En février dernier, Boug' avait organisé un brunch dominical au restaurant du très classe Terrass Hôtel à Montmartre.
La dizaine de convives, très majoritairement féminines (détail mentionné uniquement pour attirer quelques hommes à la prochaine session) avait été enchantée tant par la qualité des produits que par l'élégance du lieu et la courtoisie du service. Pour 25€, le Diapason proposait alors, à volonté, un buffet copieux et raffiné faisant la part belle aux produits bios, où à côté des traditionnelles viennoiseries, céréales et produits laitiers, on trouvait notamment du jus d'oranges pressées, charcuteries et fromages fins, financiers et autres mignardises. Le buffet était complété par un plat chaud. Dans la salle, on trouvait tout à la fois des tablées familiales, amicales ou amoureuses.
Après le brunch, nous étions montés sur la très belle terrasse de l'hôtel, nous promettant d'y revenir aux beaux jours.
Nous guettions avec impatience l'occasion de revenir nous régaler au Diapason et comme souvent, c'est la venue de Gicerilla qui nous l'offrit. Boug', pourtant initiatrice de ce nouveau rendez-vous, fut empêchée et c'est donc en compagnie des fidèles Petite Française et Wildcat, ma petite lurker italienne, ainsi que de Gi flanquée de 4 de ses amies, que nous avons réitéré l'expérience.
Une table en terrasse nous a été refusée car celle-ci est "réservée pour la Fête des Mères". Pas droit à la terrasse donc mais on nous annonce une majoration de 5€ "Spécial Fêtes des Mères". Et ne croyez pas qu'une rose ou autre attention nous attendait. Tu paies juste plus cher pour la même chose (du moins le croyais-je encore). Sympa, la Fêtes des Mères, au Diapason, non ?
Après la Saint-Valentin, je vais donc inscrire la journée de la Fête des Mères dans mon calendrier des jours où je fuis les restaurants.
Le serveur vient prendre notre commande. La table compte 3 jeunes femmes souffrant d'allergies alimentaires et celles-ci s'enquièrent auprès du monsieur de la composition des plats. Dès que celui-ci entend le mot « allergie », il lève un sourcil et décoche un regard noir à la jeune femme, à un tel point que celle-ci s'en offusque. Il prend toutes les commandes, passablement agacé, et part en concluant « Ah, je comprends pourquoi vous êtes célibataires, vous avez toutes des problèmes ! ».
A ce moment-là, on aurait dû lui planter sa table, à ce goujat, et se casser, mais trouver une table pour 8 un dimanche dans ce quartier aurait relevé de l'exploit. D'abord, déjeuner entre femmes ne signifie pas qu'on soit vieille fille. Ensuite, le Diapason devrait s'y mettre, justement, au diapason, car les intolérances alimentaires sont en constante augmentation dans nos sociétés occidentales.
Je pressens déjà que ce sera ma dernière fois au Diapason. Une des jeunes allergiques en profite pour nous recommander un brunch sans gluten délicieux dans un restaurant de la rue Lepic, "Des Si & des Mets", qui a séduit ses amies « diversivores ».
Après quelques minutes, les plats sont là et ils sont aussi maussades que notre serveur. Le riz cantonais qui accompagne mon filet de poisson est une bouillie compacte (la jeune femme qui recueillera nos doléances à la fin du repas confirmera que les cuisiniers se sont trompés et ont utilisé un riz à risotto). La jeune allergique au gluten écope de petits pois en boîte et celle qui, allergique aux plantes de la famille des Alliacées, a demandé un hamburger sans oignons se voit servir un hamburger ...aux oignons. Heureusement qu'elle a vérifié avant de mordre dedans, on a frôlé l'intervention des pompiers.
C'en est trop pour notre serveur qui décide de nous abandonner et nous confie à un collègue beaucoup plus souriant et sympathique. Aucune de nous ne se régale. Cette fois, c'est décidé, nous ne reviendrons plus. Nous faisons un tour au buffet en quête de douceurs. La même pâte est utilisée sous toutes ses formes : financiers, muffins, cakes. Il n'y a plus de macarons. Une envie de fruits frais ? Oubliez, ils sont tous tachés.
A la table voisine, j'entends des femmes se plaindre de la non-qualité de la bouffe, puisque c'est bien de cela qu'il s'agit.
L'addition nous est amenée par une charmante jeune femme, accompagnée d'un questionnaire de satisfaction. Quelle bonne idée ! Me voyant, munie d'un stylo, tirer la langue en me demandant par quoi je vais commencer, elle demande si tout s'est bien passé et écoute nos jérémiades pendant de longues minutes. « Nous avons eu beaucoup de retours négatifs, aujourd'hui », confirme-t-elle. « Laissez votre e-mail, on vous contactera ». On ne m'a pas contactée et quand bien même, je doute qu''une prestation aussi piètre se rattrape.
C'était le Diapason, ou comment en moins d'1 an d'ouverture, on passe de délicieux à dégueulasse.