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  • Budapest, 3ème !

    budapest,szechenyi,rudas,kiraly,gellértIl y a quelques mois, mon amie de lycée Esperanza m’avait lancé « On se fait quand un weekend entre filles ? ». Le dernier, c’était … pfouuuu … un bail, là !

    Elle avait précisé « Même en France, hein, on pourrait se faire un spa ? »

    A ce mot magique, mon cerveau avait répondu : Budapest ! La ville où allier culture et détente sans se ruiner.

    Nous avions décidé de profiter du pont du 1er novembre pour nous offrir un weekend prolongé et fêter son anniversaire dans la ville de l’eau. Le prix du billet, réservé tardivement, avait été un peu douloureux : 210€. Sur place, j’avais réservé au Broadway Hotel, un 4 étoiles à 2 pas de l’opéra. L’opéra, justement, un des vieux rêves d’Esperanza et un cadeau d’anniversaire tout trouvé. Mon ami et complice Oh !, budapesti de cœur, s’était chargé de l’achat des billets depuis Paris.

    Je ne vais pas vous raconter tout le séjour car mes visites sont les mêmes que les précédentes fois et je les ai racontées . Et je compte bien, lors de mon prochain séjour, délaisser enfin les visites touristiques pour m'encanailler en compagnie de quelque fêtard dans les bars et cafés de Budapest.

    Le mercredi, jour de notre arrivée, il nous faut bien 1 heure pour quitter l’aéroport. La dernière fois que je suis venue, c’était en voiture, Budapest étant alors une étape de notre road trip de Paris à Ramnicu Valcea, chez Dana la roumaine. J’ai donc oublié comment rejoindre la ville (et je n’ai pas consulté mes 2 guides touristiques non plus, il faut l’avouer). Bref, après quelques piétinements, nous voilà dans un bus, puis dans un métro et une fois sur Oktogon, je me repère. Nous posons les bagages et allons faire un tour de reconnaissance dans le quartier.

    En fin d’après-midi, ravies de nous dégourdir les jambes, nous marchons vers les bains Szechenyi. En chemin, assoiffée, je fête ma parenthèse budapestoise devant une bière. Nous traversons la belle place des Héros puis à l’approche des bains, je vérifie ma route auprès d’une passante. « Les bains sont par là, mais c’est fermé » dit-elle. Fermés ?? J’insiste « Normalement ils ferment à 22h ? » « Non, non, 19h » assure la dame.

    Être une tête de mule a parfois des avantages. Je décide de pousser jusqu’aux bains. Le hall d’entrée côté métro est effectivement désert et les caisses fermées mais à travers la fenêtre, il y a plein des gens qui batifolent dans le décor néo-classique de Szechenyi. Nous faisons le tour du bâtiment, côté fête foraine, et là c’est le soulagement : les bains ferment à 22h. Je jubile « T’as vu, heureusement qu’on est venues quand même ! »

    Esperanza oublie sa frilosité et cavale sur les bords des bassins. J’aime vraiment les bains en plein air de Szechenyi. Nous dînons dans le décor seventies de Menza, adresse chaque fois fréquentée avec le même bonheur. J’y prend un gulyash et Esperanza, un poterkolt (le goulasch tel qu’on l’entend en France), accompagné de pâtes maison qui ressemblent à s’y méprendre aux spatzle de mon enfance germanique.

    Vers 23h30, nous nous couchons dans de minuscules lits 1 place (la literie n'est pas ce que la Hongrie fait de mieux, visiblement) et découvrons le principal inconvénient de notre hôtel, et pas des moindres : une isolation phonique à chier. Le lendemain, courbe du sommeil en dents de scie et verdict sans appel de mon appli Sleep As Android : 48% de sommeil profond. Nous prenons le petit déj puis marchons jusqu’au pont Szechenyi que nous traversons. Nous délaissons le croquignolet funiculaire et grimpons à pied, sous un soleil radieux, jusqu’au quartier du château. Je tombe même le blouson. On ne se lasse pas de la vue depuis le bastion des pêcheurs.

