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france roumanie - Page 2

  • Jour 6 : en route pour Râmnicu Vâlcea !

    100_3957.JPGA 11h, nous voici enfin sur la M5 qui nous emmène jusqu'à Szeged. Le temps est radieux et la route agréable. A l'approche de la frontière, les villages semblent plus typiques et les maisons plus belles, bordées de parterres de fleurs colorées et de dizaines de tulipes. Soudain, un énorme volatile passe au-dessus de notre voiture et se pose au bord d'un nid immense, posé sur la cheminée d'une maison. Une cigogne ! A partir de cet instant, ces nids immenses se succèdent tout le long de la route et jusqu'en Roumanie. Le guide que j'ai emporté m'apprend que la Roumanie est un paradis ornithologique et abrite la plus grande concentration au monde d'oiseaux migrateurs qui hibernent dans le delta du Danube.

    A l'approche de la frontière, nous sommes ralenties par un convoi ininterrompu de poids-lourds. C'est impressionnant, des dizaines de camions sont stoppés sur la bande d'arrêt d'urgence. Peu avant 14h, nous nous plions de bonne grâce au seul contrôle de papiers de notre périple et passons la frontière roumaine à Nadlag, ajoutant une vignette sur le pare-brise de Boug' (5€ pour 7 jours). Nous suivons toujours la route E68 mais progressons très lentement en raison de la présence de nombreux poids-lourds et d'une seule file de circulation. Nous comprenons très vite pourquoi mon guide déconseille de conduire en Roumanie ; en effet, les Roumains n'en ont absolument rien à cirer des panneaux d'interdiction (de doubler, par exemple) et des limitations de vitesse. Ils doublent dès que possible et ils vaut mieux laisser une bonne distance entre vous et votre prédécesseur pour permettre à celui qui vous doublerait de se rabattre juste sous votre nez, évitant de justesse un tête à tête avec celui qui arrive en face. Les routes sont dans un état déplorable et nous devons régulièrement zigzaguer pour éviter de laisser un pneu dans les nombreux nids de poule. Nous aurons un peu plus tard l'explication de l'état assez incroyable des routes roumaines ; c'est Luminita (se référer au billet suivant) qui nous expliquera que les routes sont endommagées par les importants écarts de température que subit le pays, descendant parfois à -20 en hiver pour remonter jusqu'à 44 degrés en été.  La réfection du réseau routier est une des priorités du gouvernement mais cela coûte des sommes colossales et les chantiers, en Roumanie, ne manquent pas.

    Parcourir les 400 kms de la frontière à Râmnicu Vâlcea nous prendra près de 8 heures, parmi lesquelles 45 minutes totalement à l'arrêt pour le passage d'un train. Cependant, ce long trajet ne fut pas particulièrement éprouvant, malgré l'état des routes et la conduite très latine des Roumains, en raison de la beauté des paysages que nous traversons. Des montagnes, des prairies très vertes, pas de champs de culture comme on peut en voir en France, une végétation luxuriante, des arbres fruitiers, des pommiers en fleurs. Les maisons sont particulièrement pimpantes et fleuries et des sacs de pommes de terre et d'oignons, à vendre, sont suspendus au bord de la route.

    A Sibiu, induite en erreur par un panneau, je tourne à droite et après quelques kilomètres, à la sortie d'un village, nous débouchons sur un chemin de terre. Je demande la direction de Râmnicu Vâlcea à de vieilles femmes hilares qui lèvent les bras avec de grands cris « No Râmnicu Vâlcea ! ». Je ne comprends pas grand-chose mais j'ai compris le principal : je ne suis pas dans la bonne direction. Nous rebroussons donc chemin vers Sibiu où nous avons du mal à retrouver la direction de Râmnicu Vâlcea et c'est un Allemand (décidément, ça me poursuit !) qui nous met sur la bonne direction. La nuit est tombée et je reprends le volant. Après Sibiu, nous attaquons les routes de montagne et le danger augmente car là encore, les Roumains doublent dès qu'ils ont 10 mètres devant eux. Nous appelons Dana qui nous recommande de faire attention. Tout se passe bien jusqu'à 10 kilomètres de l'arrivée où un Roumain, visiblement mécontent que je double, me bombarde d'appels de phare pour me faire dégager et entreprend de forcer le passage au moment où la voie redevient unique, manquant me foutre dans le fossé. Furieuse, je l'insulte copieusement et lui fout mes pleins phares dans la gueule, à mon tour.

