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ciné - Page 2

  • La 11ème heure

    863838669.jpg La semaine dernière, j’étais conviée par mon ami O. à la projection du film « La 11ème heure » dans un cinéma d’art et d’essai que j’affectionne, le Luxy à Ivry sur Seine.

    Ce documentaire de Leila Conners-Petersen et Nadia Conners, produit par Leonardo di Caprio présente des images chocs de la planète ponctuées de courts entretiens avec des scientifiques, des intellectuels et des politiques.

    Vous ne verrez pas ce film, distribué par la Warner, dans les salles françaises mais sur Internet, en VOD (vidéo à la demande), avec retranscription télévision.

    J’ai aimé le message de ce film qui nous rappelle notre vulnérabilité.

    L’homme a eu la prétention de se croire en dehors et surtout supérieur à la nature, oubliant que l’arrivée de notre espèce sur la planète est toute récente. Or, il est la nature et une espèce certes humaine, mais avant tout animale, comme les autres. Dépendant des éléments et des ressources pour survivre. Je me suis souvenu de la leçon de « Into the wild », de notre vulnérabilité face à cette nature à laquelle nous appartenons et dont nous nous sommes coupés.

    L’homme n’est pas armé face à une nature qu’il aura rendue hostile. Il la nie, la brutalise et tente de la dominer. Jusqu’ici, son attitude irresponsable et vaniteuse a surtout causé la disparition d’espèces plus fragiles mais déjà, les populations de pays dits pauvres sont victimes des dérèglements climatiques causés par le mode de vie et de consommation des pays riches.

    Dans un avenir qui se rapproche, ces pays, principaux responsables du dérèglement climatique vont devoir faire face à l’afflux de nouveaux réfugiés : les réfugiés climatiques, victimes de la destruction de leur habitat naturel.

    J’ai particulièrement apprécié que le mot de la fin ait été laissé à ce chef indien qui conclue avec un humour grinçant que de toute façon, la Terre était là avant notre arrivée et qu’elle sera toujours là après la disparition de la race humaine. Elle se régénérera, éliminera la pollution et redeviendra verte, bleue et belle.

    Après la projection, le débat a continué avec Bernard Cressens, directeur de campagne de WWF France et Yannick Jadot, directeur de campagne de Greenpeace. Au passage, Yannick Jadot est …. Mmmm !

    Ils ont évoqué la déforestation intensive, notamment celle de l’Indonésie, au profit de la plantation de palmiers à huile, qui entraîne la disparition annuelle de 10 % des orangs-outangs.

    Dénoncé la pression exercée par le récent engagement de l'Union Européenne à utiliser 10% d'agrocarburants dans le secteur du transport à l'horizon 2020.

  • "Au nom du père"

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    Mon frère m'a offet récemment le DVD de ce film de Jim Sheridan, un de mes favoris. On l'a regardé ensemble il y a quelques jours. En VO, obligé, pour savourer les expressions et l'accent irlandais qui caresse ma mémoire.

    Ce film poignant fut tiré du roman autobiographique de Gerry Conlon, "Proved Innocent". Il retrace un scandale judiciaire majeur des années 80 : la condamnation à la prison à vie de Gerry Conlon, jeune délinquant irlandais, arrêté à Londres en 1975 avec 3 autres, (les 4 de Guidford) pour un attentat de l'IRA dans un pub. Avec lui, son père et plusieurs membres de sa famille furent emprisonnés, avant qu'ils soient innocentés, 14 ans plus tard.

    Bien sûr, le thème du film est le conflit en Irlande du Nord et la situation des Irlandais, humiliés et méprisés en Angleterre. Mais "Au nom du père" est surtout un film sublime sur les rapports père-fils.

    A l'époque, j'avais été bouleversée par la performance de Pete Postlethwaite qui interprète Giuseppe Conlon, le père de Gerry. Il est depuis un de mes acteurs préférés.

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    Daniel Day-Lewis, autre acteur - irlandais - absolument génial, exprime à merveille la souffrance de Gerry et sa haine pour l'image du père, si parfait et intransigeant, mais aussi résigné et victime de sa vie. La scène ou Gerry parle de son enfance, "tu étais toujours là quand je faisais quelque chose de mal, jamais quand je faisais quelque chose de bien" est d'une violence rare. La droiture inébranlable de Giuseppe et l'amour qu'il a pour son fils, malgré tout, sont bouleversants. Ce film évoque aussi les regrets de n'avoir pas eu le temps de dire cet amour. J'aime la pudeur des personnages, les errances de Gerry, rebelle immature. Si vous ne le connaissez pas encore, rattrapez votre retard. Vous ne le regretterez pas.

