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les couilles de fiso

  • Fiso doudou

    Photo020.jpgA mon retour de Martinique, j'ai lancé des invitations, à la fois pour fêter mes nouveaux meubles, gracieusement réceptionnés par Iggy en mon absence, et faire goûter à mes amis quelques spécialités antillaises. C'est un petit rituel auquel je me plie avec beaucoup de plaisir. Le prochain voyage prévu, c'est le Maroc, tenez-vous prêts, mes chéris !

    Mes collègues avaient insisté : « Non, j’t’assure prends leur tête en photo quand tu leur feras goûter. Avant/après. » Ma boss m’avait même donné des conseils pour endormir leur méfiance : «Ils risquent de trouver ça louche. Dis leur que ta chef organise un concours photo « Le plaisir de manger » sur son blog »

    A la cantine, le midi, je les avais beaucoup faits rire en leur racontant le menu de mon dîner du soir. J’avais cuisiné jusqu’à minuit passé, la veille, coachée par Bibiche dans la réalisation de mon dombré crevettes. Il m’avait demandé de lui envoyer la photo de mon plat pour voir « si ça ressemble à quelque chose ». Visuellement, au moins, c’était concluant.

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    Même le dessert, un pastel de queso mexicain nappé de confiture de lait, moins risqué qu’un flan coco, était prêt. Et en entrée, outre un féroce avocat, le fameux produit mystère que j’avais évoqué ici. Mon plan était parfaitement orchestré. « Mais, et s’ils te demandent ce que c’est ? » Des rillettes de bœuf épicées.

    « Je donnerais cher pour voir leur tête après l’entrée quand tu vas leur annoncer ce qu’ils ont mangé ! » s’écria le petit nouveau.

    « T’es fou, je ne vais pas leur dire après l’entrée, ils seraient capables de refuser de manger quoi que ce soit d’autre, et en l’occurrence, si l’entrée est étonnante, il n’y a rien de suspect dans le reste du repas. Je leur dirai après le dessert. »

    « Je serais toi, j’attendrais 48 heures parce qu’ils risquent de tomber malades. C’est psychologique. » avait dit ma boss.

    On avait bien rigolé et échangé diverses conneries sur le sujet. « Moi j’en ai mangé au Honduras » avait dit un développeur. « Ca s’appelle des frivolités dans la région lyonnaise » avait ajouté le petit nouveau.

    « J’espère juste que je ne vais pas perdre mes potes » avais-je conclu.

    Le samedi, j’ai appelé ma petite sœur et lui ai raconté ma dernière connerie. Faut savoir que ma petite soeur, elle ne mange que des trucs absolument identifiés et encore ...« Fiso, c’est dégueulasse de leur faire bouffer un truc sans leur dire ce que c’est ! » « Mais non ! C’est psychologique, ptite ». « Après ça, tu seras pas emmerdée par des gens qui vont s’inviter à bouffer chez toi » conclut-elle.

    Le soir venu, j’ai tartiné mes toasts et planqué le bocal coupable tout en bas de mon frigo. Quand j’ai déposé les toasts sur la table basse, on m’a demandé ce que c’était. « Des rillettes de bœuf, mais faîtes gaffe, elles sont un peu pimentées ». Hervé a failli me cramer « Ah c’est ça la surprise ? »

    Oh!91 m’a jeté un regard mi-interrogateur, mi-inquiet mais quand j’ai répondu « Non, la surprise, c’est le dessert », il a mordu dans le carré de pain. « Alors vous trouvez ça comment ? » « C’est bon » ont-ils crié en chœur. C’est vrai que c’est savoureux, et bien pimenté. J’ai même dû refaire une assiette et j’ai embarqué Hervé dans la cuisine, pour le mettre dans le secret. Et comme promis, j’ai pris des photos, y compris de moi! Il ne manque que Yo mais tous pourront témoigner : il en a mangé aussi.

    Ici on sent une pointe de réticence :

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    Là on reconnaît la gourmande :

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    Le tee-shirt approprié pour cette soirée :

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    Journée à thème pour le provincial ! Après une découverte perplexe des sex toys du Passage du Désir :

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    Le mardi suivant, au bureau : « Alors ? Ta bouffe ? » « Ils ont beaucoup aimé ». « Tu leur as dit ? » « Ah non, j’ai un autre groupe qui vient samedi prochain, et ils se connaissent alors je ne veux pas me faire cramer ». Je souris en pensant à Igor, ce veinard, qui va avoir double portion.