    A 21h45, nous entrons dans la ville de Râmnicu Vâlcea. A la hauteur de l'hôpital, je reconnais la station-essence qui se trouve au pied de l'immeuble de Dana et m'engage sur le parking. Quelques minutes plus tard, Dana qui s'est faite très élégante pour nous accueillir nous embrasse et nous entraîne jusqu'à son appartement où après avoir trinqué à nos retrouvailles avec un verre de vin blanc roumain (Graca de Cotnari), nous dégustons ce qu'elle a préparé : soupe  aux quenelles de semoule, macédoine de légumes au poulet puis maquereau grillé sur lit de légumes croquants. Et en dessert, gâteau à la crème de griottes et des amandines (petits gâteaux au chocolat). Nous avons ensuite discuté jusqu'à 3 heures du matin et ri quand Dana a lu mes derniers billets en prime-time et quasi-instantané, avant de virer la grenouille borgne posée sur le lit confortable de Dana.

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  • Jour 5 : Szentendre et Budapest

    100_3914.JPGRéveillée à 6h45 après la meilleure nuit que j’aie passée depuis le début du voyage, je tourne dans mon lit pendant 30 minutes avant d’ouvrir mon ordinateur et de profiter de ce réveil matinal pour rédiger mes billets en retard. Je les publierai quand je pourrai car je ne capte pas de réseau internet dans l’appartement d’Igor.

    A 9h30, nos réveils sonnent. Le gâteau d’Egy est toujours aussi délicieux, trempé dans du café. Le ciel est maussade et nous nous glissons dans la frénésie des heures de pointe à Budapest. Nous traversons la place de Moscou et descendons vers le Danube jusqu’à la station de métro Batthyàny tér. Il pleut maintenant et nous regrettons d’avoir hésité et finalement renoncé à nous munir des jolis parapluies rouges que Boug’ a laissés sur la plage arrière. Là, voie 2, déjà trempées par la pluie, nous montons dans le HéV de 11h18 en direction de Szentendre et, n’en ayant pas eu le temps, achetons nos billets au contrôleur. Il y a 2 familles de français dans notre wagon. Le train s’ébranle et longe le Danube en direction du nord. Je reconnais l’hôtel Csaszar où j’ai séjourné avec Oh!91 , Igor et Yo à l’occasion du Nouvel An 2009 et je pointe du doigt le square où Oh ! a vécu. Après l'île Marguerite, nous passons à proximité du site Aquanicum. A Szentendre, je retrouve mon chemin sans peine sur les rues pavées. Les boutiques d’artisanat sont garnies, nous faisons une halte dans celle du musée du marzipan (massepain) avant de faire le tour du village.

    Peu avant 14h, après quelques détours qui nous permettent de nous perdre dans les rues escarpées, nous pénétrons dans le restaurant Arany Sárkány, une perle de la gastronomie hongroise recommandée par Oh!91 et dont la fermeture, lorsque nous étions venus ensemble visiter Szentendre, l’avait terriblement déçu. Le restaurant est occupé par des tablées d’Américaines fort maquillées. Le patron, M. Attila Máhr, auquel un des chefs officiant en cuisine ressemble comme 2 gouttes d’eau, et pour cause,  nous installe à une petite table et demande en quelle langue nous souhaitons nos menus. Voilà qui est fort pratique. La carte est particulièrement alléchante et les prix très corrects, on y trouve, outre un foie gras d’oie fumé aux pétales de rose, une soupe au yaourt et airelles et des menus « touriste » et « gourmet ». La cuisine est ouverte et de délicieux effluves de grillades nous chatouillent les narines tandis que les chefs s’activent, dirigé par Attila junior. Je choisis un Foie gras à la Orosháza, poêlé, arrosé au cognac et enveloppé dans une tranche de bacon, accompagné d’épinards à l’ail et d’un gratin dauphinois au fromage.

