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Mon Festival de l'Oh! 2013

Hier, après le départ de Boucles Rousses, je démarre la journée (vers 11h) devant mon ordinateur et un bon café. Aux alentours de 13h30,  alors que je me dis qu’il faudrait que je me mette en route pour le festival de l’Oh!, la bouille de ma petite Colombienne s’affiche sur mon téléphone.

« Sophie, qué haces ? » demande-t-elle.

Du coup, je lâche mon blog, saute sous la douche et la retrouve sur un quai de métro à 14h45. Vers 15h15, nous voilà sur le quai de Bercy. En attendant le prochain spectacle, à 16h30, nous allons déjeuner.

Cette année, le Danube a amené jusqu’à nous des spécialités allemandes, chouette ! Nous optons pour un Frankfurter menu et une belle wurst 100% boeuf (et oui!) couchée sur un lit d’oignons caramélisés et nappée d’une moutarde sucrée. En dessert, je choisis un strudel aux griottes et Paola s’aventure vers un gâteau au pavot dont la couleur lui fait croire à un gâteau au chocolat. En découvrant le nom du restaurant, je m’écrie : « Hey, le Stube ! Mais je vous connais ! Vous êtes rue de Richelieu, en face de l’Oustaou ! »

- Ah vous connaissez, dit-il, l’Oustaou, j’y étais encore hier soir … Sont sympas, hein, Chichi et Kamel ? »

Un peu que je connais Kamel et Chichi …

Paola et moi nous installons sur un guéridon avec notre menu et une Becks. Je traduis le terme pavot à Paola et enrichis mon vocabulaire espagnol : le pavot se dit amapola en espagnol.

Nous allons ensuite rendre une visite à un monsieur qui s'ennuie tout seul devant ses bouteilles d'eau sale. Il nous explique comment l’eau arrive jusqu’à nos foyers et est ensuite traitée avant d’être déversée dans la Seine.

Plus loin, supervisés par des pêcheurs chevronnés, des gamins sont plantés au bord de l’eau, canne à pêche dans les mains, gilet de sauvetage autour du cou, un peu gauches. L’AAPPMA Des Pêcheurs de Paris et de la Seine   propose une initiation à ce « sport ».

« Vous voulez essayer ? me demande un monsieur à la belle barbe blanche.

- Non merci, je racontais justement à mon amie que quand j’étais gamine, la pêche mon gonflait parce que je n’attrapais jamais aucun poisson. Il faut de la patience, que je n’ai pas ».

Le monsieur acquiesce et nous commençons à discuter de la pêche parisienne. Il confirme ce que j’ai déjà découvert sur le festival, à savoir que la Seine est bien moins polluée aujourd’hui qu’elle ne l’était au début du 20ème siècle. Il m’apprend même que l’on est passé de 10 espèces de poissons à 33 aujourd’hui.

« Et vous pêchez quoi dans la Seine ? 

- Des anguilles, des gardons, perches, brêmes, carpes et silures, entre autres .

- Des anguilles ? Je croyais que c’était un poisson de mer ? 

- Et bien, c’est le seul poisson amphihalin, c'est-à-dire qui vit à la fois en eau de mer et en eau douce ».

Et le gentil pêcheur de m’expliquer que les femelles se font coincer par les mâles en estuaire (et là, crac crac, dit-il) et qu’ensuite elles remontent les rivières avant de retourner à la mer.

[En faisant des recherches plus approfondies, j’apprends que les anguilles naissent toutes dans la mer des Sargasses, au sud de la Floride. Les larves traversent l’Atlantique et se transforment en civelles avant d’aborder les côtes européennes. C’est là que bon nombre d’entre elles finissent leur voyage dans les bodegas du nord de l’Espagne (les fameuses gulas dont le nord de l'Espagne est si friande). D'ailleurs je n’en mangerai plus, promis juré, car l’anguille est une espèce en voie de disparition. Et dire que j'en ai encore un bocal. Les survivantes, devenues anguilles jaunes, remontent les cours d’eau. Après une dizaine d’années, elles se métamorphosent en anguilles argentées et redescendent alors les cours d’eau pour refaire le chemin en sens inverse et aller se reproduire dans la mer des Sargasses.]

Le gentil pêcheur appelle un de ses copains pour qu’il nous montre sur son téléphone l’énorme carpe qu’il a pêchée et un hideux silure de près de 2 mètres. Je les fais rire quand je leur confie que j’ai peur de me baigner dans la Loire à cause des silures qui te chatouillent les orteils (dixit ma mère que ça fait rire). Ce qu’ils me racontent ne me rassure pas : «On les a vus gober des canards. D’ailleurs, on s’est déjà posé la question de ce qu’il se passerait si un bébé tombait à l’eau … ». Pour finir sur une note plus gaie, il raconte son plaisir de pêcher à Paris, au pied de ponts et monuments magnifiques.

