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  • Balade avec une famille australienne (et francophile)

    Samedi matin, 10h50, je reçois un appel d'une jeune femme à l'accent anglais. "Je suis la fille de C., je voulais savoir où nous devons vous rencontrer pour la visite ?"
    Au téléphone, j'indique qu'on me reconnaîtra à la casquette rouge. "Moi aussi" répond C.

    Lorsque je débouche sur le terre-plein, à Pigalle, je répère vite, au milieu d'un groupe de 5, la fameuse casquette rouge. Après les présentations, nous traversons l'avenue et empruntons la rue Germain Pilon. Au passage, je recommande La Bougnate et en chemin, fais la connaissance de la jeune fille qui parle français. Elle l'a appris à l'école et a passé 3 mois à Bordeaux, l'hiver dernier. La famille vit à Sydney et sont venus à Paris, qu'ils adorent, il y a plus de 10 ans.

    Place des Abbesses sont installés plusieurs stands où l'on vend des crêpes, des huîtres, du vin.

    "Qu'est ce que c'est, un marché ? demande M., le père de famille, un jovial moustachu aux yeux bleus.

    - Un marché touristique", je réponds.

    Quelques minutes plus tard, après une grimpette dynamique au cours de laquelle je recommande à M., qui adore ça, l'os à moelle des Ronchons, ils admirent la vue du parvis du Sacré Coeur. Je passe un appel à mon ami chtimi tandis qu'ils visitent l'édifice.

    En route vers la place du Tertre, où je leur révèle l'origine supposée du mot bistrot, M. me confie sa passion pour l'histoire et Paris en particulier. Il en connaît un rayon, M., sur l'histoire et la géographie françaises, et fait mentir les résolutions que j'avais prises au sortir de la balade avec Annelies et Arvin. Il sait même qu'il y a un vignoble montmatrois. C'est justement prévu au programme de ma balade.

    La veille, M. est allé se promener autour du Panthéon, émerveillé. Je lui raconte l'histoire de la rue Saint-Jacques et l'engage à admirer le jubé de l'église Saint Etienne du Monts, toute proche. M. travaille comme juge dans un tribunal pour réfugiés et me confie le stress qu'il vit quotidiennement à devoir décider de leur sort. Notre conversation se fait plus philosophique. Il satisfait ma curiosité quand à ses origines; sa grand-mère irlandaise lui a même donné droit à un passeport vert.   

    Après être passés devant la fameuse maison rose d'Utrillo, nous voilà maintenant au pieds des vignes de Montmartre. M rit de bon coeur en écoutant l'anecdote de l'âne Lolo du café Le Lapin Agile. Cathy et lui connaissent tous les noms des peintres montmartrois. Je prends moi-même beaucoup de plaisir à cet échange avec eux.

    Un salut à Dalida, et au pauvre Saint-Denis qui n'a toujours pas retrouvé sa tête, puis nous descendons l'avenue Junot et saluons le géant qui domine la butte depuis 400 ans. Une des jeunes filles a une envie pressante, c'est l'occasion de pousser la porte du Studio 28, qu'ils visitent rapidement, avant de rejoindre la rue Lepic. Je les pris de m'excuser quelques instants, il est 16 heures et je n'ai pas déjeuné, j'achète une part de quiche Aux Petits Mitrons et un sachet de chouquettes pour ma petite famille australienne.

    Alors que nous jetons un coup d'oeil au café d'Amélie, des bruits de fanfare se font entendre et une étrange procession apparaît au bas de la rue Lepic. En tête de cortège, on promène une statue en bois sombre. Plus loin, je remarque un drapeau breton, des cornemuses, des coiffes. J'interroge un groupe vêtu d'un tee shirt du Loiret. Le défilé fête à la fois la Saint-Vincent, patron des vignerons, et la coquille Saint-Jacques. La procession se terminera par une messe. Mon groupe d'Australiens est ravi de ce folklore inattendu et prend, comme moi, quantité de photos.

