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guyane

  • Chez Tonnegrande

    Tonnegrande nous attendait hier, dans sa jolie maison au sud de Paris. Idir et Karim, les gentils patron de l'Aéro, m'ont invitée à laisser mon vélo dans l'arrière-salle de leur bar ou je retrouvais le groupe et nous avons pris le bus tous ensemble. Il y avait Deblais, Jim qui sortait d'une soirée et n'avait pas dormi de la nuit (et pourtant rayonnant dans sa veste blanche), le vieux Jacques, Nicolas, Eric de CDLM, tout aminci, et une nouvelle très sympa, Marie, amie de Deblais.

    A l'arrivée chez Tonnegrande, nous avons installé tables et tréteaux dans le jardin. Sur la table, nous avons disposé les nombreux plats et marmites. Tonnegrande, visiblement très heureux de nous faire découvrir la cuisine de chez lui (et il y a de quoi), nous expliqua la composition de chaque plat, un à un. En attendant qu'il en fasse un bel exposé sur son blog ressucité, je vais tâcher de retranscrire ce que j'ai appris hier. Découvrir la cuisine et la culture d'un pays inconnu est toujours une fête pour moi. Je suis très attachée aux traditions et au savoir qu'on se transmet de génération en génération.

    Nous avons commencé par deux belles salades.  Une de poulet boucané à la sauce chien, agrémentée de gombos, tomates et oignons blancs : .

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    La même au poisson boucané :

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    Nous avons siroté les 3 sortes de rhums que Tonnegrande avait rapporté de son voyage : la belle Cabresse, la Cayennaise et le Coeur de Chauffe.  Tonnégrande nous a appris que l'usage voulait qu'on n'utilise qu'une cuillère pour mélanger rhum et sirop arrangé, et qu'on se la passe de convive en convive, ce que nous avons fait. Ci-dessous une vue plongeante sur le sirop arrangé, saupoudré d'anis étoilé et canelle.

     

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    Admirez l'attention de l'assemblée à la présentation faite par Tonnegrande. Ca c'est avant l'apéro ... après ça se gâte.

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    Devant nos airs interrogatifs, Tonnegrande nous a expliqué comment manger la kassave et le kwak, tous deux issus du manioc. La kassave, qui est une galette de manioc, se réhydrate en versant un peu d'eau dessus. On s'en sert pour saisir entre ses doigts poisson et poulet boucanés. Le kwak qui ressemble à une semoule grossière d'un beau jaune se réhydrate également à l'eau. Tonnegrande m'a suggéré d'écraser un avocat et de le mélanger au kwak. Cela fait une belle pâte que l'on relève d'un peu de piment et on dépose la salade de boucané dessus. C'est tout bonnement délicieux !

    Nous avons ensuite soulevé le couvercle des grosses marmites qui trônaient sur la table. J'ai servi l'assemblée : riz blanc et colombo de porc nappé d'une belle sauce crémeuse aux pommes de terre, aubergines, concombre piquant, oignons et tomates. Djibril nous avait rejoints et nous avons dégusté les punchs ramenés spécialement pour l'occasion : punch coco licoreux (merci la belle-maman de Tonnegrande), punch comou (c'est un fruit du palmier) et punch cachuète. Marie et moi sommes tombées d'accord pour attribuer la palme d'or au punch comou.

    Nous avons parlé de gastronomie et de Guyane, bien sûr.

    Tonnegrande nous a ainsi appris qu' être invité à déguster un bouillon d'awara est une grande marque d'estime. Ce plat, traditionnellement préparé à Pâques, est une sorte de pot au feu qui mijote dans un bouillon coloré constitué de la pâte d'awara, un fruit du palmier. Si vous voulez suivre en images la confection de ce plat qui semble délicieux, c'est ici. Il y a aussi plusieurs recettes guyanaises  (au passage, j'ai noté une fricassée de lézard). A noter aussi : les accras sont antillais, en Guyane, on appelle normalement ces beignets des marinades.

    Tonnegrande n'était pas retourné en Guyane depuis son départ, il y a 7 ans. Beaucoup de choses ont changé et pas en mieux, semble-t-il. L'exploitation de gisements d'or, découverts en 1992, une catastrophe écologique pour les belles forêts guyanaises. Le déversement de mercure dans ces chantiers à ceil ouvert provoque désormais de terribles malformations chez les nouveaux-nés des peuples vivant aux embouchures des fleuves. Cette ruée vers l'or a amené une immigration massive de Brésiliens et Haitiens, ce qui pose beaucoup de problèmes en termes de sécurité. L'instauration de frontières ne respecte pas la culture ancestrale de ces peuples qui ont toujours eu l'habitude de naviguer d'une rive à l'autre, en fonction des ressources naturelles. Les amérindiens sont devenus des clowns pour touristes. Le seul peuple guyanais qui, selon Tonnegrande, a réussi à préserver sa culture, est le peuple Noir-Marron. Ces descendants d'esclaves ont reconstitué leur mode de vie africain sur le fleuve Maroni et ses affluents.

    Claude, merci encore pour ce moment de partage et de convivialité. Je sais que tu as passé de nombreuses heures derrière les fourneaux pour nous et je t'en remercie. J'espère que nous avons fait honneur à ton hospitalité. Quand à moi, je vais me remettre en contact avec Laura, repartie en Guyane il y a peu, et tâcher de programmer un voyage là-bas pas plus tard que l'année prochaine !  

    A la tienne, Claude !

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