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soleil

  • Eloge de la paresse


    La lumière du jour, le souffle léger du vent contre la moustiquaire et le chant des oiseaux me réveillent. La maison est silencieuse. Sur un plateau, quelques tartines, un mug de café fort, je file à l'arrière de la longue maison, finir ma nuit près de la piscine.

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    Chaque matin, le même délicieux rituel et la caresse, chaude comme celle d'un amant, du soleil sur ma peau nue qui brunit chaque jour un peu plus. Le clapotis de l'eau berce mes rêves de mains d'homme. Je ne sais plus si les frissons qui parcourent mon épiderme sont provoqués par le vent timide ou le souffle brûlant d'une bouche impérieuse. J'ouvre les yeux. Symphonie de vert, celui de palmiers majestueux, bleu de la piscine et blanc des dalles brûlantes. Sur le dos, les bras relevés, je sens la brise délicieuse caresser doucement l'intérieur de mes cuisses, mes aisselles musquées et chaque parcelle de ma peau offerte. Sur mon corps alangui, terrassé par la chaleur, les fleurs rouges déploient leurs fins pétales et exhalent, impudiques, leurs arômes les plus intimes.

    Mon pied bruni s'est posé sur la dalle rugueuse. Penchée en avant, les orteils aggripés au rebord, je savoure l'instant ou mon corps brûlant pénètrera les reflets turquoise de l'onde fraîche. D'abord la pulpe des doigts, les bras puis la tête, la pointe des seins, tout le corps et enfin mes orteils laqués. Quelques brassées vigoureuses dans les profondeurs et puis, cet immense et bruyant souffle de vie, aspirer une goulée d'air et jaillir de l'eau. Nager sur le dos, le ventre, longer le fond du bassin, et plonger une fois, dix fois, et éclater de rire comme une enfant. Je suis une sauvageonne qui a retrouvé son père et sa mère, les éléments qui l'ont vue naître et ont accompagné ses premiers pas, sur une île du Pacifique. L'eau, le soleil. Je suis échouée sur une île de sensualité. Je revis sous leurs caresses, mon corps sort de sa léthargie et caresse à son tour l'eau, le vent, la terre, les fleurs. Mon nez s'emplit de l'odeur du sel, du sucre des frangipaniers, de la délicatesse du jasmin, de l'odeur sauvage de l'herbe. Mes mains errent sur les douceurs de ma peau dorée, palpent ses contours moelleux. Mes doigts savourent la tension d'un muscle, suivent le creux de la clavicule, s'immiscent dans la chaleur du nombril. Silence. Plaisir. Soupirs.

    Aux heures les plus chaudes, je me réfugie dans l'ombre ou je m'endors, abandonnée à la caresse du vent. Seul le soleil me dit le temps qui passe. Je ne sais plus quel jour, quelle heure. On ne m'attend nulle part et je n'attend personne.

    Cet après-midi, ce soir, cette nuit, sous la lune pleine, dans la lueur turquoise de la piscine et des lumières vertes du jardin, dans le silence juste troublé par la clameur des grillons, je plongerai encore et encore ...

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  • Dis, quand ?


    Le soleil allumeur n’a pas tenu ses promesses.

    Après m’avoir lancé des œillades, l’effronté

    A caressé ma peau de sa plume dorée.

    Aiguisées, mes ardeurs ont fait des étincelles

    Sous l’œil du pyromane, mon corps s’est embrasé.

     

    L’horizon prometteur, que j’ai scruté sans cesse,

    De nuages maussades, doucement se voilait

    Mais parfois, ça et là, il réapparaissait

    Et teintait mes fantasmes de couleurs aquarelles

    Me laissant, au matin, toute ébullitionnée.

     

    Après ces quelques heures où, le cœur en liesse

    Et battant la chamade, nous nous sommes goûtés,

    J’ai langui, attendant le jour cent fois rêvé,

    Où se déverserait, dans mon corps, comme un miel

    Précieux et abondant, sa chaleur apaisée.  

     

    Le voilà déserteur, quelle indélicatesse !

    Notre folle escapade, plusieurs fois ajournée,

    Comme un vin éventé, a perdu des degrés,

    Et si, à son souvenir, je demeurais fidèle, 

    Une apathie déçue a remplacé l'ivresse.

     

    Parfois, l’astre joueur, avec délicatesse,

    Poudre de rose tendre l’immensité d’acier

    Accroche des brins de paille aux mèches argentées,

    Et tente d'éblouir l'amoureuse irréelle

    Qui déjà, tristement, n'attend plus son aimé.

     

    Elle a, à contrecoeur, dû revoir à la baisse

    Ses rêves d'étreintes folles et de baisers happés

    Et ce corps qu'elle voulait, devant lui, dénuder,

    S'est offert à un autre qui défait les dentelles

    Mais ne réveille pas le brasier étouffé.