Cette adresse m’avait été conseillée par mon chef de projet. « Le restaurant porte mal son nom car le service y est très agréable » avait-il dit.
Ce soir-là, profitant d’une visite dans le 5ème arrondissement, j’avais invité Roland, un ami de ma petite sœur, à me retrouver pour un verre voire plus si affinités*. En l’attendant, je déchiffrai les cartes alléchantes des restaurants de la rue Saint-Jacques. Hé oui je ne suis pas tout à fait une fille comme les autres, elles font les boutiques et moi je salive devant les cartes de restaurants. J’avais le souvenir d’un garçon plutôt silencieux et réservé, et je retrouvai un homme enjoué et volubile. « Je ne t’avais pas reconnue », dit-il. Ah bon ? J’évite de me demander comment je dois le prendre.
Après une pinte de Guinness à l’angle de la rue Malebranche, où le serveur derrière le comptoir avait un accent dépaysant – mais pas de jeu de fléchettes – je l’entraîne jusqu’à la Seine. Je ne viens jamais dans ce quartier et tout en marchant, je me laissai charmer par la lumière qui tombait ce soir-là sur le Panthéon. De belles journées de septembre remplissaient encore les terrasses.
Sur le quai de la Tournelle, à deux pas de la Tour d’Argent, je propose un dîner aux Ronchons. La carte l’inspire, nous entrons. (Entre nous, il n'avait pas tellement le choix même si j'ai l'art de laisser croire le contraire). Le patron a quelque chose d’un instituteur de province à l’ancienne, dans sa tenue sobre et bourgeoise. Il nous installe près de l’entrée et des fenêtres, sur lesquelles la pluie tambourine maintenant.
« C’est pour qui, la dose de cholestérol ? » demande-t-il. « Pour moi ! ». O. n’avait pas menti, l’os à moelle rôti au four, fleur de sel et pain grillé est une tuerie que je déguste à la petite cuillère. Roland fait une cure d’iode face à une marinade de sardines fraîches à l'huile d'olive et poivrons doux au curry.
En plat principal, j’avais choisi un filet de poisson rôti au piment d’Espelette et Roro, je ne sais plus, à croire qu'il a bouffé tellement vite qu'on a pas eu le temps de prendre son plat en photo ?
Ce festin date de quelques semaines déjà et ma mémoire me fait défaut, pourtant je me souviens des boutades du patron, également de très bon conseil en ce qui concerne les visn, et d’un moment très agréable aux Ronchons.
« Mais vous n’êtes pas ronchon du tout ! Je suis très déçue ! » lui lançai-je. C’est pas moi, c'est mon frère » répondit-il avec un sourire goguenard.
Les Ronchons au 25, quai de la Tournelle, Paris 5ème (01 46 34 50 99)
* plus si affinités = resto !
(Roro t'as assuré de prendre ton appareil photo pour relayer mon téléphone portable qui n'avait plus de batterie)