Je viens de terminer ce livre de Guy Corneau qui traite du silence qui isole aujourd'hui les pères des fils et qui empêche ces derniers d'être à l'aise avec leur condition d'homme. J'ai lu ce livre parce que la plupart des hommes qui me sont proches ont souffert ou souffrent encore d'une relation difficile avec leur père parce que celui -ci a été physiquement ou psychologiquement absent et qu'il n'a pas rempli son rôle d'initiateur à la masculinité. Mon père est sans doute le premier homme a avoir évoqué cette souffrance devant moi. Après lui, je n'ai pas souvenir d'un seul de mes amis ayant eu une relation épanouissante avec son père. Au contraire, une rancoeur assumée ou refoulée envers le pére et le culte de la mère. Récemment un ami proche me confiait s'être rendu compte qu'il avait peur et fuyait les élans de tendresse de ses enfants. Guy Corneau évoque en effet cette peur de l'intimité et des sentiments qu'ont les hommes. J'ai trouvé particulièrement troublant le parallèle qu'il fait, dès le début du livre, entre l'homme et Jésus. "Le silence du père et la plainte du fils se trouvaient déjà annoncés par le mythe chrétien. Saint Joseph verra sa paternité niée et participera très peu à la vie active de son fils Jésus. On ne le retrouvera pas au bas de la croix avec Marie et les apôtres. Les dernières paroles du Christ sur la Croix ne peuvent être plus explicites: "Père, pourquoi m'as-tu abandonné?"
La femme "est", l'homme, lui, doit être "fait". Les menstruations fondent l'identité féminine; il s'agit là d'une initiation naturelle. Chez l'homme, les anciens rites initiatiques avait pour but de rendre officielle la séparation d'avec la mère et de faire passer l'adolescent au rang d'homme. Les actes de paternité signifiants sont des gestes qui font l'équilibre entre l'attention et le soutien que requiert l'enfant et les limites qui doivent être posées à sa dépendance infantile". Les fils qui ont manqué d'un père en ont souvent une image idéalisée. Ils se sous-estiment, répriment leur agressivité et tout ce qui représente l'homme à leur yeux. Ils éprouvent souvent autant de difficultés à exercer une autorité qu'à la respecter, ce qui peut entraîner une mollesse et un manque de rigueur.
J'ai rélevé une remarque très intéressante et qui me semble approprié à tous, hommes ou femmes : "Dans le domaine psychologique, nous pourrions dire que nous ne pouvons réellement donner que ce que nous n'avons pas reçu. C'est là que réside le mystère de la créativité humaine".
Comment guérir le père blessé en soi-même
"Le psychologue Osherson propose d'explorer en profondeur le passé du père pour en arriver à comprendre sa souffrance et développer ainsi une empathie qui pourra aider son fils à lui pardonner. Il est aussi nécessaire d'abandonner le mythe du père idéal. Ceux qui en ont la possibilité doivent entreprendre un dialogue avec leur père réel, malgré les peurs, les frustrations et les déceptions que cette tentative peut engendrer. Ceux dont le père est mort ou trop lointain peuvent exprimer leur rage, leur colère et leur déception sous forme de lettres.
Le changement passe par la récupération de nos émotions et de nos sensations corporelles, organiques, ces dimensions de nous-mêmes dans lesquelles nous avons, à tort, enfermé la femme. La tâche des nouveaux hommes est de briser les générations de silence masculin."
Commentaires
Mince si par hasard Eric Zemour te lit, il se tire une balle... Serieusement, je dois dire que c'est tout est vrai malheureusement dans ce que tu dis. J'ai parfois de gros problemes de communication avec le mien... Il a perdu son pere à la guerre et n'a donc aucune reference paternelle lui meme ce qui fait qu'il a commis des erreurs avec mes freres et moi... Pourtant il est là... Il n'est pas toujours facile à vivre. Alors j'observe... J'essaye de comprendre certaines choses meme si ce n'est pas toujours facile... J'ai une fille qui va avoir 8 ans... que je vois tous les quatre mois en moyenne. Et vraiment ça demande un questionnement permanent de se demander comment agir pour ne pas qu'une erreur d'aujourd'hui se transforme en une souffrance inaltérable demain... Dans le cas d'un divorce et de l'eloignement geographique c'est encore plus dur à vivre. Renouer le dialogue à chaque fois, se redecouvrir... Gerer les bétises... Faire le rôle du papa et de la maman à la fois (Aussi bien du cote pere que mere)...