    En redescendant, nous retraversons, toujours à pied, le pont des chaînes et poussons jusqu’à la synagogue, qui marque le début du quartier juif. Il est temps de faire une pause gourmande car nous n’avons pas déjeuné. J’entraîne Esperanza dans le décor chicissime du Café New York. Pas donné pour Budapest mais très correct par rapport à la même chose à Paris : environ 12€ pour un chocolat chaud – dans mon souvenir beaucoup plus épais et puissant en chocolat- et une pâtisserie. Pour moi, un cheesecake accompagné d’une savoureuse compotée d’abricots, histoire de compenser le chocolat, pour elle, un gâteau au chocolat qu’elle a eu bien du mal à digérer.  Ensuite, direction les bains turcs Kiraly, une des traces de l'occupation ottomane, sur l’autre rive, pour notre trempette quotidienne dans l’eau chaude et bienfaisante. 2400 Ft, soit un peu plus de 8€, voilà le - modique - prix à payer pour plusieurs heures de paresse ...

    Le lendemain, après 43% de sommeil profond, départ pour le joli village serbe de Szentendre, à une quinzaine de kilomètres de la ville.

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    Le déjeuner se fera, comme d’habitude, au Dragon d’Or mais cette fois, pas question de me goinfrer et de passer des heures à digérer. Est-ce la conséquence de ma nouvelle hygiène alimentaire ? Je ne me régale pas du fameux foie poêlé à la Oroshaza et arrosé de cognac, trop gras dans sa tranche de lard (3900 Ft soit 13€, vous imaginez le prix d'un tel plat en France?). Les pommes de terre au fromage de brebis et les épinards à l'ail qui l'accompagnent sont savoureux. Esperanza, quand à elle, profite d’une des particularités de la Hongrie – plus grand pourvoyeur de foie gras – pour se taper un filet d’oie mariné, badigeonné de miel et grillé, saupoudré de graines de sésame, servi avec du chou rouge et de la purée de pommes de terre (3100 Ft soit 10€). Je réalise d'ailleurs en parcourant mes vieux billets sur Budapest que Boug' avait alors fait le même choix.

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    En revanche, la crêpe aux griottes et noix saupoudrée de sa chapelure à la cannelle et servie avec son coulis de pâte d’amandes chaud (qui en fait sont 2 crêpes, mon foie s'en souvient encore, maintenant je sais) et que j'ai donc la bonne idée de partager avec Esperanza, est toujours à se damner.

    Après la visite du musée du massepain, le retour en HEV est bien moins laborieux, en ce qui me concerne, que la dernière fois avec Boug’. Nous prenons le tramway jusqu’aux bains Gellert et je comprends pourquoi mon ami Igor peste contre l'augmentation des prix à Budapest. L'entrée aux Gellért a bien augmenté en 5 ans : 5100 Ft, soit 17€  contre 3000 Ft (10€) en 2008! Il y a d'autres changements aux Gellert, au grand dam de mes amis homos : quelques débordements expliquent sans doute que tous les bains y soient désormais mixtes. Ça leur pendait au nez, j'ai envie de dire. Je découvre donc une nouvelle salle, inconnue jusqu’alors. Gellert, un autre endroit, avec le café New York, trop cher, où je ne retournerai sûrement plus. D’ailleurs, je note qu’à la différence de mes précédents séjours, les personnes âgées, sans doute découragées par les prix, se font très rares dans les bains bondés de touristes. On y entend bien plus la langue de Molière que celle des locaux.

    Le soir, nous dînons au Hoppa restaurant, un fort sympathique resto où je mange la meilleure goulyash de ma vie (voir billet précédent).

    Le lendemain matin (51% de sommeil profond), copieux petit déjeuner à l’hôtel car aujourd’hui encore, pas de déjeuner. Nous allons à l’opéra, msieu-dames ! J’ai troqué le look naturel (chaussures plates et peau nue) contre des escarpins et une touche de maquillage. Peu avant 11 heures, nous entrons dans l’opéra de Budapest et nous installons devant « Madama Butterfly » (en VO dans le texte). Nous sommes très bien placées (merci Oh !) et mon amie semble émerveillée. Moi aussi, d'ailleurs, et je retiens mes larmes à plusieurs reprises devant le chagrin de Butterfly.