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    Boug’ se jette sur un Steak d’oie au miel, nappé d’une légère sauce au vin rouge, saupoudré de graines de sésame grillées et accompagné de chou rouge à la vapeur et d’une purée de pommes de terre.

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    Tout ça se fait couler dans le gosier avec un verre de vin, avant d’enchaîner sur une double crêpe fourrée aux griottes et noix, saupoudrée de cannelle et baignant dans une crème chaude au massepain. Le truc léger, qui te plombe les talons, même avec un verre de Tokaj …

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    Je somnole dans le train de retour et supplie Boug’ de m’autoriser à faire une sieste en rentrant.   

    Une heure de repos m’a fait du bien et je suis maintenant prête à partir à l’assaut du quartier du château, qui se trouve à 2 pas de la place de Moscou. Le quartier du château ne connaît pas l’effervescence que je lui ai vue lors de mon dernier séjour et la vue sur le Danube, du pont Marguerite à celui des chaînes, quoique moins dégagée en raison de la pluie, est toujours aussi saisissante.

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    Après une bonne heure à faire le tour du quartier, nous redescendons jusqu’aux quais que nous longeons jusqu’aux bains Rudas. Hélas, comme je le craignais, aujourd’hui est une journée réservée aux hommes. Nous traversons le pont Erzsébet et fuyant la circulation assourdissante, nous réfugions dans des rues parallèles autour du quartier de la synagogue. Nous en avons plein les pattes et avons dû parcourir plus de 6 kilomètres, sans compter la visite de Szentendre, le matin. Nous avons donc bien mérité un chocolat chaud au piment, surmonté de crème fouetté et accompagné d’un strudel que nous dégustons sous les magnifiques plafonds du café New York.  Ce sera notre dîner. Le retour se fait dans le tramway 4.

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    Le lendemain matin, avant d’attaquer les longues heures de route jusqu’à Râmnicu Vâlcea, en Roumanie, je profite d’un soleil radieux (enfin !) pour faire quelques foulées dans le parc Vérmezo, très plaisant. Nous quittons la place de Moscou à 10h et nous perdons dans Budapest, repassant devant le café New York et les bains Széchenyi, avant de trouver enfin l’accès à la M5, plus d’une heure plus tard …

  • Jour 4 : Budapest

    Il est 10 heures lorsque nous quittons l'hôtel Josepha. Il pleut toujours sur Salzburg. Sur le parking, la vieille dame nous a souhaité un bon voyage pour les 5 heures de trajet qui nous séparent encore de Budapest. Boug' prend le volant, sous une pluie battante, jusqu'à la frontière où nous nous munissons d'une nouvelle vignette, hongroise celle-là, d'accès aux autoroutes. A 8€ pour 10 jours, elle est bien moins chère que nos péages français. La conduite sous la pluie sur l'autoroute à 2 voies qui va de Salzburg à la frontière, dont une occupée par des poids lourds de tous les pays voisins, est pénible. A l'approche de la frontière austro-hongroise, on réalise à quel point nous nous trouvons à un carrefour de pays ; les panneaux indiquent non seulement les villes mais aussi les pays : H et Budapest pour la Hongrie, CZ et Praha (Prague) pour la république Tchèque, SK et Bratislava pour la Slovaquie. Les berlines allemandes ont été remplacées par des poids lourds roumains.