J'ai eu la chance de m'occuper de ma fille dès sa naissance... je ne dirais pas pourquoi parce que c'est un peu long et pas plaisant non plus à raconter... Mais je pense, huit ans après qu'elle l'a assimilé, qu'elle le sent encore... On joue toujours aux memes jeux lorsqu'on se retrouve... Qu'il y a un lien tres fort entre nous... Bon ok ca va disparaitre avec le temps, je la vois mal jouer à "nez-nez" à vingt ans mais ca fait partie des petites choses que l'on doit donner à son enfant... Passer outre en tant qu'homme de l'image du dur à cuire qui laisse la corvée de langes à madame... Que l'on comprenne et que la société en plus des hommes eux memes prennent conscience qu'ils sont tout à fait capable d'avoir un lien comparable à celui de la maman... notre société évolue, la psychologie et les rapports hommes/femmes aussi. Se féminiser, pour un homme, n'est pas insultant... C'est juste etre capable de faire ressortir ses émotions, les partager et les transmettre. S'ouvrir au delà de l'image... Une double protection pour les enfants en quelque sorte... Je ne sais pas si je suis vraiment clair... Je ne suis qu'un homme apres tout :-) ;-)
Ton témoignage me touche beaucoup, là je suis speed, je dois aller à un match de foot mais je reviendrai bientôt !
Bonne soirée à toi !
"J'ai lu ce livre parce que la plupart des hommes qui me sont proches ont souffert ou souffrent encore d'une relation difficile avec leur père parce que celui -ci a été physiquement ou psychologiquement absent et qu'il n'a pas rempli son rôle d'initiateur à la masculinité."
Le rôle du mâle, aujourd'hui est difficile, car les "valeurs" féminines sont devenues dominantes, ou plutôt marquées positivement, alors que les valeurs masculines sont perçues négativement.
Donc, pour l'homme, il est difficile d'assumer ces "valeurs" ou ces postures masculines. Il faut biaiser, d'une certaine façon. Ou, plutôt, assumer sa part féminine...
Mais, personnellement, je ne suis pas de ceux qui regrettent l'époque où le "pater familias" portait sur ses épaules toute la responsabilité, l'époque ou l'épouse était sujette de son mari. N'oublions pas que cette époque n'est pas si lointaine...
L'homme a donc dû évoluer. Un peu. Il en a résulté quelques frustrations, le dialogue père-fils en a sans doute souffert. Mais c'est au fils et au père de faire un pas en direction l'un de l'autre. Il ne s'agit ni de "tuer le père" ni d'accomplir ce que le père n'a pas pu accomplir lui-même. Il s'agit simplement d'apprendre à aimer son père, tel qu'il est, parce qu'il est votre père...
Quelles sages paroles, Eric !
Je ne trouve rien à ajouter, vous avez tout dit.
J'ai déjà évoqué ce sujet sur cet espace, je suis la première à regretter l'encensement systématique des femmes et la culpabilité dans laquelle on tend à maintenir les hommes. Je suis en particulier révoltée par l'injustice dont sont victimes les pères et leurs enfants. En cas de séparation, on confie systématiquement - ou presque- la garde à la mère, en dépit du bon sens et surtout du bonheur de l'enfant.
J'ai eu le droit à l'enquete psy et sociale... Mon ex femme aussi... Mon rapport d'enquete sociale à etait fait de 4 fois 4heures d'entretien et faisait une vingtaine de pages et etait entierement en ma faveur... Celui de mon ex femme a ete une rencontre d'une demi heure avec une assistante sociale et faisait trois pages... Mon rapport psy n'avait aucun lien avec ce que j'ai pu dire... Bien entendu les services psy et sociaux qu'a vu mon ex femme ont tronqués et detournés certaines choses afin de ne pas lui porter prejudice... J'aurais pu encore me battre, mais c'est tellement lourd à supporter qu'on abandonne et on mise sur la patience. Le but n'etait pas de privé la maman de sa fille, mais d'offrir le meilleur cadre possible pour elle. Ce que je denonçais à l'epoque est depuis en partie reconnu, maintenant je fais preuve de patience et j'attends le moment ou elle emettra le souhait de venir vivre avec moi, mais sans l'influencer... Lui laisser l'alternative tout simplement...
