Au comptoir d'un café parisien, il lui demande :
- Tu es heureuse ?
Désarmée, elle acquiesce, regard fuyant, sourire forcé.
Dans un autre contexte, elle aurait répondu non. Le bonheur, ça n'est pas l'absence de malheur.
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Dernier jour de vacances (entre Torre del Mar y Torremolinos)
La nuit a été étrange. Lovées sous notre couette, dans un studio au bord de la piscine ouvert aux 4 vents, nous avons entendu le fracas de la pluie toute la nuit, comme si nous dormions en plein air. Boug', complètement déboussolée, s'est même réveillée plusieurs fois en sursaut pour éponger la plage arrière de la voiture (sic!) Moi j'ai rêvé de baisers passionnés sur un parking. La faute sans doute aux vodka caramel, vin blanc et café irlandès que j'ai bus hier soir.
Après le déjeuner, et malgré la pluie, nous sommes allées nous balader le long de la côte, en repérage, car j'ai le projet d'acheter un pied-à-terre en Andalousie. La région de Cadiz n'étant paraît-il pas une bonne idée, j'ai revu mes prétentions d'authenticité à la baisse et reconsidéré la costa del sol. Mais vraiment, la zone qui court de Marbella à Malaga et attire son lot de charters en direct de Manchester, à grands coups de pintes de bières et musique beuglante, ne m'attire pas le moins du monde. J'ai la prétention, s'agissant d'un endroit où je m'offrirai du bon temps, de vouloir choisir mes voisins. M. Villages m'a proposé la région à l'est de Malaga, qu'on appelle la costa tropical, en ligne droite de Grenade. Comme je ne connais pas, j'ai proposé à Boug' d'aller s'y balader, histoire de voir si le coin me plairait.
A Torre del Mar, j'ai aimé la hauteur raisonnable des immeubles, le front de mer dépourvu de boutiques à touristes, les nombreux restaurants de poissons et cafeteria con churros. Boug' et moi on s'est bu un verre en terrasse, à quelques mètres de la plage, en s'imaginant se balader avec nos déambulateurs, à la retraite, et tremper nos churros dans du chocolat chaud. Et puis, des trombes d'eau se sont nouveau déversées et on a pataugé dans les flaques. Dommage pour nos sandales qui avaient enfin séché ...
Au retour, on a rejoint Malaga par la route de la côte, histoire de voir les petits villages. Jusqu'à Rincon de la Victoria, ça va. Le village de pêcheurs de Benajarafe, avec ses quelques barques colorées posées sur le sable, m'a bien plus aussi. Comme on n'avait pas fait les andouilles depuis Tarifa, on s'est arrêtées sur une plage de rochers et une vague a profité d'un moment de distraction pour me tremper lâchement le bas du pantalon.
Comme le soleil perçait un peu à travers les nuages, j'ai proposé à Boug' d'aller prendre l'apéro au centre de Torremolinos. On y a bu notre meilleure sangria de tout le séjour et mangé de succulents chocos grillés au beurre, ail et persil ainsi que des tortillitas de camarones.
Un retour à la maison où on a proposé à M. et Mme Villages de sortir dîner avec nous, offre qu'ils ont décliné, et puis nous sommes retournées à La Chacha nous taper un second round de fruits de mer. Vacances pluvieuses mais vacances heureuses, Boug' a aimé l'Andalousie, le tinto de verano, le chocolate con churros, le lomo, les tapas. Elle envisage même d'apprendre le portuguais l'espagnol (blague privée).
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Notre périple andalou, plus de 900 kilomètres
Je n'ai noté que les étapes où nous avons passé la nuit : Lucena, Granada, Jerez de la Frontera, El Puerto de Santa Maria, Los Caños de Meca, Tarifa, Malaga.
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Un petit-déj au marché central d'El Puerto de Santa Maria
Ce matin, nous avons mis le réveil à 8h30 car avant de prendre le bateau pour Cadiz, nous voulons petit-déjeuner, visiter la iglesia Mayor Prioral, aperçue la veille en rentrant à notre maison d'hôtes et le Castillo de San Marcos. Là comme dans la plupart des villes, la mosquée a été remplacée, après la Reconquista, par une cathédrale.
Un superbe soleil baigne l'imposante église Mayor Prioral qui écrase la plaza de España. Si son retable en argent ne m'impressionne pas (je le trouve même d'assez mauvais goût), les petites chapelles qui bordent la nef centrale sont assez étonnantes. Chacune d'elles met en scène un saint ou la vierge de façon assez théâtrale, impression encore renforcée par les velours chatoyants et les coiffes dorées. La patronne de la ville d'El Pueblo Santa Maria, la Virgen de los Milagros (Vierge des Miracles), verse de lourdes larmes. De vieilles femmes font leur petit tour, saluant dévotement les uns et les autres.
La plaza de España est plutôt calme et pas de café qui nous inspire, je demande à deux petits vieux qui me reluquent où l'on peut trouver des churros. Ils m'indiquent le bout de la rue.
Dans un angle du mercado central, une viellle femme aux paupères fardées de bleu nous accueille. Saro est très fière de ses churros, elle nous montre une photo en noir et blanc d'elle petite fille dans la boutique avec son père, et une autre où elle pose avec un acteur.
"Ça fait 59 ans que je suis dans ma churreria" dit-elle. Elle et son fils forment un couplé gagnant : il cuit une spirale de pâte qu'elle découpe et enveloppe dans un cornet de papier. Saro est une vieille dame pleine d'humour et de vivacité :
"J'ai 70 ans, et je n'ai pas besoin de crème hydratante pour rester jeune, l'huile des churros c'est très bien !"