  • Into the wild

    678f281cd2c39920889d49f6834ffb23.jpgHier soir, j’ai laissé mon vélo au boulot, il tombait des cordes et surtout il faisait un vent à décorner un cocu. J’aime bien le sport mais me taper des côtes avec le vent de face, y’a des limites… Une gentille collègue m’a déposée porte d’Orléans et je me suis hâtée jusqu’au cinéma où la douce Fauvette m’attendait. La semaine dernière, je lui avais proposé de découvrir ensemble le dernier film de Sean Penn, adaptée du livre de John Krakauer et racontant l’histoire vraie de Chris Mc Candless, un étudiant de 23 ans, promis à une brillante carrière, qui décide de tout quitter et de partir vivre en ermite en Alaska.

    Je tenais absolument à voir ce film. D’abord parce que j’ai beaucoup d’estime pour Sean Penn, immense acteur et homme engagé, notamment contre l’invasion de l’Irak par les troupes américaines, à une époque où l’opinion américaine y était massivement favorable.  Ensuite, parce que l’histoire de Chris Mac Candless, qui abandonne une vie confortable mais dépourvue de sens pour se retrouver seul au milieu de la nature, est au cœur de mes interrogations actuelles. Il fait sienne une phrase de son auteur préféré, Henry David Thoreau : "Plutôt que l'amour, plutôt que l'argent, plutôt que la célébrité, donnez-moi la vérité". Chris envoie ses économies à Oxfam, détruit argent, papiers d’identité et carte bleue et prend la route.

    Se mettre en danger pour se sentir vivant, se réaliser en surmontant des obstacles, éprouver les limites de son corps, reprendre contact avec notre animalité, celle qui nous rend humble et nous permet de vivre en harmonie avec la nature et les autres êtres vivants, à une époque où on ne cherche que facilité, confort et douceur, voilà ce qui me fait rêver alors que je vous écris, perdue dans l’immensité surchauffée d’une structure de verre, métal et béton.

    Hier soir, assise dans mon fauteuil, j’ai ressenti l’ivresse de la liberté et du possible en suivant le périple de Chris, parti de Virginie, à travers les champs de blé du Dakota, sa folie invincible quand il dévale les flots tumultueux du Colorado en canoë. Les paysages sont magnifiques et écrasants de puissance, les animaux que croise Chris, devenu lui-même un animal luttant contre le froid et la faim, sont à la fois fragiles et inquiétants. Dans sa quête de lui-même, Chris rencontre des personnes abîmées, merveilleuses, bouleversées par sa détermination. Il les pousse à se surpasser, à ouvrir les yeux sur la beauté du monde et à trouver en eux un nouvel espoir.

    On pourrait voir dans cette aventure tragique le caprice d’un enfant gâté vomissant le monde bourgeois qui l’a nourri. On peut aussi reconnaître qu’il questionne en nous les sources principales du mal-être occidental : le matérialisme et l’ennui.

    Lorsque Chris a rendu son dernier souffle, seul dans sa camionnette, les yeux ouverts sur le ciel bleu, en pensant à ses parents « Si je courais vers vous maintenant, en souriant, verriez-vous ce que je vois ?»,  je n’ai pas ressenti de tristesse. Il est allé jusqu’au bout de son idéal, il a vécu en quelques mois plus de sensations, donne plus d’amour et admiré plus de merveilles que bien des hommes en une vie. Sa mort est absurde, mais pas plus que la vie.

    Franchement, ça ne vous arrive pas, à vous, de vous demander si ce que vous accomplissez dans une journée a véritablement un sens ? Vous n’avez pas envie, parfois, de redevenir l’enfant que vous avez été, de retrouver ce sentiment d’invincibilité, d’avancer dans le monde sans peur ?

    Moi parfois, j’ai envie de m’élancer au milieu du hall d’accueil de ma boîte et de faire le poirier, juste pour rire. De balancer mon badge d’accès à la tronche de mon big boss et de claquer la porte de la salle de réunion en criant « vous me faîtes chier, gros naze, je me casse ».De dévaler une colline en faisant des roulades, sans avoir peur de me salir ou de me faire des bleus.

    Et vous, de quoi vous rêvez ?

     

  • Once

    Vu "Once" hier, film irlandais de John Carney, sur les conseils de ma copine Chacha. La vérité, c'est que j'appréhendais de voir défiler sur l'écran des bouts de cette ville que je connais si bien, Dublin, et de laisser mes oreilles s'emplir de cet accent qui me serre le coeur, désormais. Enfin, une vie est peuplée de fantômes et il faut vivre avec, hein!

    Ce joli film musical, qui a reçu plusieurs prix, ne passe plus que dans quelques petites salles, dont l'Entrepôt, haut lieu culturel du 14ème arrondissement. Dès la première scène du film, un sourire se dessine sur mon visage car je reconnais Grafton street, rue incontournable et toujours bondée de monde de Dublin, ou se produisent les musiciens de rue. Glen qui chante sur sa guitare est emmerdé par un toxico qui veut lui piquer son fric (un knacker comme on les appelle là-bas, équivalent de notre "racaille"). C'est sur Grafton street d'ailleurs qu'ont débuté bon nombre de chanteurs irlandais, dont Paddy Casey, un de mes chouchous, et Glen Hansard, le personnage principal de Once et fondateur du groupe The Frames (inconnu ici mais star là-bas). Marketa Irglova est elle aussi une chanteuse tchèque.

