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  • Mexico - jour 1

    Réveil vers 10h, après un thé dans la cuisine, nous sortons manger un Tlacoyo au coin de la rue. Il s’agit d’une galette de mais bleu fourrée de riqueson (fromage) et agrémentée de guacamole et lamelles de nopal (cactus). La couleur est bizarre mais c’est très bon. Ensuite, Fred nous emmène boire un café chez Maya, une franco-mexicaine ex-parisienne. En discutant de la vie sur place et de la société mexicaine, elle nous apprend que la deuxième source de revenus du pays, après le pétrole, est l'argent envoyé par les émigrés mexicains. Nous prenons le métro, qui ressemble étrangement à notre métro parisien, jusqu'à Zocalo ou se trouve le centre historique. Les stations de métro sont aussi représentées par des symboles pour les nombreux usagers qui ne savent pas lire (1 sur 5). Nous sortons devant la cathédrale de Mexico. Il fait frisquet - nous sommes à 2400 m d'altitude - et nos pulls ne sont pas de trop. Mexico est une ville très polluée mais je ne le sens pas. Tous les pouvoirs sont sur la place de Mexico. Le palais présidentiel ou se trouvent de superbes fresques de Diego Riviera, le gouvernement de la ville de Mexico. Au centre de la place a été installée une patinoire gratuite. Il y a une foule impressionnante. Nous retrouvons Julio, un ami franco-mexicain de Fred, ex-parisien lui aussi puis Tanya qui profite de sa pause déjeuner pour nous accompagner dans una fonda, "Costillas el sitio", un restaurant bon marché. A l'entrée, une jeune femme presse des tortillas. Sur les conseils de Julio, nous commandons des costillas avec tortillas et frijoles (haricots noirs), que je mange en buvant une agua de melon et en écoutant un guitariste nous chanter des chansons d'amour.

    Après ce repas, nous avons tous un petit coup de barre. Fred nous emmène boire une bière au Nivel, supposée être la "cantina" la plus vieille d'Amérique Latine. Une "cantina" est un bar traditionnellement réservé aux hommes. Un marchand ambulant entre et nous propose diverses babioles. Fred nous montre 2 tubes en métal qu'il tient dans ses mains et nous explique que ceux qui veulent jouer les kékés peuvent se faire envoyer de l'électricité et tenir le plus longtemps possible en augmentant l'intensité.

    Dans le métro, au retour, 2 hommes scotchent sur nous, sans doute nos yeux clairs. J'ai fait une petite sieste et là, on sort manger des tacos. Demain, nous irons visiter le musée anthropologique et Tehotihuacan, un site archéologique.

  • De Paris à Mexico

    Après une nuit blanche à faire la fête, mon frère et moi prenons le RER à 8h30 pour Roissy. A l’aéroport, je retrouve à l’enregistrement Juana, une collègue d’Orly. Nous embarquons sans problème sur le vol pour Dallas. A bord, nous papotons avec les hôtesses et Alain P., un employé, ex-collègue de Limsy, qui bosse aujourd’hui avec tous mes ex-collègues du fret.

    Arrivés à Dallas, nous sommes obligés de récupérer nos bagagaes et les ré-enregistrer. Du coup, nous ratons notre vol. Quelle galère la sécurité américaine ! Le personnel de la douane est super sympa et nous balance des "bonjour" et "merci" à gogo, ça nous change d'il y a 4 ans quand les Français avaient moins la cote à cause de leur position contre la guerre en Irak. La campagne de séduction de notre président actuel a porté ses fruits, semble-t-il.

    Je m'endors en attendant l'embarquement (je n'ai dormi que 4h sur les 11h de vol du Paris-Dallas). Le vol est bien plein mais nous embarquons, ouf ! A Mexico, nous retrouvons Fred et rejoignons en voiture le quartier de La Condesa, près du bois Chapultepec. Il vit là depuis 1an et demi, avec sa femme mexicaine, Tanya. Leur appartement est superbe. Nous mangeons un morceau (fromage et vin rouge mexicain) avant de dormir.

  • Toute ma vie, j'ai rêvé ...

    Faut croire que les avions et moi, c'est une histoire d'amour qui dure depuis toujours. La première fois que j'en ai pris un, j'étais encore au chaud dans le ventre de ma mère et on s'envolait ensemble sur une île du Pacifique qu'on appelle "le caillou". Au retour en France, quelques années plus tard, je passais les quelques 20h de vol à gambader dans les jambes de l'équipage, gavée de bonbons.

