Fiso aime les westerns. Elle adore. Elle devait avoir 6 ou 7 ans quand elle a déboulé dans le salon où son grand-père regardait un film, avec en fond sonore une voix féminine triste et mélodieuse. Et un harmonica. Il y avait un homme debout sur les épaules d’un autre homme mais Fiso était trop jeune et on l’a chassée du salon. Plus tard, elle s'installa, à chaque fois que ce fut possible, devant "La dernière séance" du mardi soir.
Depuis, Fiso aime les hommes mal rasés et poussiéreux et les femmes frondeuses et vénéneuses qui après avoir lancé des regards outrés, se font culbuter avec entrain dans une chambre sordide au-dessus d’un saloon.
Et même si les cowboys étaient au fond de beaux salopards, Fiso aimera toujours les westerns. Mais comme ce n'est plus à la mode, elle se repasse ses vieux classiques.
Alors, la semaine dernière, avec un autre amoureux des westerns, ils ont entrepris un pèlerinage dans le paysage désertique de la Sierra Nevada, là où ont été tournés, dans les années 70, nombre de westerns « spaghetti ».
Fiso a garé sa voiture non loin de Tabernas et a foulé la terre sablonneuse d’un authentique village de l’Ouest américain.
Elle a caressé les chevaux et s’est noirci la pulpe des doigts en grattant les oreilles d’un âne en manque de câlins.
Elle a visité la prison puis a poussé les portes battantes du saloon. Il était désert, hormis trois cowboys qui jouaient aux dominos en fumant des Marlboro. Elle s’est sentie un peu con dans sa minijupe en jean et ses espadrilles. Elle s’est penchée sur la balustrade qui dominait le saloon, elle a reconnu sur les photos les scènes mythiques de tous ces films qu’elle a vus et revus : « Hasta que llego su hora » (Il était une fois dans l’Ouest) et aussi « Pour quelques poignées de dollars », « Les pétroleuses », « Le bon, la brute et le truand » ou « Le condor ».
Elle a descendu les marches et s’est dirigé vers les cowboys. Cachés sous leurs chapeaux, ils la regardaient s’avancer. Un instant, elle s’est même prise pour Sophia Loren. Le plus âgé (et le plus ténébreux) des cowboys a poussé une chaise vers elle et l’a invitée à jouer aux dominos. Elle s’est assise. Il lui a dit « Raconte moi ta vie, qu’est ce que tu fais, d’où tu viens ? ».
Alors ils ont discuté, plaisanté. José, Pepe et Jesus (un autre, ils sont nombreux dans le coin) sont tous trois acteurs dans des spectacles pour touristes où sont reproduits des pendaisons, des duels entre cowboys. Le frère de Jesus vit même en France, à Forbach. Ils ont pris des photos, beaucoup, et même une où ils pointent un fusil sur la tempe de Fiso.
Et puis, José lui a dit « Je suis le fils d’Henry Fonda ». Il ressemblait beaucoup au célèbre acteur, c’est vrai, mais elle a pensé qu’il se moquait d’elle. Elle a souri. Ils lui ont montré une vidéo suisse allemande où une journaliste interviewe « le fils caché » d’Henry Fonda. Il a raconté que sa mère, qui était encore plus belle que Claudia Cardinale, avait eu une aventure avec Henry Fonda en 1961.
José lui a fait promettre à Fiso de revenir la prochaine fois avec une bouteille de Sancerre. Les cowboys ne sont plus ce qu'il étaient...
Ce n’est qu’en sortant que Fiso, parcourant le prospectus qu’ils lui avaient remis, lu un article de presse sur « el hijo secreto de Henry Fonda ». L’acteur est mort en 1982, sans avoir eu connaissance de cette supposée descendance andalouse. Fiso n’a rien trouvé sur le web francophone mais plusieurs articles en espagnol. Info ou intox, je ne sais pas mais la ressemblance est frappante :
http://www.elmundo.es/papel/2006/09/22/ultima/2028034.html
Quelle chance qu’il n’y ait pas eu de spectacles pour touristes ce jour-là !
Commentaires
C'est très étonnant de revoir ces décors, c'est comme une bouffée d'enfance.
Je me suis baladé il y a peu dans les décors naturels des films de John Ford et je me suis demandé à quoi pouvait ressembler un tournage de western au milieu de ce nulle-part ...
J'ai traversé de vraies villes fantôme et imaginé l'enfer que devait être la progression des pionniers et de leurs chariots dans toute cette caillasse, avant que n'existent les "interstate" et le "cruise" !