    Juste après la frontière, le déluge ininterrompu depuis notre départ de Salzburg a laissé la place à un soleil radieux qui éclabousse la campagne hongroise. « A croire qu'ils ont un microclimat de merde, en Autriche ! » s'exclame Boug'. Des camaïeux de verts tendres ont remplacé la végétation encore hivernale de l'Allemagne et des fleurs de métal géantes tournoient dans le ciel bleu.

    A l'approche de Budapest, la multiplication d'embranchements réveille ma nervosité. J'appréhende de trouver mon chemin jusqu'à la place de Moscou dans la circulation intense. Je remercie mentalement Igor d'avoir insisté pour me tracer l'itinéraire jusqu'à son appartement ! « Reste toujours à gauche et suis la direction de Margit Hid. Ne traverse surtout pas le Danube » m'a-t-il recommandé.

    Je gère bien l'entrée dans la ville mais prise dans le trafic, me plante et prends la direction de Petofi Hid. Avec l'aide de Boug', qui découvre que je peux très vite m'énerver, je parviens in extremis à faire demi-tour et reprendre la voie initiale et me retrouve presque par hasard sur la place de Moscou, que je reconnais puisque j'y suis déjà venue. Il ne me reste plus qu'à la contourner par la droite, je reconnais le boulevard où se trouve l'appartement d'Igor et  m'offre même le luxe d'une place quasiment sous ses fenêtres. Il est 16h10 lorsque nous introduisons les clés dans la porte d'entrée de l'immeuble, découvrons la magnifique cour intérieure baignée de soleil et enfin, ouvrons les doubles portes de l'appartement d'Igor qui m'appelle au même instant. J'avais annoncé une arrivée vers 16h et sa mère, à laquelle il avait recommandé d'être là vers 17h, n'est pas encore arrivée. « P'tain, trop fort, je suis plus à l'heure en me tapant 8 heures de trajet que quand je dois retrouver quelqu'un au coin de ma rue » dis-je à Boug'.   Déjà rôdée aux coutumes hongroises, Je lui tends une des paires de papoutches qui sont dans l'entrée. Quelques minutes plus tard, une clé tourne dans la serrure. C'est Egy, que nous connaissons toutes les 2.  Elle extirpe de son sac un paquet de café, des dosettes de lait et un tupperware contenant du gâteau marbré au chocolat et aux cerises griottes. Je ne sais dire que quelques mots en hongrois, «merci » que j'utilise donc abondamment, « oui » (yo, facile) et « bisou ». Nous communiquons donc du mieux que nous pouvons et principalement par signes. Après ce long trajet et la pause gourmande offerte par la douce Egy, je ne rêve que de me plonger dans uns des fameux bains de Budapest. Après nous avoir accompagnées pour changer un peu d'argent et acheter un carnet de tickets de transport en commun, elle nous embrasse et repart.

    Ici, un seul ticket permet toutes les correspondances entre bus, tramway et métro. Nous prenons le tramway 4 qui s'ébranle et traverse le Danube sur le pont Marguerite jusqu'à la place Oktogon, puis le métro en direction des bains Széchenyi. Boug' est émerveillée par le métro au charme suranné et prend des photos. Nous débouchons dans le par cet avant de rejoindre les bains, j'entraîne Boug' sur l'impressionnante place des Héros.

