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ciné

  • Tati, c'est fini ...

    IMG_1579.JPG« Deux temps, trois mouvements », l’expo sur Jacques Tati à la Cinémathèque Française s’est terminée hier. A une semaine près, je la ratais et je ne me le serais pas pardonnée.

    Comme on change pas une équipe qui gagne, je m'occupe des mots et Boug', du choc des photos.

    Tati, je l’ai découvert en Irlande où en proie au mal du pays, j’avais entrepris d’occuper les – nombreuses – soirées pluvieuses à parfaire mon éducation cinématographique en visionnant les classiques du cinéma français. J’écumai le rayon « films français » de l’Alliance Française et du vidéo club en dessous de chez moi. Je découvris ainsi « Les enfants du paradis », « Boudhu sauvé des eaux », « Les galettes de Pont-Aven » et … « Jour de fête ».

    L’accent de ce village berrichon, ses habitants et les pitreries de François sur son vélo m’avaient bien fait rire. « Playtime » acheva de me conquérir.

    Rentrée en France, je découvris le site officiel de Tati, fidèle à son esprit.

    J’entraînai à cette expo mon amie Boug’ qui ne connaissait le cinéaste que de nom. Je supposai que son âme de gamine serait sensible à l’univers poétique de Tati et à sa capacité à s’amuser d’un rien. Sur la façade de la Cinémathèque, la silhouette si célèbre de l’homme à la pipe. C’est aussi ma première à la Cinémathèque.

    Nous entrons dans un grand espace de verre et sommes plongées dans l’atmosphère de Playtime. Des jeux d’illusions, un escalier qui ne mène nulle part, une secrétaire qui apparaît et disparaît, comme par magie. Comme dans ses films, chaque détail compte.

    Outre une immense pipe qui trône là, l’expo est parsemée des objets célèbres des films de Tati : les chapeaux féminins farfelus, des accessoires, les meubles de la villa Arpel. Des écrans ça et là diffusent de nombreux extraits de ses films. Nous rejoignons des spectateurs vissés devant un alignement d’écrans. Ce sont « Les 6 leçons du professeur Goudet » qui abordent la vie, le travail et les écueils de Tati, le tout ponctué d’interviews de personnalités artistiques, certaines clairement influencées par lui,  d’extraits de films et/ou publicités lui rendant un discret hommage et de réclames drôlissimes que Tati réalisa pour Taillefine. C’est là que je réalise que Mr.Bean, un autre burlesque, est l’héritier direct de Tati.

    Dans une pièce sombre, une vitrine expose les objets « collectors » : sa sacoche de facteur dans « Jour de fête », son Oscar. Un film montre la construction de Tativille, où fut tourné Playtime, sur un terrain vague de Joinville-le-Pont.

    Sur le chemin de la sortie, sa silhouette dégingandée, reconnaissable entre toutes, immortalisée dans de nombreux croquis, notamment de Defaix et Sempé, ses amis. La visite se termine dans un décor de cabanons de plage et des photographies de famille, dont ce grand-père russe auquel il ressemblait beaucoup.

    L’expo m’a beaucoup plue, mon seul regret étant que les projections de films et conférences n’eurent lieu qu’en avril et mai. Rien du tout en juin et juillet.

    Comme beaucoup d’autres, on n’aida pas Tati à réaliser ses films, il y engouffra souvent sa fortune (il dut hypothéquer sa maison pour Playtime) mais fut encensé a titre posthume.

    A la sortie, enchantée de cette plongée ludique et colorée, je m’amuse de trouver un vieux vélo un peu rouillé contre une barrière et un manège d’enfants.

    Tati.JPG

    Tout en nous baladant dans le parc de Bercy, croisant des poussettes et le serpentin de voitures en contrebas, je dis à Boug’ que j’ai l’impression de voir du Tati partout.

    Après tout, c'est Tati lui-même qui disait « Le film commence quand on sort de la salle » ...

  • Vicky Cristina Barcelona

    Vicky Cristina.jpgJ’ai toujours été réfractaire à Woody Allen. Sans doute par pur snobisme. Je n’ai vu qu’un film de lui et je n’en ai même pas retenu le titre. 