Que dire sur mon paternel ? il a ete absent, d'un "je m'en foutisme" total, effacé, il ne sait jamais intéressé à ma vie, à mon devenir, il a été un peu plus présent quand mon fils est né mais depuis il s'est effacé à nouveau.
Je lui en veux pas, puis que j'ai toujours connu ça... je n'ai pas de nouvelle depuis bientot 2 ans et bizarrement ça me choque pas, je suis pas en etat de manque, je suis meme pas sure qu'il me dirait bonjour si je le croisais dans la rue, mais ça me glisse dessus, peut etre parce que j'ai "poussé" toute seule... faudrait que j'y reflechisse...
Bonjour Fa,
Comme tu le dis, tu as poussé toute seule et surtout tu as construit ta propre famille donc plutôt que de regarder en arrière, tu avances.
Je ne te connais pas personnellement mais je pense que si "ça te glisse dessus", c'est parce que tu as accepté ton père tel qu'il est et c'est une attitude sage.
Je pense que s'il y a souffrance, il faut réfléchir et comprendre pourquoi. Mais la clé du bonheur c'est d'accepter qu'on ne puisse changer ni les choses ni les gens et continuer à avancer.
Bien cordialement,
Bonjour Arno,
Ton expérience montre bien que les services sociaux sont à priori favorables à la mère plutôt qu'au père. De ce côté là aussi, la parité fait encore défaut.
Je pense que tu as raison de faire preuve de patience même si cela est très douloureux.
"What goes around comes around", un jour tu auras le retour de tout ce que tu as donné.
A bientôt,
bonjour vos avis m'interresse etant dans le meme cas. Je ne connais pas mon pere meme pas son nom j'ai un petit garçon que j'adore mais j'ai l'impression qu'on ma donné l'autorisation d'être pere jai des refoulements concernant mon fils et ma femme comme si ce manque d'amour petit m'empecher d'aimer quelqu'un pas facile de se trouver car j'ai aussi un pb au niveau de l'etat civil je n'ai pas d'identité bref c'est dure
Gilles Cyrille,
Merci de ton intervention.
Je te recommande de lire ce livre, ça te fera sans doute du bien.
Je n'ai jamais connu mon père, maintenant rendu à 30 ans je suis sur le point de le connaitre, test ADN a 99% positif et je ne sais plus si vraiment je veux le connaitre. Je ne sais même plus si je veux des enfants...
Bonsoir Yop,
Le connaître ne t'oblige pas à maintenir ensuite un lien avec lui.
Ça te permettra de mettre un visage sur l'inconnu et de tourner une page, j'imagine.
Quand aux enfants, tu y verras sans doute plus clair quand tu auras franchi ce pas et surtout, si ce n'est pas encore le cas, quand tu auras rencontré une femme avec laquelle tu auras envie d'en avoir :)
Courage, Yop, et merci de ton passage. Si tu as envie de me tenir au courant de la suite des évènements dans ta vie, tu peux me contacter via le lien en haut à gauche :)
Bonjour,
J'ai lu cet ouvrage de Guy corneau, il m'a bouleversé et aidé par sa vérité.
J'ai perdu mon père alors que je n'avais que 9 ans. Puis mon meilleur ami en qui j'avais trouvé un nouveau modèle paternel.
J'ai 36 ans aujourd'hui, je suis divorcé et papa d'une petite de 5 ans.
Ma relation avec les femmes est cahotique. Je consulte un psychannaliste que j'ai choisi au hasard, mais je me demande si cette aide est efficace.
Si quelqu'un ici ou quelqu'une peut m'aider ou me mettre en relation avec un psychiatre, psychothérapeute, ou psychannaliste spécialiste de ces questions, je vous en serai gré.
Je me sens si mal, j'ai tant besoin d'aide.
Bien à vous
Bruno
Bruno,
Je n'ai pas de recommandations à vous fournir mais si quelqu'un propose son aide par le biais de ce blog, je ne manquerai pas de vous mettre en relation.
Prenez bien soin de vous.
Excellent livre