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    Il est 14h quand nous ressortons du majestueux hall. Notre goûter sera précoce aujourd’hui car ce soir, j’ai réservé dans un super resto et il ne s’agit pas de caler devant la nourriture. Nous entrons dans la pâtisserie Szamos, juste à côté de l’hôtel Corinthia, recommandée par mon ami Divyne, qui s’est récemment offert un appartement dans le quartier juif. Et c’est là que je décide de ne plus aller au café New York … La carte des pâtisseries est longue comme le bras et chacune coûte dans les 500 Ft (1€70). Je choisis une Szilvagomboc Torta (traduite par « Plum dumpling cake » : une génoise au chocolat et à la crème vanille, garnie de pruneaux et au milieu d’un pruneau en pâte d’amande. Quant au chocolat (670 Ft soit 2,25€), il surpasse, et de loin, celui du café New York car on vous sert un petit pot de chocolat pur, un pot de lait chaud et une coupe de crème fouettée, et à vous de doser … Un délice !

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    Nous nous en tirons pour moins de 5€ chacune … Et je repars avec 2 gâteaux, 1 Isler et 1 Barackos Aromszog. Je voulais les offrir mais il paraît que ça ne se garde pas plus de 2-3 jours alors j'en ai mangé un dimanche de retour chez moi et je me réserve le suivant pour demain ... (smiley). Dans la salle attenante, je découvre que la mélodie au piano ne provient pas d’un disque mais bien d’un musicien, penché sur son piano.

    budapest,szechenyi,rudas,kiraly,gellértVoici le moment de notre dernier bain, et ce sera aux Rudas, les bains préférés du pacha Buda Arslan qui les fit construire en 1550. Un ingénieux système permet de repérer rapidement les cabines libres (oui car au Rudas comme aux Kiraly, vous bénéficiez d'une cabine personnelle en bois qui vous évite de fourrer vos affaires pêle-mêle dans un casier). A l'entrée, on vous remet donc un bracelet en plastique muni d'un bip, vous le passez sur une borne et celle-ci vous affiche le numéro d'une cabine libre, que vous fermez et ouvrez avec le même bip. Les bains Rudas sont un bel endroit, plus beau que Kiraly. Et ce n’est pas Esperanza, qui s’est en prime offert gommage et massage par un superbe jeune homme tatoué juste ce qu’il faut pour faire frémir les dames, qui me contredira. « C’est mon anniversaire » a-t-elle répondu ! Imparable. Je suis donc allée oublier mon désespoir sur une des chaises longues de la salle de repos (voilà une chose bien agréable aux bains Rudas).

    Côté bains, mon tiercé gagnant est don : Szechenyi et Rudas. Il m’en reste quelques autres à tester, absents des guides touristiques car sans doute moins somptueux, où je pense débusquer les hongrois.

    Le soir, nous entrons au restaurant Rosé, une autre bonne adresse de mon pote Divyne qui habite tout à côté. Chaque soir, des musiciens y jouent de la musique « tzigane ». En fait, macaron « Guide du routard » oblige, l’endroit est très fréquenté par nos compatriotes et les musiciens jouent ce que vous voulez. Divyne réclame à distance « El concierto de Aranjuez » et j’en profite pour lui dédier mon verre de vin. Quant à moi, sous le charme des yeux noirs du violoniste, je choisis la mélodie du même titre. Et comme je vends la mèche, il joue aussi pour l’anniversaire d’Esperanza. Celle-ci, restant dans le thème de son weekend, opte pour un magret de canard aux noix et miel, accompagné d’une sauce aux fraises des bois et basilic, sur un lit de courgettes et carottes juste braisées.

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    De mon côté, je choisis un plat typiquement hongrois : un suprême de veau à la crème aigre et paprika, accompagné d'un dôme de pâtes maison (toujours mes spatzle bien aimées).

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    En dessert, nous faisons les gourmandes et prenons chacune une crêpe fourrée au cottage cheese et pêches, qui hélas baigne dans la crème pâtissière (z'aiment bien noyer les plats dans la sauce / crème, en Hongrie). Montant de l’addition : moins de 15€.

    Le lendemain, c'est la pire nuit, matérialisée en rouge sur mon appli. L'heure est grave : 39% de sommeil profond. Après un atterrissage mouvementé, je reste prostrée sur mon canapé, transie de froid. Et le soir, je plonge avec bonheur dans mon océan d'1m60 sur 2 mètres. Bilan : 82% de sommeil profond. Alors, elle est pas fantastique mon appli ? Mmmm ?

    En résumé, les amis, à Budapest, 2 impératifs pour vous remettre des kilomètres que vous parcourrez à travers la ville : les bains et le chocolat chaud ! Vous trouverez ici une liste de pâtisseries (en revanche, évitez Gerbeaud, soi-disant the place to be, surfait et cher).

