HIer soir, j'ai emmené un des hommes de ma vie au théâtre de Ménilmontant voir cette pièce d' Erwann Créac'h jouée par Sandra Honoré et Jacques Dupont. Refaire le monde avec JM, de préférence autour d'un bon repas, est une de mes occupations favorites. Ces derniers temps, nous avons beaucoup discuté des rapports hommes-femmes et de la difficulté à être heureux ensemble; c'est donc tout naturelllement que j'ai pensé à lui.
Vous pourrez trouver ici le site consacré à la pièce. Les comédiens sont touchants et convaincants; Jacques Dupont est très drôle dans son rôle d'homme perdu dans les méandres de la "mécanique féminine". Je vous recommande vraiment cette pièce qui se prolonge par un débat et se termine autour d' un verre de vin au bar du théâtre avec l'auteur et son invité. Le théâtre de Ménilmontant est un endroit chaleureux et nous avons eu beaucoup de plaisir à trinquer et discuter avec les deux charmantes jeunes femmes à l'accueil.
"Autour de deux principaux sujets masculins, huit personnages entrent en scène. Et rapidement apparaît la véritable préoccupation générale : les hommes peuvent-ils vraiment changer ? (et comment ?) La quête de la féminité n'est-elle pas une fausse piste ? Un homme doit-il craindre de perdre sa virilité ? Et qu'est-ce que la virilité ? Rien de plus risqué que de chercher son identité à travers le regard et le désir, voire les fantasmes des autres. Sur le chemin chaotique de la remise en question, qu'il parte de l'assurance virile pour l'un de nos "héros", ou de l'indétermination pour l'autre, l'homme n'est pas au bout de ses peines..."
La représentation était suivie d'un débat avec l'auteur et Daniel Welzer-Lang, sociologue et auteur de "Les hommes aussi changent" (Ed. Payot) et "Les hommes entre résistances et changements" (Ed. Aléas). Super idée que ce débat, j'ai adoré !
M. Welzer-Lang rejette la thèse des différences biologiques qui prédisposeraient hommes et femmes à des rôles bien définis. Il accuse l'éducation et la société de nous enfermer dans des schémas et carcans dont nous commençons tout juste à nous libérer, grâce aux mouvements féministes et gays qui ont bousculé l'image de l'homme et en ont offert une autre approche. Pour preuve, l'implication grandissante des pères dans l'éducation de leurs enfants, ou leur intérêt croissant pour des sujets jusque là réservé aux femmes : beauté, diététique, décoration, presse masculine, chirurgie esthétique etc...
Suite à la question d'un intervenant qui faisait remarquer que dans le monde, la majorité des modéles familiaux étaient construits à l'identique et qu'on pouvait donc se poser la question de la prédisposition naturelle, M. Welzer-Lang souligna que de tout temps, l'oppression, que ce soit celle des femmes ou l'esclavage, a été justifiée par des arguments pseudo-scientifiques. Et que son statut d'opprimé donne toujours raison à la victime. La douceur et la maternité ayant justifié le dévouement féminin, il est désormais difficile et même tabou sur certains sujets comme la pédophilie ou la violence, de s'attaquer à l'image de la femme. J'ajouterai que de la même façon, il est aujourd'hui quasiment impossible de critiquer les peuples jadis opprimés sans se voir soupçonner de racisme primaire.
La libération de la femme est très récente et sans doute, il y a aujourd'hui une crise de l'identité masculine, en tout cas pour les jeunes générations. Comme le faisait remarquer M. Welzer-Lang, les structures destinés à aider les hommes sont quasi-inexistantes alors que la femme est très entourée. Hors, on voit bien que la dépression, le suicide, l'alcoolisme, l'exclusion frappent plus durement les hommes. M. Welzer-Lang prédit un éclatement de la hiérarchisation hommes-femmes et l'apparition de sous-genres féminins et masculins (übersexuels façon George Clooney, métrosexuels façon David Beckham etc...).
Je suis tout à fait d'accord avec David Abicker, mon chouchou d' Arrêt sur Images et auteur de "Le déclin de l'empire masculin". Sa thèse est qu'à force de promouvoir des valeurs essentiellement féminines, comme la sensibilité, l'émotion ou la douceur, la société veut nous faire croire que les femmes sont meilleures que les hommes...
Ainsi les hommes ne sont-ils valorisés qu'à travers leurs féminisations.
Bref, à en croire les publicitaires et le marketing, l'homme parfait c'est une femme.
Qu'en pensez-vous ?
Commentaires
Je pense effectivement que l'homme doit avoir une part de féminité. J'en ai connu quelques uns, ils sont attendrissants, fragiles, humains, romantiques, avec la même sensibilité que les femmes. Dommage que ce soit en majorité des homosexuels. Et dans un couple est ce vraiment valable ? il me semble que, du fait d'une dévirilisation malgré tout, ce soit un peu plus compliqué pour certains aspects. Décisions à prendre, affirmation du moi etc........
Ouf, rien à voir avec l'oeuvre de Primo Levi...
Quant à la question que tu soulèves, je pense que c'est vrai. On a tous une part féminine en nous... (les hommes). Par contre l'homme doit conserver les traits que la nature lui a donnés, et ne pas tomber dans un processus de nananisation... Non mais !