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  • Un déjeuner à Osuna

    C'est sous la pluie, discontiunue depuis jeudi soir, que nous quittons Grenade et le chevalier au bouclier vert.
    Sur ses conseils, j'ai programmé mon GPS pour Osuna, où nous déjeunerons, à mi-chemin entre Grenade et Jerez de la Frontera, notre destination.


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    Après la reconquête chrétienne, Osuna tomba sous le commandement des ducs d'Osuna. Ceux-ci firent sa prospérité, dont les nombreux édifices de styles Renaissance et Baroque témoignent.
    En ce dimanche après-midi, la ville semble assoupie. La première personne que nous croisons est un peintre, devant l'église Notre Dame de l'Assomption. Nous nous engageons dans une rue au hasard, dans l'espoir d'y trouver une terrasse accueillante (car la pluie a disparu).

    Inspirée par l'animation qui règne à l'extérieur et à l'intérieur du restaurant Torres Vera, nous y entrons. En Espagne, j'aime m'installer au coeur de l'action : au comptoir, là où je peux assister, amusée, à la prestation comico-théâtrale des serveurs, assistés des cuisiniers. Au Torres Vera, on va être servies. Le serveur le plus âgé ne tarde pas à satisfaire sa curiosité et désigne son collègue, un grand brun à la mine renfrognée, qui parlerait français. J'aime bien les mines renfrognées et Manuel confirmera vite mon a priori.
    Mais pour l'heure, un cuissot séché sous le nez, un verre de tinto verano dans la main, nous nous penchons sur la carte des tapas. Faire un choix est un déchirement tant elle est est founie et alléchante : poissons, charcuterie, viandes ou légumes, le gourmand est comblé ici et nous, on va goûter à autant que possible.  
    Manuel s'est enfin intéressé à nous et à ma demande, nous fait ses suggestions.
    Nous commençons par de superbes calamars frits au beurre et persil. S'ensuit un solomillo con yucca, guacamole y reduccion de vino tinto (filet mignon de porc recouvert de guacamole et saupoudré de copeaux de manioc, en réduction de vin rouge). Un plat haut en couleurs où le mélange des textures, entre crémeux et fermeté, et celui des saveurs sucrées et acidulées promettent une belle expérience gustative.
    Mises en appétit par ces premiers échantillons, nous poursuivons avec une assiette de bacalaillas fritas (1€30), gobées par Boug' à la manière des harengs hollandais.  Nous terminerons cette dégustation avec un lomo con salsa verde (1€20), des croquetas caseras (1€20), désormais un rituel Bougrenettiste, un chipiron a la plancha (1€50) et une calabacin relleno (1€20). Un festin qui nous aura coûté moins de 10€ à deux.

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    C'est l'heure du café, que Boug' commande. "Viens le faire toi-même" répond Manuel, qui sait parler aux femmes. Qu'à cela ne tienne, Boug' passe derrière le comptoir, sous le regard amusé des clients. Entourée des deux serveurs, je me demande si je vais la récupérer .. surtout que Manuel commence à lui faire des bises. Ils prennent la pose tous deux, pour une photo souvenir où mon amie rayonne. Ah on peut dire qu'elle s'est bien intégrée en Andalousie, la Boug' !

    La pause qui se voulait courte a mis à mal notre timing (comme d'habitude mais c'est bien ça les vacances : ne pas regarder la montre). Lorsque nous quittons Torres Vera, le soleil a disparu et le ciel est d'un blanc cendré. Nous n'avons malheureusement pas le temps de partir à la découverte des nombreux joyaux architecturaux de la ville mais nous rejoignons la voiture en passant par la rue San Pedro, où une façade avait attiré notre attention, un peu plus tôt.

    Le Palais du Marquis de la Gomera, édifice baroque du 18ème siècle, aujourd'hui un hôtel http://www.hotelpalaciodelmarques.es/, arbore le blanc et ocre qu'on retrouve souvent en Andalousie. La réceptionniste nous autorise à pénétrer dans le patio de l'hôtel où la chapelle privée a été conservée. Tout à côté, la Cilla del Cabildo, de la même époque, arbore sur sa façade une tour blanche qui m'intrigue : une représentation de la Giralda de Séville.