    Le pitch ?

    "Dans les rues de Dublin, deux âmes seules se rencontrent autour de leur passion, la musique... Il sort d'une rupture douloureuse. Elle est mariée à un homme qu'elle n'aime plus. Dans un monde idéal, ils seraient faits l'un pour l'autre. Ensemble, ils vont accomplir leur rêve de musique."

    J'ai découvert ce film comme un album photos des 6 années passées là-bas. L'avantage, c'est que je n'ai pas regardé une seule fois les sous-titres. L'accent irlandais, je l'adore. Les "oki doki", les "what's the story" et autres expressions savoureuses qu'on apprend pas dans les livres ... J'aime la bienveillance naturelle de ce peuple de poètes et de musiciens. J'ai reconnu Dunnes Stores, the Camera Centre de Grafton street, O'Connell bridge, le revêtement des sièges des bus, le mobilier kitsch qui décore les intérieurs irlandais, l'aéroport de Dublin dont je franchissais les portes dans mon joli tailleurs vert, chaque jour. J'ai ri en découvrant la troupe des Hare Krishna passant devant Glen, leurs clochettes m'ont suivie ou devancée si souvent ! La scène ou Marketa marche dans la rue, en pyjama et pantoufles en chantant "If you want me" m'a donné des frissons.

  • Hiroshima, mon amour

    Hier soir, je me suis reposée de mon week-end frénétique chez un couple d’amis, dans la chaleur de leur maison nichée en région parisienne, poutres au plafond et murs ornés des œuvres magnifiques d’ Igor et du père d’O.

    Pendant que O. faisait sauter les crêpes, j’ai fait rire I. aux éclats avec mes histoires de bottes à éperons, tout en buvant du vin de pêche (merci tata X., il est très bon, ton p’tit vin).

    Après le repas, j’ai proposé des DVD que j’avais apportés. Je me suis enfoncée dans les coussins du moelleux canapé. J’avais besoin de tendresse, de paix, d’amitié, de douceur. J’ai eu tout ça.

    Hiroshima, mon amour. Découvert à Dublin il y a plus de 10 ans. Quand le film s’était arrêté, j’avais appuyé de nouveau sur « play ». Un choc.

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    Le film s’ouvre sur un plan d’un dos, nu. Histoires de peaux. Celles, douces et chaudes des amants pendant l’amour. Une main qui effleure, des ongles de femme qui se crispent sous les spasmes.

    Puis l’insoutenable. La nausée. Les peaux en lambeaux des blessés d’Hiroshima. 200.000 morts en 9 secondes. Les mots d’Emmanuelle Riva, oiseau de mauvaise augure qui assure «Ca recommencera. 200 000 morts, 80 000 blessés en 9 secondes, ces chiffres sont officiels, ça recommencera. Il y aura 10 00 degrés sur la terre, 1000 soleils dira-t-on. »

    « La colère des villes entières contre l'inégalité posée en principe par certains peuples envers d'autres peuples, contre certaines races envers d'autres races... ». J’ajouterais « par certains hommes envers d’autres hommes. »

    Ce film m’agace aussi. Le rythme des dialogues, le lancinant « J’ai tout vu à Hiroshima, tout » et lui qui réplique « Tu n’as rien vu à Hiroshima », la voix empruntée d’Emmanuelle Riva avec son « Tu me tues, tu me fais du bien ».

    Mais ensuite, quelle profondeur dans les mots, les gestes, les non-dits ! Quelle émotion dégage cet amant japonais qui lui souffle à l’oreille son français éraillé « Je crois bien que je t’aime ». Quelle pudeur et vérité dans les dialogues :

    « Rien. De même que dans l'amour cette illusion existe, cette illusion de pouvoir ne jamais oublier. De même, j'ai eu l'illusion devant Hiroshima que jamais je n'oublierais, de même que dans l'amour ? Comme toi, j'ai essayé de lutter de toutes mes forces contre l'oubli, comme toi j'ai oublié. »

    Images insoutenables, si proches de mon histoire, de cette française déshonorée d’avoir aimé un soldat allemand, rasée et enfermée dans la cave, qui griffe les murs de sa douleur animale jusqu’à s’en faire saigner. Que serait-il advenu de Marguerite, amoureuse d'un prisonnier français, si elle n’avait pas quitté l’Allemagne vaincue ? Quelle absurdité que ces guerres qui jettent 2 amis l’un contre l’autre !

    « Je suis d'une moralité douteuse. Qu'est-ce que tu appelles, être d'une moralité douteuse ? Douter de la morale des autres. »