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jeûne

  • Jeûne annuel : c'est reparti !

    Mardi soir, je fêtais ma dernière soirée « normale » avant mon jeûne annuel. Je vous rappelle le « régime » alimentaire qui va être le mien pendant les prochains 40 jours, basé sur les préceptes et le calendrier du Carême : arrêt total des graisses animales (viande, œufs, lait, fromage, beurre etc.), de l’alcool, du thé, café, sucreries. En gros, je ne peux manger que du poisson, des légumes, féculents, céréales, légumineuses et fruits. Et comme le but premier de ce jeûne est de mettre mon système digestif au repos, je me limite à un repas unique, le soir. Ni petit-déjeuner, ni dîner.

    L’année dernière, c’était ma première fois, que j’ai racontée là. Ma copine Choups, déjà quasi végétarienne, l’a fait avec moi et cette année, mon frère, impressionné par ma forme éclatante et ma bonne mine, a décidé de s’y mettre aussi. 

    J’ai d’abord retrouvé ma vieille copine ex-blogueuse Cha pour notre dernier verre d’alcool avant 40 jours. Ensuite, je me suis installée au comptoir de Toritcho pour une dinette nippone. C’est drôle parce que mon dernier repas avant Carême, l’an dernier, se fit aussi chez Toritcho et que la dernière fois que j’ai vu Cha, c’était l’année dernière, pendant le Carême.

    Chez Toritcho, il y a avait un couple japonais. Je ne sais pas si c’est parce que j’ai salué le patron en japonais mais ils ont commencé à me faire des sourires bienveillants, jusqu’au moment où ils m’ont offert un verre de saké. J’ai refusé poliment mais au bout d’un moment, le patron a posé devant moi un verre : « Goutez, c’est vraiment bon ». C’était tellement bon, et c’était tellement un repas de fête, que j’ai commandé une bouteille. J’en ai bien bu 4 – petits- verres, et j’ai ramené le reste chez moi. 

    Le lendemain matin, au réveil, j’avais une tête de chouette. C’est pas fort le saké, mais ça plombe. Et puis j’avais pleuré de rire au dessert avec ma copine Choups, ça aide pas.

    Mercredi donc, 1ère journée de jeûne. Mes collègues musulmans, habitués du Ramadan, ont pris de mes nouvelles et m’ont encouragée. L’année dernière, ils furent bien les seuls à me comprendre. Pour ceux qui n’ont jamais jeûné de leur vie, se priver des 3 repas quotidiens est, au mieux, intéressant, au pire, débile et/ou dangereux. Certains avaient tenté de me convaincre que c’était mauvais pour la santé. Ça m’a fait sourire car je pense le contraire : c’est notre façon « normale » de nous alimenter qui est mauvaise pour la santé. La pire réaction avait été celle d’une cliente, qui m’a carrément agressée et  à laquelle j’ai répondu que je ne lui demandais pas son avis sur la question mais que je l’informais juste que je serais ravie (pure hypocrisie professionnelle car c’était une vraie conne) de déjeuner avec elle et ses collaboratrices, mais que pour ma part, je me contenterais d’une bouteille d’eau.

    Cette année, mes collègues sont habitués. Il semble que les gens intègrent de plus en plus l’idée qu’on puisse éprouver le besoin de nettoyer l’organisme. Les émissions anxiogènes sur la quantité de saloperies qu’on nous fait ingurgiter à notre insu y sont sans doute pour quelque chose. 2 de mes collègues masculins ont d’ailleurs pour habitude de ne pas manger le midi.

    Mercredi, après avoir bu au moins 3 litres d’eau, j’ai eu un gros coup de barre vers 15h, coup de barre auquel le saké n’était pas totalement étranger, à mon avis. J’ai pris des news de mon frérot par sms, il était dans le même état cotonneux. A 18h, j’ai plié les gaules et l’air frais m’a un peu réveillée. Vers 20h, on s’est attablés devant un steak de thon et du riz complet, pour finir sur une salade de fruits rouges nappée de yaourt au soja. Mon frère était très fier de lui.

    Hier, 2ème jour, même coup de mou vers 15h30 mais ça n’a duré qu’une heure. Ensuite, après quelques fruits secs et oléagineux, j’ai enchaîné 1,2 kms de nage au KB puis je me suis attablée chez Fratello’s où le patron, maghrébin, m’a servi une superbe assiette de linguine aux fruits de mer : "Il faut prendre des forces, je vous ai mis une belle assiette" a-t-il dit. Ca fait des années que je mange, rarement, chez Fratello's et la gentillesse du patron est au moisn aussi addictive que la saveur de la cuisine 

    "C'est incroyable le plaisir qu'on a à manger quand c'est le seul repas de la journée. On savoure chaque bouchée", a commenté mon frère.