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    Il est presque 17 heures lorsque nous quittons Osuna. Avec Montilla, elle est une de nos pauses éclair qui aurait mérité plus de temps. Et le déjeuner à Torres Vera restera, pour moi, un des plus beaux souvenirs gastronomiques et humains de ce voyage.

    Torres Vera
    27, calle Alfonso XII
    Tel : 955 820 855

  • Vendredi 19 : le Parque de las Ciencias

    Vendredi : réveil 10h, à 11h53 nous entrons au bar Marivi. Trosième tentative de manger le fameux chocolate con churros. La patronne me reconnaît, cette fois nous sommes dans le bon créneau horaire. Est-ce dû au quartier touristique, l'épais chocolat est plutôt liquide et bien moins bon que dans mon souvenir.

    Nous descendons en ville à travers la cuesta Maria de la Miel, histoire de nous mettre en jambes.
    A la Puerta Real, nous prenons le bus 1 qui nous dépose à quelques pas du Parque de las Ciencias. Cette Cité des Sciences miniature figure sur notre bono turistico. Moyennement emballées, nous nous sommes promis de ne pas nous y attarder si l'intérêt n'était pas au rendez-vous. Pourtant, quelques minutes plus tard, nous voilà au milieu d'une assemblée de gosses piaillant, happées par la démonstration faite par deux marionnettistes de la compagnie Etcetera.

    Quelle chance, les deux gamines que nous sommes sont arrivées pile poil pour la démo proposée à l'occasion de l'exposition temporaire célébrant les 30 ans de la compagnie de marionnettes ! Un tableau géant met en scène Don Quijote de la Mancha, un autre, ultraviolet, Pierre et le loup, un éléphant, une tortue et le préféré de Boug', el teatrino de Bernat, un pépé grincheux et attachant qui joue du violon.

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    Une fois les gamins partis, une jeune femme nous accoste, elle appartient à la troupe et discute avec nous, à moitié en français et en espagnol, vite rejointe par le bel Oscar, auquel je donnerais bien des cours de langue pour ressuciter le français qu'il a oublié ...

    Nous visitons rapidement l'expo sur Al-Andalus, puis payons une visite aux quelques rapaces qui, attachés, nous font pitié, et enfin l'expo sur les papillons, dont le nom espagnol, mariposa, est si joli.

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    A la sortie, nous essayons de déjeuner dans l'ancien quartier de Bruno, Zaidin, mais il est plus de 15h30 et tout est fermé, nous nous rabattons sur une tortilla au jambon et fromage dans un bar du quartier.

    De là, nous marchons jusqu'au monastère de San Jeronimo, somptueux, puis nous allons rendre le mp3 audio près de la plaza Nueva. Encore 45 minutes de queue, c'est quand même assez rageant, heureusement nous discutons avec un couple de français vivant près de la Suisse. "Vous êtes parisiennes et vous ne passez pas devant tout el monde ?" s'étonne-t-il.

    Il est 18h, il pleut et il l'humidité commence à nous transpercer, nous hésitons entre sangria et chocolat, et finalement au café Futbol, nous trempons nos churros dans un épais chocolat comme je les aime. Le wifi y est en rade, dommage.

    De là, le serveur nous indique Mariscal où nous achetons jambon et olives, puis plus loin du pain et des empanadillas aux épinards et au thon. Retour maison par le bus n°7, petit verre de vin qui va bien et dîner peinard dans la grande cuisine.

  • Jeudi 18 : L'Alhambra et le Realejo

    Ce matin, le réveil sonne à 7h car notre entrée dans l'enceinte de l'Alhambra doit se faire à 9h pétantes. Nouvelle tentative au bar Marivi, le patron secoue de nouveau la tête : cette fois il est trop tôt pour les churros, l'huile chauffe à peine. On boit un chocolat qui devrait nous caler quelques heures et on monte jusqu'à l'Alhambra où nous entrons sans faire la queue, grâce à notre bono turistico, avec une demi-heure d'avance. Le jardin est plus fleuri que lors de ma visite en février dernier et la vue, d'un côté sur Grenade, de l'autre sur l'Albayzin (nous, on habite tout en haut de la muraille et on se grimpe ça tous les soirs !)

