mais c’est rafraichissant. Je prépare mes affaires pour le lendemain, consulte un peu mon guide. A la réception, je demande au portier si l’un des restaurants de mon guide serait à proximité. Pour l’instant, je n’ai rien compris du système de numérotation des rues à Bangkok. Le portier me tend le  prospectus d’un restaurant sino-thai avec danses traditionnelles, où un taxi peut m’emmener. Je fais la moue : il va pas me refaire le coup du hamam à Marrakech, hein ? Il se ravise et entoure un point sur mon plan : le restaurant s’appelle LVIS, c’est un restaurant en plein air (enfin, façon de parler).  Parfait. Je quitte l’hôtel, rattrapée par le portier qui me serre la main et lance « My name is Path, and you ? », ce qui me vaut un hilare « Comment ça va ? »

    Je traverse Sukumvit, repère un salon de massage. Après quelques rues, la banane du rocker m’indique que je suis arrivée. Des lampions éclairent le LVIS restaurant où des thais sont déjà attablés. Je m’installe et commande une salade de papaye verte, un crabe et l’habituelle bière pour fêter mon arrivée en terre inconnue. Une jeune femme souriante pose une bière d’1 litre devant moi. Oh merde ! Comment je vais boire tout ça, moi ?

    Quelques minutes plus tard, ma salade de papaye (50 Bht. soit 1€20) arrive, agrémentée de pignons de pin grillés et de tomates. Son ptit nom en thai c'est Som Tum (merci Maurice) et en version originale c'est ส้มตำ. C’est bon, c’est frais et … ça arrache la gueule !

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    Enfin, le crabe, "Stir fried crab meat with curry powder" (350 Bht. soit 8€30). Ah oui, quand même ….

    Après enquête, son nom thai serait Pu Pad Pong Garee. En version originale et juste pour le plaisir des yeux, c'est ปูผัดผงกะหรี่ . La chair du crabe est mélangée à des oeufs battus, oignons, ail, sauce de poisson, sucre, curry de Madras, poivre blanc, coriandre, célery thai et oignons verts. Maurice, corriges-moi si j'ai faux.

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    Je commence à manger et c’est … comment dire … merveilleux. Ca pique aussi, bien sûr. Mais j’échangerais 10 entrecôtes chez Félicie contre ce plat. Très vite, mon corps exprime sa satisfaction ; j’ai la langue en feu et le nez qui coule.  Je me refugie aux toilettes pour me moucher. Peu après, je suis en nage, les cheveux collés aux tempes. Après un 2ème passage aux toilettes pour vérifier qu’effectivement, je ne ressemble plus à rien, je repars à l’hôtel, repue et même gavée. Mais qu’est ce que c’était bon !

    A l’hôtel , Path veut savoir comment s’est passé ma soirée. Quand je dis que j’ai pris une papaya salad, il répète,incrédule : « A papaya salad ? Very spicy ! »

    Je monte dans l’ascenseur en me marrant : « Ah oui, tu m’étonnes que c’est very spicy, je l’ai senti mon frère, et pas qu’un peu ».

    Après un tour du propriétaire, la piscine, que je goûterai demain après ma première journée de labeur, et la salle de fitness, je monte écrire ce billet. Et maintenant, il est 22h43, ma cliente vient me chercher demain à 8h45, je vous laisse et vous donne rendez-vous pour la suite.

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