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ça va plaire à igor

  • Jour 11 : En route pour Braşov, sur les traces de Dracula

    thumbnailCAMGU3AQ.jpgAujourd'hui, nous entreprenons un petit périple jusquà la ville de Braşov. La veille Sabin, notre guide pour la visite du musée du village, nous a indiqué notre trajet d'environ 200 kilomètres nous prendrait 2h30/3 heures et donné deux itinéraires : via Curtea de Arges ou via Pitesti.  Nous nous étonnons que l'une ou l'autre prennent le même temps, puisque Pitesti constitue clairement un détour, et comprendrons pourquoi une fois en route.

    Nous décidons d'emprunter la route nationale jusqu'à Curtea de Arges. Pas un poids lourd en vue, c'est la fête. Il fait 16°C, le soleil est radieux, les oiseaux gazouillent et très vite, droit devant nous, apparaissent les sommets enneigés des Carpates.

    Peu après Curtea de Arges, dans un virage sur la route de Câmpulung, je pile. La route est défoncée. Des nids de poule énormes, des trous, je dois zigzaguer et rouler au pas sur une bonne vingtaine de kilomètres. La Mégane cahote et souffre sur le bitume, sous le regard tranquille des chiens postés sur le bas-côté de la route. Je lance à Boug' « On aurait dû acheter des soutien-gorge de sport avant de venir en Roumanie ! » Les mains crispées sur le volant, je ne peux même pas admirer le paysage magnifique et les villages blottis en contrebas. Boug' mitraille depuis notre départ. Nous amorçons maintenant notre montée vers Campulung. Dans un virage, je profite d'une aire de stationnement pour m'arrêter et admirer le panorama.

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    Une vieille femme édentée qui vend ses produits sous une ombrelle s'approche de nous et entreprend de nous parler (en roumain). Elle désigne la ville en contrebas et répète « castel, castel ». Je lui fais comprendre que nous allons à Braşov. Elle pointe Boug' du doigt et demande « Mama ? ». « Elle croit que tu es ma mère », dis-je à Boug'. J'ai beau répéter « friend, », la femme n'en démord pas. « Soit je fais 20 ans, soit tu as pris un sérieux coup de vieux, ma biche », dis-je à Boug'. Nous repartons en rigolant et la vieille femme nous fait de grands signes d'au revoir.

    Nous sommes maintenant à presque 1300 mètres d'altitude et avons perdu plusieurs degrés depuis notre départ de Rm. Vâlcea. Nous traversons les villages de Fundata et Moieciu de Sus et sommes maintenant entourées de montagnes : à gauche, les monts Făgăraş, à droite le massif Bucegi.  

    Notre premier arrêt se fait à Bran où se trouve le château de ... Dracula. En chemin, munie d'un guide Roumanie-Moldavie que j'ai emprunté à ma bibliothèque municipale, Boug' m'a fait la lecture de la légende de Dracula. En fait, c'est un héros national, Vlad Ţepeş alias Vlad l'empaleur, prince de Valachie et ardent défenseur de sa principauté contre les attaques turques, qui aurait inspiré à Bram Stoker son roman sur le comte Dracula. Le nom de Draculea (fils du dragon) lui aurait été donné à titre honorifique, par son père. Vlad l'empaleur, à l'image de la société du 14ème siècle, particulièrement violente, faisait empaler ses prisonniers grecs et turcs sur un pieu, introduit dans l'anus, qui ressortait entre les épaules sans avoir touché aucun organe vital. L'agonie pouvait prendre jusqu'à 48 heures et la légende dit que Vlad aimait prendre ses repas à l'extérieur pour observer le supplice de ses victimes.

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    Le plus étonnant est que Stoker n'a jamais mis les pieds en Transylvanie et a écrit son roman à l'aide de livres. C'est d'ailleurs celui-ci qui a rendu le château célèbre et fait de Bran une ville ultra-touristique où nombre de gadgets à l'effigie du célèbre vampire sont vendus. On sent d'ailleurs très vite qu'ici les touristes sont des pigeons, sentiment que nous n'avons eu nulle part ailleurs. La moindre place de stationnement est payante, d'ailleurs à peine sommes-nous garées qu'un type se rue vers nous et semble mécontent que je ne veuille pas visiter le château et lui demande un ticket de stationnement pour une heure. Nous nous contentons de prendre des photos du pied du château car des gardiens barrent même l'accès au parc qui entoure le château. Prix de la visite 10 leu, ce qui est très cher, ici. Nous jetons un œil aux nombreuses boutiques de souvenirs et découvrons la spécialité du coin, le coajă, un fromage enveloppé dans de l'écorce.