    Le samedi suivant, ils sont beaucoup plus nombreux. Il y a Bibiche, que tous accueillent en criant « Ah c’est toi, le fameux Bibiche ! », accompagné de ses 2 ados et des 3 bouteilles de punch coco que j’ai dû abandonner en quittant la Martinique, Boug’, JM qui vient de fêter ses 15 ans de mariage avec sa douce et ravissante épouse, D. et F., mes voisins avec lesquels je partirai bientôt en week-end à Berlin, et R. collègue et ami de ma petite sœur, et lecteur assidu et silencieux de mon blog.

    Bibiche est dans la confidence depuis la Martinique. Au menu cette fois, toujours un féroce d’avocat et mes toasts mystère, puis un colombo de poulet accompagné de riz basmati et bananes plantain - j'ai manqué de temps pour faire le gratin de bananes initialement prévu -, pour terminer sur un gâteau de patates douces (ma fameuse recette réunionnaise).

    A l’apéro, quand j’apporte mes toasts pour accompagner le punch coco, Fifille s’écrie « Me dis pas que c’est ce que je crois que c’est ? »« Qu’est ce que tu crois que c’est, S. ? » demandé-je. « Des testicules de bœuf ». « Non non, pas du tout, ce sont des rillettes de bœuf pimentées ». Boug’ hésite et m’interroge du coin de l’oeil. C’est beau l’amitié et ce regard confiant qu’elle me jette avant de mordre, rassurée, dans le petit carré de pain pimenté. « Où est le problème si c’est bon ? » demande Bibiche en rigolant. « Ah non, j’aimerais pas manger des couilles de bœuf » s’écrie Boug’. « Moi non plus !» renchérit Iggy. Hypocrite !

    Bibiche ajoute « C'est un truc de bonhomme, les testicules de boeuf». Je me retiens difficilement de rire. L’assiette est vidée en un clin d'oeil et je confie un tartinage supplémentaire aux ados, hilares. Personne ne pourra dire que ce n’était pas bon …

    Et avant de retrouver P_o_L, je poste ce billet et leur envoie le lien. Courageuse mais pas téméraire, la Fiso ! Je ris déjà en imaginant la tête de Iggy et de Boug’. Elle dit souvent qu'avec moi, elle vit des choses étonnantes. A mon tour d'éprouver la force de leur amitié ... 

    Inspiration : Le blog Passion Culinaire de Minouchkah

    Photo-vignette : Les très belles roses oranges (ma couleur préférée) et le bouquet tropical offerts par Igor et D., hier.

  • Dans la peau d'un homme (3)

    Je ne me lasse plus du défi lancé par Zoridae : "écrire dans la peau de l'autre sexe", qui a déjà suscité de belles contributions.

    Après les versions drôle et lacrymale, et ayant promis de redresser la barre, voici de quoi prolonger un peu l'été ...

     

    Titre alternatif : Alors, c'est qui le patron ?"

    Attablé à la terrasse d'une brasserie parisienne, je recommence pour la troisième fois la lecture de cet article passionnant sur le narco-terrorisme mexicain, sans pouvoir m’y concentrer plus de cinq secondes. Je lis quelques mots, par automatisme, sans même les lier entre eux, et mes yeux furètent par-dessus le magazine, s’immobilisant dès qu’une silhouette féminine susceptible d’être la sienne entre dans mon champ de vision.

    Tout à l’heure, mon téléphone a sonné, j’ai décroché, fébrile, mais très vite irrité d’entendre la voix d’un ami pourtant cher, venu aux nouvelles fraîches de ces dernières semaines. J’essayais d’écourter la conversation, craignant qu’elle ne surgisse brusquement et me prenne au dépourvu, ou que je rate un appel d’elle, me disant qu’elle est en retard ou … qu’elle ne vient pas ! Cette dernière option, je n'ose l’imaginer, d’abord parce que d’après ce que j’ai lu d’elle, c’est une fille de parole, ensuite, parce que je serais amèrement déçu.

    Je n’en reviens toujours pas qu’elle ait accepté de me rencontrer. Pourtant, sur son blog, elle déclinait systématiquement  - en tout cas en public -, et avec courtoisie, toute tentative de rencontre visiblement motivée par des desseins autres qu’amicaux. Après quelques mails, elle avait pourtant accepté ce rendez-vous avec moi, queutard patenté, sans la moindre hésitation.

    Je n’avais qu’une vague idée de ce à quoi elle pouvait ressembler. Une paire d’yeux qui pouvaient très bien ne pas être la sienne. Un regard troublant, incisif, qui semblait fouiller au plus profond de ton âme.

    Ses écrits et les commentaires de ses lecteurs renvoyaient l’image d’une bonne vivante, gourmande et coquine. Et dans les nombreux mails que nous avions échangés, elle avait conforté cette impression.