    Et puis, quand j'avais à peine la vingtaine, je dégotai mon premier job dans un aéroport. Pendant près de 10 ans, j'allais vivre au milieu de ces oiseaux de métal, porter un uniforme et arpenter les couloirs des aéroports jour et nuit. J'ai d'abord envié les passagers, rêvé devant les panneaux d'affichage qui me parlaient d'exotisme et de contrées lointaines. Senti les larmes monter en assistant aux adieux déchirants d'amoureux enlacés et souri aux youyous méditerranéens qui emplissait le hall de l'aéroport de joyeuse chaleur. Récupéré des touristes en perdition que j'accompagnai jusqu'à leur hôtel. 

    C'est en Irlande que je réalisai enfin mon rêve de gosse : être hôtesse de l'air. Dans mon tailleur vert à boutons dorés, chignon banane et maquillage soigné, j'exercais enfin à loisir ce besoin que j'avais et ignorais : réconforter et sécuriser. Je découvrai aussi un certain plaisir à exercer mon autorité et à être le point de mire.

    Après les premières semaines ou mon corps se couvrait de bleus à force de se cogner au mobilier hostile de l'avion, je gagnai en équilibre. J'en connaissais les moindres bruits et me sangler sur mon jumpseat pour le décollage était devenu aussi banal que monter dans un bus. Mais chaque montée dans l'avion, mise en route des moteurs, prise de micro pour souhaiter la bienvenue à bord, fermeture des portes pour décoller était un moment excitant.

    Il y a les passagers qui se forcent poliment, avec un sourire gêné, à regarder la démo de sécurité en pensant "la pauvre, elle doit se sentir tellement bête" (je sais, ça m'arrivait avant). Les hommes d'affaire qui attendent juste que vous leur tourniez le dos pour vous reluquer à loisir. Les idiot(e)s qui font sauter bébé sur leurs genous à l'atterrissage, ceux-là je les engueulais sévère.

    Je me souviens de plusieurs de "mes" passagers. Je passai souvent la fin du vol à griffonner des adresses à Paris pour les Irlandais et en Irlande pour les Français. Je revois cet humanitaire Irlandais, presque intégralement plâtré, qui embarqua sur mon vol, totalement paniqué, seul rescapé d'un crash en Afrique. J'eus pour lui la tendresse d'une mère pour un nouveau-né, il paraissait tellement vulnérable !

    Et cette jeune française, honteuse, que la police accompagna à bord. Paniquée à l'idée de prendre l'avion, elle avait bu pour noyer sa peur et venait de passer quelques heures en cellule de dégrisement à Roissy. Elle pleura pendant tout le vol.

    Des moments de bonheur, aussi. Le choc de me retrouver face à une de mes idoles, Nina Simone. Inoubliable. Les échanges passionnants avec un charmant passager blond, somme toute quelconque jusqu'à ce que je le reconnaisse dans un magazine: Eric-Emmanuel Schmitt. La joie d'accueillir à bord famille ou amis : ma mère, gonflée de fierté, qui eut les larmes aux yeux en entendant ma voix résonner dans la carlingue. La rigolade avec les copines quand on s'amusait, en phase de descente,  à faire traverser l'avion à  des grains de raisin jusque dans le cockpit, sous les yeux de passagers ébahis.

    Et puis Paul Newman, Mylène Farmer et d'autres.

    Des souvenirs moins glamour aussi, comme ce vol Dublin-Londres ou secouée par de violents trous d'air, je me retrouvais par terre, sonnée. Un passager dévoué me souleva de terre et m'assit à côté de lui. Le PDG de la compagnie et quelques autres vomirent leur petit déjeuner à l'atterrissage. J'ai pu tester mon sang-frois à plusieurs reprises.

    En 2001, j'eus les larmes aux yeux en apprenant qu'un avion de mon ex-compagnie s'était écrasé sur les tours du World Trade Center. Je pensai aux passagers, bien sûr, mais aussi à tous ces stews et hôtesses que j'avais croisés et qui avaient dû masquer leur terreur jusqu'au bout, alors qu'ils savaient qu'ils ne reverraient jamais les leurs. Et puis, je pensais à mes potes qui devaient faire face aux appels. Plusieurs jours de cauchemars, pour eux. Depuis que j'ai quitté ce monde magique, je n'ai qu'une envie, y revenir (mais pas dans les airs). Les aéroports et les avions me manquent.

    Alors ce soir, à quelques heures d'embarquer sur le vol de mon ex-compagnie avec Mexico en destination finale, je me réjouis déjà. Dans les airs, je me sens comme un poisson dans l'eau. Un poisson volant, tiens !