Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Une soirée avec Abdel

Vers 18h, nous retrouvons Lotte, qui était venu nous attendre à la sortie de l'avion à Casa, devant les stands d'où s'échappent des volutes de viande grillée, aux abords du mini-parc de Youssoufia. Ces effluves me donnent faim et j'engloutis une brochette de saucisses épicées, en guise d'apéro.

Peu après, un homme nous rejoint, c'est Abdel, un homme au visage rond et mat, très souriant. Son projet initial de nous inviter chez lui a été bousculée par un deuil survenu la veille. Nous prenons congé de Lotte, que nous retrouverons le lendemain matin et à bord de la Renault de son frère, Abdel nous emmène boire un verre au Bluberry, sur la marina de Rabat.

Nouvellement aménagé, c'est un endroit très agréable, en bordure du fleuve, prisé de la jeunesse dorée et des famille rabatis. Sur la longue espanande, les amateurs de rollers se laissent glisser.

Devant un thé à la menthe (pour changer), je fais la connaissance d'Abdel, germanophile ayant vécu 8 ans à Berlin, devenu père de famille depuis sa rencontre avec Yo.
En comparaison avec les hommes marocains que j'ai croisés jusqu'ici, très réservés, Abdel est volubile et s'adresse directement à moi. C'est agréable, j'avais parfois l'impression d'être transparente.
Nous remontons en voiture et je prends quelques notes sur mon téléphone, ce qui amuse Abdel. "Sophie, tu notes ? N'oublie pas de noter que nous écoutons de la musique gnawa !"
J'apprends ainsi qu'Essaouira, capitale de la musique gnawa, a accueilli Jimi Hendrix dans les années 70 et a aussi servi de décor au film Othello d'Orson Welles, un de mes premiers chocs cinématographiques, dans une salle déserte du cinéma Mac Mahon, près des Champs-Elysées.

Nous longeons une large avenue où les résidences luxueuses se succèdent. Dans un quartier populaire, Abdel gare sa voiture et nous entraîne dans une cour surmontée d'un auvent en toile, sous lequel des tables et chaises de jardin en plastique sont installées. Un homme vient à notre rencontre, c'est le père du petit garçon décédé. Au fond de la cour, des hommes, la plupart âgés, sont assis par terre. Abdel nous tend des chaises, sa femme vient nous saluer puis une petite fille court vers lui et nous dévisage avec curiosité. Bientôt, un homme amène le petit dernier aux joues rebondies et au caractère déjà bien trempé.

Nous discutons avec Abdel, il demande à la petite de nous montrer comment elle parle bien le français. Elle récite les jours de la semaine, c'est très mignon et son père est fier. Yo distribue les cadeaux aux enfants et le petit Otman semble frôler la syncope devant sa peluche.

Peu après, un jeune homme, serviette sur l'épaule et plateau dans les mains arrose les notres à l'aide d'une théière. Après lui, un autre dépose devant nous un grand plat rond en fer-blanc rempli de viande, légumes et d'une fine semoule arrosée de bouillon et d'oignons fondants. Je dois dire que j'ai rarement mangé une semoule aussi aérienne et parfumée, c'est un délice. Yo, prudent, me refile sa part de potirons.

Il est tard lorsqu'Abdel nous dépose devant la mosquée de Youssoufia. Visiblement peu rassuré de nous voir nous enfoncer dans le dédale de ruelles, il nous fait promettre de lui envoyer un sms dès notre arrivée à bon port.

Les commentaires sont fermés.