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Dans nos murs

Dans nos murs.jpgIl y a quelques semaines, j'ai reçu ceci dans ma boîte aux lettres :


Bonjour,
Pour ceux qui ne le savent pas encore, la jolie petite maison du 40 rue de la Vanne va bientôt être détruite.
Presque 100 ans de vies, de joies, d'amour, d'épreuves, d'amitié, de fraternité, de partage et d'échange, vont s'éteindre avec elle et rester dans nos coeurs.
Etant la fille des propriétaires et ayant toujours vécu dans cette maison, je souhaite marquer le coup, lui rendre un dernier hommage. Afin donc de fêter les vies qu'elle a portées et se remémorer les bonheurs partagés, j'organise avec l'association Arti'Street un évènement sur 3 jours les 2, 3 et 4 septembre 2011.
Nous présenterons donc pendant ces 3 jours des expositions (photos, peintures, graffs, une exposition sur l'évolution de la ville de Montrouge), des concerts et des performances en tout genre.
L'accès à la maison sera ouvert tout le week-end et jusqu'à 1h00.

Hier soir donc, guidée par la musique, je me suis pointée devant cette maison peu après 21h.

Dans l'ancien garage, une jeune fille accroche un bracelet vert à mon poignet. Il n'y a pas plus d'une dizaine de personnes, tous dans la vingtaine. Seule, je suis un peu intimidée.
Le jardinet est décoré de lampions et de guéridons en métal. La maison, vidée de ses meubles, est ornée de tags. Au rez de chaussée, dans ce qui devait être le salon, je suis attirée par de très grands tableaux. Ce sont des portraits d'artistes noirs réalisés au collage. J'y retrouve Myriam Makeba, Louis Armstrong, James Brown, Frantz Fanon, fondateur du mouvement de pensée tiers-mondiste, dont j'ai lu "Peau noire, masques blancs" : : 

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Je décide de me réfugier au sous-sol, où un jeune home blond mixe à merveille des morceaux de hip-hop. Gangstarr, merde, j'ai envie de danser ! Je pense à mon petit frère, s'il était là on danserait ensemble, du coup je l'appelle.

« Il parait que tu es mignonne, dit-il en décrochant.
— Ah bon ? Qui a dit ça ?
— Mon pote Antoine. Ta photo est apparu sur mon téléphone quand il a sonné, il a dit "Ouh ! elle est mignonne !
— Embrasse ton pote Antoine de ma part !
Je lui dis qu'il me manque. « T'inquiètes, Fiso, je reviens définitivement à Paris dans 2 semaines, au plus.»
Je raccroche avant que ma voix ne fasse des remous et retourne écouter la musique. Dommage que je n'ai pas, dans mes ami(e)s, d'amateurs de hip-hop. Les vieux de la vieille qui dansaient avec moi au Bobino et au Rex se sont mariés et ont fait des gosses. ils passent sans doute désormais leurs soirées devant la Star Ac' ou des séries américaines. J'en appelle un, pas rentré dans le moule non plus, mais il décroche en disant : « Je suis au taf', je te rappelle.»

Un peu plus tard, je suis la flèche "Expos" et monte au premier étage. Une pièce abrite des portraits de tatoués et d'un vieil homme. Une autre des vues comparatives de Montrouge avant et aujourd'hui, mises en place par le sexy Guacamelo (il a passé le week end à se balader torse nu, le bougre!) J'adore imaginer la vie avant. En vieillissant, je succombe doucement à cette ridicule idée que c'était mieux avant. Pourtant, pour rien au monde je ne voudrais frotter le linge au lavoir avec les bonnes femmes du village, cuisiner chaque jour pour une tablée de dix ou quémander de l'argent à mon mari. Quoique. Elles se posaient moins de questions à l'époque. Bref, je m'égare.

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Je redescends dans la pièce aux collages et me plonge dans une analyse plus minutieuse de ces magnifiques portraits. J'aime particulièrement ceux de Tracy Chapman et James Brown. Je regrette l'absence de Boug' qui s'était collée aux collages, à une époque. J'ai toujours une pile de magazines féminins à la con en stock pour elle. J'essaie de déchiffrer le nom de l'artiste, écrit à la verticale. Une jeune femme à la tignasse mousseuse, accompagnée d'une petite fille dans une robe rose de princesse, prend des clichés des tableaux : "C'est mon papa qui les a faits !"
Chouette ! J'ai devant moi la réponse à mes interrogations. L'artiste, c'est donc Mustapha Boutadjine. Il vit à Bagneux mais son atelier est dans le 13ème arrondissement. Les portraits exposés ici appartiennent à la série "Black is toujours beautiful". Ci-dessous, d'autres portraits, issus des galeries "Insurgés" et "Poètes" :

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« Normalement sa photo est insérée dans chaque tableau, il a des moustaches » dit-elle.
Et en effet, sur celui de Tracy, je découvre un moustachu aux faux-air de Dali. Je m'extasie à vois haute et une jeune femme brune engage la conversation. Elle vit à quelques rues de chez moi, travaille dans le social et évolue dans le milieu artistique. D'après ce qu'elle a appris, la jolie maison laisserait place à un immeuble de logements.