    Cependant, hier, quand une copine m’a proposé son dernier film, « Vicky Cristina Barcelona », j’ai accepté, dubitative. J’avais envie de me changer les idées et cette comédie romantique, entièrement tournée en Espagne, affichait un casting prometteur : Scarlett Johansson et Javier Bardem, que j’avais savouré dans « The dancer upstairs »

    Ca a fonctionné. Ce film est délicieusement sensuel, il célèbre le vin, les soirées d’été en terrasse, les chants et la guitare, les amours plurielles, et surtout, la sororité, à travers de sublimes échanges entre les 3 actrices.

    Bardem, sa force virile, sa voix, ses rides : très troublant. Scarlett, toujours aussi émouvante et pulpeuse. Et Penelope, vénéneuse.

    L’atmosphère de "Vicky Cristina Barcelona" m’a plongée dans un état particulier. Alors, à la sortie, j’ai eu envie d’un verre de vin rouge. Entre autres choses.

  • Deux jours à tuer

    2 jours à tuer.jpgBien que j’aie vu ce film dès sa sortie, attendue avec impatience, je n’en ai alors pas parlé ici.

    Non que j’aie été déçue, mais parce que je ne savais pas comment l’aborder sans en dévoiler le thème, si éloigné de ce que j’avais imaginé en visionnant la bande-annonce.

    Albert Dupontel est un artiste pour lequel j’ai une affection ancienne et particulière. C’est mon frère qui me l’a fait connaître dans ses one-man shows à la fois cyniques et tendres. Je préfère Dupontel en acteur plutôt qu'en réalisateur; je n’avais pas accroché avec « Bernie ».

    En revanche, dans « Irréversible », le personnage posé, moral, qui glisse dans la violence aveugle, m’a interrogée – et pour longtemps - sur la part d’animalité et les instincts qu’on a tous en nous.

     

    "Deux jours à tuer", l’histoire d’un quadra à qui tout a réussi - femme, enfants, argent - et qui envoie tout valser en un week-end.

    La scène du dîner avec les amis, où Antoine est absolument odieux, met mal à l’aise. Au début, pourtant, j’ai souri. Qui n’a pas rêvé au cours d’un repas de famille bien pesant – mes amis, je les choisis - de rentrer dans le lard d’un tel ou telle qu’on a jamais pu saquer mais qu’on subit parce que « tu comprends, c'est la famille, quand même » ?

    Mais dans cette fameuse scène, quand Antoine en vient aux mains, que sa femme et ses amis pleurent devant l’inconnu qu’il est devenu, on comprend que quelque chose de grave est arrivé.  

    Le malaise s’accentue au fur et à mesure qu’Antoine s’enfonce dans l’autodestruction. Et puis, Antoine se barre et prend un ferry pour … l’Irlande. Putain, encore elle ! Le choc quand j’ai reconnu les paysages du Connemara ! Je les ai sillonnés si souvent, sous la pluie ou le soleil, avec ma sœur, mon frère, mes amis.  

    Et là, devant ces paysages sauvages, à couper le souffle, j’étais accrochée à mon fauteuil avec une boule dans la gorge et une envie soudaine de m’attabler devant un panier de crab claws et une pinte de Guinness bien fraîche, dans un pub surplombant les lacs. Je me suis souvenue des après-midi à jouer aux fléchettes, simplement, au son d’une cornemuse, en papotant avec les papis du coin, tout burinés. De l’eau fraîche et cristalline qui filait entre mes doigts. Des murets de pierre et des moutons badigeonnés de peinture avec lesquels on se trouve nez à nez, au détour d’une route.

    J’ai eu mon petit coup de cafard, quoi, et le secret d’Antoine, qu’on apprend là, au cours d’une partie de pêche, n’a fait que donner une dimension plus dramatique à ces paysages sauvages et somptueux, où le sentiment de solitude peut être si écrasant et exaltant.

    La scène finale du film, si elle m’a mise en colère contre Antoine, ne m’a pas surprise. Je l’ai trouvé terriblement égoïste, cruel, et donc tellement humain. L’être humain est ainsi fait  qu'il veut qu’on l’aime, quoi qu’il en dise, et Antoine n’a pas assumé sa décision jusqu’au bout.

    Ca faisait longtemps que je n’avais pas pleuré au cinéma. Je m’étais même demandé si je ne devenais pas insensible, avec l’âge. Mais là, j’ai pleuré des rivières, et la chanson du générique de fin, « Le temps qui reste », par Serge Reggiani, n’a fait que redoubler ma tristesse.  

