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mamie coco c'est du gâteau

  • Mamie Coco et la politique

    Premier soir, je voulais inviter Mamie Coco au resto mais elle a refusé. « J’ai ach'té c’qui faut. Des bonnes choses ».

    Elle sort deux feuilletés au fromage passablement industriels et deux tranches de rôti d’une viande non identifiée qu’elle met dans des assiettes en plastique dur à la propreté très doûteuse (pour ne pas dire dégueulasses).

    Le premier soir, je n’ose pas faire la vaisselle avant de manger mais les jours suivants, je ne résiste pas. Tout est sale. Heureusement que l'ami qui devait m'accompagner n'est pas venu ... Les jours suivants, légèrement vexée, elle me fera inspecter casseroles et vaisselle avant de les utiliser. 

    Les bonnes choses, ce sont deux Paris-Brest. Ca tombe bien, je n'aime pas les gâteaux à la crème ...

    « Quand j’vais à Carrefour, j’m’en achète et je le mange dans ma voiture avant même d’être arrivée à la maison », confie-t-elle. Et après ça, elle se demande pourquoi elle a du cholestérol …

    Après le repas, elle regarde les infos tandis que je me charge de la vaisselle. Soudain, je l’entend brailler toute seule devant le poste de télé et tend l’oreille.

    « Tais-toi donc, toi ! Retourne chez ta potiche !».

    Je devine qu'elle parle à notre président et pique un fou-rire toute seule dans mes assiettes.

    Quelques minutes plus tard, je la rejoins et me plonge dans le programme télé (ben oui, ma grand-mère n’a pas encore d’ordi, c’est la dèche ).

    Elle me tire vite de ma lecture « J’l’aime bien, Barracuda ».

    Je fixe l’écran en me demandant de qui elle parle.

    Elle précise : « Si j’avais été américaine, j’aurais voté pour Barracuda ».

    Bon ben moi j’vais aller me coucher, je suis épuisée et j’ai mal au ventre à force de rire.

  • Mamie Coco et sa bagnole

    Ma grand-mère vient me chercher à la gare de Saintes. Dans le hall, elle fonce sur moi et prévient « Il pleut comme vache qui pisse et je suis garée très loin, ma p’tite ».

    Elle me donne les clés, c’était prévu que je conduise car elle a quand même 80 piges et la nuit est tombée.

    Elle cavale dans les rues, la jambe toujours aussi alerte.

    Je monte dans la voiture, met le contact, elle dit « Tout droit, je sais pas où qu'on va, fais demi-tour, on retourne vers la gare, je me reconnaîtrai ».

    J’obéis et fais quelques mètres avant de m’immobiliser brutalement.

    « Mamie, on est pas en sens interdit, là ? ». « Non, non». Je vois bien qu'elle ment et insiste. « On s’en fout, fonce jusqu’au bout, on croisera personne ». Je refuse et malgré qu’elle ronchonne, je repars dans l’autre sens.

    « Je sais pas où qu’on s’en va par là ! » prévient-elle. « C’est pas grave, on trouvera ». Et on trouve.

    Très vite, je réalise aussi que je ne vois pas, dans les rétros extérieurs, les voitures qui me suivent. « Mamie, ils sont mal orientés, tes rétros ». « M’en fous, j’les regarde jamais ». OK.

    Sur la route, elle me parle de Sarko et de « sa potiche ».

    « Elle est bonne qu’au lit, sa potiche, et encore ! »

      

     

    Elle me parle aussi de son pharmacien, très gentil au demeurant, qui est venu chez elle pour lui apporter ses médicaments (ma grand-mère creuse activement et depuis des années le trou de la Sécu).

    Il lui a dit : "Mme G., on va prier ensemble". Ma grand-mère a répondu " C'est pas la peine, j'fais mes prières toute seule". "Ouh la menteuse ! ", je la charrie. Elle glousse. "Ca fait longtemps que j'ai perdu ma place au paradis, l'bon Dieu y'm'connaît pas, on a pas été à l'école ensemble", conclut-elle.

    Ca fait pas une demi-heure que je suis avec elle et je suis déjà pliée de rire.

    La voiture garée dans son hangar, j’éteins tout et la surprend en train de trifouiller la serrure du coffre. « Qu’est ce que tu fais, mamie ? » « Je comprends pas, j’arrive plus à ouvrir le coffre ». « C’est normal, ce sont les clés de ta maison que tu as dans la main … les clés de la bagnole, c’est moi qui les ai … ».

     

    Y’a une époque où ma grand-mère était bien connue des « hirondelles », comme elle les appelle. Maintenant, ils ne l’arrêtent même plus…