Les références aux western pour nous les v... plus âgés, sont grandes, et les images nous viennent naturellement à l'esprit.
Ton âne est mignon tout plein ! :)
Tu grattes toujours les oreilles à ceux qui manquent de câlins ?
Ce doit être une expérience unique ... ;)
Bisous.
Quand Fiso raconte c'est aussi bien qu'un excellent film, et j'ai ma BO perso qui va bien. Ca devait être vraiment vraiment un beau voyage.
Un cowboy, solitaire, j'en allant dans le soleil couchant... Mmmm... Je te comprends :-)
J'oublais ...
Le format timbre poste, c'est pour nous agacer, heinggg ?? :)
Je me demandais où tu étais passée depuis tout ce temps. Maintenant, je le sais ;)
Joli reportage.
À propos de B.O., tu connais la chanson d'Arthur H et M « Est-ce que tu aimes, dans les westerns… » (je ne sais plus le titre exact). Elle est rigolote et fait bien écho à ton introduction
Fiso comme Totouan LAMAZOU. Il a écrit "femmes du monde". Tu as là le premier article de "hommes du monde"
P'tain, y'a plein de musiques d'Enzo Morricone qui viennent de me jaillir aux oreilles, là. Tu n'as rien perdu de tes talents de récitateuse. Quel dommage qu'on ne te trouve plus à lire si souvent ! (et hop ! c'est dit...)
Frappante, frappante la ressemblance ? Hum, dites, Fiso, zaviez déjà bu combien de whiskey ! Bon maintenant que je le sais, y'aurait bien un petit quelque chose mais je me demande si c'est parce que je reconnais vraiment ses traits ou si c'est parce que vous me l'avez dit. Vous savez, c'est comme nos souvenirs... Bon la prochaine foi, si vous rencontrez le fils de James Dean ou de Cary Grant, n'hésitez pas, faites-moi signe :-)
Olivier,
Les chevaux ne hénnissaient pas et ça manquait malheureusement d'animation (genre coups de feu). La prochaine fois, comme l'a suggéré une copine, je mets mes tiags (que je n'ai pas...)
Philo,
C'était où les décors de John Ford ? Faudra que tu me racontes ça ;)
Pour les oreilles, ça ne plaît qu'aux ânes, visiblement ;)
(et pour le format timbre-poste, oui, j'avoue...)
P.O.L,
Tu verras bientôt, en chair et en os, que je vais bien :)
Mlle Cigue,
Hello you ! Possible que je vienne bientôt dant ta ville. Je te ferai signe :)
CUI,
Oui, je la connais, elle passe souvent sur ma radio préférée et je la chantonne sous ma douche.
ZORG,
J'aime les albums de Titouan. J'en avais feuilleté un très beau sur Kinshasa et l'ex-Zaire.
(hommes du monde ? en voilà une belle idée d'exploration sensorielle !)
Oh!91,
Et hop, c'est noté ;)
Mamz'elle Gigi,
La photo n'est sans doute pas des plus réussies mais si, je vous assure. Manquait plus que les yeux.
(et puis, hein, le mieux pour vous faire une opinion, c'est encore d'y aller ! partante ?)
Fiso, vous me demandez "Partante ?" mais je vous dis chiche, trois fois chiche. Cet été si vous voulez. Pour les détails de cette mission d'espionnage, je passerai par la boite postale perso, hein ! :-)
Le temps de sortir ma minijupe et je te rejoins, du moins au sera deux à avoir l'air un peu con. J'imaginais un fils de Henry Fonda plus mince quand même : ) Je t'embrasse fort.
Tiens! Mais elle était juste un peu au sud de chez nous! Beau talent pour raconter (je sais, je répète ce qui a déjà été dit, mais ça vaut la peine de répéter).
Mamz'elle Gigi,
Cet été peut-être pas, j'en reviens juste.
Mais après l'été, on peut faire un remake des pétroleuses (tourné là-bas, justement) ...
Dana,
C'est le jambon-bière, sans doute.
Dis donc, on est quelques cow-girls motivées, on dirait ! ;)
Doréus,
Ben, t'es où toi ? T'es plus en Alberta ?
Salut!
Mais oui, je suis toujours en Alberta... J'ai mal lu ton article... Je te croyais dans le mid-west étatsunien, l'Alberta se trouvant alors quelques centaines de kilomètres au nord (et un peu à l'ouest) d'où tu aurais été...
Doréus,
LOL ! Nan, j'étais au sud, certes, mais pas celui-là !
Promis, le jour où mon pied foule l'Ouest américain, je te fais signe !
:ppp