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  • Balade dans le Rialejo

    Mon réveil me tire du sommeil à 10h. Je petit-déjeune en terminant Salammbô puis me fais une session nostalgie en écoutant un album de Wham ! sur lequel je chante. Un des ouvriers de B. monte même en croyant que c'est B. qui fait des vocalises. En fait, B., après un premier réveil, est retourné se coucher. Il se lève peu après et je lui raconte mon voyage au Maroc avec Yo pendant qu'il déjeune. J'ai prévu, au mois 5 comme on dit là-bas, de retourner dans le nord du Maroc pour séjourner à Tanger, Tetouan, Chefchaouen et peut-être même Meknès, que je n'ai vues que furtivement. J'aimerais commencer mon voyage ici, en Andalousie, mais cette fois sur sa côte Ouest, en aterrissant à Jerez, où j'ai travaillé mais peu flâné, et en allant surtout me perdre à Cadiz et alentours. De là, je suivrai la côte et prendrai un bateau pour Tanger. B. envisage même de m'y rejoindre et cela m'enchante.

    Vers 12h30, je descends à pied dans Albaicin, prenant des ruelles qui me sont maintenant familières. A certains angles de rues, il y a ces jolies plaques bleues et blanches qui signale leur nom, comme celle-ci "Cruz de arqueros". Je me perds - suivant les conseils de B mais avec beaucoup de zèle - dans le labyrinthe de Albaicin, tant et si bien que j'atterris non pas près de la Plaza Nueva, comme prévu, mais du côté de celle del Triunfo.

    De là, pour éviter la calle Elvira, sans intérêt, je monte et descends des escaliers, tourne à droite puis à gauche. Enfin, j'atteins la Caldaderia Vieja et entre dans la brasserie La Riviera, celle où nous avons mangé de roboratifs tapas samedi soir.

    Grenade, Andalousie, WajDi, Zarxas

    Après avoir dévoré montadito, brochette et salade et sifflé le verre que m'a offert le serveur, qui m'a reconnue, je prends la Santa Escolastica en direction du Realejo, l'ancien quartier juif de Grenade. Un bandeau lumineux affiche 24°C. Le quartier derrière les statues des rois catholiques est très sympa, les rues sont bordées de quantités de bars.

    Je me perds dans Damasqueros, où les terrasses au soleil sont prises d'assaut, longe la place Campo del Principe, remonte jusqu'à la plaza San Cecilio où, surplombée par le palace hotel Alhambra, se dresse la petite église de San Cecilio. Digestion aidant, j'ai un sérieux coup de barre et profite un long moment, sur ses marches, du soleil et d'une brise rafraîchissante. Les rues du Realejo sont désertes, on se croirait dans un village de campagne écrasé par la moiteur d'une après-midi d'été. Il y a bien deux touristes anglophones qui jaillissent d'on ne sait où, en shorts, et aussi ces deux jeunes, elle hurlant sur le porte-bagages de la bicyclette, dont je me demande bien comment ils arrivent sains et saufs en bas de la pente qu'ils dévalent à toute allure.

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    Après cette pause, je m'engage dans une jolie allée bordée de maisons magnifiques, signalée comme étant une impasse et qui s'avère être, en effet, une impasse, même pour les piétons.

    De là, je redescends sur la calle Molinos et tombe devant un bâtiment, voisin du théâtre Alhambra, qui me semble d'inspiration mauresque et arbore le mot Masagra sur sa façade. Il faudra que je demande à B. ce que ça peut être. Un peu plus loin, à gauche, le centre de lettres modernes se trouve lui aussi dans un ensemble architectural très élégant, en jaune safran et blanc.

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    Je descends la cuesta Molinos, débouche sur le paseo de la Bomba qui longe la rivière Genil et rejoins le Paseo del Salon. Là, je traverse la terrasse du restaurant Las Titas. J'aimerais bien me poser dans un café avec option wifi. Je dédaigne la terrasse du café Futbol, pourtant proche mais privée de soleil.