Nous entrons dans le marché. Pour une fois, il est vivant, il faut dire qu'habituellement nous nous y promenons en fin de matinée. Les étals exhibent de beaux poissons et fruits de mer, des chocos charnus et brillants, des coquinas écarlates, des tronçons de poissons à la chair nacrée.
Nous nous installons à la terrasse du bar Vicente où, à défaut d'un chocolat bien épais dans lequel tremper les churros croustillants de Saro, nous observons les habitants qui se promènent et palabrent. Il faut dire qu'il règne une sacrée animation aux abords du marché. Les femmes à la table voisine engagent la conversation, la soeur de la plus jeune vit à Vannes.
Nous repartons en direction du bord de mer, hélas la femme de l'office du tourisme nous apprend que la visite du Castillo de San Marcos se fait à 13h30 uniquement. Dommage, l'édifice est tentant, nous nous contentons d'en faire le tour et d'admirer une copie de la première carte des Amériques dessinée par Juan de la Cosa. Car c'est ici, dans ce château, que Christophe Colomb a attendu son départ pour les Indes.
Le prochain départ pour Cadiz est à 12h30, il nous reste plus d'1 heure, cela nous laisse le temps de visiter la plaza de toros de la ville. Construite en 1880 par Thomas Osbourne, propriétaire de la célèbre bodega dont le symbole est un taureau de métal, elle serait la plus grande d'Espagne (elle peut contenir 12.000 personnes).
Nous achetons nos billets pour Cadiz (2€40 l'aller) et nous installons au bar-restaurant La Dorada, où nous buvons un tinto de verano et profitons d'un réseau wifi inespéré dans un endroit si simple.
A 12h45, nous voguons sous le soleil. Cadiz, me voilà ! -
Une soirée à Jerez avec JuanJo, sa femme et 8/9
Ca ne vous aura pas échappé, je blogue très peu. C'est parce que je suis en vacances et que j'ai besoin de vivre pleinement cette pause ô combien attendue.
D'habitude, je me couche très très tard pour immortaliser ici les souvenirs qui réchaufferont les journées moins gaies. Le retour à Grenade, dont j'ai déjà abondamment vanté les beautés, m'a permis cette fois de me soustraire à l'obligation de tout consigner.
Mais depuis mon arrivée sur la Costa de la Luz, qui s'étend de Sanlucar de Barrameda à Algeciras, la tentation m'a reprise. Alors je comence ma narration au beau milieu du voyage. Je vous parlerai plus tard d'Antequeira, Lucena, Montilla et Osuna. Et je mettrai en forme plus tard aussi les très belles photos.
L'année dernière, à la faveur de mes toutes premières formations en espagnol, j'avais passé 4 jours dans la superbe ville de Jerez de la Frontera, séjour qui, parce que professionnel, m'avait laissée passablement frustrée. J'avais depuis nourri l'espoir de revenir à Jerez et puisque nous avions finalement rayé Seville de notre parcours, je l'avais de facto remplacée par une nuit à Jerez.
Quelques semaines avant le départ, j'avais envoyé un mail à un de mes stagiaires de l'année dernière, qui avait eu la gentillesse de m'emmener dîner un soir avec sa femme, et il avait répondu qu'ils seraient ravis de dîner avec nous.
Après une pause qui s'est un peu prolongée dans la très jolie ville d'Osuna, nous atteignons les faubourgs de Jerez vers 18h, le dimanche soir. Comme souvent, le premier contact avec les villes andalouses se fait à travers des zones industrielles. Et puis, on entre dans Jerez et je reconnais les larges avenues sur lesquelles je faisais mon jogging l'année dernière.
Comme à chaque fois, j'ai compté sur ma chance et dédaigné le parking payant de l'hôtel. Je me gare au pied de la plaza de toros et nous rejoignons l'hotel Los Jandalos. Trop fort, il fait face à un pub irlandais, j'aurais voulu le faire exprès que je n'aurais pas fait mieux.Dès que je capte le wifi, je découvre un mail de la femme de JuanJo qui propose de nous retrouver pour dîner vers 21h. Je réponds en donnant le n° de l'hôtel et de la chambre, JuanJo appelle et me prévient que sa femme a un peu changé : elle est enceinte de 8 mois et c'est leur premier enfant !
A 21 heures précises, leurs grands sourires nous accueillent à la réception, lui toujours aussi sympathique, elle radieuse.
A la cervecería Altos Ibericos, nous nous attablons et laissons JuanJo choisir nos mets : surtido ibérico de charcuteries, puntillitas, ortiguillas (mais elles sont moins bonnes que dans mon souvenir car ce n'est pas la saison). Boug' commande un tinto de verano et converse avec mes amis sans aucune difficulté. Elle m'épate. Moi je continue au Ribera. Nous passons une très agréable soirée, parlons très très peu de boulot, racontons notre périple, écoutons leurs conseils et évoquons une visite à Paris, qu'ils ne connaissent pas. A la fin du repas, le patron nous offre un shot de licor de hierbas, délicieux breuvage que j'ai bu souvent avec Kique et Cesc à Lleida.
Nous nous quittons peu après minuit, avec promesse de se lier via Facebook pour partager les photos prises et de garder contact. En fait, JuanJo et sa femme sont mes seuls amis espagnols.