    Soudain, un sourire fend la foule et s’avance vers moi. Mes yeux sont rivés à sa bouche, et les commissures de mes lèvres se redressent bêtement, sans pouvoir me détacher de ce sourire éblouissant, qui me capte et m’hypnotise. Quelle aura ! Cette créature doit être pour quelque chose dans la fonte des glaces !

    Elle se plante devant moi et m’apostrophe d’un « Jérôme, c’est bien toi ? ». Pendant qu’elle s’installe et commande une pinte - je l'aurais parié - en plaisantant avec le serveur, je la détaille discrètement. Elle paraît beaucoup plus jeune que son âge. Ses cheveux mi-longs ont la couleur chaude du miel. Sous la frange ébouriffée, les yeux verts sont auréolés de taches de rousseur. Elle porte un long pull moulant à manches courtes, gris et noir, qui pourrait être strict sans ce généreux décolleté carré qui offre une plongée magnifique sur ses seins dorés. Dernière touche de fantaisie, un gros bouton en plastique noir est posé à l’endroit où son cœur bat. Une infinie douceur et quelque chose d'enfantin se dégagent d'elle.

    Elle boit une gorgée de bière, se lèche lentement les lèvres - la garce - et plante son regard dans le mien. Sa moue s'est faite boudeuse, ses yeux arrogants, elle me toise et dit lentement "Tu n'as pas oublié notre deal ?"

    J'avale ma salive. Et bande magnifiquement.  Elle continue, avec un sourire désarmant d'innocence : "J'ai accepté qu'on se rencontre à la condition que tu fasses tout ce que je te dis, on est bien d'accord?".

    Je répond oui d'une voix soudain moins assurée.

    Elle ajoute "Si tu ne respectes pas notre accord, je te plante sur place". Et ajoute avec un sourire en coin, carnassier "J'en serais désolée, crois-moi, parce que tu es tout à fait mon type d'homme et que je suis sûre qu'on va bien s'amuser".

    Dans mon caleçon, ça s'agite furieusement. Elle se lève, et propose, mais c'est un ordre : "On y va ?"

    Nous sortons du restaurant, elle est toujours aussi détendue et salue chaleureusement le serveur qui la gratifie d'un "A bientôt princesse !" songeur.

    Tandis que nous marchons, elle ne dit pas un mot et regarde droit devant elle. Elle se tient très droite et marche d'un pas décidé, presque militaire. Ses talons claquent sur le sol et ses bras se balancent gracieusement le long de son corps. Elle est grande, mais je suis plus grand qu'elle, et mon regard glisse dans le creux profond entre ses seins généreux. Qu'il doit être bon de se presser dans cette chaude douceur ! Mes yeux descendent le long du dos, admirent sa croupe ferme et rebondie. J'imagine déjà mes mains impatientes effleurant à peine les bottes, remontant sa jupe courte et saisissant les globes charnus à pleine poignées avant de me perdre dans la chaleur de ses cuisses ouvertes.

    Elle s'arrête devant une entrée luxueuse, dans une rue calme, me précède et ouvre des portes. 

    Dans l'ascenseur à peine refermé, elle s'approche de moi et effleure mes lèvres du doigt, puis s'écarte, comme si elle hésitait. En souriant, comme rêveuse, elle fixe ma bouche, y glisse un index, l'explore doucement avant de coller ses lèvres aux miennes et de sucer doucement ma langue, pendant quelques secondes. L'ascenseur s'immobilise brutalement, elle soupire et s'écarte, j'ai le souffle coupé. 

    Arrivés chez elle, elle m'entraîne directement dans la chambre.

    Dans l'obscurité, une guirlande orangée est allumée, créant une pénombre sensuelle et parfaite. Je la prends dans mes bras mais elle se refuse et souffle : "Allonge-toi sur le lit".

    Je m'exécute. Le matelas est ferme, confortable. Elle se place à ma tête et relève mon pull, le faisant passer au-dessus de ma tête. J'en profite pour effleurer, l'air de rien, ses seins qui sont penchés sur moi. A travers la douceur de la laine angora, je sens ses tétons dressés. Le constat de son excitation redouble la mienne.

    Elle est maintenant agenouillée entre mes jambes et m'aide à me débarrasser de mon pantalon en tirant dessus. Nous rions. Elle glisse ses doigts entre le caleçon et ma peau, le baisse lentement, libérant ma queue qui se dresse vers elle. Appuyée sur ses bras tendus, elle se penche vers moi, caresse ma joue et m'embrasse goulûment en laissant échapper un gémissement de plaisir.