    Au passage, ne ratez pas la vidéo d’accueil du site du restaurant Rosé, qui devrait définitivement vous convaincre d’aller faire un plongeon à Budapest : http://www.roserestaurant.hu/

  • Jour 5 : Szentendre et Budapest

    100_3914.JPGRéveillée à 6h45 après la meilleure nuit que j’aie passée depuis le début du voyage, je tourne dans mon lit pendant 30 minutes avant d’ouvrir mon ordinateur et de profiter de ce réveil matinal pour rédiger mes billets en retard. Je les publierai quand je pourrai car je ne capte pas de réseau internet dans l’appartement d’Igor.

    A 9h30, nos réveils sonnent. Le gâteau d’Egy est toujours aussi délicieux, trempé dans du café. Le ciel est maussade et nous nous glissons dans la frénésie des heures de pointe à Budapest. Nous traversons la place de Moscou et descendons vers le Danube jusqu’à la station de métro Batthyàny tér. Il pleut maintenant et nous regrettons d’avoir hésité et finalement renoncé à nous munir des jolis parapluies rouges que Boug’ a laissés sur la plage arrière. Là, voie 2, déjà trempées par la pluie, nous montons dans le HéV de 11h18 en direction de Szentendre et, n’en ayant pas eu le temps, achetons nos billets au contrôleur. Il y a 2 familles de français dans notre wagon. Le train s’ébranle et longe le Danube en direction du nord. Je reconnais l’hôtel Csaszar où j’ai séjourné avec Oh!91 , Igor et Yo à l’occasion du Nouvel An 2009 et je pointe du doigt le square où Oh ! a vécu. Après l'île Marguerite, nous passons à proximité du site Aquanicum. A Szentendre, je retrouve mon chemin sans peine sur les rues pavées. Les boutiques d’artisanat sont garnies, nous faisons une halte dans celle du musée du marzipan (massepain) avant de faire le tour du village.

    Peu avant 14h, après quelques détours qui nous permettent de nous perdre dans les rues escarpées, nous pénétrons dans le restaurant Arany Sárkány, une perle de la gastronomie hongroise recommandée par Oh!91 et dont la fermeture, lorsque nous étions venus ensemble visiter Szentendre, l’avait terriblement déçu. Le restaurant est occupé par des tablées d’Américaines fort maquillées. Le patron, M. Attila Máhr, auquel un des chefs officiant en cuisine ressemble comme 2 gouttes d’eau, et pour cause,  nous installe à une petite table et demande en quelle langue nous souhaitons nos menus. Voilà qui est fort pratique. La carte est particulièrement alléchante et les prix très corrects, on y trouve, outre un foie gras d’oie fumé aux pétales de rose, une soupe au yaourt et airelles et des menus « touriste » et « gourmet ». La cuisine est ouverte et de délicieux effluves de grillades nous chatouillent les narines tandis que les chefs s’activent, dirigé par Attila junior. Je choisis un Foie gras à la Orosháza, poêlé, arrosé au cognac et enveloppé dans une tranche de bacon, accompagné d’épinards à l’ail et d’un gratin dauphinois au fromage.

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    Boug’ se jette sur un Steak d’oie au miel, nappé d’une légère sauce au vin rouge, saupoudré de graines de sésame grillées et accompagné de chou rouge à la vapeur et d’une purée de pommes de terre.

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    Tout ça se fait couler dans le gosier avec un verre de vin, avant d’enchaîner sur une double crêpe fourrée aux griottes et noix, saupoudrée de cannelle et baignant dans une crème chaude au massepain. Le truc léger, qui te plombe les talons, même avec un verre de Tokaj …

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    Je somnole dans le train de retour et supplie Boug’ de m’autoriser à faire une sieste en rentrant.   

    Une heure de repos m’a fait du bien et je suis maintenant prête à partir à l’assaut du quartier du château, qui se trouve à 2 pas de la place de Moscou. Le quartier du château ne connaît pas l’effervescence que je lui ai vue lors de mon dernier séjour et la vue sur le Danube, du pont Marguerite à celui des chaînes, quoique moins dégagée en raison de la pluie, est toujours aussi saisissante.