    Plus tard, je me suis souvenue que j’avais imaginé, il y a des années, que quelque chose de similaire m’arrive. Je m’étais alors juré de faire comme Antoine. En serais-je capable aujourd’hui ? La réponse est non. J’ai des défauts mais je ne suis pas orgueilleuse.

    « Deux jours à tuer », si vous l’avez vu, vous en avez pensé quoi ?

     

    PS : J’ai volontairement omis de révéler le secret d’Antoine, pour ne pas gâcher le plaisir de ceux qui n’auraient pas encore vu ce film de Jean Becker, tiré du roman éponyme de François d’Epenoux.

    PS2 : Allez, pour finir sur une note gaie, je vous remets un sketch d’Albert …. vous pourrez en trouver d'autres .

     

  • J'fais mon cinéma

    A quel film devez-vous votre premier souvenir de cinéma ?

    "La belle et le clochard"

    A quel film devez-vous votre première émotion de cinéma ?

    "Il était une fois dans l'Ouest" (à 8 ans) puis "Othello" d'Orson Welles

    Quel est le chef-d'oeuvre "officiel" qui vous gonfle ?

    "Autant en emporte le vent"

    Quel classique absolu n'avez-vous jamais vu ?

    "Autant en emporte le vent" (commencé 2 fois, jamais fini)

    Quel est le film unanimement jugé mauvais, que vous avez "honte" d'aimer ?

    "Purple Rain" (mais je n'ai pas honte !)

    Quel est le film que vous avez le sentiment d'être la seule à aimer ?

    "Dead zone" de David Cronenberg (avec Christopher Walken)

    Quel film aimeriez-vous faire découvrir au monde entier ?

    Un film muet

    Quel film montreriez-vous en boucle à votre pire ennemi pour le torturer ?

    "Au hasard Balthazar" de Robert Bresson

    Quel film pourriez-vous regarder tous les jours ?

    "Le père Noel est une ordure" ou "Playtime" de Jacques Tati

    Un film a déjà influé sur le cours de votre vie ? Non

    Quel film vous a fait verser vos plus grosses larmes ?

    "Leaving Las Vegas" de Mike Figgis

    Quel film vous a procuré votre plus forte émotion érotique ?

    La première : un film au titre inconnu, une histoire de prise d'otages en haute mer

    La plus forte : "Histoires d'O"

    Quel(s) film(s) emporteriez-vous sur une île déserte ?

    "Magnolia" de Paul Thomas Anderson

    Quel film attendez-vous avec la plus grande impatience ?
 A suivre ...


     

  • Il y a longtemps que je t'aime

    1546231012.jpgJe déteste qu'on me prenne pour une conne, et qu'on dispose de mon temps, surtout un samedi. C'est ce qui est arrivé ce midi. J'ai donc passé une journée très moyenne, mais ça se règlera.

    Ce soir, donc, comme il y avait un brin de soleil, je suis allée au ciné pour voir un film auquel on emmène généralement pas un homme.

    Kristin Scott-Thomas est une de mes actrices favorites, je la trouve très belle et chic. J'aime les beautés froides, femmes ou hommes. Fanny Ardant, Nathalie Baye, Nastassja Kinski, Isabelle Huppert et Julianne Moore sont toutes, pour moi, de très belles femmes. Kristin Scott-Thomas, je l'avais découverte dans "Lunes de fiel" mais surtout remarquée dans "Le patient anglais".

    Les premiers plans de "Il y a longtemps que je t'aime" la montrent brune, sans maquillage, cernée. Grossie, engoncée dans des vêtements austères, elle est bien loin de la garce blonde sophistiquée du patient anglais.

    Elle sort de 15 ans de prison pour le meurtre de son fils et est accueillie par sa jeune soeur (Elsa Zylberstein). Laquelle Elsa, désarmante de fraîcheur et de spontanéité, m'a rappelé ma jolie luciole provencale aux yeux bleus.

    J'ai pleuré une bonne partie du film. Il faut dire que j'avais déjà bien chialé hier soir dans mes sashimi, et bizarrement, la situation était assez similaire. Le choc et des larmes de tristesse d'apprendre que quelqu'un qu'on connaît depuis près de 20 ans a vécu un drame terrible dont on a jamais rien su.

    "Il y a longtemps que je t'aime" est un film bouleversant sur l'enfermement, la culpabilité, le manque d'amour et le jugement. En plus, en générique de fin résonne "Dis quand reviendras-tu" de Barbara, que j'ai chantonné sur le chemin du retour. A voir, mais préparez les mouchoirs !