    Son souffle chaud remplit ma bouche, sa langue me fouille lentement, avec délectation, elle suce et mordille légèrement mes lèvres. Elle baisse la tête vers mon sexe et le fixe quelques instants, en silence. Elle sourit toujours. J'ai l'impression qu'elle n'a pas cessé de sourire un instant depuis notre rencontre. Je glisse ma main dans ses cheveux, incroyablement doux et fins, dans un geste qui se veut tendre. "Allonge toi", dit-elle, "j'ai envie de te prendre dans ma bouche tout de suite et que tu regardes le plaisir que j'y prend".

    Je m'appuie sur mes coudes, ne voulant pas perdre une miette de ce spectacle inespéré.

    La pièce est sombre mais je distingue son visage, bouleversé de désir, qui se penche vers mon ventre. Le coeur battant à tout rompre, je sens son souffle chaud contre ma queue, on dirait qu'elle la respire, bientôt quelque chose de chaud se presse sur la peau fine, elle dépose des baisers tout le long de ma verge, elle l'embrasse avec ferveur, la cajole, frotte son visage et sa joue veloutée contre le fourreau soyeux. Je meurs d'envie qu'elle la glisse entre ses lèvres mais elle fait durer l'attente, goûte sa douceur, d'abord du bout de sa langue pointue, puis la lèche avec gourmandise, m'arrachant des soupirs d'extase. Quand enfin, elle la gobe tout entière, l'enfonçant au plus profond de sa gorge, je lâche un cri de surprise tant le plaisir est fort.

    Elle me suce divinement pendant de longues minutes, alterne douceur et fermeté, la faisant sortir de sa bouche lentement avant de l'enfourner de nouveau, d'un coup. Visiblement, elle adore ça et, toute à son ressenti, les yeux fermés, y prend beaucoup de plaisir.

    Lorsqu'elle se redresse, je suis sans forces, vidé. Tandis que je reprends mes esprits, elle se lève et fouille un tiroir.

    "J'ai envie de te sentir contre moi, de te caresser", lui dis-je.

    "Pas encore", répond-elle. "C'est toi mon invité, laisse-moi le plaisir de t'en donner".

    Tandis qu'elle m'embrasse, elle déroule un foulard, qu'elle noue sur mes yeux. Je frissonne d'excitation et de peur mélangées. Et dire que je pensais avoir affaire à une femme friande d'être dominée !

    "Tu as froid?" demande-t-elle.

    "Un peu".

    "Allonge-toi sur le ventre", dit-elle.

    Dans mon dos, je sens quelque chose de doux et chaud, elle plaque ses seins contre moi, je sens sa chaleur brûlante et sa bouche sur ma nuque, qui mord le haut de mon dos et la rondeur des épaules, et je n'ai plus froid du tout. Elle est tendre et autoritaire à la fois, ça me bouleverse.

    Ma délicieuse amante laisse maintenant glisser sa bouche le long de ma colonne vertébrale, ses pouces pressent chaque vertèbre alternativement dans un massage relaxant. Maintenant, ses seins caressent mes fesses, sa bouche prend le relais, mordille et lèche les globes musclés, caresse le pli du sillon lentement, et l'imaginer à quatre pattes derrière moi redouble mon excitation.

    Quelque chose de mouillé glisse dans mon sillon et sur mon scrotum. C'est une sensation saisissante et troublante que cette fraîcheur soudaine sur mon corps brûlant de désir. Mes couilles se contractent dans un soubresaut avant que mon corps, comme libéré, se détende plus encore. Ma compagne de jeux caresse maintenant doucement, du doigt, la raie de mes fesses qui s'entrouvre sans résistance. Abasourdi, bandant comme un taureau, je la laisse explorer mon intimité, me décontractant lentement, toute volonté annihilée par les ondes de plaisir coupable qui se propagent dans mes reins.

    L'espace d'un instant, je réalise avec quelle facilité je l'ai laissée me soumettre. Ce n'était pas le scénario que j'avais imaginé, et dans mon plaisir, je souris en pensant que la vie est décidément pleine de surprises. Bandé, à sa merci, je n'ai pour tout repère que ses mains et sa bouche expertes sur mon corps, ses soupirs de plaisir et son souffle haletant, faisant écho aux miens. Comment aurais-je pu rêver un moment aussi délicieux ?

    Lorsqu'elle me sent vaincu, abandonné, désormais incapable de réfléchir, elle glisse de nouveau à mes pieds. Son doigt s'est retiré de moi et je sens maintenant quelque chose de dur se poser au creux de mes fesses. Quelque chose de dur et ... d'étrangement tiède. Ce n'est que lorsque je sens une peau fine et chaude coulisser contre moi que je panique, me retourne d'un bon, arrache le foulard et découvre, incrédule, planté sur ce corps si féminin, un sexe d'homme dressé !

