Mes bouchons d'oreille ont glissé et je mé réveille une première fois à 7h du matin. Yo' me jette un regard, un sourire sur les lèvres : "Je suis réveillé depuis 5h du matin, dit-il, et je n'arrive plus à me rendormir. Je crois que je vais descendre prendre mon petit-déjeuner et me promener un peu". Après quelques instants d'hésitation, je me renfonce dans mes draps, bien décidée à prolonger ma nuit. A 9h mon réveil sonne et je sors à peine de la douche quand Yo' entre dans la chambre. Il prend un thé pendant que je petit-déjeune et papote quelques minutes avec ma boss et mon frère sur Skype.
Vers 11 heures, nous quittons l'hôtel et prenons un "petit taxi" qui nous dépose, pour 1€50, devant la grande porte du quartier des Habbous, que Yo' ne connaît pas. Certes, cette nouvelle médina, construite par les Français, n'a pas le charme de l'ancienne mais j'aime bien ce quartier arboré et paisible, où se trouve le Palais Royal. La grande porte est magnifique mais il est interdit d'en prendre des photos ni même de s'en approcher. Un garde zélé quoique parfaitement corruptible veille au grain.
Sans plan du quartier mais dotés d'un sens de l'orientation tout à fait fiable, nous errons au hasard des rues. Je retrouve sans peine la réputée pâtisserie Bennis Habbous mais le petit déjeuner est trop proche pour que j'envisage d'y faire honneur.
Au détour d'une avenue, nous voilà devant un bâtiment imposant d'où sortent des grappes de touristes. "On peut entrer?" demande Yo' aux inévitables gardes. "Pas sans guide, répond-il avant d'ajouter "Vous êtes français ? Allez-y !"
A l'intérieur, l'architecture est magnifique : plafonds en bois sculpté, stucs, grilles en fer forgé. Une dame pousse même l'élégance jusqu'à porter une tenue assortie aux portes.
Dans la cour centrale se tient un marché artisanal où sont vendus des caftans, des tapis et des produits exotiques comme de la confiture de cactus - du Sahara, précise le vendeur - et de l'huile d'argan sous toutes ses formes. Une affiche vante les bienfaits du lait de chameau, un autre intitulé "Réussir au Maroc, c'est possible" met les jeunes en garde contre les écueils de "l'eldorado" eurropéen qu'on rêve d'atteindre à bord d'une pattera ou d'un camion remorqueur. Comme je ne suis pas sûre de l'endroit où nous sommes, je demande à un garde au regard ténébreux; c'est bien la Mahakma du Pacha, l'ancien tribunal musulman du Pacha, qui abrite, dixit notre guide, une soixantaine de salles de réception. En sortant, nous croisons d'autres groupes de touristes, qui se sont fait imposer un guide, eux.
Je cherche l'artère commerçante où j'avais acheté les babouches de Oh ! mais les ruelles sont étragement calmes. Et puis soudain, ça s'anime, c'est la sortie de l'école et les enfants, blouses bleues pour les garçons et blanches pour les filles, se précipitent sur les marchands de glace ambulants. Quelques-uns repèrent nos yeux et nos cheveux clairs et nous voilà suivis par une nuée de gamins espiègles qui courent autour de nous en criant Maroc zwine (le Maroc, c'est joli). Un groupe de jeunes filles nous sourit timidement. Nous empruntons un pont au dessus de voies ferrées, guidés par les ménagères qui arrivent en sens contraire, les bras chargés de victuailles. Au prochain carrefour, deux gamins avec lesquels je faisais un concours de cris de volatiles nous lancent un signe de la main en criant besslama (au revoir).
Nous voilà de nouveau dans une foule gesticulante et dans les bruits de klaxons et de mobylettes pétardadantes. Yo', réflexe professionnel oblige, pointe un type tout au bout d'une échelle en équilibre précaire et un autre penché dans le vide, qui repeint un mur en maniant un rouleau au bout d'un manche. "S'il lâche le manche, j'aimerais pas être celui qui va se le prendre sur la gueule", je fais remarquer.
Nous quittons assez vite le vacarme pour rejoindre les abords du Palais-Royal où un "grand taxi" déjà chargé de 3 types à l'arrière nous cale tous deux sur le siège passager (si, si, c'est possible, j'ai dû me rendre à l'évidence) et nous dépose, peu après 12h30, à proximité de la place Mohammed V où nous allons entreprendre notre promenade dans le Casablanca architectural.
Commentaires
Il y a pas de photo de vous deux sur le siège passager ? pfff sans déc fiso le bêtisier faut pas l'oublier !!! (ps : super montages photos, t'assures)
Non, tu sais ici les photos, faut faire gaffe et être discrets car les gens n'aiment pas trop, c'est légitime. En revanche on a des vidéos, dès que je peux, je poste ;))
J'ai beau m'être convaincu de tourner la page, ça me fait quelque chose de te savoir si près...
Bon séjour. Et n'oubliez pas que Casa n'est pas tout à fait le Maroc. Juste un entre-deux.
Boby,
Les divergences ne font pas oublier les bons moments et ton hospitalité à Arles. Merci de tes voeux. Je ne connaissais que Casa et Marrakech, Yo partage ce qu'il connaît du Maroc - ses amis, un trésor - et c'est un merveilleux guide. Nous découvrons aussi beaucoup de choses ensemble, comme aujourd'hui à Meknès :))