    Finalement, je traverse Puerta Real et déniche, près de la cathédrale, un salon de thé marocain où je tente, tant bien que mal, d'écrire mes billets en retard tout en discutant avec le serveur berbère et fort sympathique, originaire de Nador. Lorsque mon ordinateur s'éteint, à bout de batterie, je plie bagage. C'est l'heure des tapas.

    NB : J'ai demandé à B. : Masagra, c'est le siège départemental des services de l'eau.

  • Où courir à Grenade ? (c'est la reprise !)

    Ce matin, je me suis levée tard. J'ai déjeuné d'un café, de quelques tranches de pain et d'un bout de fromage. B. se lève encore plus tard, lui, mis K.O. par le café bu la veille.

    Nous discutons longtemps de religions, conversation très intéressante, comme toutes celles que j'ai eues jusqu'ici avec lui. Je m'incruste dans sa séance de jogging le long de la rivière. Il ne sera pas dit que j'aurai amené ma tenue de joggeuse pour rien, et si j'ai abandonné tout espoir de courir dans son quartier, beaucoup trop escarpé pour moi, je souhaite vraiment profiter du beau temps pour reprendre la course, que j'ai arrêtée il y a 4 mois. B. m'apprend que les étirements avant de courir, que je pratique depuis toujours, sont non seulement inutiles mais de surcroît, mauvais pour les muscles.

    Il se gare tout à côté de l'endroit où il m'a récupérée la veille, en route pour Malaga, et nous nous longeons la rivière en nous éloignant des terrasses où se prélassent les Granadinos.

    Très vite, après le quartier escarpé du Realejo, petit frère de l'Albaicin, d'où émergent de superbes demeures, on se trouve sur le paseo Fuente de la Bicha. Le chemin devient de terre, une végétation touffue de joncs remplace les élégants palmiers, B. s'élance, puis me distance. Je suis son tee-shirt rouge qui trotte à bonne allure et s'éloigne jusqu'à disparaitre. Le parcours, qui totalise 14 kms, est vraiment très agréable et fréquenté par les promeneurs, familles, joggeurs et cyclistes.

    Après le quartier du Realejo, que je parcourerai le lendemain, on longe à droite ceux de Bola de Oro, puis El Serrallo. Ensuite, après un court voisinage avec l'autoroute qui mène à la Sierra Nevada, le sentier s'enfonce à travers champs et les habitations se raréfient. Je demande l'heure à une femme, elle m'indique 18h40. J'ai dû courir une demie-heure, je m'arrête et marche tranquillement.

    Après 5 minutes, B. vient à ma rencontre, toujours courant. "On a commencé à quelle heure ?" lui demandé-je. "18h22" dit-il en s'éloignant. Zut, je n'ai donc couru que 20 minutes ? Je reprends la course, une petite dizaine de minutes, je pense, et le retrouve à sa voiture. C'était, pour moi, une petite séance mais la reprise est faite.

    Pour fêter ça, peut-être, ou juste pour terminer le weekend en beauté, B. débouche une bouteille de rosé de sa Provence natale, ouvre le bocal d'olives noires préparées par son maçon, tranche chistorra et chorizo, me sert une assiette de lentille aux poivrons qu'il a - très bien - cuisinées. Ensuite, nous mangeons un peu de fromage et finissons par un bol de fraises arrosées de citron - et de sucre - et une anone (la fameuse guanabana, version miniature).  

  • Shopping concret, art abstrait et chipirones

    Après la journée de la veille, bien remplie, et un savoureux pionono imbibé de sirop de chez Pasteles, je m'offre une matinée à la maison, au soleil sur la terrasse, entre révision de l'espagnol, magazines féminins à la con et Salammbô en version bande dessinée. J'ai hâte de me taper un barbecue sur la terrasse de B., c'est moi qui vous le dis. Une vue pareille, ça fait rêver, non ?