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    Après une bonne heure à faire le tour du quartier, nous redescendons jusqu’aux quais que nous longeons jusqu’aux bains Rudas. Hélas, comme je le craignais, aujourd’hui est une journée réservée aux hommes. Nous traversons le pont Erzsébet et fuyant la circulation assourdissante, nous réfugions dans des rues parallèles autour du quartier de la synagogue. Nous en avons plein les pattes et avons dû parcourir plus de 6 kilomètres, sans compter la visite de Szentendre, le matin. Nous avons donc bien mérité un chocolat chaud au piment, surmonté de crème fouetté et accompagné d’un strudel que nous dégustons sous les magnifiques plafonds du café New York.  Ce sera notre dîner. Le retour se fait dans le tramway 4.

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    Le lendemain matin, avant d’attaquer les longues heures de route jusqu’à Râmnicu Vâlcea, en Roumanie, je profite d’un soleil radieux (enfin !) pour faire quelques foulées dans le parc Vérmezo, très plaisant. Nous quittons la place de Moscou à 10h et nous perdons dans Budapest, repassant devant le café New York et les bains Széchenyi, avant de trouver enfin l’accès à la M5, plus d’une heure plus tard …

  • Jour 4 : Budapest

    Il est 10 heures lorsque nous quittons l'hôtel Josepha. Il pleut toujours sur Salzburg. Sur le parking, la vieille dame nous a souhaité un bon voyage pour les 5 heures de trajet qui nous séparent encore de Budapest. Boug' prend le volant, sous une pluie battante, jusqu'à la frontière où nous nous munissons d'une nouvelle vignette, hongroise celle-là, d'accès aux autoroutes. A 8€ pour 10 jours, elle est bien moins chère que nos péages français. La conduite sous la pluie sur l'autoroute à 2 voies qui va de Salzburg à la frontière, dont une occupée par des poids lourds de tous les pays voisins, est pénible. A l'approche de la frontière austro-hongroise, on réalise à quel point nous nous trouvons à un carrefour de pays ; les panneaux indiquent non seulement les villes mais aussi les pays : H et Budapest pour la Hongrie, CZ et Praha (Prague) pour la république Tchèque, SK et Bratislava pour la Slovaquie. Les berlines allemandes ont été remplacées par des poids lourds roumains.

    Juste après la frontière, le déluge ininterrompu depuis notre départ de Salzburg a laissé la place à un soleil radieux qui éclabousse la campagne hongroise. « A croire qu'ils ont un microclimat de merde, en Autriche ! » s'exclame Boug'. Des camaïeux de verts tendres ont remplacé la végétation encore hivernale de l'Allemagne et des fleurs de métal géantes tournoient dans le ciel bleu.

    A l'approche de Budapest, la multiplication d'embranchements réveille ma nervosité. J'appréhende de trouver mon chemin jusqu'à la place de Moscou dans la circulation intense. Je remercie mentalement Igor d'avoir insisté pour me tracer l'itinéraire jusqu'à son appartement ! « Reste toujours à gauche et suis la direction de Margit Hid. Ne traverse surtout pas le Danube » m'a-t-il recommandé.

    Je gère bien l'entrée dans la ville mais prise dans le trafic, me plante et prends la direction de Petofi Hid. Avec l'aide de Boug', qui découvre que je peux très vite m'énerver, je parviens in extremis à faire demi-tour et reprendre la voie initiale et me retrouve presque par hasard sur la place de Moscou, que je reconnais puisque j'y suis déjà venue. Il ne me reste plus qu'à la contourner par la droite, je reconnais le boulevard où se trouve l'appartement d'Igor et  m'offre même le luxe d'une place quasiment sous ses fenêtres. Il est 16h10 lorsque nous introduisons les clés dans la porte d'entrée de l'immeuble, découvrons la magnifique cour intérieure baignée de soleil et enfin, ouvrons les doubles portes de l'appartement d'Igor qui m'appelle au même instant. J'avais annoncé une arrivée vers 16h et sa mère, à laquelle il avait recommandé d'être là vers 17h, n'est pas encore arrivée. « P'tain, trop fort, je suis plus à l'heure en me tapant 8 heures de trajet que quand je dois retrouver quelqu'un au coin de ma rue » dis-je à Boug'.   Déjà rôdée aux coutumes hongroises, Je lui tends une des paires de papoutches qui sont dans l'entrée. Quelques minutes plus tard, une clé tourne dans la serrure. C'est Egy, que nous connaissons toutes les 2.  Elle extirpe de son sac un paquet de café, des dosettes de lait et un tupperware contenant du gâteau marbré au chocolat et aux cerises griottes. Je ne sais dire que quelques mots en hongrois, «merci » que j'utilise donc abondamment, « oui » (yo, facile) et « bisou ». Nous communiquons donc du mieux que nous pouvons et principalement par signes. Après ce long trajet et la pause gourmande offerte par la douce Egy, je ne rêve que de me plonger dans uns des fameux bains de Budapest. Après nous avoir accompagnées pour changer un peu d'argent et acheter un carnet de tickets de transport en commun, elle nous embrasse et repart.

