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  • Le coeur est un muscle et votre masse musculaire est en train de fondre (1)

    Pourquoi l’homme et la femme ont-ils besoin de "toujours", de "jamais" ? Pourquoi les mots d’amour, conjugués au présent, sont presque immanquablement entendus comme un serment ?

    C’était un de ces instants où l'on frissonne, où des soupirs involontaires s’échappent, où les peaux se parlent, où il n’est pas besoin – surtout pas- de mots.

    Pourtant, il demande « Tu ne me quitteras jamais, hein ? »

    Et elle, avec cette sincérité dont elle a fait une vertu, répond « On ne sait pas de quoi est fait demain ».

    « Tu ne peux pas mentir, juste pour me faire plaisir ? »

    Elle l’a fixé, incrédule, affligée. Quelle désolation. Les films d’amour abrutissent même les hommes, désormais.  Elle est devenue triste, distante. Elle a repensé à ces mots lus ailleurs, qui l’avaient émue.

    « Il sait mes silences, il sait mes angoisses, il sait même mes mensonges. Et il les respecte. Il m’emmène sans m’emporter, il me tient sans me prendre, il m’aime sans me vouloir. »

    Ces mots qu’elle aimerait prononcer un jour, était-elle condamnée à ne les conjuguer qu’au conditionnel ?  

  • Exposés d'hommes et femmes

    Femmes Affiche.gifC’est le printemps, la sève monte, les bourgeons pointent … Des idées de sorties pour le week-end ?

    Sur l’excellent blog d’Agnès Giard on apprend que la galerie « Au bonheur du jour » accueille une exposition de mâles « aux yeux doux et aux membres durs ».  

    Ca se passe rue Chabanais, à Paris jusqu'au 2 mai. Infos sur leur site : Au bonheur du jour.

    Au musée Dapper, temple de l‘art africain sous toutes ses formes, littérature, cinéma, ce sont les femmes africaines qui sont magnifiées à l’occasion de l’exposition « La femme dans les arts d’Afrique ».

    Au 35 rue Paul Valéry, Paris 16ème, jusqu’au 12 juillet 2009. Infos sur leur site : www.dapper.com.fr

  • Les jours se suivent et ne se ressemblent pas

    « Ca va être une formation un peu particulière », avait prévenu ma commerciale. « La société a terminé le recrutement de son personnel et doit ouvrir ses portes début avril ».

    Quelques jours avant mon arrivée, j’avais appelé le directeur qui avait proposé de venir me chercher à la gare. Le jour J, il me récupère devant la gare RER d’une ville que je connais un peu puisqu’elle se situe sur les bords de Marne. Nous arrivons dans une zone résidentielle tristounette et longeons un bâtiment immense en briques rouges, entouré de tranchées. Il se gare et nous entrons sur un chantier, un vrai : les grues, la gadoue, les ouvriers qui me reluquent, tout y est. Nous grimpons sur une plateforme (quelle bonne idée j'ai eu de ne pas me pointer en talons) et pénétrons dans un hangar. Le dirlo me présente à plusieurs personnes, dont mes stagiaires, et nous emmène dans la "salle de formation".

    Celle-ci se trouve dans le seul endroit pourvu d’électricité : des Algeco (vous savez, ces bungalows en plastique blanc où mangent les ouvriers des chantiers). Il ouvre la porte sur … les chiottes du baraquement, badigeonnés de subtils dégradés de marron(hum ...). Nous nous engouffrons (ou plutôt je me rue, pour échapper à cette vision apocalyptique) dans deux pièces tout en longueur où se trouvent des tables recouvertes de toiles cirées, un évier, un four-micro ondes et un frigo.  La formation aura donc lieu … dans la cuisine du chantier. Sacré bordel en perspective.

    Je pose mon ordinateur sur la table, d’une propreté très douteuse, et débute ma prestation. Peu après, au milieu d’une phrase, je m'interromps sur un vieux bruit de crachat bien gras venant de la pièce voisine. Je réprime une grimace et nous éclatons de rire. La pièce n’a pas de portes et durant toute la journée, les bruits du chantier nous parviennent : marteaux-piqueurs, Fenwicks, perceuses, klaxons. Les bruits du chantier, certes, mais aussi ceux des ouvriers qui entrent et sortent régulièrement pour se soulager bruyamment. J’aimerais vous épargner mais il faut bien restituer l’ambiance…. A midi pétantes, c'est le cas de le dire, les ouvriers débarquent dans notre salle avec leurs gamelles. « Bon, je crois qu’il est l’heure d’aller déjeuner », dis-je.

    Fin de la première journée. Un des stagiaires me dépose à la gare et nous convenons de nous y retrouver le lendemain matin à 9h15.