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    En revenant à la voiture, alors que je m'apprête à dépasser une famille, j'avise le gamin qui bande son arc, prêt à décocher une flèche. Boug' essaie de me retenir. « Tant qu'il ne me la plante pas dans le cul, tout va bien ! » La famille éclate de rire. « Merde, des Français ! » me dis-je. Ce ne serait pas la première fois que je me ferais avoir, j'en ai quelques-unes comme ça à mon actif. En fait, non, ils ne sont pas français mais ont juste plus ou moins deviné la teneur de mes propos.  L'air est frais, il fait 11°C à Bran, soit 5 degrés de moins qu'à Rm. Vâlcea. Nous quittons vite la ville car après que Boug' m'ait mis l'eau à la bouche en me décrivant un chalet de montagne à une vingtaine de kilomètres de là, j'ai une dalle terrible. Et comme on sait, en Roumanie, mieux vaut mesurer les distances en temps plutôt qu'en nombre de kilomètres.

    Notre guide ne donne que peu d'indications sur l'adresse du restaurant, nous le cherchons donc d'abord à Răşnov avant que des habitants ne nous indiquent une route s'enfonçant en montagne. Après quelques kilomètres, j'arrête un garde-forestier, dubitative, mais il me fait des signes m'indiquant de continuer. En fait, la Coliba Haiducilor (cabane des Haïdouks)   se trouve au pied du téléphérique de la première station de ski roumaine, Poiana Braşov. C'est un chalet tout en bois absolument superbe, doté d'une grande terrasse. Nous entrons dans le chalet. J'ai rarement vu un restaurant plus chaleureux. Les murs de rondins sont couverts de peaux de bêtes, ours, renards et autres mammifères qui font la richesse de la faune transylvanienne. Des poteries, assiettes en céramique peinte, napperons brodés, guirlandes d'ail et d'épis de mais sont suspendus partout et un feu trône au milieu de l'immense pièce.  Les chaises sont recouvertes de peaux de mouton.

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    En revanche, nous sommes déçues par la nourriture. Si elle est bonne, elle est relativement chère et bien moins copieuse que ce à quoi nous sommes habituées ici. Le verre de vin rouge qui accompagne mon filet de sanglier est délicieux, comme tous les vins que j'ai bus en Roumanie, et les épaisses tranches de pain maison, servi chaud, un moment de doux réconfort. En revanche, quand la facture arrive, nous avalons notre salive car la carte de crédit n'est pas acceptée et il nous manque 4 leu. Nous découvrons ainsi que le prix indiqué l'est pour 100g de nourriture, détail que nous n'avions pas relevé, et que le pain est également payant. Le soir, Dana confirmera que cela est fréquent. Nous pouvons heureusement compléter par des euros.

    Nous pouvons maintenant poursuivre notre route jusqu'à l'ultime étape de cette journée : Braşov. Un jeune homme rencontré sur le site de la SPH, grand amateur de l'Europe de l'Est, m'en a dit le plus grand bien. Nous nous garons près du centre-ville et repérons sur notre guide, décidément très utile, le trajet jusqu'aux points d'intérêt. Fondée par les chevaliers Teutoniques au 13ème siècle, la ville de Braşov fut entourée de remparts destinés à la protéger des attaques des Tatars et Turcs. Nous remontons vers la ville en longeant ces remparts et repérons les Tours Blanches et Noires. Nous passons ensuite devant une étrange église sombre, c'est la Biserica Neagră (Eglise Noire) qui doit son nom à l'incendie de 1689 qui noircit sa façade. De là, nous rejoignons la Piaţa Sfatului où se dresse la Maison du Conseil, coiffée de la Tour des Trompettistes puis nous engageons dans la Strada Republicci, piétonne, et immortalisons la même scène.

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    Nous sommes ici en plein pays Saxon et l'architecture de la ville en est une parfaite représentation ; ici, pas de maisons roumaines mais des bâtisses imposantes et colorées. Après Bucarest, Braşov serait la deuxième ville la plus visitée du pays, nous la trouvons pourtant décevante. Et ce constat sera d'autant plus vif après la visite de Sibiu, le lendemain, sur la route du retour vers la France. Nous prenons toutefois plaisir à nous promener jusqu'à la porte Schei qui délimitait la ville, habitée par les Saxons, et maintenait les Roumains à l'extérieur de son enceinte, dans le quartier Schei. En route vers cette porte, j'avise, derrière des grilles, un très beau bâtiment qui est indiqué comme étant la synagogue. Elle n'a pourtant pas l'apparence de celles que j'ai pu voir jusque là.

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    Le contraste entre les maisons teutonnes, à l'intérieur de la ville, et les maisons roumaines, au-delà de la Poarta Schei, est saisissant. A droite se trouve la très jolie Poarta Ecaterinei, la seule datant de l'époque médiévale.

