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Berlin jour 3

10h20, je sors dans les rues encore désertes en ce dimanche matin gris et venteux. Bergmannstrasse se réveille à peine de l’effervescence du samedi soir. Je cours 10 minutes jusqu'au Landwher canal et entame mon jogging sur ses rives. Les avironneurs du 3ème âge sont déjà là (facile quand on se couche avec les poules), les cygnes et les joggeurs aussi. Une jolie blonde au teint de porcelaine, bandeau-éponge sur le front, me sourit alors que je m’élance.

Le soleil de la veille a disparu mais je n’ai pas froid. Je cours 10 minutes jusqu’à un pont, croisant un beau quadra élégant dans son pardessus noir, sosie de Sebastian Koch, pendu à son téléphone portable puis une rousse androgyne, grande et sèche. Je rejoins l’autre rive. Là, d’anciens cafés flottants aux vitres brisées, couverts de graffitis, flottent sur l’eau comme des vaisseaux fantômes. Je retrouve le quadra brun, toujours au téléphone, serrant maintenant un sac de pain contre son flanc. A-t-il prétexté d'aller acheter du pain pour la maisonnée pour passer un coup de fil à sa maîtresse ? Ma boucle a duré 20 minutes et j’en entame une deuxième, croisant les mêmes. 

Retour vers la Chamissoplatz où mes deux compagnons de voyage m’attendent. Je suis partie sans argent et nous n’avons rien à nous mettre sous la dent, je ressors donc et pousse jusqu’à une boulangerie repérée au retour, où je choisis des sortes de pain aux raisins mais à la confiture de fruits rouges et de délicieux petits pains briochés.

Vers 16 heures, nous franchissons les portes du Morgenland, mis en appétit par les descriptions pantagruélisques de notre guide touristiques. Et la promesse est au rendez-vous : pour 9€, le Morgenland propose un buffet à volonté de viennoiseries, fromages, charcuteries, produits laitiers, œufs, salades et même des plats chauds ! « On se fait vraiment plumer, à Paris » dit D. devant son assiette. Je n’aurais pas employé le mot « plumer », personnellement. Bon, malgré toute la bonne volonté de la serveuse, le wi-fi ne fonctionne pas mais en plus d’un service souriant, on ne nous fait jamais sentir qu’on squatte notre table depuis plus d’une heure et qu’il serait temps qu’on dégage.   

Après ce repas revigorant, nous prenons la direction de Postdamer platz. Située à la jonction entre zone occidentale et zone soviétique, elle fut dévastée en 1945 et abrite depuis des sièges sociaux de nombreuses sociétés allemandes et étrangères.

Peu intéressée par cette imposante architecture de verre, je suis en revanche fortement intriguée par la visite de Topographie des Terrors, une exposition permanente et gratuite située à l’emplacement même des anciennes institutions nazies, siège de la Gestapo etc. Nous avons beaucoup de difficultés à localiser le site, peu éclairé, ce qui participe encore à rendre ce moment plus intense. A l’extérieur, une exposition en plein air – et en allemand – témoigne du Berlin d’alors.

A l’intérieur d’un immense bâtiment de verre, glacial, des photos, films et documents sonores détaillent l’entreprise de conquête du 3ème Reich, d’extermination des Juifs bien sûr, mais aussi des gitans, des homosexuels et des handicapés mentaux sous le prétexte que « celui qui ne travaille pas ne mérite pas de vivre ». Je scrute la photo étonnante d’une assemblée se pliant au salut hitlérien, yeux rivés sur le Fuhrer, au milieu de laquelle se tient un homme, les bras croisés. Son identité est incertaine. J’aimerais en savoir plus sur ce rebelle. Mais après tout, comme l’a soulevé un ami, quelques jours plus tard, si ça se trouve, il avait juste un temps de retard. L’exposition est passionnante. Difficile d’imaginer que tout cela ne date que de quelques dizaines d’années, ça semble tellement fou !

Il est tard lorsqu’on nous dirige lentement vers la sortie. Le site est ouvert tous les jours jusqu’à 20h, même le dimanche, et sa visite vaut vraiment le déplacement.

Après cela, nous retrouvons avec plaisir l’ambiance chaleureuse de Bergmannstrasse. Après notre copieux brunch, nous n’avons pas très faim et nous réfugions chez Huong Que, un restaurant vietnamien au décor épuré et original où nous dégustons des pho brûlants et parfumés.

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 Note à moi-même : la prochaine fois, essayer un brunch au Hannibal.

 

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