    La seule chose qui me désolait à l’idée d’attaquer le Carême, c’était de me couper de la bande de mecs avec lesquels je déjeune chaque midi. Certains d’entre eux avaient l’air désolés aussi « Tu ne vas plus venir avec nous ? ». Je leur ai dit que si ça ne les dérangeait pas, ma pause déjeuner serait quand même vachement plus sympa avec eux et que je boirais des jus de fruits. Vendu. Hier midi, au restaurant japonais, j’ai beaucoup rigolé et sifflé 2 verres de jus de coco.   

  • Mi-Carême

    Et oui, c'est aujourd'hui et ça veut dire qu’il me reste la moitié du Carême à accomplir. Je vous rappelle mon régime depuis 20 jours : un repas toutes les 24 heures (le soir) et suppression de toute graisse animale (viande, lait, fromage, beurre) et excitants (alcool, café, thé, hommes). Je dois en être à 3 litres d’eau par jour à ce stade.  En revanche, l’eau à si grandes doses c’est vite lassant, alors maintenant je l’allonge de pastis l’équivalent Franprix du Pulco citron (parce que dans le Pulco, il y a du sucre).

    Je vous imagine déjà, en lecteurs bienveillants que vous êtes, inquiets : « Quoi, not’Fiso, l’épicurienne, privée de barbaque et desserts, et réduite à un repas par jour ?  Mais elle doit dépérir !! » . C’est pourquoi j’écris ce billet afin de vous rassurer : oui, je fais toujours le Carême et non, je ne suis pas en dépression nerveuse. Bien au contraire.

    Je me sens dans une forme que je n’ai pas connue depuis bien longtemps. Je suis alerte comme jamais et tout au long de la journée : finis les habituelles baisses d’attention dues aux phases de digestion. Du coup, après une première semaine régie par la prudence, je me suis remise au saut à la corde, en plus de mes 7 kms quotidiens à vélo pour aller bosser.

    Et mon estomac, comment il va ? Il doit être touuuuuuuuut petit ! J’ai très rapidement perdu l’appétit et ne ressens aucune frustration dans la journée ; je mets même ma volonté à double épreuve puisque j’accompagne mes collègues, que j’adore, à la cafétéria et les regarde manger.  

    Le soir, je casse mon jeûne par quelques fruits secs et m’attable sans impatience. Je pourrais même ne pas manger. Le plus drôle c’est que quand je suis chez moi, je passe mes soirées à cuisiner ! C’est très étrange mais être privée de nourriture m’a redonné le goût de cuisiner. Au hasard de mes recherches de recettes sans viande, j’ai ainsi découvert le bobo aux crevettes, un plat brésilien au manioc, lait de coco et tomates, très savoureux. Hier soir, j’ai cuit des petits gâteaux à la patate douce, que j’ai ramenées à mes collègues ravis ce matin. La semaine dernière, ils ont eu droit à des madeleines.

    Outre cette envie retrouvée de cuisiner, le Carême a été l’occasion de surprises biologiques. Ben oui, parce que forcément, le corps réagit : au bout de quelques jours, des urines quasi-transparentes (car débarrassées des toxines) puis un arrêt complet des selles. D’abord un peu inquiète, j’ai vérifié sur internet que ces symptômes étaient normaux. Aux dires de ma mère, j’ai un teint superbe (autre effet du décrassage). Et enfin, un sommeil serein et profond (merci Sleep As Android). Je sais, c’est pas très intéressant pour vous, mais ça pourrait l’être pour ceux qui, comme moi, se poseraient des questions et trouveraient la réponse ici.

    Depuis quelques jours, la gourmandise a refait son apparition mais pas la faim. Il parait que le retour de la faim est le signe, lors d’un jeûne, que l’on peut revenir à une alimentation normale. Finalement, tout est si simple …

    Et la suite ? Et bien, il est désormais clair que cette expérience, que je pensais ponctuelle, va changer ma façon de me nourrir. Le sentiment de liberté, que de nombreux jeûneurs vantent et qui me restait un mystère, je le connais maintenant. Je me sens tellement bien et libre (car en manque de rien) que je n’ai aucune envie de reprendre mes mauvaises habitudes. Ma consommation de café, que je buvais par habitude plus que par réel plaisir (pause=café), va prendre une sacrée baffe : je pense que je la réserverai désormais aux weekends. Obligée de zapper la caféine et théine au petit déjeuner du dimanche, j’ai découvert une boisson au malt et cacao, que je bois avec du lait de soja, et c’est délicieux (en plus d’apporter 25% des besoins journaliers en magnésium). Après le Carême, je pourrais bien tomber en mode régressif et me remettre à l’Ovomaltine, que j’adorais étant gamine. Quand au petit verre de vin qui accompagnait systématiquement mes nombreux diners  à l’extérieur, il pourrait bien ne plus être systématique.

