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  • Comme une pierre précieuse

    Symptôme physique d’un mal moral, une douleur abdominale m’injecte sa surdose léthale. J’ai l’art d’éluder les questions et personne n’insiste, c’est con. Si seulement tu avais la bonne idée de nouer des liens autour de mes poignets, que je ne puisse plus me cacher.

    Recalée à l’oral, est-ce que je peux avoir une séance de rattrapage écrite ? Est-ce que tu sauras lire entre mes lignes ? Et d’ailleurs, est-ce que ce serait vraiment me rendre service ?

    Toi tu m’appelles, me tends les bras et je voudrais m’y réfugier, mais je suis là, tétanisée. Cachée dans la profondeur glacée, la seiche asséchée balance son encre noire et file se cacher. Toute couillonne, derrière son rocher. 

    Paralysée, elle fixe un point imaginaire, comme une gamine butée. Les mots sont des fenêtres ou alors ce sont des murs. J’ai tout lu, j'ai tout compris mais je ne trouve plus la boîte à outils. Je feins le détachement et me recroqueville comme une feuille morte. Like a leaf clings to a tree, oh my darling cling to me.  

  • Week-end à Amiens

    Photo286.jpgC’est la deuxième fois que sa silhouette juvénile m’attend sur le quai d’une gare. Cette fois c'est chez elle, les enfants ne sont pas là et le chat erre comme une âme en peine dans l’appartement. Au déjeuner, Quine me gâte : saucisse de Morteau-aligot puis la parenthèse fromage s’ouvre sur une boulette d’Avesnes nature, aussi savoureuse qu'odorante.

     Enfoncées dans les poufs colorés, nous discutons tellement que lorsque nous levons les yeux sur l’horloge, 4 heures se sont écoulées. « On va boire un verre avant le resto ? demande-t-elle. Nous marchons sur les trottoirs jonchés de feuilles mortes, et autour de nous, ça fait « chtonc ! chtonc ! ». Ce sont les marrons qui dégringolent des arbres, sur les voitures garées là, et nos crânes échappent aux bosses par miracle. Sur le quai Bélu, les cafés et restaurants sont animés mais le bar dans lequel nous entrons est vide et nous picorons des olives noires autour d’un fizz framboise et d’un daiquiri fraise (pour info, elle en raffole).

    Nous nous attablons ensuite dans la salle lounge d'un restaurant voisin et faisons généreusement profiter les oreilles indiscrètes de nos voisins de notre conversation de femmes. Quine a poussé le raffinement jusqu’à commander un plat assorti à son tee-shirt ! (je vous rassure, dans la vraie vie, elle a des bras)

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    Le lendemain, elle s’est levée avant moi pour ramener des viennoiseries. Nous buvons des litres de café en rêvant au nouveau canapé. En quête de nouveauté, Quine me fait découvrir de nouveaux blogs sur son agrégateur.

     

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    Maintenant nous sommes 3 et les caipirinhas concoctées par Mr. Good nous chauffent les oreilles tandis que nous le soumettons au questionnaire des couleurs. J’ai l’impression de beaucoup parler. C’est plutôt bon signe, certes, mais quand même, je ne voudrais pas filer une migraine à mes compagnons. L’heure du repas approche et je suis préposée au remuage régulier de la marmite. Elle est remplie de bonnes choses qui dorent et mijotent. On mange du riz à la sénégalaise, avec du poulet, des poivrons, tomates et ça sent rudement bon. Je me désole que Boug’ rate ce festin. Les caipis nous ont tellement chauffé les oreilles que nous déjeunons à l’eau. La tarte tatin maison qui suit – en pâte feuilletée et crème fraîche Isigny sa mère -   est tout simplement une tuerie . Je ne peux plus arquer et moyennement convaincue de ma capacité à mouvoir une quelconque partie de mon corps, je m’engouffre dans la voiture. Je l’ai pourtant attendue, cette visite des hortillonnages d’Amiens.

     

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    Une fois dans la barque à cornets, je me sens légère comme une libellule (enfin, presque). La jeune femme à l’arrière qui a tout prévu, même les parapluies, explique l’origine des hortillonnages, particularité amiénoise. Ces jardins flottants façonnés par l’homme au Moyen-âge, d’abord potagers, aujourd’hui essentiellement jardins d’agrément, ont nourri les Amiénois jusqu’au siècle dernier. Les hortillons vendent encore, chaque samedi sur un marché flottant, les récoltes issues de ces terres riches en tourbe et d’autant plus fragiles. Les typiques barques à cornets et fond plat permettent d’accoster sans abîmer les berges. Pourtant situés au cœur de la ville, la balade de 45 minutes autour des hortillonnages,  inaccessibles en voiture, est particulièrement reposante. 