    Je bafouille : "Mais, mais, qu'est ce que c'est que ça ???"

    "Oui, je suis transsexuelle, c'est un problème pour toi ?"

    [alors, les gars, je l'ai pas redressé la barre, même quelques minutes ?]

  • Dans la peau d'un homme (2)

    chausson.jpgIl a eu 5 ans en juin.

    Je ne l’ai même pas vu faire ses premiers pas, mon fils.

    15 bougies, déjà, qu'il a soufflées sans moi. Tout ce qu’il me reste de lui, c’est une photo dans un cadre qui trône sur le meuble de mon salon, sa blondeur, son sourire qui me déchire le cœur à chaque fois que je le regarde. Et une paire de chaussons, oubliée. C’était encore un bébé quand elle est partie.

     

    Quel con j’ai été ! Je n’ai pas vu les signes avant-coureurs de la catastrophe, le chèque de sa part du loyer qu’elle n’avait pas fait, le dernier mois, les cartons qui s’entassaient petit à petit dans l’appartement. Elle avait prétexté des affaires à renvoyer chez son frère, comment aurais-je pu imaginer qu’elle préparait son départ ? Ce n’est que le soir où un couple d’amis est venu dîner et s’est étonné : « Vous déménagez ou quoi ? » que j’ai compris. Trop tard.

    Un soir je suis rentré du travail, l’appartement était silencieux et vide. Disparus, le berceau, la poussette, le lit de sa fille, les vêtements. Je n’y croyais pas. J’ai appelé, elle était chez une amie, j’ai pensé qu’elle avait besoin de réfléchir et qu’elle allait revenir. Mais elle a sifflé entre ses dents « Tu ne reverras jamais ton fils, je te préviens. Si tu tentes quoi que ce soit pour le voir, je dirai que tu bosses au noir, je dirai même que tu me frappais ! » J’ai pleuré, j’étais abasourdi, anéanti, j’ai demandé « mais pourquoi ? », elle a raccroché.  

    Les semaines suivantes, j’ai vécu comme un zombie. Je passais mes soirées à regarder les photos de ce bonheur perdu, n'y croyant pas encore, et mes nuits à pleurer, recroquevillé sur moi-même. J'ai cru crever de ne plus sentir leur odeur, la douceur de la peau de mon fils, celle de ses cheveux à elle sous mes doigts. J’avais froid en plein été, le silence me rendait fou. Et la journée, j'affrontais la suspicion des autres, les questions auxquelles je n’avais aucune réponse, les accusations silencieuses « Quand même, si elle est partie, y’a une raison, non ? » Moi aussi, je me disais que c'était de ma faute, j'étais un mauvais père alors je n’ai plus vu personne, j’ai pensé me foutre en l’air, j’avais tout raté, un boulot de merde, 2 histoires d’amour, 2 enfants, 2 échecs.

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    Avec Alice, ça avait été un coup de foudre, un vrai. J’étais en vacances et l’avais rencontrée dans un parc. Elle était assise sur un banc, discutant avec une amie, et me jetait des coups d’œil appuyés. J’avais pris mon courage à deux mains, les avait abordées, elle m’avait tout de suite demandé si j’étais marié, on ne s’était plus quittés. Un mois plus tard, elle emménageait  chez moi avec sa fille.

    Au début, elle ne travaillait pas mais avec mon petit salaire, je ne pouvais pas assumer le loyer et subvenir aux besoins de mon premier fils, sa fille, et nous deux. Alors, je l’avais fait embaucher dans la boîte où je travaillais.

    Elle était si menue, une vraie poupée, toute fragile. Elle en avait bavé dans la vie, ne parlait plus à sa mère ni à son père. Transplantée, elle avait failli y passer à son premier accouchement. Elle voulait tout, très vite : se marier, acheter une maison, faire des enfants. Elle disait qu’elle avait peur de mourir. Moi, j’avais tellement souffert de ma première séparation que j’étais plus prudent et puis, une grossesse était risquée, je ne m’en serais jamais remis s’il lui était arrivé quelque chose.

    J'avais tellement souffert de devoir me battre pour la garde de mon premier fils, je me souvenais le bureau de la juge et elles deux qui semblaient liguées contre moi, j’avais eu l’impression de passer en jugement, c’est le cas de le dire. C’est dingue, des gens qui ne connaissent rien à ta vie et décident de t’autoriser à voir le fruit de tes entrailles 1 week-end sur 2, du samedi 13 heures au dimanche 20 heures. Et mon ex qui déposait une main courante dès que j’avais 5 minutes de retard !