    Un peu avant 19h, nous pénétrons dans le beau bâtiment jaune des bains Széchenyi. Après une erreur d'aiguillage qui nous emmène dans les vestiaires des hommes (tout à fait involontaire, je le jure !), nous courons sur les dalles jusqu'au bassin extérieur dans lequel nous nous plongeons avec délice. C'est un réel bonheur de voir les yeux de Boug' briller comme ceux d'une enfant. Je propose de lui faire découvrir les bassins intérieurs. Un passage par la machine à palets de glace dont nous nous frottons vigoureusement le corps, une immersion dans le sauna - trop chaud - et nous voici testant les vertus relaxantes des bassins à 35, 37°C et tonifiantes de celui à 18°C. Il y a bien moins de monde que la dernière fois que je suis venue, pour le Nouvel An 2009 mais ça parle beaucoup français. Dans le bain à 36°C, le préféré de Boug', nous nous promettons d'investir dans un maillot de bain 2 pièces et papotons avec une septuagénaire lyonnaise accompagnée de son fils -un canon, le fiston - et ses petits-enfants. Elle conseille la visite du village de Szentendre, c'est justement le programme du lendemain. Il est un peu plus de 22 heures lorsque nous ressortons des bains. 3 heures à paresser et jouer dans la piscine à courant, à se faire masser les épaules et le dos par les jets du bassin extérieur. J'ai failli m'endormir à plusieurs reprises et me suis amusée en observant une jeune femme qui dodelinait de la tête et a même littéralement plongé le nez dans l'eau. Boug' s'est fait draguer mais sa myopie l'a empêchée d'apprécier à sa juste valeur le beau mâle qui tentait un rapprochement discret.  Je voulais écrire mon billet du jour mais vers minuit et malgré le café d'Egy, je m'écroule dans l'obscurité de ma chambre.

  • Jour 3 : sur la route d'Ulm avec Beate

    Photo125.jpgA notre retour de la visite du camp avec Reinhard, Beate propose que nous visitions la ville d'Ulm, une ville universitaire à l'ouest de Munsingen d'où nous pourrons prendre la route pour Budapest.  Beate charge un vélo dans son coffre et nous devons en récupérer 2 autres chez Anita qui vit avec son compagnon, lui aussi étudiant, dans la ville limitrophe de Neu-Ulm. Nous avons programmé le GPS au cas où nous perdrions Beate en route.

    Nous traversons le village de Magolsheim et nous arrêtons à Blaubeuren. Ce site archéologique est un des plus importants d'Europe. On y a trouvé trace de l'homme de Neandertal et surtout une flûte en os de cygne, le plus ancien instrument de musique trouvé à ce jour dans le monde. Beate nous entraîne d'un pas décidé dans les rues du village, jusqu'à une mare d'eau en lisière de forêt, d'une transparence et d'une teinte bleu-vert digne des plus beaux lagons.  Il s'agit du Blautopf - littéralement cuvette bleue- et source du Blau, un fleuve qui se jette dans le Danube à hauteur de la ville d'Ulm. Sa couleur proviendrait d'une réaction chimique de la pierre à chaux. Beate affirme que la profondeur de la cuvette serait de 70 à 80 mètres et que nombre de plongeurs s'y aventurent, l'un d'eux en étant même revenu paraplégique. Le site est charmant et très paisible, quelques promeneurs se reposent sur des bancs tandis que la Blautopf se déverse en cascade et alimente un moulin à eau.

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    A 13h33, nous voici au pied de l'immeuble d'Anita et Sascha descend avec 2 vélos et une pompe. Nous passons une demi-heure à gonfler le pneu d'un des vélos qui s'évertue à rester à plat. Nous décidons de partir quand même en roulant doucement, le centre d 'Ulm n'étant qu'à une dizaine de minutes de là.

    Vous ne serez sans doute pas surpris si je vous dis que faire du vélo en Allemagne est une expérience des plus paisibles, en comparaison de ce que les Parisiens peuvent vivre. Ici on roule aussi sur les trottoirs mais ils sont très larges et permettent une cohabitation avec les piétons parfaitement pacifique.  Nous longeons le Danube  - qui s'appelle ici le Donau - et l'enjambons au niveau de ... Pas peu fière d'avoir réussi à mettre Boug' sur un vélo, j'immortalise la scène.

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    Nous traversons le Danube et prenons la direction de la cathédrale. A notre gauche, un étonnant bâtiment, la mairie d'Ulm.