A 16h30, nous nous installons sur des transats pour regarder le spectacle Concept Lavoir de la compagnie Massala : sur une péniche face à nous, des danseurs et danseuses évoluent  sur du hip hop mâtiné de chant lyrique. Paola s’assoupit quelques instants. Entretemps, je fais une découverte : les toilettes sèches. Bon, visiblement, peu de gens ont compris qu’il fallait saupoudrer leurs offrandes de sciure de bois …  

A 17h, nous nous levons pour rejoindre la compagnie de théâtre de rue Collectif Bonheur Intérieur Brut. J’ai été tout à la fois amusée et chamboulée par leur « spectacle » La Montagne, incroyablement original, qui nous interroge et nous prend à partie sur le thème de la peur et du courage :

« On a tous peur de quelque chose : peur des araignées, peur du noir, peur de ne pas réussir, peur de dire non, peur de son voisin ou de son patron, peur d’embrasser une fille, peur d’embrasser un garçon, peur des autres, peur de la foule, peur du chômage, peur des étrangers, peur de manquer d’argent. Et puis face à la peur, il y a le courage. Le courage des autres. Le courage de celui qui affronte, fait face, défie le monde, ose l'impossible. Avec ses six personnages, la Montagne explore et interroge les mécanismes de la peur et du le courage. »

Comme vous pouvez l'entendre, j'ai trouvé ce pasage très drôle. Et après coup, assez déprimant car il illustre parfaitement pourquoi Paris est peuplé de célibataires. D'ailleurs, Paola s'est exclamé : "Ah oui, c'est vraiment les Français, ça !"

J’aimerais beaucoup, beaucoup, découvrir leurs autres créations. Pour les suivre, leur site ou leur page FB.

Et puis, à 19h, abandonnée par Paola qui avait filé à son cours de percussions, j’étais en train de m’assoupir sous un rare et précieux rayon de soleil lorsqu’une péniche s’est approchée du quai : des hommes en bleu de travail ont commencé à jouer sur de drôles d’instruments. C’est la compagnie Zic Zazou qui nous présente son spectacle « Sonnettes de brume » :

Cet atelier de fabrique sonore à ciel ouvert, composé de 9 mariniers-musiciens, transporte un incroyable bric à brac musical. Sur le pont, ils usinent, meulent, percutent et, en écho aux trompes et aux cornes de brumes de la péniche, font jaillir de cette brocante flottante des musiques étonnantes, loufoques, surprenantes, avec un plaisir non dissimulé !

Une fanfare vraiment loufoque qui m’a beaucoup amusée : je n’ai pas pu m’empêcher d’éclater de rire devant celui qui « mixe » avec sa perceuse. Doués, sympas et vraiment déjantés, les joyeux compères de la compagnie Zic Zazou ! D'ailleurs ils ont gagné la grande battle Carmen 2012  :

 

Cette année, j’ai fait un passage éclair au festival de l’Oh! et comme à l’accoutumée, je n’ai pas été déçue du voyage ! Et je crois que ma copine Paola a d’ores et déjà pris son ticket pour l’année prochaine …

Commentaires

  • Coucou Sophie,
    J'étais un peu inquiet car comme je le disais chez CUI, chez nous cette année dans l'Aube on a fait un gros festival de l'Oh un peu imprévu avec pas mal de débordements, et j'ai eu peur que ça fasse un peu trop couler le votre, mais apparemment c'est bon, vous n'avez pas retrouvé d'anguilles sur la pelouse du jardin des tuileries, c'est déjà ça.
    Par contre je suis un peu jaloux que le Danube t'ait apporté des saucisses alors qu'avec l'Aube on n'ait pas été foutu de vous apporter des andouillettes. On s'y prend mal, va falloir que tu remontes le cours d'eau au plus vite pour oublier ça !

  • Visiblement une belle réussite ! Un beau festival que j'ai, une fois encore, raté.

  • Usclade,
    Heyyy ! Le roi de l'andouillette ! (Bon je sais, c'est un peu réducteur :))
    Tssss ! Ici, c'est Fiso ! :p
    Nous aussi on a eu notre festival de l'eau avant l'heure. La Seine est haute comme jamais.
    Hélas, non, pas d'anguilles. Ca m'aurait changé de la chasse aux oeufs de Pâques ou aux hommes, pourtant.
    Pas de we parisien en amoureux prévu avec madame ? J'ai d'autres quartiers (et restaurants) à vous faire visiter !
    Boug',
    Toujours un bon moment, le festival de l'Oh!

  • Très chouette les Zic zazou en effet et il y a eu aussi à Vitry : un spectacle sur péniche plutôt sympa mais je n'ai pas percuté sur le nom.
    Et en soirée le Concert du Boban / Marko Markivic Orchestra, la fanfare serbe qui s’est illustrée dans la BO d’Underground, d’Emir Kusturica. C'est pourtant pas ma came mais ils assurent vraiment. Il y a pourtant une chose qui nous a tous fait battre en retraite loin de la scène (on est allé les écouter depuis le pont suspendu), c'est l'odeur insupportable du graillon (parce que tout le monde propose des spécialités mais avec des frites) des stands de bouffe collé à la scène.. dommage, ça aurait été encore plus sympa de pouvoir rester près de la scène.

  • Trotinette,
    J'ai transmis tes remontées aux personnes concernées (enfin, pas les tenanciers de stands de bouffe mais les organisateurs du festival).

  • Non mais "Sophie", ça veut dire FISO en verlan, je t'avais fait une blague !! :-)
    Pour ce qui est d'un week end amoureux au printemps, ben, on attend juste le printemps :-)
    2015 ou 2016, qui sait, s'il nous en remettent un avant 2020, ça devrait le faire...

  • Ici, tout est tellement humide, spongieux que j'ai dû arrêter de courir en stiletto, ça bousillait trop les talons de me Jimmy Choo et autres Roger Vivier. J'ai décidé de tenter le bare-foot skiing en talons sur le lac ...

  • Le tango des relations, le tango de la vie... Oui plutôt pas mal dans la métaphore ! Et vous qui riez Fiso, to echo de menos !!

  • Usclade,
    Ok ! :)
    Mamz'elle Gigi,
    Et si vous arrêtiez la drogue, mmm ?
    Mamz'elle Gigi bis,
    Une belle saynète, métaphore de la rencontre amoureuse ...

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