     

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    Pour un aperçu de ce trésor écologique, visionnez le film émouvant d’un défenseur des hortillonnages, un temps menacés par un projet de construction de rocade.

     

  • Je suis en Bretagne

    Photo355.jpg... et il pleut. Comme vache qui pisse, même.

    En fait, ce billet n'a pas grand intérêt. J'avais juste envie de vous montrer l'intérieur de ma très jolie et très girly Fiat 500. Vous pouvez même cliquer sur la vignette pour la voir en grand. Trop classe, ce rouge et crème sous la pluie.

    Cette semaine a mal commencé. Lundi, après avoir oublié ma valise dans le taxi qui m'a déposée à 6h du mat' à la gare Montparnasse (j'ai dû racheter le minimum vital et une chemise de cow-girl, yeeha!), je me suis pris l'équivalent d'un seau d'eau sur la gueule à la gare de Rennes.

    Ce soir, je n'étais pas arrivée depuis plus de 5 minutes à Paris que j'ai assisté à une scène affligeante à la gare Montparnasse et dit à un connard qu'il était infect. On s'est quittés en se faisant des doigts d'honneur. Faut que les agences de loc' arrêtent de me filer des bagnoles rouges. Je déteste cette couleur, elle m'énerve. La preuve, je supporte de moins en moins bien les cons.

  • Aux Ronchons avec "Roro"

    Ronchons.JPGCette adresse m’avait été conseillée par mon chef de projet. « Le restaurant porte mal son nom car le service y est très agréable » avait-il dit.

    Ce soir-là, profitant d’une visite dans le 5ème arrondissement, j’avais invité Roland, un ami de ma petite sœur, à me retrouver pour un verre voire plus si affinités*. En l’attendant, je déchiffrai les cartes alléchantes des restaurants de la rue Saint-Jacques. Hé oui je ne suis pas tout à fait une fille comme les autres, elles font les boutiques et moi je salive devant les cartes de restaurants.  J’avais le souvenir d’un garçon plutôt silencieux et réservé, et je retrouvai un homme enjoué et volubile. « Je ne t’avais pas reconnue », dit-il. Ah bon ? J’évite de me demander comment je dois le prendre.

    Après une pinte de Guinness à l’angle de la rue Malebranche, où le serveur derrière le comptoir avait un accent dépaysant – mais pas de jeu de fléchettes – je l’entraîne jusqu’à la Seine. Je ne viens jamais dans ce quartier et tout en marchant, je me laissai charmer par la lumière qui tombait ce soir-là sur le Panthéon. De belles journées de septembre remplissaient encore les terrasses.

    Sur le quai de la Tournelle, à deux pas de la Tour d’Argent, je propose un dîner aux Ronchons. La carte l’inspire, nous entrons. (Entre nous, il n'avait pas tellement le choix même si j'ai l'art de laisser croire le contraire). Le patron a quelque chose d’un instituteur de province à l’ancienne, dans sa tenue sobre et bourgeoise. Il nous installe près de l’entrée et des fenêtres, sur lesquelles la pluie tambourine maintenant.  

    « C’est pour qui, la dose de cholestérol ? » demande-t-il. « Pour moi ! ». O. n’avait pas menti, l’os à moelle rôti au four, fleur de sel et pain grillé est une tuerie que je déguste à la petite cuillère. Roland fait une cure d’iode face à une marinade de sardines fraîches à l'huile d'olive et poivrons doux au curry.

    Os à moelle de Fiso aux ronchons.JPG

     En plat principal, j’avais choisi un filet de poisson rôti au piment d’Espelette et Roro, je ne sais plus, à croire qu'il a bouffé tellement vite qu'on a pas eu le temps de prendre son plat en photo ?

    Dos de cabillaud aux ronchons.JPG

     Ce festin date de quelques semaines déjà et ma mémoire me fait défaut, pourtant je me souviens des boutades du patron, également de très bon conseil en ce qui concerne les visn, et d’un moment très agréable aux Ronchons.

    « Mais vous n’êtes pas ronchon du tout ! Je suis très déçue ! » lui lançai-je. C’est pas moi, c'est mon frère » répondit-il avec un sourire goguenard.

    Les Ronchons au 25, quai de la Tournelle, Paris 5ème (01 46 34 50 99)

    * plus si affinités = resto !

    (Roro t'as assuré de prendre ton appareil photo pour relayer mon téléphone portable qui n'avait plus de batterie)