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    Vers 17h, B. me dépose dans le barrio Figares, calle Manuel de Falla, dont je connais maintenant l'identité, grâce à lui.

    "Tu vas aller faire du shopping sur Recogidas" me taquine-t-il. "Sûrement pas, je suis là pour me cultiver !" répliqué-je en m'éloignant.

    Une heure plus tard, j'ai claqué 50€ de maquillage chez Kiko, marque de cosmétiques made in Milano. La faute de la vendeuse, elle n'avait qu'à pas être si jolie avec son rouge à lèvres vif. Du coup, j'ai voulu lui ressembler et j'ai acheté le même. J'ai bien flashé sur un top en soie à 10€ chez Zara, mais comme il ne restait qu'une taille S, et que ça me paraissait large, j'ai filé en cabine sans réussir à y passer ne serait ce que les épaules. Je me perds avec plaisir dans les rues du centre.
    Purée, il est déjà 20h, j'ai intêrêt à tracer si je veux arriver avant la fermeture du centre José Guerrero !  

    Il y a du monde dans le cente d'art abstrait car on y inaugure, aujourd'hui même, une exposition sur Manuel Rivera. Je goûte peu ses oeuvres qui ressemblent à du grillage cloué sur une toile et file au dernier étage où je découvre avec un peu de déception quelques toiles seulement de José Guerrero. C'est de l'abstrait aussi et je n'en suis pas amatrice.

    En revanche, les tapas de chez Poe, ça c'est du concret, me dis-je 30 minutes plus tard en m'attablant devant un verre de vin, dans ce bar intimiste à la déco mâtinée d'Afrique Noire, de la calle Paz. Les repas ne coûtent pas cher en Espagne. Il suffit de boire. Voilà un concept qui plairait à mes amis de La Comète. Un verre acheté, un tapa offert ! On te tend même la carte pour que tu fasses ton choix.

    Chez Poe, je me déleste donc de 2,30€, le prix de mon verre de rouge  - car j'ai décidé de ne plus boire de bière, en hommage à Fernando - et déguste un très bon ragoût de pollo en salsa de coco con polenta, servi dans un caquelon en terre cuite. Comme j'ai commencé à choper les us et coutumes espagnols ( "Tu as bien pris le rythme de la sieste, c'est bien", m'a dit B.), je change de bar et rejoins la plaza Pescaderia qui compte, fort logiquement, au moins 2 très bons restaurants de poissons. Cunini, plutôt chic, et Oliver, bordélique et bruyant. J'ai encore un peu de mal à supporter d'être seule dans cette incroyable convivialité espagnole, mais le cafard des deux premiers jours m'a définitivement quittée. Je me siffle donc un petit verre de blanc qu'on me sert avec un bocadillo de atun fort savoureux. D'excellente humeur, je m'offre en dessert une assiette de chipirones frits qui fondent dans la bouche.

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    La prochaine fois, j'essaie la cafeteria Alhambra, pensé-je en m'éloignant. D'ailleurs, c'est elle que j'indique au couple d'Espagnols (sic) qui m'arrête sur la plaza Bib-Rambla et me demande où prendre un verre et manger quelque chose.
    Sur Gran Via, alors que j'attends que mon feu passe au vert (oui, oui, ça m'arrive), je vois passer le bus n°7, hésite, tape un sprint et m'installe face à une jeune fille aux ongles corail qui s'est visiblement aspergée de parfum. 

  • En Arles (1)

    Le week-end promettait d'être riche en émotions. Après une visite rapide de l’expo érotico-pornographique « L’Enfer de la Bibliothèque » - prolongée jusqu’au 30 mars-, je rejoignis mon ami O. à la gare de Lyon. Stress extrême jusqu’au moment du départ pour cause d’impossibilité de retirer nos billets aux bornes automatiques.