    Ici, un seul ticket permet toutes les correspondances entre bus, tramway et métro. Nous prenons le tramway 4 qui s'ébranle et traverse le Danube sur le pont Marguerite jusqu'à la place Oktogon, puis le métro en direction des bains Széchenyi. Boug' est émerveillée par le métro au charme suranné et prend des photos. Nous débouchons dans le par cet avant de rejoindre les bains, j'entraîne Boug' sur l'impressionnante place des Héros.

    Un peu avant 19h, nous pénétrons dans le beau bâtiment jaune des bains Széchenyi. Après une erreur d'aiguillage qui nous emmène dans les vestiaires des hommes (tout à fait involontaire, je le jure !), nous courons sur les dalles jusqu'au bassin extérieur dans lequel nous nous plongeons avec délice. C'est un réel bonheur de voir les yeux de Boug' briller comme ceux d'une enfant. Je propose de lui faire découvrir les bassins intérieurs. Un passage par la machine à palets de glace dont nous nous frottons vigoureusement le corps, une immersion dans le sauna - trop chaud - et nous voici testant les vertus relaxantes des bassins à 35, 37°C et tonifiantes de celui à 18°C. Il y a bien moins de monde que la dernière fois que je suis venue, pour le Nouvel An 2009 mais ça parle beaucoup français. Dans le bain à 36°C, le préféré de Boug', nous nous promettons d'investir dans un maillot de bain 2 pièces et papotons avec une septuagénaire lyonnaise accompagnée de son fils -un canon, le fiston - et ses petits-enfants. Elle conseille la visite du village de Szentendre, c'est justement le programme du lendemain. Il est un peu plus de 22 heures lorsque nous ressortons des bains. 3 heures à paresser et jouer dans la piscine à courant, à se faire masser les épaules et le dos par les jets du bassin extérieur. J'ai failli m'endormir à plusieurs reprises et me suis amusée en observant une jeune femme qui dodelinait de la tête et a même littéralement plongé le nez dans l'eau. Boug' s'est fait draguer mais sa myopie l'a empêchée d'apprécier à sa juste valeur le beau mâle qui tentait un rapprochement discret.  Je voulais écrire mon billet du jour mais vers minuit et malgré le café d'Egy, je m'écroule dans l'obscurité de ma chambre.

  • Le premier jour de l'année à Budapest

    J'émerge vers 11h, les yeux gonflés par une nuit courte et l'atmosphère enfumée de la boîte de la veille. Il neige vraiment cette fois, et un léger manteau blanc recouvre les abords de la piscine extérieure qui est fermée ce matin encore. Les jours fériés en Hongrie sont de vrais jours fériés. La veille, le 31, tous les commerces avaient fermé dès la mi-journée. J'avale l'habituel petit-déjeuner, mélange de brioche et salami fromage. Dans la salle fumeurs, notre nouveau voisin, polonais, est déjà à la bière. Il nous casse les oreilles en draguant bruyamment une jeune Croate.
    Aujourd'hui sera une journée pépère, jour férié oblige. Nous irons aux bains Széchenyi, les seuls ouverts, pour profiter une dernière fois du bonheur des bains fumants avant notre départ.
    Avant de rejoindre le bâtiment, Igor nous emmène sur la Place des Héros qui rend hommage aux personnages qui ont marqué l'histoire de la Hongrie. Au centre, le prince Arpad, chef des sept tribus magyars qui envahirent les Carpates en 895, et en arrière-plan, des colonnades  abritent les statues de personnages célèbres, dont Szent Istvan.