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    Vers 14h, après un déjeuner quelque peu riche de rabo de toro (queue de taureau, officiellement), nous remontons jusque dans les hauts de Grenade. J'ai failli m'endormir à l'arrêt du bus numéro 7 que nous avons attendu plus d'une demi-heure, sous une chaleur écrasante. Et pour cause, nous l'apprendrons le soir de Bruno, il y avait des grèves.

    A la maison, épuisées par la visite de l'Alhambra et la chaleur, nous nous offrons un plongeon dans la piscine, après lequel je m'écroule littéralemet pour une sieste de 2 heures. Vers 18 heures, nous prenons le bus n°7 et marchons jusqu'à la Chartreuse de Grenade, que j'ai plaisir à visiter de nouveau, puis redescendons à pied jusqu'au centre où nous nous jetons un verre de pinard et deux croquetttes, plus la salade russe offerte par la bodega Castenada.

    Aujourd'hui, j'ai envie de montrer un de mes quartiers préférés à Grenade, le Realejo, abondamment photographié ici et . Après la Casa de Los Tiros, nous admirons la jolie église Santo Domingo puis remontons jusqu'au Campo del Principe, un espace vert bordé de cafés et étonnament paisible. Nous y buvons une sangria et dégustons une tartine saupoudrée de jambon sec. Boug' louche vers la table voisine où une dizaine de joyeux gaillards trinquent :
    " Putain, ils ont même pas fini leur jambon ! Et ils ont laissé une super tartine !"

    Du Campo del Principe, nous montons jusqu'à l'église San Cecilio, que je situais ailleurs, puis retour sur la calle San Matias où nous nous arrêtons pour un dernier verre et une assiette de jambon serrano (4€95). Le patron nous offre un tapa étonnant, une sorte de roulade de jambon et fromage aux noix. Boug' se régale du jambon arrosé d'huile d'olive.
    La pluie est apparue ce soir et nous remontons à pied sous la flotte car bien inspirée (sic!), j'ai retiré de mon sac ce matin le parapluie que je trimballais inutilement sous le soleil, depuis notre arrivée. Mes mollets commencent à chauffer. Je discute avec Bruno jusqu' à 1h30. 

  • Mercredi 17 : la cathédrale et ses alentours à Grenade

    Bruno ne travaille pas ce matin, nous nous réveillons à 10h et paressons dans la cuisine autour d'un café. Nous descendons à travers l'Albayzin, gobons au passage un des délicieux piononos de la pâtisserie Pasteles puis entrons au bar Marivi pour un chocolate con churros. Le patron secoue la tête : trop tard pour des churros, il est 14h ! Je n'avais pas réalisé l'heure.

    Nous continuons notre descente jusqu'au rio Darro. Le bar Ras, où j'avais égayé ma solitude en février dernier, en discutant avec Fernando, le patron est ouvert, mais je n'y vois pas Fernando. "Il est occupé" répond, un peu sèchement, la jeune femme au comptoir. Fernando, en cuisine, passe la tête par une lucarne, ne me reconnaît d'abord pas, puis avec mon aide se souvient de la soirée avec "Ricardo corazon de leon". Nous nous installons au fond de la salle et déjeunons, elle de veau en sauce et moi d'un délicieux lapin grillé à l'ail.

    Sur la plaza Larga, nous faisons la queue sour le cagnard pendant 45 minutes pour acheter une carte touristique à 31€, valable 3 jours, et qui donne accès aux principaux sites touristiques de Grenade, ainsi qu'à 5 trajets en bus municipaux.
    Pour aujourd'hui, nous nous contenterons de la visite de la cathédrale et de la chapelle royale, une découverte pour moi aussi. La cathédrale de Grenade est un édifice incroyablement beau.

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    Une traversée rapide de l'ancien marché de la soie, un coup d'oeil au Corral del Carbon, à l'Ayuntamiento, puis la place Bib al Rambla, celle de Pescaderia, une bière sur la place de l'Université, un pichet de sangria et qq tapas dans une taverne où trône un superbe taureau fort bien monté.