    Jour 2, 9h25 (mon RER a été retardé), je sors de la gare, sous une pluie battante. Personne ne m’attend. « Merde, il est parti. Il a sans doute attendu et pensé que je m’étais débrouillée autrement ». Je me rue vers un arrêt de bus et scrute le plan, tentant de relier l’endroit où je me trouve à celui où je vais. A côté de moi, un type m’accoste « Excusez-moi, Madame, il y a de la place là » dit-il en désignant le banc. Je le remercie « Non, je ne veux pas m’assoir, merci ». Il continue « C’est pas la peine de pousser mon sac, hein, y’a de la place sur le banc ». Incrédule, je fixe bêtement mon sac d’ordinateur que j’ai posé à côté du sien et commence à rigoler « Sans blague, j’ai poussé votre sac ? Et alors, il est en verre, il va se casser ? ». Je me retiens d'ajouter mon insulte préférée (je vous la fais soft) : 'bruti, va !

    Je monte dans le bus en me disant que les gens sont vraiment tarés. Je demande à la conductrice si elle passe à proximité de l’avenue Charles de Gaulle dans la ville de … « Oui, oui, je passe sur cette avenue, ce sera l’arrêt Résistance » dit-elle. Je m’assois et étudie le plan de la ligne. Je ne suis pas près d’arriver. J’appelle le directeur pour le prévenir que j’ai pris un bus, que je ne sais pas trop où je vais ni à quelle heure je vais arriver. « Mais Monsieur X. ne devait pas venir vous chercher à la gare ? Vous ne quittez pas, je l’appelle » dit-il. ...

    Il reprend le combiné : « Il est devant la gare ». Je bafouille, confuse, que je ne l’ai pas trouvé à mon arrivée. Il me donne le numéro du stagiaire qui m’explique que ne me voyant pas, il est reparti à l’autre gare de la ville et que c’est sans doute à ce moment là que je suis arrivée."Vous êtes où?" (oulala, mon garçon, vous m'en demandez trop là...)  Je lui indique que je vais descendre à l’arrêt Résistance. « J’arrive », dit-il.

    Face à moi, une jeune fille africaine : « Excusez-moi, Madame, vous allez à l’arrêt Résistance ? » J’acquiese.

    « Mais ce n’est pas du tout ce bus. Vous auriez du descendre à Hôtel de Ville et prendre un autre bus ». Je proteste « Vous êtes sûre ? J’ai demandé à la conductrice ! » Je retourne à l’avant du bus.

    « Oh merde ! s’écrie la conductrice. J’ai oublié de vous dire de descendre et de prendre un autre bus ! Bon écoutez, le mieux c’est que vous alliez avec moi à la gare de … et que vous preniez un bus dans l’autre sens ». Je jette un œil dehors et reconnais l’endroit où j’ai déjeuné la veille. « Non, non, j’ai un collègue qui va aller me chercher à Résistance, je ne veux pas le faire galérer. Je descend là ».  

    Je me réfugie sous un abribus, il pleut toujours à verses, et j’appelle X. pour lui dire que finalement je ne suis pas à Résistance mais au bord de la nationale, à l’autre bout de la ville. Il doit me prendre pour une folle. A côté de moi, une vieille femme m’entretient de la pluie et du mauvais temps. Je scrute la route, guettant mon chauffeur.

    Quelques minutes plus tard, une voiture s’arrête, la vitre se baisse, un homme se penche vers moi. X. enfin ! Je cours vers lui, sourire aux lèvres, et ouvre la portière, prête à monter. Il sourit aussi. Je marque un temps d’arrêt « Tiens, X. n’état pas aussi gros hier … » avant de réaliser que ce n’est pas lui. Le type me sourit toujours.

    « Ben, qu’est ce que vous voulez ? », je lui demande. « Rien, et vous ? » répond-il. Sans doute rouge de honte, je referme la porte bafouillant que j’attends quelqu’un et que j’ai cru que c’était lui. Je retourne sous mon abribus et pique une crise de fou-rire toute seule. La vieille dame rigole avec moi en racontant qu’il lui arrive souvent de dire bonjour à des gens qui ne la connaissent pas. Peu de temps après, la voiture métallisée de X. s’arrête devant moi. Je lui raconte mes mésaventures et il se marre bien.

    Arrivés sur le chantier, nous trouvons nos deux stagiaires dans la première salle, celle qui bénéficie d’une vue imprenable sur les chiottes. « Y’a une formation dans notre salle » disent-ils. Salle, c’est un bien grand mot. En effet, un vidéoprojecteur tourne et une femme parle très fort. La matinée se passera donc entre les chiottes, toujours aussi fréquentés, et la formation voisine portant visiblement sur les effets secondaires de la consommation de produits périmés : diarrhées, vomi et staphylocoque doré, pour n'en citer que quelques-uns.

     « Bon appétit, bien sûr » dit X en ouvrant le thermos pour nous servir un café. « Après les glaviots d’hier, aujourd’hui au menu, c’est staphylocoque doré ».

    Dans la matinée, je regarde par la fenêtre. La pluie n’a pas cessé de tomber. « Quand même, les pauvres ouvriers qui bossent dehors, c’est pas marrant » dis-je. « Ouais, mais quand il fait soleil, ils sont bien contents » répond X.