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    Nous entrons ensuite dans l'enceinte du fort Vajdahunyad qui fut construit pour l'exposition universelle et offre un bel échantillon de divers styles architecturaux. Manque le style sécessioniste, mais on y retrouve les styles gothiques, baroques et Renaissance.  A proximité, un lac gelé sert de patinoire en hiver. Nous nous promettons de nous offrir tous les deux un après-midi de déconnade sur des patins, de retour à Paris.
    Nous entrons aux baisn Széchenyi qui sont blindés de monde, on s'en doutait.

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    Pour nous réchauffer, on décide de manger un petit quelque chose, manque de pot la cafétéria nous sert du poulet et du riz froid, il n'y a plus de vin chaud, et je manque m'empoisonner en mangeant un dessert conseillé par Igor, à la chantilly et crème de marrons. Je fais remarquer à Igor que le goût est bizarre, il me dit "Oui, c'est parfumé au rhum", donc je continue, je fais goûter à Yo qui s'écrie "Comment tu peux bouffer un truc aussi dégueulasse?" et enfin, lorsqu'Igor plonge sa cuillère dans le sien, il manque vomir. La Chantilly est tournée, en fait. J'en ai mangé les trois quarts, manquerait plus que je me mette à vomir au milieu des bains mais la suite de la journée confirmera que j'ai un estomac à toute épreuve. Lorsqu' Igor veut s'essuyer la bouche avec une serviette, ses doigts passent à travers, il s'écrie "Merrrde ! Qu'est ce que c'est que ces serviettes de l'époque communiste ???" Nous partons dans une crise de fou-rire.

    Dans les bains, je retrouve les deux petits Italiens rencontrés la veille aux bains Gellért et leur fait faire le tour du propriétaire. Je retrouve aussi celui qu'Igor et moi avons surnommé "le requin". C'est dingue quand même, je l'ai vu tournoyer, seul, comme un fauve dans les mêmes bains il y a plusieurs jours, puis hier soir il chassait dans la boîte où nous étions, et le revoilà, cette fois-ci cramponnée à une nana. Ses efforts ont payé, visiblement. 

    Ça parle beaucoup français  - et italien - dans les bains. C'est incroyable le nombre de Français qu'on croise à Budapest, il paraît que la Hongrie est une des dernières destinations à la mode.

    Lorsque la nuit tombe, donnant une dimension tout à fait magique à ce lieu, je regarde les volutes de vapeur s'envoler dans le ciel bleu nuit et patauge avec Yo, en regrettant de devoir déjà partir.

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    Plus tard, j'abandonne les garçons. j'ai envie de profiter de ma dernière soirée dans la ville pour flâner seule. Le métro me dépose sur la place Vorosmarty, devant la pâtisserie Gerbeaud. Cette place a des allures de marché de Noel avec ses chalets en bois où on peut acheter à manger. Je me réchauffe avec un gobelet de vin chaud puis emprunte une rue animée mais rien d'intéressant, que des boutiques de fringues, je retourne sur la place, j'hésite à me taper un jarret grillé mais je n'ai pas très faim et me rabats sur un kürtös kalács, un cylindre de pâte cuit autour d'un moule en forme de rouleau à pâtisserie, et roulé dans du sucre à la cannelle. Ca réchauffe les doigts et c'est super bon.

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    Re-métro jusqu'à Oktogon, puis tramway, les rues sont désertes, c'est une atmosphère peu rassurante au premier abord que ces rues sombres et désertes, mais il y a peu de criminalité à Budapest, aux dires d'Igor. Je rejoins l'hôtel avec précaution car les pavés sont verglassés.

    C'était ma dernière soirée à Budapest. En 2009, je me souhaite d'y revenir, aux beaux jours cette fois. 

     

  • Au marché couvert de Budapest

    Pigs.JPGC'est le dernier jour de l'année.

    Les commerces ferment tôt, alors nous rejoignons vite le marché couvert pour y faire quelques emplettes.

    Au rez-de-chaussée, on trouve de la nourriture, principalement des étals de fruits et légumes, peu achalandés car on y trouve que des produits de saison, panais, pommes de terre, carottes, bananes, agrumes et paprikas, bien sûr. Des étals de viande exhibent des monceaux de saucisses, des quartiers de viande, des salamis mais aussi ... du foie gras. Des lobes frais, à 20 € le kilo environ, et des boîtes de foie gras. Saviez-vous que la Hongrie était le deuxième exportateur mondial de foie gras après la France ? Vous avez d'ailleurs peut-être , sans le savoir, déjà mangé du foie gras provenant de Hongrie et cuisiné dans notre Sud-Ouest.  Il y a aussi des étals de fruits secs et épices diverses, parmi elles le célèbre paprika, en collier, en poudre, en tube etc. et d'autres où l'on peut acheter de l'alcool, eau-de-vie, liqueurs de fruits et le célèbre vin Tokaji.