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    Plus bas, je leur fais admirer la façade de la maison de l'Escalopier avant un dernier arrêt devant le Moulin Rouge. Je propose un verre mais ils ont visiblement un autre programme, leur offre de refaire une autre balade avant leur départ dans 2 semaines et les salue. Nous avons passé 3 heures ensemble, il m'en reste 2 avant de retrouver P_o_L devant la Cigale pour un concert. J'appelle Yo qui attend son bouchon lyonnais - garanti 100% halal - dans un café du Marais et les y rejoint. 

  • Balade avec Annelies et Arvin

    Cet après-midi, je vais faire visiter Montmartre à une famille australienne. L'occasion de me rendre compte que j'ai oublié de vous raconter la balade de novembre, au retour du Maroc, avec un couple d'Australiens aussi.

    Je n'aime pas imposer un parcours. Difficile de choisir entre les nombreux charmes de Paris. Avant la balade, la communication entre mes visiteurs et moi se fait par mail. Je lance plusieurs pistes : Montmartre, Montparnasse ou le Palais Royal.

    En novembre dernier, Annelies et Arvin me retrouvaient après une matinée passée à Versailles. J'avais donc proposé de les récupérer à leur gare d'arrivée, Montparnasse, et de leur faire visiter ce quartier. Rendez-vous dans la gare, devant le Quick, signe de reconnaissance : la casquette rouge que m'a offerte P_o_L.
    A 15h, une jeune femme blonde m'aborde. Annelies, australienne, a de multiples origines européennes, notamment hollandaises. Alvin, quand à lui, est d'origine philippine. Tout en faisant connaissance, je les entraine sur le toit de la gare, dans le jardin Atlantique que m'a fait redécouvrir récemment ma collègue et amie Cat. Peu de gens imaginent qu'au dessus des voies s'étend un paisible jardin, auquel on peut accéder via un escalier à gauche des voies. En novembre, cependant, son charme est amoindri et le mémorial Jean Moulin n'a que peu d'intérêt pour des Australiens. Note à moi-même : éviter les jardins en hiver et les références historiques pour des visiteurs venant de l'autre bout du monde.

    Au bout du jardin Atlantique, je fais un crochet pour montrer à Annelies et Arvin les édfices construits par Ricardo Bofil. Nous empruntons la rue de la Gaité dont je raconte l'histoire et montre les nombreux théâtres, puis la rue Delambre jusqu'au boulevard Raspail. Là, Arvin tombe en arrêt devant l'impressionnante devanture du Bar à Huîtres. "J'adore les huîtres, on s'en prend une assiette, Fiso ?" demande-t-il en se tournant vers moi. Voilà un bien original goûter. Je harcèle un serveur pour qu'on vienne nous servir. 20€ l'assiette de 6 huîtres avec un verre de blanc, c'est hors de prix mais Arvin découvre le vinaigre à l'échalote et se régale tandis qu'Annelies s'enquille le verre de blanc.

    Après un crochet rapide par la rue Campagne Première et ses superbes ateliers d'artistes, nous reprenons le boulevard Raspail, que je trouve bien triste jusqu'au Lutétia. Je pousse les portes de ce palace parisien, dans lequel j'ai travaillé en extra il y a de longues années maintenant, et montre le hall à mes visiteurs.

    "Qu'est ce qui vous surprend le plus à Paris ?", leur demandé-je tout en cheminant.

    - La beauté des immeubles" répondent-ils. Hier, on voulait visiter le Louvre. On sort de l'hôtel, on voit un très beau bâtiment, on se dit "Ca doit être le Louvre. Non, c'était juste un très bel immeuble. On tourne le coin de la rue, on voit une autre imposante construction. Ca, ça doit être le Louvre. Encore raté. Tous les immeubles sont incroyablement beaux à Paris !"

    -Oui, on l'a échappé belle pendant la seconde guerre mondiale".

    Nous voilà sur le boulevard Saint-Germain, et même s'ils n'ont jamais entendu parler de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, ils prennent des photos des cafés qui ont fait la célébrité du quartier. A l'angle du boulevard Saint-Michel, je leur montre les thermes de Cluny, le musée du Moyen-Age. Je dois me contrôler car il y a toujours une rue, un détail pour m'entraîner plus loin.

    Nous parlons gastronomie :

    "Vous mangez beaucoup de cuisses de grenouilles et d'escargots?" demandent-ils.

