Le lendemain matin, après avoir écrit un petit mot sur le livre d'or de la famille Akay et dit au revoir à Hulya, Kazim et toute la famille, nous prenons un bus sur la route principale en direction de Fethiye et en compagnie d'un couple de jeunes Américains avec lequel nous discuterons pendant tout le trajet, avant échange de coordonnées. Ils sont de New York, Harlem précisément, et je suis ravie de parler de cette ville magique que j'ai arpentée tant de fois, le nez en l'air. Claudia est prof d'histoire et Noah, qui parle français, a vécu 2 ans en Bulgarie; on parle donc de la Bulgarie, de la Turquie, de la France et de Bush. A Fethiye, on se sépare car eux partent vers la Cappadoce et nous prenons un bus pour Marmaris. La route vers cette station balnéaire est magnifique et serpente à travers les montagnes couvertes de pinèdes. Malheureusement, bien que nous suivions la côte, nous ne verrons pas la mer une seule fois sur la route. Nous avons choisi de nous poser à Marmaris et de faire des balades à partir de là, car l'hébergement est assez cher dans les villages côtiers. En arrivant à Marmaris, c'est le choc. Des Spice Girls en bikini plein les rues, rouges des 2 côtés, des bars qui diffusent de la mauvaise musique assourdissante, style ragga bien racoleur, des restaurants où le menu affiche "english breakfast", "roast beef" et "yorkshire pudding" .... on est où, là ? En Turquie ?
Un rabatteur nous propose de nous réserver une chambre à l'hôtel Flash, ça a pas lair mal, la carte de l'hôtel montre une piscine immense et c'est seulement 30 lires avec petit-déj. On décide d'aller voir, c'est à perpète, j'en ai ras-le-bol de mon sac à dos, j'ai chaud et ça sent la friture. Arrivés à l'hôtel en question, la piscine est une baignoire améliorée de 2 mètres sur 2, la patronne, une anglaise édentée, binouse à la main, et les chambres sont dégueulasses. Après avoir un peu tourné, on finit au Sultan Apart, tenu par un Turc, ça se voit, l'hôtel est nickel, avec une vraie piscine et on réussit à négocier la chambre à 50 lires (environ 25 €). On file à la plage qui est à 10 minutes à pied, où on retrouve la même faune en train de vider des demis sur des transats. Pierre hallucine car il n'a jamais rencontré d'Anglais autres que Londoniens. A mon avis, des charters blindés de monde font la liaison directe entre le nord de l'Angleterre et Marmaris. Le soir, on se balade le long de la marina où se succèdent bateaux et yachts. Marmaris est pourtant une belle ville mais ce n'est plus la Turquie, j'imagine que ça ressemble plus à Ibiza. Ca danse sur les tables, il y a des karaokés partout, musique à fond, les Turcs s'y sont mis aussi et racolent le client en dansant le ragga et en nous apostrophant grossièrement. Je me réfugie dans un pub irlandais où je me tape un méga coup de blues sur "Dirty Ol' Town". Heureusement, une Anglaise complètement beurrée me distrait en s'évertuant à montrer à tout le bar sa maîtrise du step-dancing; elle saute à s'en décrocher les seins. Rien à voir avec les fées irlandaises que j'ai pu admirer dans les pubs dublinois ...
La prochaine question est : "Mais où va-t-on manger?". Pas la moindre kebap shop à l'horizon, on demande à l'agence de voyages qui se trouve à côté de l'hôtel et l'un des jeunes, apparemment ravi que nous cherchions un vrai restaurant turc, nous dépose d'un coup de voiture au Kervan restaurant, tout de pierre et de bois à l'écart du tapage. En chemin, il nous dit qe les Anglais ne sont là que pour le sexe et les bières et que les Turcs aiment beaucoup les Français parce qu'is sont cultivés et s'intéressent à l'histoire de la Turquie et aux Turcs. Ce n'est pas la première fois que j'entend ça. J'ai mis la petite robe verte dos-nu que ma maman portait il y a plus de 30 ans en Nouvelle Calédonie, je rayonne.
Le lendemain, nous partons pour une nouvelle croisière, la "Super Dalyan" que j'ai négociée à 35 lires tout compris. Je commence à prendre goût au marchandage et le manque de touristes facilite les choses. Départ du lac de Koycegiz où nous embarquons sur un bateau au confort sommaire (bancs et tables). Cette fois, nous sommes les seuls Français à bord, il y a des Anglais bien sûr mais aussi des Slaves et des Hollandais. A peine partis, l'équipage nous balance du Eminem à fond dans les oreilles. J'ai beau aimer le rap, je bouillonne et il ne faut pas longtemps avant que je chope le capitaine et lui demande si ce sont les autres passagers qui lui ont demandé de leur balancer du rap dans les oreilles à 10h du mat'. J'ai gagné, il baisse le son et je peux enfin me laisser aller à la rêverie. Un petit plongeon dans le lac, l'eau est délicieuse, Pierre aide une Russe maquillée et en boucles d'oreille, mais aux jambes velues comme un ours, à se hisser sur le bateau. De là, nous nous engouffrons dans l'estuaire de Dalyan, semé d'îles et de roseaux et qui comme nous le fait remarquer le capitaine, rappelle le film "African Queen". Nous apercevons 2 tortues qui se prélassent au soleil, puis nous découvrons les fameux tombeaux lyciens creusés à flanc de montagne. On rejoint ensuite la plage d'Istuzu, autre sanctuaire des tortues où nous faisons une pause d'un peu plus d'une heure sur la plage de Dalyan. Il y a des rouleaux et je m'éclate dans les vagues jusqu'au moment du départ. Ensuite, nous montons en bus jusqu'à une cascade où on peut encore barboter (je passe mon tour) et nous rentrons à Marmaris. Epuisés par cette journée, nous mangeons un kebap au "Mudurnu Chicken" qui ressemble à un fast-food mais n'en est pas un (dixit nos amis Billy et Serhan de l'agence). Nous avions prévu de passer encore une journée à Marmaris avant de reprendre un bus de nuit pour Istabul mais finalement, nous décidons de partir le lendemain matin et de profiter d'un trajet de jour pour admirer un peu le paysage. En plus, je préfère largement Istanbul à Marmaris ... Le lendemain, nous nous pointons au pif à 9h30 à l'otogar de Marmaris et montons 15 minutes plus tard à bord d'un beau bus de la compagnie Metro. Serhan nous avait conseillé les compagnies Ulusoy et Varan pour leur service mais elles sont 20 lires plus chères que les autres et c'est la fin des vacances, donc budget réduit. Temps de trajet prévu : 12/13 heures, 50 lires (25 €). Le service est royal comme d'hab, thé et gâteaux à volonté et on nous passe même le fim "Fast and furious" ... en turc, c'est très drôle ... Notre voyage nous fait passer par Mugla, Izmir, Balikesir, Bursa puis nous traversons la mer de Marmara à bord d'un ferry (dommage, la nuit est tombée) et arrivons à Istanbul. Durée du voyage : 14 heures et même pas mal aux fesses !