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    Nous accrochons les vélos à un poteau au pied de la cathédrale et Beate propose que nous visitions la cathédrale pendant qu'elle cherche un magasin de vélos pour réparer le pneu récalcitrant. Nous entrons dans la cathédrale et en faisons le tour. Seule la montée au clocher - souvenir d'une de mes plus belles frayeurs d'enfant -  est payante. A la sortie, Beate n'étant pas revenue, nous entrons dans un magasin de confiseries. Un rayon de soleil étant apparu, nous nous détendons quelques minutes dans des chaises en plastique blanc mises à la disposition des promeneurs, devant la cathédrale. La place de la cathédrale est sans intérêt et je suis surprise de ne pas y retrouver les maisons typiques à colombages ; Beate m'apprendra, un peu plus tard, que la place a été détruite par des bombardements alliés pendant la 2ème guerre mondiale.

    Beate est de retour avec le vélo réparé. J, nous sommes affamées et nous mettons en quête d'un endroit où nous restaurer rapidement. Je rêve d'une wurst à la moutarde et d'une bière. Dans la rue commerçante d'Ulm ,il n'y a que des magasins de vêtements. Nous entrons donc chez un boucher traiteur  où nous commandons des spatzle et wurst  que je badigeonne de moutarde légèrement sucrée, et de l'eau gazeuse, bouh ! Boug' me charrie tout en reconnaissant y avoir pris goût aussi : depuis que je suis en Allemagne, je mange des spatzle à tous les repas.

    Nous regagnons la place de la cathdrale et descendons à droite vers la rivière ... où des canards s'ébattent joyeusement dans le courant. Le soleil accompagne notre visite des rues pavées du quartier des pêcheurs, une succession de maisons massives et magnifiques. Beate nous fait remarquer le système de poulie installé au faîte des façades, qui permet d'hélitreuiller des meubles, les escaliers des maisons étant trop étroits. 

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    La balade dans ce quartier piéton est très agréable et les touristes assez rares en ce mardi. Vers 16h, nous reprenons les vélos et passons sous la porte de la tourelle ... pour rejoindre les rives du Danube. Hélas, l'accès aux pistes pour rejoindre Neu-Ulm est fermé et nous devons remonter dans le centre-ville. Notre départ pour Budapest se fera un peu plus tard que prévu car Beate nous informe qu'Anita, qui doit rentrer de ses cours vers 16h30, a fait un gâteau.

    Nous regagnons le parking de l'immeuble d'Anita au moment même où celle-ci y gare sa voiture. Dans son appartement, un petit 2 pièces très lumineux et au décor minimaliste en blanc et prune, une bonne odeur de gâteau flotte. Nous nous attablons tous les 4 devant un bienenstitch (littéralement piqûre d'abeille) et un bon café.

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    Le gâteau est délicieux et je me régale des amandes effilées et caramélisées qui le surmontent.  Sascha, qui est lui aussi de Munsingen, confirme : Anita cuisine très bien et il est un homme heureux. Après avoir promis de venir me voir à Paris et échangé adresses mails et numéros de téléphone, Beate, Anita et Sascha nous embrassent et nous regagnons notre voiture. C'est là que nous découvrons, dépitées, que le GPS de Valérie ne connaît ni la Hongrie ni la Roumanie ; nous devrons donc, à partir de la frontière austro-hongroise, nous fier à l'itinéraire que j'ai eu la bonne idée d'imprimer avant le départ, au cas où.

    Il est presque 18h, nous avons pris un peu de retard dans notre timing. Beate a annoncé un trajet d'environ 7-8 heures jusqu'à Budapest. Y étant attendues le lendemain aux alentours de 16h, nous devrons donc dormir quelque part, ce soir,  entre Munich et Vienne. J'avais oublié que la vitesse sur les autoroutes allemandes n'est pas la même qu'en France et encouragées par les énormes berlines qui nous dépassent tout schuss, je profite de mes derniers kilomètres en territoire allemand pour m'offrir un petit 190 au compteur. Au loin, devant nous, les sommets enneigés de ... et en contrebas de l'autoroute, des villages typiques d'où émergent les clochetons d'églises ... Nous passons la frontière autrichienne peu avant 21h et sous une pluie battante, décidons de faire halte à Salzburg. Se garer dans le centre ville sembla hardu, nous stoppons donc à l'hôtel Josefa où je tire une vieille dame aux cheveux blancs, absolument charmante, de devant son poste de télévision. Elle parle un anglais parfait, porte un corsage blanc et une jupe en flanelle grise.  Après nous avoir présenté ses chats, 2 soeurettes répondant aux noms de Lilipuppie et Zvicky, et m'avoir dotée d'un câble réseau pour me connecter à internet, elle nous indique un restaurant au coin de la rue où nous pourrons dîner. Devant une bonne bière, je choisis un plat de ... spatzle aux oignons et fromage tandis que Boug' se laisse tenter par un goulasch hongrois.