    - Pas du tout, c'est un cliché. Je n'ai pas mangé de cuisses de grenouilles depuis au moins 10 ans et les escargots, pour ceux qui aiment ça, on en mange plutôt lors de repas de fête".

    Annelies et Arvin, attirés par l'effervescence de la rue de la Huchette, piège à touristes que j'évite systématiquement, m'y entraînent. Arvin pointe du doigt le menu qui s'étale à la craie sur une ardoise "Pourtant, là, il y a des cuisses de grenouilles et des escargots ?"

    Damned, mais c'est vrai ! Au menu de chacun des restaurants de la rue de la Huchette, on trouve ces plats censés constituer l'essentiel des repas français. Je comprends mieux. Ces enfoirés de restaurateurs entretiennent le mythe !   

    A la fontaine Saint-Michel, peu après 18h30, après leur avoir conseillé une balade en bateau-mouche et montré sur un plan l'emplacement de l'embarcadère, je quitte Annelies et Arvin, en leur souhaitant, l'année prochaine, un merveilleux mariage.

    Je suis contente de ma première balade, en revanche, je me suis rendu compte de plusieurs choses :
    1) Eviter les références artistiques et historiques à des personnages qui sont totalement inconnus aux visiteurs non-Européens.
    2) Conséquence du point 1 : réfléchir à des balades plus appropriées aux visiteurs anglophones. Pourquoi pas rechercher des traces australiennes dans Paris ?
    3) Une balade, c'est un peu comme une formation, finalement. Il faut définir un / des objectifs, un plan de balade et annoncer le programme.

  • Pamplona !

    Philo me souhaitait en ce début d'année beaucoup de voyages et de rencontres. Et bien, 2012 démarre fort. Après un weekend à Londres qui n'attend plus que quelques photos pour être publié, j'ai fait "un beau voyage et de jolies rencontres", cette semaine.

    Dimanche après-midi, j'aterris à l'aéroport de Biarritz où je récupère une Mégane avant de traverser la frontière et de trouver enfin, tout au fond d'une zone industrielle, mon hôtel en périphérie de Pampelune. Le premier soir fut loin d'être festif car j'ai bossé jusqu'à minuit et même oublié de dîner (un comble, non ?)
    Le lendemain au petit déjeuner, je retrouve "Kiique", notre jeune commercial espagnol, accompagné d'un bonhomme tout rond, "Cesc", notre partenaire local. Ils vont tous deux assister à la formation de 4 jours que je m'apprête à donner.
    Comme d'habitude, mes premières phrases en espagnol sont un peu hésitantes. Mon diesel se met en route.

    Sur le parking de notre client, une masse vient à notre rencontre et nous broie la main. Mon "stagiaire" est physiquement très impressionnant, un vrai rugbyman. Après 15 ans de boîte, il est peu enclin à s'en laisser conter par un logiciel qui prétend faire aussi bien, voire mieux, que lui. J'enfile discrètement mes gants de velours.

    Trois charmantes jeunes femmes nous rejoignent en salle de formation et je commence mon show.
    Vers 11 heures, nous descendons à la cafétéria pour "un café". Je retrouve les automatismes appris l'année dernière et les drôles de pratiques de mes compagnons : café solo pour moi, verre rempli de glaçons arrosés de café pour eux. Me souvenant du rythme espagnol, je commande un sandwich. C'est qu'il va falloir tenir le coup quelques heures encore car ici, on part déjeuner à 14 heures.

    A 14 heures, justement, nous nous attablons tous ensemble dans un restaurant, au premier étage du centre commercial. Je commande une soupe en entrée (merde, j'avais oublié que les entrées sont des plats ici !) et des chipirones, dont je raffole, suivis d'une médiocre tarte au fromage. En face de moi, Kique et Cesc dégustent un étrange amas de choses non identifiées; ce sont des "kokotxas de bacalao", des joues de cabillaud. Je goûte, trop bon. "Y'a des choses que tu n'aimes pas ?" demande Kique. Je suis démasquée.