    Nous voilà donc condamnés à voyager debout dans le wagon bar avec la cohorte des resquilleurs. Heureusement un festin libanais que j’avais attrapé au vol nous réconforta grandement et nous permit d’engager la conversation avec nos compagnons d’infortune. Nous avons beaucoup ri et une demi-heure avant l’arrivée, entamé une course poursuite des plus cocasses avec les contrôleurs, qui nous a tenus en haleine jusqu’au moment où les portes se sont ouvertes sur le quai de la gare d’Avignon.

    Dans la foule, derrière notre solide gaillard landais que je n'appellerai plus désormais que Bi-O-Bi-Ouaille, tout rieur de nous retrouver après notre rencontre parisienne, deux yeux bleus magnifiques dans un écrin de cheveux noirs qui sautille de joie en nous apercevant. Ma luciole ! Embrassades, étreintes, éclats de voix et rires avant une mauresque bien méritée sur une place d'Avignon, celle là même que ma luciole évoque si souvent. Notre joie d’être ensemble résonne sur les pavés déserts de la place du Palais et nous regagnons Arles.

  • En Arles (2)

    Le lendemain matin, je m'attable devant un petit-déjeuner gargantuesque et retrouve la désormais célèbre confiture de citres. Tandis que je mords avec gourmandise dans les tartines, Bi-O-Bi-Ouaille me tend un paquet. Non pas un, mais deux beaux taureaux en chocolat !

    Nous filons au marché et flânons dans les effluves délicats d'olives, de savons et de fougasses à la fleur d'oranger. La ville, parée pour la feria, est en pleine effervescence. Je m'arrête devant chaque stand pour humer savons, lavande et produits locaux. La Camargue doit être, avec le Nord, une des dernières régions de France ou l'on mange du cheval. Je me suis promis de goûter à de la viande de taureau le soir même. Avant de rentrer à la maison, Boby nous emmène sur les bords du Rhône et nous raconte la tragédie du bombardement des Lions. De retour à la maison, après une visite du jardin de Boby, celui-ci m'invite à me pencher sur le généreux contenu d'une cocotte. "Je vous ai fait une gardianne de taureau", dit-il de sa belle voix de calisson. Je saute de joie tandis qu’il rosit de fierté. La viande est fondante à souhait et merveilleusement mise en valeur par un goûteux "Mas des Dames" si fruité que pour ma part, je l'aurais volontiers rebaptisé "Mât" des Dames.

    A 16h30, nous voici dans les magnifiques arènes d'Arles pour une corrida. Ma première. J'appréhende un peu, plutôt contre à priori mais j'aime me faire une opinion par moi-même. Nous sommes face au soleil et c'est bien agréable par le froid glacial qui règne. Je ne connais absolument rien à la culture de la corrida et écoute les commentaires passionnés des spectateurs tandis qu’Olivier et Boby, en aficionados, me décrivent les différentes étapes. Cette corrida m'a laissée à la fois déçue et soulagée. Déçue parce que j'imaginais une ambiance bien plus festive avec force « Olé ! », musique et foule déchaînée, et soulagée parce que je m'attendais à des mises à mort cruelles dans un bain de sang et qu'il n'y a rien eu de tout ça. Je n'ai trouvé la corrida ni belle ni horrible. 

    Nous avons ensuite erré parmi la foule joyeuse. La ville d’Arles est vraiment belle. Sur la place de la République, nous sommes entrés dans la chapelle Sainte-Anne qui accueillait une exposition des pastels de la série « Tauromachie » de Sergei Chepik. A la sortie, j’ai longuement admiré la façade restaurée de l’église Saint-Trophime puis nous avons rejoint la place du Forum où j’ai enfin vu le café de nuit rendu immortalisé par Van Gogh avant de m'attabler pour une paella. Dans les nombreuses bodegas, j’ai dansé avec O. sur des tubes kitchissimes des années disco. Tard dans la nuit, après quelques derniers pas de danse au son d’un concert live de Kassav’, nous surplombons l’immense site des ateliers SNCF jadis spécialisés dans la réparation des locomotives à vapeur avant de redescendre vers la maison de Bi-O-Bi-Ouaille.