    Je ne sais pas si c’était le contrecoup de mes émotions du matin, je suis partie dans une crise de fou-rire. C’est le bordel, cette formation, mais qu’est-ce qu’on se marre !  

  • Pas facile de vivre à Paris avec le SMIC de l'amour

    C'est une brasserie parisienne, à l'heure du déjeuner. La journée est froide mais le soleil radieux.

    Des couples, des enfants, du bruit, celui des conversations, des couverts qui s'entrechoquent, de la machine à café qui brassent des espressos crémeux (espressis mais ça sonne bizarre, non ?). Sur une table minuscule cerclée de fer, une jeune femme lit le Parisien.

    Une bonne demi-heure plus tard, elle est rejointe par une brune aux cheveux auburn, bouclés. Celle-ci porte un manteau couleur crème et des gants assortis à son écharpe mauve. Elles s'embrassent et se racontent leur semaine. Au fur et à mesure que les banalités font place aux confidences, elles baissent le ton. A une table voisine, une autre jeune femme a déplié le journal délaissé. Elle ne peut s'empêcher de tendre l'oreille, intriguée par les chuchotements et les éclats de rire.

    "Hier soir, j'ai regardé "Sex & the city"

    "J'adore la blonde, Samantha, elle me fait mourir de rire"

    "Moi aussi"

    "Tu sais ce que j'ai répondu cette année quand on m'a demandé ce qu'on pouvait me souhaiter pour 2009 ? Un appartement plus grand ? Une augmentation ? Non. J'ai répondu « Un bon coup de bite, ça me ferait du bien".

    Sa copine éclate de rire. Elles rient un long moment et s'essuient même les yeux.

    La brune continue :

    "Cette année, faut que ça bouge. J'ai 30 balais, bordel ! Il faut que ce soit moi qui provoque les choses, sinon ma vie va stagner. Les hommes me matent mais pas plus que ça. Je dois dégager un truc qui empêche les hommes de m'aborder. Je dois leur mettre des vents involontairement".

    Sa copine acquiesce. "Faut faire comme la blonde de Sex & the City. Y aller franco. Arrêter de jouer les mijaurées. De quoi tu as peur en fait?"

    "Je crois que j'ai peur de me prendre un râteau."

    Elle parle de ce type qu'elle croisait dans le bus, régulièrement. Ils se regardaient par dessus leur bouquin. Un soir, il est descendu à la même station de bus qu'elle. Il l'a doublée, s'est arrêté à un distributeur en regardant derrière lui. Elle a senti qu'il l'attendait mais en passant à côté de lui, elle a regardé dans la direction opposée et continué son chemin, espérant qu’il la suive et l’aborde. Elle l'a guetté les jours suivants mais ne l'a jamais revu.

    Le ton de son amie se fait plus sérieux, et même affirmé :

    "Et alors ? Même si tu prends un râteau, est-ce que tu vas en mourir ? C'est le quotidien des hommes, de se prendre des râteaux. Ils y sont résignés depuis leur enfance, est-ce que ça les empêche de continuer à essayer ? Et nous, on est là à minauder "Heu, peut-être, je vais réfléchir ».

    Mets-toi à leur place. Les mecs en ont marre de toujours devoir faire le premier pas face à des mijaurées qui regardent ailleurs genre « je t'ai pas vu » alors que ça fait un quart d'heure qu'elles rougissent dès que leurs regards se croisent. Ils se prennent pas la tête, les mecs. Tu veux pas ? Et ta copine, elle veut peut-être » ?

    La brune est devenue pensive.

    "T’as raison. J'ai repéré des chacals au boulot. Des mecs qui tirent des nanas. Faut que j'attaque. Soit je continue à vivre avec mon auréole sur la tête, soit je deviens visible."

    Les éclats de rire continuent.

    Elle soupire "Ça me pompe l'air. Je sais pas minauder. C'est pas moi, ça. Mais c'est ce qu'il faut que je fasse. Je suis chaude comme la braise, en ce moment. C'est quand même trop con, je prends soin de mon corps, je fais des massages et personne n’en profite. Je vais mettre un jean ultra moulant, battre des cils et apprendre à tortiller du cul dans les couloirs. J’en vois pleins qui font ça et ça marche".

    Sa copine dit "Faut laisser parler notre côté masculin. Tu vois, entre nous, on le fait et ça nous fait rire. Ben il faut l'assumer avec les hommes ».

    La brune continue :

    "Cette nuit, j'ai entendu ma voisine baiser à 2 heures du matin. Ahhh, ahhhh ... je me suis dit "Putain, je suis cernée, quel cauchemar". J'ai failli crier "Ta gueule, salope!".

    Elles rient de plus belle. Le temps d’un café, d’une bise au patron et les voilà parties.  

    La jeune femme à la table voisine replie son journal et réfléchit quelques instants avant de se lever à son tour. Que peut-on faire d’autre que d’écouter les conversations alentour lorsqu’on déjeune seule ?