    Le soir, nous nous retrouvons tous trois à la réception de l'hôtel vers 20h30 et après un tour dans les rues et le long des remparts de Pamplona, nous entrons, sur les conseils de notre stagiaire qui a l'air de s'y connaître question bouffe, au Gaucho. Ptain, les pinchos sont à tomber au Gaucho, un truc de malade ! Beaux et savoureux, impossible de choisir, ni de se contrôler, on s'est régalés, lasagna de puerro con gambas (le truc en bas et au milieu), hojaldre de ajo arriero con huevo, pinchos de foie, le tout accompagné d'un bon rioja ! Jugez plutôt :  

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    Pendant le repas, notre partenaire espagnol, que j'ai appelé Alfredo toute la journée, me glisse gentiment "Moi, c'est Cesc". On a bien rigolé. Il est super drôle ce type. Après ce festin, on a refait un tour en ville et Cesc a inventé deux mots très marrants pour me guider : izquierdamos et derechamos.

    Le lendemain, on passe aux choses sérieuses. Notre stagiaire, ravi de rencontrer d'incorrigibles gourmands, nous confie faire partie d'un cercle gastronomique. Et ce soir, il nous invite à dîner. A 20h30, sa tête apparaît au premier étage d'un restaurant de la place.Il faut une clé pour monter l'escalier en haut duquel il nous accueille, vêtu d'un tablier, et nous fait admirer la vue qu'on a sur la place :

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    Là, d'un coup, j'ai senti que la soirée allait être longue...

    Sachez juste qu'on a commencé les réjouissances avec des chistorras, de la morcilla et du fromage, que M. a débouché un magnum de rioja (qu'on a sifflé à 3), fait griller des entrecôtes, que la table voisine m'a fait goûter un mojito maison, qu'à la fin du repas, M. a débouché une bouteille remplie d'un liquide pourpre, un digestif non identifié mais néammoins succulent qui s'appelle Patxaran, que quand je suis revenue des toilettes, on m'en avait traîtreusement resservi un troisième verre, que quand je me suis couchée, la chambre tournait, que j'ai fini la tête dans la cuvette des chiottes mais que je me suis sentie vachement mieux après, et que le lendemain, au petit déj, quand mes 2 collègues, avouant une terrible gueule de bois, m'ont demandé si j'avais bien dormi et comment je me sentais, j'ai lancé sans honte aucune un arrogant "Super bien !" (je compte sur votre discrétion, les amis )
    N'empêche, c'était une super soirée, en compagnie d'un sacré personnage ...

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    Le lendemain midi, j'ai fait léger : pavé de thon et sorbet au citron. Le soir, y'avait foot et mes collègues m'ont demandé si je voulais venir le match avec eux. Rien que pour l'ambiance, oui. Je sais donc maintenant dire match en espagnol (partido) et j'ai appris plein d'insultes, entre deux pinchos. On a été petits joueurs ce soir-là, seulement 2 verres de rouge et 5 pinchos chacun. On était un peu fatigués, il faut dire ...

    Et ce midi, pour la dernière, apès quelques emplettes - dont une bouteille du "Patxaran" fatal, à propos duquel internet met effectivement en garde contre une "gueule de bois terrible" - je me suis retrouvée entourée de 6 solides gaillards. M. avait commandé - en entrée - 4 omelettes au cabillaud.

    Quand la serveuse a posé devant moi un dos de cabillaud, j'ai protesté, objectant que j'avais commandé de la viande. "Ben oui, a répondu M. la viande, c'est après, on commence avec du poisson". Ben oui, voyons Fiso, quelle question !?...

    Ce déjeuner fort convivial a été un peu obscurci par Cesc qui soudain a fermé les yeux, face à moi, et j'ai crié "Il se sent mal" et on a dû l'allonger et appeler les pompiers. J'ai eu la trouille, c'est que je l'aime bien ce bonhomme, il a un humour inattendu et est d'une gentillesse incroyable. Il est venu récupérer sa valise dans le coffre de ma Mégane, a promis d'aller consulter un médecin dès le lendemain. En le regardant s'éloigner, sa valise à la main, je l'ai trouvé tout fragile.

    Au moment de se quitter, M. m'a fait la bise. Je préfère ça plutôt que de me faire broyer la main. Notre commercial a dit "Bravo Fiso", et j'ai repris la route jusqu'à Biarritz. Une super semaine, je vous dis. Et en plus, je commence à savoir utiliser le subjonctif en espagnol.