Pendant que O. faisait sauter les crêpes, j’ai fait rire I. aux éclats avec mes histoires de bottes à éperons, tout en buvant du vin de pêche (merci tata X., il est très bon, ton p’tit vin).
Après le repas, j’ai proposé des DVD que j’avais apportés. Je me suis enfoncée dans les coussins du moelleux canapé. J’avais besoin de tendresse, de paix, d’amitié, de douceur. J’ai eu tout ça.
Hiroshima, mon amour. Découvert à Dublin il y a plus de 10 ans. Quand le film s’était arrêté, j’avais appuyé de nouveau sur « play ». Un choc.
Puis l’insoutenable. La nausée. Les peaux en lambeaux des blessés d’Hiroshima. 200.000 morts en 9 secondes. Les mots d’Emmanuelle Riva, oiseau de mauvaise augure qui assure «Ca recommencera. 200 000 morts, 80 000 blessés en 9 secondes, ces chiffres sont officiels, ça recommencera. Il y aura 10 00 degrés sur la terre, 1000 soleils dira-t-on. »
« La colère des villes entières contre l'inégalité posée en principe par certains peuples envers d'autres peuples, contre certaines races envers d'autres races... ». J’ajouterais « par certains hommes envers d’autres hommes. »Ce film m’agace aussi. Le rythme des dialogues, le lancinant « J’ai tout vu à Hiroshima, tout » et lui qui réplique « Tu n’as rien vu à Hiroshima », la voix empruntée d’Emmanuelle Riva avec son « Tu me tues, tu me fais du bien ».
Mais ensuite, quelle profondeur dans les mots, les gestes, les non-dits ! Quelle émotion dégage cet amant japonais qui lui souffle à l’oreille son français éraillé « Je crois bien que je t’aime ». Quelle pudeur et vérité dans les dialogues :
« Rien. De même que dans l'amour cette illusion existe, cette illusion de pouvoir ne jamais oublier. De même, j'ai eu l'illusion devant Hiroshima que jamais je n'oublierais, de même que dans l'amour ? Comme toi, j'ai essayé de lutter de toutes mes forces contre l'oubli, comme toi j'ai oublié. »
Images insoutenables, si proches de mon histoire, de cette française déshonorée d’avoir aimé un soldat allemand, rasée et enfermée dans la cave, qui griffe les murs de sa douleur animale jusqu’à s’en faire saigner. Que serait-il advenu de Marguerite, amoureuse d'un prisonnier français, si elle n’avait pas quitté l’Allemagne vaincue ? Quelle absurdité que ces guerres qui jettent 2 amis l’un contre l’autre !
« Je suis d'une moralité douteuse. Qu'est-ce que tu appelles, être d'une moralité douteuse ? Douter de la morale des autres. »
Commentaires
on peut dire ce que l'on veut: ce livre est puissant.rare.
Astrale,
Pas lu le livre. Je devrais remédier à cette lacune.
Ben c'est bien beau tout ça mais c'est vrai, qu'est-ce que tu appelles toi, être d'une moralité douteuse ?
Farid,
Je ne peux pas répondre à ta question. Je n'emploie pas ce type de phrases. Ou alors, si je le faisais, ce serait en référence à la morale "intégrée" mais certainement pas la mienne.
Qui suis-je pour juger de la moralité d'autrui ?
J'ai déjà souvent parlé de ça, ici.
Je vais te dire, ça me fait chier, la morale.
Avec ton com je rebondis sur :
- les corps nus qui se caressent.....bonheur pour les yeux et les sensations,
- la guerre...........une belle saloperie,
- l'amour sans frontières..........idéal dans l'absolu mais difficile à vivre.
C'est un petit condensé par rapport au com car le film ne me dit rien du tout. Hiroshima, si hélas !