Après la journée de la veille, bien remplie, et un savoureux pionono imbibé de sirop de chez Pasteles, je m'offre une matinée à la maison, au soleil sur la terrasse, entre révision de l'espagnol, magazines féminins à la con et Salammbô en version bande dessinée. J'ai hâte de me taper un barbecue sur la terrasse de B., c'est moi qui vous le dis. Une vue pareille, ça fait rêver, non ?
Vers 17h, B. me dépose dans le barrio Figares, calle Manuel de Falla, dont je connais maintenant l'identité, grâce à lui.
"Tu vas aller faire du shopping sur Recogidas" me taquine-t-il. "Sûrement pas, je suis là pour me cultiver !" répliqué-je en m'éloignant.
Une heure plus tard, j'ai claqué 50€ de maquillage chez Kiko, marque de cosmétiques made in Milano. La faute de la vendeuse, elle n'avait qu'à pas être si jolie avec son rouge à lèvres vif. Du coup, j'ai voulu lui ressembler et j'ai acheté le même. J'ai bien flashé sur un top en soie à 10€ chez Zara, mais comme il ne restait qu'une taille S, et que ça me paraissait large, j'ai filé en cabine sans réussir à y passer ne serait ce que les épaules. Je me perds avec plaisir dans les rues du centre.
Purée, il est déjà 20h, j'ai intêrêt à tracer si je veux arriver avant la fermeture du centre José Guerrero !
Il y a du monde dans le cente d'art abstrait car on y inaugure, aujourd'hui même, une exposition sur Manuel Rivera. Je goûte peu ses oeuvres qui ressemblent à du grillage cloué sur une toile et file au dernier étage où je découvre avec un peu de déception quelques toiles seulement de José Guerrero. C'est de l'abstrait aussi et je n'en suis pas amatrice.
En revanche, les tapas de chez Poe, ça c'est du concret, me dis-je 30 minutes plus tard en m'attablant devant un verre de vin, dans ce bar intimiste à la déco mâtinée d'Afrique Noire, de la calle Paz. Les repas ne coûtent pas cher en Espagne. Il suffit de boire. Voilà un concept qui plairait à mes amis de La Comète. Un verre acheté, un tapa offert ! On te tend même la carte pour que tu fasses ton choix.
Chez Poe, je me déleste donc de 2,30€, le prix de mon verre de rouge - car j'ai décidé de ne plus boire de bière, en hommage à Fernando - et déguste un très bon ragoût de pollo en salsa de coco con polenta, servi dans un caquelon en terre cuite. Comme j'ai commencé à choper les us et coutumes espagnols ( "Tu as bien pris le rythme de la sieste, c'est bien", m'a dit B.), je change de bar et rejoins la plaza Pescaderia qui compte, fort logiquement, au moins 2 très bons restaurants de poissons. Cunini, plutôt chic, et Oliver, bordélique et bruyant. J'ai encore un peu de mal à supporter d'être seule dans cette incroyable convivialité espagnole, mais le cafard des deux premiers jours m'a définitivement quittée. Je me siffle donc un petit verre de blanc qu'on me sert avec un bocadillo de atun fort savoureux. D'excellente humeur, je m'offre en dessert une assiette de chipirones frits qui fondent dans la bouche.
La prochaine fois, j'essaie la cafeteria Alhambra, pensé-je en m'éloignant. D'ailleurs, c'est elle que j'indique au couple d'Espagnols (sic) qui m'arrête sur la plaza Bib-Rambla et me demande où prendre un verre et manger quelque chose.
Sur Gran Via, alors que j'attends que mon feu passe au vert (oui, oui, ça m'arrive), je vois passer le bus n°7, hésite, tape un sprint et m'installe face à une jeune fille aux ongles corail qui s'est visiblement aspergée de parfum.