    De retour à notre chambre, nous y découvrons, délicatement emballées dans des papiers dorés, des demi-plaques de chocolat au lait. Je prends connaissance des premiers commentaires de mes amis d'enfance, que j'ai informés de mon voyage, ainsi que de ceux de mes amis (es) blogueurs, émus eux aussi. Fatiguée mais consciente qu'en France, ma famille et mes amis d'enfance suivent mes récits avec intérêt, je ne peux m'empêcher de poster mes derniers billets et surtout d'écrire celui qui raconte la visite, si bouleversante, du camp de Munisngen avec Reinhard, Il est 3 heures du matin lorsque j'éteins enfin les feux sur cette journée riche d'amitié et d'émotions.

  • Jour 3 : visite du camp de la 42ème Compagnie de Munsingen, avec Reinhard

    IMG_3833.JPGCe matin, nous nous réveillons chez Beate qui a insisté pour que nous dormions chez elle. Sur la table du petit déjeuner, elle dispose un festin que je vous livre en version quasi-originale : Bretzelen, laugen wicken, volkorn wicken, lyona, rauch fleich (viande fumée), des tomates et ... du Saint-Albray ! et pour la note sucrée, de la confiture de mûres du jardin ...

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    A 10h, Boug' et moi pénétrons à pied dans l'ancien camp de Munsingen. Une voiture nous rattrape, s'arrête à notre hauteur ; Reinhard nous invite à prendre place. A peine assise, il me tend un cahier relié et plastifié. Je pousse un cri de surprise en découvrant mon nom sur la couverture et à l'intérieur, l'historique du camp de Munsigen et des photos des différents bâtiments ainsi que de notre cite-cadres, rebaptisée "Petit Paris". Reinhard a édité ce cahier en hâte hier, pour moi, juste après notre rencontre sur le camp. Je suis bouleversée par sa gentillesse.

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    La visite commence sur le parking de notre ancien économat. Cet endroit où nous faisions nos courses et payions en francs est devenu un musée où Reinhard et d'autres, peut-être, ont collecté des traces de la vie du camp. Reinhard parle, semblant oublier que je ne comprends pas l'allemand ou si peu, il est visiblement heureux de partager ses souvenirs et explique  - miracle, je comprends ! -qu'il a toujours vécu là et connu les Français depuis tout petit. Dans l'économat, on trouve une maquette du camp de Munsingen et dans des sections réservées aux munitions françaises et allemandes, des rangées d'obus sont alignées.

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    A l'étage, une enfilade de salles, chacune consacrée à une période de la vie du camp (de 1895 à 1990) expose quantité de photos, objets et documents du camp de la 42ème Compagnie et du dépôt de Breithullen.

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    J'apprends même qu'un village, Gruorn, fut exproprié pour agrandir le camp de manoeuvres et qu'aujourd'hui, on peut y faire des randonnées.  Dans une pièce, un mannequin en uniforme est assis à un bureau. Il y a même un bidasse assis dans un des fauteuils de MON cinéma !