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    Il est 17 heures, nous devons reprendre la route pour passer notre dernière soirée avec Dana. Cette fois c'est Boug' qui s'y colle tandis que j'admire le paysage, tout en lui faisant, à mon tour, la lecture. A la sortie de Braşov, nous nous retrouvons derrière un véhicule crachant d'énormes nuages noirs. Impossible de le doubler dans les cols montagneux, Boug' trépigne derrière son volant "Il est en train de cramer son moteur, ce con !". Un peu plus bas, dans la vallée, des vaches errent sur le bord de la route. Tout à coup, je pose une question existentielle sur l'ours que j'ai failli bouffer le midi. Nous nous étranglons de rire et Boug' a mal aux abdos. "N'empêche, on a assuré jusqu'ici, on a pas écrasé un seul chien !" Boug' renchérit "Ouais, on n'a écrasé ni chien, ni mouton, ni vache, ni ours, pourtant l'ours, on aurait presque voulu, rien que pour vérifier ..."

    Nous décidons de prendre le second itinéraire jusqu'à Pitesţi car la carte routière de Boug' indique une route plus importante - et en meilleur état, on peut l'espérer -  que celle du matin. En route, Boug' me fait plaisir en s'arrêtant pour embarquer un auto-stoppeur. Ce n'est pas Brad Pitt mais le monsieur embaume le parfum dans son gilet de laine. Aucune chance de faire la conversation avec lui, je ne sais même pas où il va et me retourne régulièrement. A Campulung, il s'agite et après avoir refusé les billets qu'il nous tend (Dana nous apprendra le soir que l'auto-stop se pratique beaucoup en Roumanie et qu'il est normal de participer aux frais d'essence), il nous quitte en nous envoyant des baisers. Un peu plus loin, je repère un étrange convoi. « Stop, Boug' ! Photo ! ».

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    3 heures plus tard, à Pitesţi, nous prenons la direction de Rm Vâlcea. La route s'élargit soudain, nous nous retrouvons sur une quatre voies. « Mais .... C'est une autoroute ! » s'exclame Boug'. Malheureusement, avant même qu'elle ait pu prendre de l'élan, l'autoroute est déjà finie. Je scrute la carte routière ; en effet, c'était juste la fin de l'autoroute qui vient de Bucarest. La seule autoroute du pays, longue de 200 kms, dont Dana m'apprit que la réalisation de 5 kms prit 4 ans de travaux, ce qui fut une bonne source d'inspiration pour le caricaturiste roumain Mihai Stanescu.

    A 21h, Dana descend nous rejoindre. Ce soir, pour notre denière, Boug' et moi nous offrons la savoureuse Ciorba de Legume de la Casa Vâlceana.  Demain, c'est déjà le départ !

     

  • Un week-end culturel


    podcast

     

    Après une sortie difficile de la capitale, la Mégane dorée dont on m’a confié les clés file sur l’autoroute. J’ai emmené quelques CD, « Astor Piazolla Remixed », "Voyage en Tziagnie" et une compil « Porno Chic ».

    Sur la n°2, "Intentions" de Kevin Yost, que vous pouvez écouter ci-dessus (attention, mélodie hautement planante), le passager s'agite. "C'est exactement la musique que j'adorrre !" s'écrie, en roulant les "r", mon partenaire de danse préféré depuis le concert de Gotan Project auquel nous avions assisté ensemble, sur le lac d'Enghien les Bains.

    Quelques heures plus tard, lorsque nous pénétrons, transis de froid, dans la maison colorée chauffée au poêle, point de cris d’enfants. Ils dorment déjà. Du bon vin, un délicieux poulet fermier au cidre, décidément il cuisine  comme un chef. Je la refais. J’ai apprécié le vin, j’ai trouvé le poulet délicieusement parfumé, je pense que mon ami cuisine très bien.  Ca ne va pas être évident de tirer les leçons du test « Quel juge êtes-vous ? » …

    Samedi matin, une petite fille descend l’escalier en colimaçon. Je fais semblant de dormir sous mon sac de couchage et elle se dandine devant moi. J’ouvre un œil, elle m’embrasse. Peu de temps après, son petit blondinet de frère, hilare, se rue vers le salon transformé en dortoir. Je ne me lasse décidément pas de l’entendre m’appeler « Choufi ».

    Samedi soir, un spectacle de danse contemporaine d’Alain Patel, à l’Opéra de Lille : « Pitié ! » ou « La passion selon saint Matthieu » de J.S. Bach, réorchestré. J’ai été émue par les chanteurs et la musique, impressionnée par le travail des corps et leur expression. Je n’ai pas « adoré » mais j’ai trouvé ça intéressant.

    Le lendemain, retour sur Paris, juste à temps pour écouter un ami du Rainbow Symphony Orchestrajouer à l’espace des Blancs-Manteaux. J’ai retrouvé avec beaucoup de plaisir des suites de « Carmen », seul opéra que je possède dans ma collection de disques, ainsi que Gershwin et « Un Américain à Paris », qu’il composa après sa rencontre avec Ravel. J’écoutai souvent cette pièce dans le car qui m’emmenait le dimanche soir, à l’aube de l’adolescence, vers mon pensionnat à Baden-Baden.

    Après le concert, nous avons bu un vrai chocolat chaud dans un café voisin. Puis une autre halte à l’Imprévu Café, rue Quincampoix, pour un vin chaud entre filles, cette fois.