    Mais je l’aimais tellement, Alice. Je lui avais tout raconté, la violence de mon ex, la seule fille avec laquelle j’en étais venu aux mains, elle piquait régulièrement des crises d’hystérie, m’insultait, me sautait dessus. Un soir, excédé, je lui avait collé une paire de baffes, pour la calmer. Bien sûr, elle avait déposé une main courante, j’avais eu beau expliquer qu’elle m’avait frappé, non, monsieur, vous devez garder votre sang-froid. J’étais resté pour mon fils, je me suis dit « T’as fait un gamin, tu assumes, mon vieux » et puis, je ne voulais pas faire comme mon père.

    Je ne l’avais pas connu, il avait abandonné ma mère alors qu’elle était enceinte de moi,  juste un mot sous la porte. Mais au bout de 6 ans, j’en avais eu marre des scènes devant le petit, il pleurait de plus en plus souvent, j’avais cessé de l’aimer, commencé à la tromper, elle aussi d’ailleurs, et je l’avais quittée.

    Ma mère avait accueilli la nouvelle de ma séparation d’un « Tu ne vas pas faire comme ton père, quand même ? », j’avais serré les dents, m’étais juré que la prochaine fois serait la bonne.

    Je n'avais rien caché à Alice mais après, en y repensant, j'aurais peut-être dû. Elle avait eu une drôle de réaction, m’avait dit « Si tu l’as trompée, elle, ça veut dire que tu me tromperas aussi ».

    Elle était très possessive, jalouse, soupçonneuse, avait sans cesse besoin que je la rassure. Elle me reprochait de ne pas vouloir m’engager avec elle, de ne pas lui donner de preuves d’amour. J’ai tenu trois ans, arguant qu’on avait le temps, et que c’était risqué pour elle, puis j'ai cédé et lui ai offert la plus belle des déclarations : un enfant.

    C’était dur, je bossais comme un dingue, trois boulots à la fois, je ne sortais plus, j’étais claqué, mais le soir, lorsqu’elle se réfugiait entre mes bras et posait sa tête contre mon torse, lorsque je caressais son corps gracile d’adolescente, j’étais le plus heureux des hommes.

    Et puis ce soir terrible où ma vie s’est écroulée, comme un château de cartes.

    Nous devions partir en vacances ensemble deux mois plus tard, j’avais insisté, viens, on va tout reprendre à zéro, mais elle avait refusé, il y avait de la haine dans sa voix, j’étais parti seul, ce furent les pires vacances de ma vie, partout des familles, des enfants insouciants, de l’amour, de la joie. Derrière mes lunettes de soleil, sur la plage, je pleurais en regardant les enfants faire des châteux de sable.

    Un soir, j’avais croisé un ancien copain de l’école, il faisait du sport à côté de chez moi, je m’étais inscrit avec lui, et le sport m’avait sorti du gouffre dans lequel je m’enfonçais. Je rencontrais de nouvelles têtes, commençait à peine à me faire à l’idée que je l’avais perdue pour de bon. A Noël, j’avais acheté des cadeaux pour les enfants et laissé un message sur son répondeur « J’ai acheté des cadeaux pour le petit, tu peux venir les chercher si tu veux ». Silence.

    Et puis, 3 semaines plus tard, elle est en larmes au bout du fil, veut qu’on recommence, qu’on quitte Paris. Dans quel état j’étais ce soir-là ! Cette voix que j’avais tant espérée entendre, elle prononçait de nouveau mon prénom, disait « nous ». J’avais tellement souffert, j’étais à la fois fou de joie et de peur, j’avais quand même trouvé la force de dire « Ok, je veux bien qu’on se revoie  mais je veux des réponses à mes questions ». Elle s’était braquée, m’avait répondu « Je vois bien que ça sert à rien » et m’avait raccroché au nez, de nouveau. Et je n’avais plus jamais eu de nouvelles.

    Rares sont les personnes qui comprennent pourquoi je ne me bats pas pour ce fils qui est mien. Je ne veux pas me retrouver sur le banc des accusés, de nouveau. Je ne le supporterai pas. Et puis, ce gamin, je ne suis rien pour lui. J’ai tout raté, ses premiers pas, ses premiers mots, je ne l’ai pas vu grandir. Il paraît qu’elle me fait passer pour mort. Et je débarquerais, du jour au lendemain, en lui demandant de m'appeler Papa ?

    Alors j’attends. Qu’il grandisse, qu’il essaie un jour, peut-être, de me retrouver. En espérant qu’il ne fasse pas comme moi qui n’ai jamais cherché la trace de mon propre père, acceptant la version de ma mère comme étant la vérité.  