    Retour au Corral del Carbon et son voisin, le restaurant La Corrala del Carbon où Bruno m'avait emmenée en février et où nous mangeons des tapas de thon cuit. Boug' se lance dans la dégustation d'un Maestrante, blanc semi-doux qu'elle apprécie grandement, moi je reste au Ribera. De quoi faire couler una tosta de pimientos del piquillo avec thon à l'huile, acompagnée d'une salade verte saupoudrée de grains de grenade. Puis grimpette à travers l'Albayzin, histoire de brûler tout ça.

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  • Mardi 16 : déjeuner à Montilla, goûter à Cordoue et dîner à Grenade

    Après Lucena et avant Cordoba, un arrêt en fin de matinée à Montilla, toujours sur les conseils de Bruno :
    " Puis, 40km avant Cordoue, Aguilar et à côté Montilla. Montilla et une des meilleures appelations contrôlées d´Espagne, "vinos finos", c´est à dire d´apéritifs, assez forts, blancs secs ou doux, très subtils, semblables au Xérès mais selon moi encore meilleurs. L´hospitalité locale aidant, je ne doute pas que dans les bodegas on se chargera de faire votre éducation oenologique. Et puis si vous devez y rester dormir pour cuver votre "Pedro Jiménez", vous serez vite à Cordoue le matin. En fait, c´est peut-être une bonne idée de profiter de la voiture pour découvrir les impressionantes merveilles architecturales, historiques, et humaines des villages andalous, que les touristes ne peuvent même pas s´imaginer dans des coins perdus et se cantonnent au fameux triangle Séville-Cordoue-Grenade sans se douter à côté de quoi ils passent. Si les trois grands monuments de ces villes sont certes uniques au monde, le reste de l´architecture (églises, maisons seigneuriales, quartiers anciens...) de ces villages n´absolument rien à leur envier."

    Nous ne dormirons pas à Montilla et n'aurons donc pas d'alibi pour s'y mettre une murge. J'y vise le centre-ville et me gare sur La Corredera. Au bout de la rue, nous débouchons sur la plaza de la Rosa, sur laquelle se trouve un gigantesque édifice décrépi. A un coin, un immeuble qu'on devine autrefois splendide derrière ses céramiques bleues. Nous cherchons l'office du tourisme et dans une boutique de café, une jeune femme nous invite à monter plus haut, à gauche. Là, en désespoir de cause, j'entre dans le musée archéologique de la ville.

    Dans un bureau, derrière une porte vitrée, un homme est assis. Il vient vers moi et nous entamons la conversation. Juan a de lointaines origines françaises, un ancêtre de Pau. Sur une carte de la ville, il entoure les - nombreux - sites intéressants, églises, mirador, bodega. Boug', ne me voyant pas revenir, pointe le nez dans le musée et me trouve en grande discussion.
    Sur ses conseils, nous montons jusqu'au château dont il ne reste pas grand-chose, puis jusqu'à un mirador, tout au bout de Escuchuela.

    Nous devons encore visiter la mezquita de Cordoue avant de rejoindre Grenade, et Juan m'a recommandé la visite de la bodega Alvear, plus ancienne bodega d'Andalousie (?) fondée en 1729. Hélas en basse saison, les visites n'ont lieu qu'à 12h et 16h30, nous achetons donc quelques bouteilles et déjeunons dans le jadrin de la bodega pour le prix record de 5€ (plat-dessert et verre de vin).

    A Cordoue, nous galérons longtemps avant de nous garer près de la plaza de Colon. Nous n'avons que très peu de temps et fonçons droit vers la Mezquita. Le lieu est saisissant et mis en valeur par un superbe jeu de lumières. A la sortie, nous nous promenons un peu dans l'ancienne Juderia (quartier juif), puis je me perds complètement et nous finissons par un café sur la plaza de Las Tendillas.

    Il est exactement 22h quand je me gare dans le parking La Caleta avant de rejoindre la plaza de toros et le classieux bar Tendido 1 où Bruno nous rejoint peu après. Plus tard, je peste contre ma Fiesta qui grimpe poussivement les rues de l'Albayzin.

    Tarkan me reconnaît et me fait la fête. La maison a bien changé depuis ma dernière visite, il y a 6 mois. La cuisine est équipée de neuf et dipose maintenant d'un superbe ilôt central. Je dors dans une nouvelle chambre au joli couvre-lit et Boug' dans un décor de coursives. Avant d'aller dormir, nous admirons la vue sur Grenade assoupie, de la terrasse.