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    Sur un panneau au-dessus de lui, je déchiffre les noms de ceux que j'ai connus : les colonels Delarbre et Woirgard. Ce n'est qu'en redescendant, lorsque je demande à Reinhard où se trouvait l'entrée de l'économat, que je refais le trajet, resituant immédiatement l'endroit où se trouvait le tourniquet d'entrée dans lequel mon frère, ce couillon, s'était coincé, un matin.

    Nous remontons dans la voiture de Reinhard qui nous emmène maintenant au « mixte mess », l'endroit où nous allions parfois déjeuner le dimanche mais surtout là où se tenaient nos arbres de Noel et la distribution de cadeaux qui allait de pair, ainsi que les bals militaires auxquels ma mère se rendait en robe de soirée. Et là, lorsque caméra au poing, j'entre dans l'immense salle aux poutres de bois qui fut un formidable terrain de jeux et d'aventures pour moi et les autres gosses de militaires, je fonds en larmes. Reinhard, qui s'est déjà avancé, se retourne, revient vers moi et en me voyant, ses yeux se remplissent de larmes. Il me serre le bras. A cet instant, nous ne sommes plus un vieux monsieur allemand et une petite française, amenée là par une armée d'occupation, mais 2 êtres émus de partager la même nostalgie d'un passé heureux. Je sèche mes larmes et continue la visite, m'amusant de reconnaître la salle aux baies vitrées où nous déjeunions.

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    Nous sillonnons de nouveau l'asphalte des chemins du camp et Reinhard nous amène jusqu'à l'infirmerie où les bidasses apprentis dentistes se sont fait la main sur mes dents - et vu l'état dans lequel elles sont, je ne leur dis pas merci -.  Il confirme que le cinéma a disparu ainsi que les courts de tennis.

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    Reinhard stoppe sa voiture devant un baraquement que je ne connais pas, le BT 34. A l'intérieur, des chambrées de soldats, allemands et français ont été reconstituées à l'identique. Tout y est, les couvertures grises et rugueuses de l'armée, les uniformes et rangers, les boîtes de ration que mon père nous amenait parfois et que nous trouvions bonnes, forcément. Chaque chambrée a même sa table de bois avec pour les uns, des bouteilles de Kronenbourg et pour les autres, des bières allemandes.  

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    Un dernier tour tout en haut du camp, là où les hélicoptères atterrissaient, là où je ne me suis jamais aventurée, auparavant et nous rejoignons l'entrée du camp, passant devant le vaguemestre et la poste. Là, après nous être étreints et avoir échangé adresses postales et mails, nous remontons en voiture tandis que Reinhard allume une cigarette avant de reprendre la route de la ville.
    Lorsque Beate ouvre la porte et que je lui raconte cette heure et demie passée avec Reinhard, elle hoche la tête "Beaucoup de gens à Munsingen sont très tristes que les Français soient partis. Auusi parce que beaucoup travaillaient pour les Français et qu'ensuite, ils se sont retrouvés au chômage ou ont dû partir travailler jusqu'à Ulm".
    Je lui dis mon étonnement devant la réaction toujours bienveillante des gens de la région, nous identifiant comme françaises, que ce soit dans la rue, aux thermes d'Urach ou là, avec ce monsieur qui a grandi sous l'occupation française. Beate raconte à son tour les amitiés durables que son père, alors jeune homme, a noué lui aussi avec des gens des pays que l'armée allemande occupait.
    Et nous concluons ensemble : "Ce sont les pays qui se font la guerre, pas les hommes".   
    PS : Pour les intéressés ou ceux qui passeraient par ici à la faveur d'une recherche sur le camp militaire de Munsingen, n'hésitez pas à m'envoyer un mail si vous souhaitez le lien vers les photos et vidéos supplémentaires que je mettrai en ligne dès mon retour. 
    Et si vous passez par Munsingen et que vous voulez visiter le musée du Camp de la 42ème Compagnie avec Reinhard, contactez-moi et je vous donnerai son adresse mail. Reinhard est un excellent guide et un homme d'une infinie gentillesse qui se fera un plaisir de partager avec vous cette page commune de notre histoire.