    Il y a 3 ans, j’ai rencontré une fille. On était bien ensemble mais elle voulait un enfant, bien sûr. Elle avait prévenu "Si tu ne changes pas d'avis, je te quitterai", et elle est partie. Qu’on ne me parle plus d’enfant. A chaque fois, leur arrivée a signé la fin de mes histoires d'amour.

    Putain, si j’avais su, à 25 ans, que j’aurais cette vie-là, qu'à 35 ans je serais seul, et père de deux garçons que je ne vois pas, ou à peine ! Et dire qu’ado, j’ai critiqué ma mère qui avait eu 3 enfants de 3 hommes différents ! Je ne méritais pas ça. Je n’aspirais qu’à la stabilité, j'étais un homme loyal, bosseur. J’aurais tellement voulu être comme ma sœur. Elle a toujours été mon modèle, a tout réussi, ses études, sa vie amoureuse. Ca fait 15 ans qu'elle est avec son mec. Moi, j’ai tout foiré, les études, et ma vie.

    Alors aujourd’hui, quand on me demande si j’ai des enfants, je répond « Oui, un fils ». Personne ne remarque, à l'instant où je prononce ces mots, que mes yeux se mouillent.   

    Le petit ange blond sur la commode, c’est une épine que personne ne voit, plantée si profond dans ma chair qu’elle me fait saigner à chaque pas.  

    Père et fils.jpg

     

     (jé réitère l'expérience déjà tentée )

     

  • Dans la peau d'un homme

    865497160.jpgJ'aime bien parler des choses quand ce n'est pas ou plus "à la mode". Comme WajDi, j'avais renoncé à m'essayer à ce drôle d'exercice proposé par Zoridae. Pas facile de se mettre dans la peau d'un homme sans aligner les clichés. Une conversation franchement hilarante, il y a 2 jours, avec mes collègues masculins, m'a soudain donné l'inspiration nécessaire.

    Merci donc à L. et surtout à JN, ma muse inspiratrice, bien malgré lui. 

    J’ouvre les yeux sur une toile beige, à quelques dizaines de centimètres de moi.

    « Tiens, je ne suis pas dans ma toile de tente … »

    Sensation d'étouffement. Le soleil qui cogne au-dessus de moi ravive les odeurs mélées de corps et celle, caractéristique, des toiles de tentes neuves. Qu’est ce qu’il fait chaud !

    Je tourne la tête à droite et dans mon champ de vision,  un préservatif usagé. Sur mon flanc gauche, une présence chaude. Je remue les jambes, et le contact de mon sexe contre le drap me confirme que je suis à poil. Lentement, je jette un coup d’œil sur la gauche. Une masse de cheveux bruns d’où émerge le profil d’une femme et une épaule, nue. Grand moment de solitude. Qui est-elle ? Je fouille ma mémoire à la recherche du déroulé de la nuit passée. Je me souviens de l’arrivée en boîte avec mon pote Stéph’, des nombreuses bières au bar, des jolies filles, toutes plus sexys – et chaudes - les unes que les autres, de la piste de danse, de corps frôlés et d’odeurs mêlées de parfum et d’aisselles nues. Mais comment je me suis retrouvé dans la toile de tente de cette inconnue, avec laquelle visiblement j’ai baisé, aucune idée. Et merde !

    La chaleur, une barre au front qui confirme que j’ai bien trop bu hier soir, je referme les yeux. Concentre-toi, Loïc, t’as quand même pas pu baiser une nana sans en avoir le moindre souvenir ???

    A ma gauche, elle a bougé. Elle se redresse, me découvrant au passage mais je me garde bien de signaler que je suis réveillé. J’entends le zip de la toile de tente, elle est sortie. Ouf ! Mon soulagement n’est que de courte durée. Quand j’étends les bras, je sens autre chose, sur la gauche. Coup de tête paniqué. Merde ! Une deuxième !! Brune aussi, dos tourné. Oh, putain ! Avec laquelle j’ai baisé ? Les 2 ???

    Dehors, des bruits de casseroles, de l’eau. Je suis tétanisé. La brune allongée à ma gauche remue quelques instants, puis se lève aussi. Bruits de discussion dehors, et rire étouffés aussi. Bon, mon coco, va falloir y aller … D’autant plus que j’ai une méchante envie de pisser.

