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San Juan de Dios et une soirée flamenca a la Peña La Platería

Après le rituel de la sieste quotidienne, je profite de la voiture de B. pour descendre en ville. Il me dépose sur la avenida de la Constitucion.

Ma première étape est l'église baroque San Juan de Dios, fortement recommandée par B. Je m'acquitte de 4€ de droits de visite auprès d'un jeune homme qui joue à des jeux vidéo aux bruits quelque peu incongrus en un tel lieu. Dans l'église, il y a 3 personnes, un couple et ce qui semble être un guide. Après quelques instants, celui-ci me propose de monter avec eux dans el camarin. Là-haut, au dessus de l'autel, c'est du clinquant haut de gamme, du doré bien jaune, sol en marbre et outre les restes du saint en question, des crânes enfermés dans des boîtes en verre. C'est beau mais c'est beurk !  

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Juste à côté de l'église, B. m'a indiqué un centre de soins qui cache derrnière sa façade de très jolies choses. Je passe une première fois, ralentit puis m'éloigne à la vue de barrières et de travaux. Mais quand même, ma curiosité l'emporte et je reviens sur mes pas.

Le garde me fait signe d'approcher, de passer sur la droite pour entrer dans l'Hospital Real. Un premier patio, en réfection, est planté de palmiers et orné d'une fontaine centrale, le deuxième, beaucoup plus joli est pavé de galets et plantés d'orangers. Il compte aussi une fontaine centrale et des murs ocres. Dans un coin, une infirmière fume une cigarette.

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Alors que je me dirige vers la rue, je croise le gardien qui demande si la visite m'a plu.

"Tu as vu les trois patios ?" demande-t-il. Nous discutons un moment, il m'explique que cet hopital est vieux de 400 ans, ce qui en fait le plus ancien hopital d'Espagne encore en activité et le deuxième plus ancien hopital d'Europe. Je retourne donc sur mes pas pour découvrir le troisième patio, envahi par une végétation luxuriante et sauvage.

A la sortie, je le salue puis emprunte la calle San Geronimo, puis la calle Angel Ganivet, au bout de laquelle on aperçoit les cimes enneigées de la Sierra Nevada. Je m'offre un chocolate doble bien épais et una tarta San Cecilio, tout en profitant de son réseau wifi, au café Futbol, une institution de Grenade.

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Puis je tente de visiter le centre Jose Guerrero mais il est fermé. Le jouxtant, je découvre l'ancienne madraza dont il ne reste plus qu'un salle. A l'étage, un homme m'invite à admirer le plafond de bois sculpté de la Sala de los Caballeros, juste avant qu'il ne la ferme pour abriter une conférence qui s'y tient. Sont vraiment sympas, ces Espagnols.

Après cette balade, je vais réserver ma soirée hamam de la veille de mon départ, juste à côté de la jolie église Santa Ana, puis je grimpe dans Albayzin jusqu'à la Peña Platería. De la cour pavée, on a une vue magnifique sur la Alhambra. Le patron me propose de dîner mais le restaurant est désert. Je grimpe encore jusqu'au restaurant Las Tomasas et me ravise. S'offrir un gastro avec vue panoramique sur la Alhambra, seule, c'est un peu dommage, quand même. Je vais plutôt aller boire en agréable compagnie, en attendant de revenir ici accompagnée.

En redescendant la placeta Toqueros, je croise un couple qui déchiffre le menu de la Peña. "Ca commence à 22:30" leur lancé-je.

"Je sais, me répond l'homme, nous voulions manger quelque chose mais ils ne servent que des plats pour deux". "Non, vous pouvez y aller, ils font aussi des portions pour une personne".

Il me demande d'où je suis et aussitôt, embraie dans un très bon français. V. est américain et traducteur, domicilié en France, où il a vécu dans le 18ème, et résident de Grenade. Sa compagne est suédoise. Nous convenons de nous retrouver pour un verre au début du spectacle.

Chez Fernando, il y a du monde ce soir.

"Lui et moi sommes les deux seuls Espagnols" dit-il en désignant un monsieur assis au comptoir, à côté duquel je me hisse.

Je commande un verre de Ribera, Fernando me sert un tapa de jamon sur une tartine badigeonnée de pulpe de tomate.
Mon voisin engage la conversation, il s'appelle Ricardo et vit tout à côté. "Ricardo corazon de leon" appuie Fernando en rigolant.

En discutant, Ricardo m'apprend que le sympathique gardien que j'ai rencontré à la Alhambra serait son neveu. Comme je  ne sais pas comment on dit faon en espagnol, je le décris comme ayant " les yeux de Bambi" ce qui fait partir Fernando dans un fou-rire.

"Como Bambi" répète-t-il en s'essuyant les yeux. Dans le bar, maintenant, il n'y a plus que les deux papis du coin, moi et Fernando. Ricardo propose de m'emmener boire des coups chez un de ses amis à Sacromonte. "Only you, here ? I don't understand !" repète-t-il d'un ton navré, entre deux rasades de whisky.
Je demande à Fernando ce qu'il me conseille sur la carte.

" Le veau en sauce, c'est moi qui l'ai fait, dit-il. Hecho con amor".

Et c'est vrai qu'il est super bon, son veau en sauce. "Et la tortilla de Sacromonte, c'est bon ?" demandé-je, intriguée par cette omelette aux couilles de taureau.

" C'est un plat pour les touristes, dit Fernando, en plus, ce ne sont pas des couilles de taureau, tout comme la queue de taureau à la carte des restaurants est de la queue de boeuf". Même le buey est de la vieille vache. Fernando se désole que les Espagnols boivent de la bière alors que le pays prouit de si bons vins. Vers 22h, je quitte le bar, escortée de Ricardo qui espère toujours me convaincre de laisser tomber le flamenco pour l'accompagner. Il a même exhibé sa carte de guardia civil pour attester de son honnêteté. Devant la pena, il argumente une dernière fois puis me claque deux bises et s'éloigne.

A l'intérieur du restaurant, maintenant très animé, V. et M. finissent leur dîner en se tenant la main. Je m'installe à leur table et nous faisons connaissance. V. regrette que les Français aient perdu leur fibre idéaliste et salue ma détermination à profiter de la vie, seule ou accompagnée.

Vers 22h30, nous traversons la cour et nous acquittions de 8€ pour nous asseoir dans une longue salle remplie de sièges (et de touristes, j'ai l'impression), face à une estrade au-dessus de laquelle trône une gigantesque toile d'une danseuse de flamenco brandissant une guitare.

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En sirotant un verre de sangria, offert avec l'entrée, nous écoutons les 2 guitaristes et le chanteur, accompagnés par les talons d'une belle andalouse au sourire carmin. A la sortie, je perds mes compagnons d'un soir et m'engouffre dans un taxi qui m'attend en bas de la rue.   

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