    A partir du 21 avril, je pense que je vais, à de rares exceptions (déjeuner à l’extérieur avec des clients ou mes collègues), continuer à sauter le repas du midi. Je prendrai un petit-déj léger au bureau (ou pas) et un repas le soir, et ce sera tout.

    La composition de mes repas va changer aussi. J’ai réintégré les légumes secs et céréales complètes dans mon alimentation (je n’ai pas mangé une seule fois des pâtes en 20 jours). J’ai découvert de délicieuses recettes végétariennes où le tofu, par exemple, remplace la viande sans ôter le côté gourmand (le chili sin carne, par exemple).

    Seul bémol : il se pourrait bien qu’à l’issue de ces 40 jours, j’aie à refaire une grande partie de ma garde-robe. C’est la Croix-Rouge qui va être contente.

  • Fiso fait le Carême (Amen !)

    Tout a commencé l’année dernière, en août, avec cette invitation.


    A la suite de cette expérience dont je suis sortie victorieuse, je me suis de nouveau intéressé au jeûne.


    Ca fait des années que ces histoires de jeûne me fascinent. Adolescente, j’avais lu la biographie de Gandhi et étais restée perplexe devant sa force mentale. Jeune adulte, j’avais plusieurs fois eu envie de faire le Ramadan mais l’impossibilité de boire m’avait paru vraiment trop dure et, je dois le dire, néfaste pour la santé. Puis je m’étais souvenue du Carême et en avais fait un billet, au tout début de ce blog. Mais n’ayant aucune volonté devant la – bonne - bouffe, je me sentais incapable de franchir le pas. Tous ceux qui me connaissent s’accordent d’ailleurs à me définir comme une épicurienne et ce blog, qui fait la part belle à mes découvertes gastronomiques, en est la preuve incontestée.


    En tout début d’année dernière, je suis tombée sur l’interview du docteur Frédéric Saldmann qui faisait la promotion de son bouquin « Le meilleur médicament, c’est vous ! ».  et vantait, entre autres, les vertus du jeûne, et en particulier du jeûne intermittent. Il y démentait les messages qu’on nous assène depuis toujours, « 3 repas par jour », « Les produits laitiers sont nos amis pour la vie » en les accusant de n’avoir pour objectif que de nous faire consommer, toujours plus.
    Force est de constater qu’aujourd’hui, les habitants des pays dits riches sont malades et meurent de ce qu’ils mangent. Nous ingurgitons autant voire plus que nos ancêtres alors que nous sommes, pour la plupart, sédentaires et quantités de produits raffinés, pesticides, OGM etc.

    J’ai recherché des infos sur ce mystérieux jeûne intermittent et de blogs en forums, lu pas mal de témoignages d’adeptes du jeûne et ses dérivés (le jeûne intermittent, par exemple). La description qu’il faisait de leur ressenti donnait très envie de s’y mettre. Au même moment, un reportage démontrant les bienfaits du jeûne sur les patients atteints de cancer, diffusé sur Arte,  acheva d’éveiller mon intérêt pour ce sujet.


    Du coup, à l’automne, j’ai pris l’habitude de jeûner chaque lundi. Un repas le dimanche soir, beaucoup d’eau, un peu de café, et un repas le lundi soir. Sans aucune faiblesse.


    Cette année, ragaillardie par une fin d’année 2013 marquée par une double libération mentale (professionnelle et personnelle), je décidai qu’il serait bon de décrasser aussi mon corps. Ce qui est top avec le Carême, c’est qu’il tombe toujours au même moment, au printemps, quand les oiseaux pépient de joie au lever du jour, que le soleil commence à nous caresser, qu'on se lève avec entrain et que les jupes des femmes raccourcissent. En préambule, j’ai épluché internet pour être sûre d'en respecter les préceptes.


    Hormis l’obligation de jeûne et de prière, le Carême est très différent du Ramadan (qui ajoute l’aumône aux devoirs du croyant). Il dure 40 jours, du mercredi des Cendres au vendredi Saint (hors dimanche, jour de fête), contre 30 pour le Ramadan. Il interdit toutes les graisses animales (viande, lait, œufs, fromage, beurre et dérivés) et sucreries (en gros tous les superflus comme l’alcool et les excitants) mais autorise l’eau et les jus de fruits purs.  L’église catholique ne préconise plus aujourd’hui que 2 jours de jeûne : le mercredi des Cendres et le Vendredi Saint. Trop fastoche. D’autres invitent à ne manger que frugalement, avant et après le coucher du soleil. Moi j’ai décidé de suivre le Carême à l’ancienne (je fais rarement dans la demi-mesure) : un seul repas par jour, le soir, composé de poisson, légumes, féculents, fruits. Eventuellement un petit-déjeuner végétal le week-end. Et le dimanche, quartier libre. Mais ni café ni alcool pendant 40 jours.