    Je retrouve mon caleçon en boule dans un coin de la tente. J’enfile mon jean tant bien que mal et mon tee-shirt. Lorsque je mets le nez à l’air libre, manquant de me vautrer dans l’ouverture étroite, elles sont là, debout, toutes 2 à me guetter avec un sourire amusé. Putain, mais c’est quoi ces monstres ??? Chacune d’elle fait deux fois ma carrure … !!!

    Je sens des gouttes de sueur perler à mon front.

    « Tu veux un café ? » me demande l’une d’entre elles. Je balbutie un « Oui, merci » étranglé.

    « Vas-y assieds toi ». Je pose la pointe de mes fesses sur un siège pliant de couleur verte. Surtout, fermer sa gueule, attendre et observer. En dire le moins possible, y’aura bien un signe à un moment ou un autre qui me dira avec laquelle j’ai couché. Pendant que la brune au débardeur kaki remplit un mug de café brûlant, je les détaille. Comment j’ai pu finir avec ces meufs, elles sont pas du tout mon genre ! On dirait des videurs de boîte de nuit. Grandes, toutes en muscles, un dos en V, des épaules de nageuses est-allemandes. La vache ! La deuxième me tend un paquet de pains au lait. "Laquelle, bordel ????" Je dois avoir l’air con, mais con !...

    « Alors, bien dormi ? » J'acquiesce et essaie de me détendre. Je ne sais rien, même pas leur prénom ! Le stress, putain, de se retrouver nez à nez avec une (deux?) nanas avec laquelle on a couché, et se rendre compte qu'on ne sait absolument rien d'elle.

    "Tu habites où" demande l'une. "Au camping municipal". "De Biscarosse ?" "Heu, non, de Mimizan ... pourquoi on est où, là ?" "Ben à Bisca." "Ah, ok .." 

    Et merde ! Comment je vais rentrer ? 

    La brune au top kaki passe à côté de moi et me caresse le bras au passage. Bon, ça doit être elle. 

    Elle susurre "Et tu fais quoi dans la vie?"

    C'est ça ma cocotte, continue à causer, ça meuble.

    "Je bosse dans la grande distribution, et vous ?"

    "Nous, on est profs de karaté"

    Je manque m'étrangler en avalant mon café de travers. Le palpitant qui s'emballe. Une peur irraissonnée s'empare de moi.

    Pas question, désormais, de dire "Ecoutez les filles, je ne sais pas laquelle d'entre vous j'ai sauté cette nuit, j'étais bourré, je ne me rapelle de rien, c'était une erreur monumentale, vous êtes pas du tout mon genre, chuis désolé, on oublie tout, ok ?" Je m'imagine déjà, latté comme jamais par 2 nanas rendues hystériques par le fait que je me fasse la belle après une nuit d'amour.  

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    J'ai pas intérêt à déconner, faut la jouer fine. Les pensées défilent à toute vitesse dans ma tête. Je touille mon café, tentant de me remettre les idées en place. Comment je vais faire pour me tirer sans déclencher un drame ? Bon, d'abord pisser parce qu'avec le cerveau embrumé plus la trique matinale, j'arrive plus à réfléchir. Je me dirige vers les toilettes du camping d'un pas traînant. Je vais appeler Stéph' qu'il vienne me tirer de ce cauchemar. Pourvu qu'il réponde ce con, parce que j'ai pas l'intention de faire la causette pendant des heures avec 2 ceintures noires ! 
    Je reviens vers les filles. Visiblement, elles ne se rendent compte de rien et continuent à discuter. 
    "Heu, je dois appeler mon pote, vous savez où il y a une cabine téléphonique ?"
    "Oui, à l'entrée du camping, tu prends la première allée à gauche, là."
    "Ok, bon ben je reviens."
    "Tu voudras un autre café ?"
    "Ouais, super !"
    Je m'éloigne vers la liberté. Au téléphone, Stéphane est mort de rire et me charrie "Ben, mon salaud, t'avais la patate hier soir !"
    "Ramène ton cul et vite, j'ai pas envie de faire un remake de Kill Bill, je t'attend devant la mairie".
    Je raccroche, et file en hâte, sans me retourner.
    Quand je suis arrivé au camping et que j'ai raconté ma mésaventure aux copains, aussi frais que moi, ils m'ont charrié. Moi je riais jaune et tout le reste du séjour, cet été-là, j'ai flippé de recroiser mes profs de karaté. La moindre paire de cheveux bruns se promenant à moins de 50 mètres de moi me donnait des sueurs froides. 
    Pour rien au monde, je ne voudrais revivre l'angoisse de ce réveil dans une toile de tente inconnue. Quand j'y repense, j'ai encore honte de ma lâcheté. J'étais jeune. C'est peut-être ce matin-là que j'ai décidé de ne jamais plus m'enfuir au petit matin.