[Nous passerons le reste de la soirée ensemble, danserons un peu au sous-sol avant de boire un verre dans le jardinet. Cette jolie initiative de rassembler des gens, dans un quartier où il ne se passe jamais rien, ouvre une discussion sur notre ras-le-bol du virtuel. J'ai fini par céder et ouvert un compte Facebook il y a quelques mois, principalement destiné à mes connaissances hors-hexagone et j'en ai marre de ces connaissances ou même ami(e)s qui ponctuent mes rares publications de "J'aime" ou me balancent des "Coucou" publics, auxquels je ne réponds pas, alors qu'ils ont mon numéro de téléphone.]

Dans le jardin, une jolie jeune fille aux lèvres fardées de rouge et au décolleté pigeonnant, canette de bière à la main, me claque deux bises. Elle est chanteuse de textes français et aussi de psyché-rock et clôturera le festival dimanche.

Edit du 10 septembre :

Le lendemain, samedi, j'ai fait la connaissance de Nassima, fille de l'artiste qui fait de très beaux collages, d'un grafeur en live branché reggae, de Sabrina, chanteuse soul et de Sarah, à la fraîcheur irrésistible et au sourire flamboyant.  Et puis, surtout, j'ai eu la chance d'écouter le groupe Square Circle et suis tombée sous le charme de son très charismatique chanteur, Julien. J'ai cherché des infos sur internet, mené ma petite enquête, dégoté deux vidéos Youtube mais pas de site internet, de page FB ou MySpace exploitable, et fini par lui envoyer un mail sur Facebook, où j'ai retrouvé sa trace. Dans la journée, j'ai croisé des têtes familières : un couple de mon immeuble qui comptent parmi mes chouchous, ma voisine rouquine du bout du couloir qui venait faire un tour en curieuse.

Le soir, j'y suis retournée avec mes deux seuls amis du quartier et j'ai chopé le chanteur sur la pelouse. En plus d'avoir une énergie folle sur scène, il est absolument charmant, ce Julien. Il a été fort surpris que j'ai réussi à dégoter autant d'infos sur lui, et le coup de la recherche de sandwiches dans Londres l'a bluffé. C'est qu'il ne sait pas que je suis un petit reporter, le Julien, et têtue, en plus. J'ai ainsi appris qu'ils sortaient un CD en novembre et il a confirmé ce que j'avais deviné, à savoir qu'il vit à Londres.J'espère bien que Julien me tiendra informée, comme il l'a promis, de leurs dates de concerts car j'ai bien l'intention de les suivre.

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J'aurai passé 3 jours dans la maison de la rue de la Vanne. Le dimanche, les proches se sont succédés pour les derniers moments dans la maison qui sera remplacée bientôt par un immeuble de bureaux. Le regard de Josette, retraitée qui vint là pendant des années, s'embua lorsqu'elle passa pour la dernière fois le portique de la maison. Les anciens propriétaires et les filles de la maison étaient là, eux aussi.

Le soir, blessée par la bétise de 2 connards que j'ai eu le malheur de croiser, je suis aller mater un western devant un plateau de sushis chez un copain tout à fait charmant, lui. Et tant pis si, à l'heure où je suis rentrée chez moi, il me restait 4 heures de sommeil (il est 5h, Fiso s'éveille ...)
 

Arti'Street

Commentaires

  • Effectivement, magnifiques les collages, j'aime beaucoup et je te fais signe si ça roule.

  • Très sympa l'idée de faire vivre une maison comme cela pour une dernière fois ! Parfaitement le genre de fêtes où j'aime aller, dommage que je vive trop loin.

  • Tu n'es pas obligée d'aller au lavoir en même temps que les autres bonne femmes du village, faut trouver le bon moment. Pendant la finale de la Star Ac il doit quand même rester quelques pas y avoir grand monde au bord de l'eau :-)
    Joli endroit plein de poésie et belle initiative de l'organisatrice..

  • Boug',
    Ça roule ma poule ! :)
    Antoine,
    Oui, une belle idée et une belle foule.
    Usclade,
    :))

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