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Leçon de choses sur le cognac

Je suis en train de déguster les dernières bouchées caramélisées de ma brochette d’ananas confit quand j'avise Serge Ferron, le patron de l’hôtel dans lequel je dors ces jours-ci, qui déboule dans la salle à manger et fait plusieurs aller-retours avec des bouteilles et de drôles de récipients en cuivre qu’il pose devant deux hommes. Je suis super jalouse, je dois le dire et je sens que je vais mal dormir cette nuit.

Les trucs rouges, c’est la version miniature des alambics charentais de cuivre rouge dans lesquels on procède à la double distillation des cépages blancs. M. Ferron explique comment le cognac est fabriqué et j’ouvre grandes mes oreilles. « On chauffe, on distille une première fois et on obtient un liquide trouble, le brouillis, qui titre environ 30°. Si on chauffe encore, on atteint 70°, c’est le coeur, un liquide imbuvable à ce stade. Ensuite, on met le cognac dans des fûts de chêne, qui lui donnent sa couleur dorée, pendant plusieurs années. Quand vous le buvez, le cognac est à 40°. Ça veut dire qu’un bon cognac a 30 ans »  (p’tain quelle mémoire j’ai, quand même !).

« Le cognac, c’est comme un homme, poursuit-il. Ca commence à être bon à partir de 15 ans et jusqu’à 50 ; après ça tombe en décrépitude. Fleurs, fruits, épices, voilà les trois âges d’un cognac. Après c’est cuir et vanille.»

Il signale aux goûteurs que de l'autre côté de la route, on passe en quelques mètres de la Grande Champagne à la Petite Champagne. « Quelle différence ça fait?" demande l'un des hommes. « Les meilleurs cépages sont en Grande Champagne. Un bon cépage, ça peut se jouer à 1 mètre. Pourquoi ? Parce que le type qui a planté les cépages a parfois contourné un terrain parce qu’il n’aimait pas le propriétaire.»

Il explique aussi que les cépages se sont regroupés le long de la Charente puis rapprochés des côtes atlantiques pour acheminer le liquide vers les pays nordiques car les Hollandais raffolaient du cognac. 

«Regardez dans les campagnes : quand vous voyez des étendues de tuiles noires, ça veut dire qu’en-dessous il y a des chais de cognac. D’ailleurs, beaucoup de maisons dans les villages charentais sont noires ; c’est à cause de l’évaporation. On appelle ça la part des anges. »

Serge Ferron verse le liquide doré dans des verres en précisant « Tenez le verre à la verticale sous votre nez. Ensuite mettez le nez dedans et respirez. Puis prenez une gorgée que vous gardez sur la langue ; ça doit vous picoter. Ensuite vous pouvez boire. »  

« Ça sent la poire dit le plus âgé des deux . La poire ? Putain, ce serait bien con ! » répond M. Ferron (il a raison, Serge, passé 50 ans, ils ont le cerveau qui s'embrume)

Aujourd’hui, les producteurs de cognac peuvent dire merci aux rappeurs américains qui leur font une belle pub dans leurs clips.

Pour ma part, je bois du pineau. Question de souvenirs. Il y en a toujours une bouteille chez moi. C’est Mamie Coco, ou mes parents, qui me ravitaillent. D’ailleurs, je la vois demain soir, elle m'offre le resto pour mon anniv' qu'elle a oublié ((hé hé hé). Je sens que je vais me marrer et comme c’est moi qui conduis, elle ne pourra pas me faire le coup du sens interdit.

Commentaires

  • La vache même à 8h14 sans avoir petit déjeuner tu donnes envie !
    :-))

    [Dire que je cours vers mes 50, j'ai peur de m'évaporer ! :-)) ].

  • Ce qui est bien chez Fiso, c'est qu'on peut aussi se cultiver !

  • On dirait que j'ai oublié ton anniversaire, mais tu sais bien que je te l'ai souhaité une année en avance : )

    J'aime le cuir ET la vanille !

  • Monsieur Poireau,
    En effet, je n'aurais jamais imaginé te donner envie le ventre vide, devant un billet sur le cognac !
    Mamz'elle Gigi,
    Le lendemain, au petit déjeuner, j'ai eu droit à une leçon particulière, figure-toi ! Je ne bois jamais de cognac, mais M. Ferron m'a donné une irrépréssible envie de m'y mettre.
    Nous sommes d'ailleurs convenus que je m'adonnerai à une séance de dégustation lors de ma prochaine visite (en novembre)
    Dana,
    Oui ! C'était drôle !

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