    Pour tout vous dire, j’avais hâte de commencer et comptais les jours. J’ai fêté le Mardi Gras chez Toritcho, avec mon cousin chéri, et fait un super gueuleton où j’ai savouré mes derniers tempuras et brochettes. Ensuite, nous sommes allés boire un Irish Coffee au Rosebud.


    Le lendemain, je me suis levée d’excellente humeur. Le soleil brillait, j’ai enfourché un Vélib’ et pédalé jusqu’au boulot. La journée s’est passée sans difficulté. Le midi, je suis sortie m’acheter un succédané de café, une boisson aux céréales. Le soir, j’ai acheté un maquereau à la poissonnerie, que j’ai mangé avec des pommes de terre vapeur et des épinards. Mais les 2 jours suivants, j’ai eu plusieurs coups de barre et ça a été un peu difficile. La tête me tournait par moments. Il faut dire que je suis en formation pendant presque 1 mois ; passivité, néons et écran d’ordinateur, il y a mieux pour rester alerte.


    Le jeudi soir, j’ai retrouvé ma copine Choup’s dans un restaurant japonais du 15ème spécialisé dans les grillades de viandes et mes quelques noix de Saint Jacques m’ont laissée sur ma faim (j’ai d’ailleurs pas mal louché sur la table voisine où 2 joyeux drilles s’enfilaient des kilos d’une belle viande lardée).


    Le vendredi soir, j’étais vraiment fatiguée et ravie d’être en weekend. Mes collègues m’ont proposé d’aller boire un coup, j’ai pris un jus de raisin. Vers 20 heures, j’ai emmené Esperanza chez Yasube et là, je me suis régalée : soupe miso, thon mariné, filet de sanma grillé, légumes salés, riz et quartiers d’orange en dessert (offerts par la maison). Esperanza m’a dit que ma sensation de tête qui tourne était sans doute due à l’arrêt de la caféine, un phénomène bien connu pendant les premiers jours du Ramadan.


    Le samedi, je me suis levée en excellente forme après une bonne nuit de sommeil. Je me suis même demandé si je n’allais pas m’offrir une petite séance de saut à la corde mais j’ai joué la prudence. J’ai pris un petit déjeuner frugal (j’aime trop mes petits déj’ du weekend) : un demi-pamplemousse, un bol de céréales au lait d’amande. Ma sœur  a fait pour seul commentaire sur ma nouvelle lubie « Tant que tu rentres pas dans les ordres, ça me va bien ». Vers 17 heures, j’ai retrouvé Yo sur les quais de Seine pour un autre bain de soleil et surtout un bain de tendresse. Dans un bar mexicain, nous avons bu un cocktail de fruits. Le soir, ma petite framboise m’avait invitée à diner. A l’apéro, jus de pomme, chips de soja et pommes de terre, une découverte (trop bon !) et au menu, un pavé de saumon aux baies roses et des tagliatelles à l’huile d’olive. Et en dessert, une compote.


    Le dimanche (jour libre), petit-déj de pain et confiture de mirabelles maison. Le midi, je n’avais pas faim, je n’ai donc pas mangé. Et vers 15h, j’ai retrouvé mon frère et sa petite pour une balade dans le quartier du Jardin des Plantes. J’avais dans l’idée de nous offrir une petite pâtisserie chez Carl Marletti mais il était trop loin pour les petites jambes de mon poussin, nous avons donc choisi une pâtisserie de la rue Monge, juste à côté des arènes de Lutèce. Et une fois à l’intérieur, rien ne me faisait envie. Incroyable mais vrai ! J’ai donc zappé le gâteau. Je suis rentrée à pied jusqu’à chez moi et en chemin j’ai appelé ma cops de Carême, Choup’s, pour partager mon étonnement. Ne pas ressentir de gourmandise est une expérience tout à fait nouvelle pour moi. Vous noterez que je n’écris pas « résister à la gourmandise » car je n’ai ressenti de tentation ni de frustration à aucun moment. A l’issue de ce weekend, je me sentais pleine d’une force tranquille. « Tu vas voir que tu vas faire le Carême toute l’année » m’a dit mon frère. Y’a pas de risque, j’aime trop la viande rouge.


    Aujourd’hui est mon 7ème jour de Carême. Hier soir, je me suis régalée d’un chili sin carne mijoté ce weekend. Finis la sensation de tête lourde et les coups de fatigue, mon corps semble s’être accoutumé à son nouveau rythme. Je me sens bien, me couche légère. Mon système digestif au repos me remercie en silence. Je n’ai désormais aucun doute sur ma capacité à aller au bout de cette expérience. Et à la renouveler.