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    Au premier étage, ce sont des gargotes et des boutiques de souvenirs. Des poupées russes, des couteaux, les habituels gadgets à l'effigie de la Hongrie. Je croise un gamin qui mord dans une belle galette, ça a l'air appétissant, Igor me dit "Ah, ce sont des ... j'adorrrre !" alors je goûte, ce n'est pas sucré comme je le pensais, mais salé, il s'agit d'une galette de farine de pomme de terre frite nappée de sauce aigre et fromage. Pas terrible. Bon, j'ai voulu goûter, j'ai goûté ... Debout sur des coins de table, on se restaure en choisissant des poivrons charnus, du chou farci et d'autres choses qui ont l'air bien appétissantes. Le fast-food à la hongroise, c'est pas du Mc Do ! Jugez plutôt :

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    Il est temps de se réchauffer. Les bains Gellért sont les seuls ouverts aujourd'hui et il y a foule. Quand vous y entrez, il faut passer devant les cabines individuelles, aux portes oranges, et monter au premier étage, là où se trouvent les casiers. Il y a 2 bassins mixtes, un à 38 degrés et une piscine où on peut nager, et une partie non-mixte avec des saunas. Dans le bassin chaud, je rencontre deux Italiens de Milan. Ils sont là pour deux jours et je leur donne rendez-vous aux incontournables bains Széchenyi, le lendemain.

    Il est temps de déguster des pâtisseries au café New York. Un endroit somptueux. Nous commandons des chocolats chauds et pâtisseries, pour moi un cheese-cake aux fraises. Les pâtisseries hongroises sont réputées mais je ne suis pas friande de la crème. Sauf sur mon chocolat chaud à la canelle, qui est épais et parfumé, un délice !

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    Je comprends mieux pourquoi Igor s'énerve quand on lui sert un chocolat chaud en France ... Les liquides coupés à l'eau et offrant autant de cacao qu'un mauvais Nesquik qu'on nous sert en les appelant "chocolat chaud" ne méritent pas ce nom. Seuls le salon de thé Angelina, rue de Rivoli, et maintenant les Marroniers, dans le Marais, trouvent grâce à mes yeux. Il faudra vraiment que j'emmène Igor, et d'autres gourmand(e)s chez Angelina, à notre retour. Et puis, dans une boîte en fer-blanc, je conserve toujours précieusement le bâton de cacao ramené de Guyane par l'adorable et sémillant Tonnegrande ... 

    Le soir, vers 20h, nous entrons dans une auberge typique, les poutres en bois, les rideaux brodés et au mur, les photos des personnages célèbres qui y ont dîné, dont Mitterrand. Les musiciens tziganes prennent place.

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    A l'apéritif, un verre d'eau-de-vie. Ensuite, un filet de sandre sur une mousse d'épinards, fort savoureuse. Une soupe aux carottes et légumes, agrémentée d'un oeuf de caille. Puis un plat de viandes diverses et croquettes, servies avec du riz et de la purée. Un trou hongrois avec du sorbet au citron avant une crêpe à la crème. Une femme s'approche de nous et demande si nous sommes français. Elle s'appelle Sabine et vient de Stuttgart. Elle et son mari Dimitri, violoniste, jouent de la musique tzigane, du swing à la manière de Stéphane Grappelli. Ils viennent souvent au festival de Sammois-sur-Seine et nous parlons aussi de l'Allemagne. D'une table voisine, une voix s'élève. Parmi les convives se trouve une chanteuse d'opérette qui accompagne les musiciens sur "O sole mio".

    A minuit, les musiciens entonnent l'hymne hongrois. Embrassades puis nous filons en taxi jusqu'au Capella, une boîte au bord du Danube. Dehors, il fait -7 degrés mais je n'ai pas froid dans ma robe dos nu. Musique techno et fumée de cigarette, je ne m'éclate vraiment que quelques minutes sur House of Pain.

    Voilà, c'est fini, 2009 est là, et je crois que dorénavant, pour passer ce cap qui me pèse chaque année un peu plus, je fuierai systématiquement Paris.