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  • Carnets de voyage

    J’ai un copain qui aime les voyages, depuis tout petit. Je lui ai consacré un billet, une fois.

    Quand il part, il envoie à sa liste d’amis des mails très réguliers où il raconte son voyage. Je trouve ça charmant et me suis prise au plaisir de lire ses cartes postales virtuelles, d’autant plus que l’homme a beaucoup d’humour.

    Extraits avec ajouts des accentuations qui font défaut sur son clavier :

    « Moi qui n aime pas comparer, j’ai quand même a chaque fois le Japon qui fait de l’ombre. Mais les Coréens sont plus souriants, plus ouverts sur les autres, plus détendus. On peut certainement plus sympathiser avec eux. Mais je ne pars pas en voyage pour me faire des amis, j en ai suffisamment (c’est vous, comme quoi je me contente de peu). Je pars pour que le monde prenne toute la place dans mes yeux.

    Les Coréens adorent se prendre en photo ou être pris en photo. A présent surtout avec des smartphones. Bien souvent ils ne regardent même pas le monument. Ils arrivent, la belle se met en position, figée comme un piquet, monsieur cadre madame au centre, et ils repartent jusqu’au spot suivant.

    Un truc que je ne supporte pas c est quand ils font le V avec leurs doigts en posant. Rien que d’en parler ca m’énerve et j ai envie de casser quelque chose [NDLR : oh comme je le comprends !]

    Question fringues les Coréens s habillent en gros comme nous. Mais les vieux portent encore des chapeaux, genre panamas.

    Les jeunes ont souvent des coupes de Playmobil copiées sur les chanteurs ou acteurs préférés. Pas de raison que les jeunes d ici soient moins cons que chez nous. »

     

     

     

  • Un verre à Barcelone avec un pilote de l'US Air Force

    C’était le soir de ma toute première course, à Barcelone. Après une sieste régénératrice, enfouie dans les édredons tandis qu’un déluge s’abattait sur la ville, j’avais vaincu ma paresse et repris le bus pour aller dîner dans le centre. Le réceptionniste marocain m’avait conseillé un restaurant où il avait ses habitudes, à côté de la boutique du FC Barcelona.

    Dans le bar au décor américanisé, je me hisse sur un tabouret, au comptoir. Après avoir commandé un verre de Rioja, je scrute la vitrine et fais mon choix : fèves au jambon, asperges à la croque au sel, calamars à l’andalouse. Les haut-parleurs distillent « I want you » de Marvin Gaye et je me détends, tout en discutant avec le serveur, marocain lui aussi.

    Face à moi, de l’autre côté de l’immense comptoir, un séduisant jeune homme s’est installé, seul lui aussi, devant une pinte de bière. Il dîne, les yeux rivés sur l’écran de télé qui diffuse un concert de Rod Stewart. Nos regards se croisent, des sourires s’esquissent et après plus d'une heure et quelques formules de politesse, nos verres tintent.

    Mon compagnon d’un soir est portoricain et pilote dans l’US Air Force. Il est basé en Allemagne depuis plusieurs années et profite de quelques jours de congés pour parcourir l’Europe, et ce week end, Barcelone, avec des copains pilotes qui se remettent mal de la cuite de la veille.  

    P. raconte sa solitude, loin des siens, ses nièces et neveux qui grandissent loin de lui, les larmes que verse, à chacun de ses retours a Porto Rico, son père vieillissant et terrifié de perdre son petit dernier régulièrement envoyé en mission en Afghanistan. Je lui dis mon opposition à cette guerre stupide et injuste. « Je suis contre cette guerre aussi, dit P., mais je suis un soldat et je dois obéir ».

    Nous nous racontons nos voyages. P. est un homme sacrément cultivé et intéressant. Il parcoure l’Europe et est même allé à Paris « mais je n’ai pas aimé, je dois le dire ». P. s’y est heurté, comme tant d’autres, au mépris des « professionnels du tourisme ». Mais ce qui m’amuse particulièrement, ce soir-là, c’est le portrait sans complaisance que P. dresse des Européennes qu’il a observées :

    -          Les Espagnoles ? Elles ressemblent à mon frère, elles ont un visage trop masculin.

    -          Les Françaises ? Elles donnent l’impression que ce qu’elles portent est plus important que ce qu’elles sont.

    -          Les Scandinaves ? Symétriques et … inhumaines.

    Nous discutons géopolitique et musique. Après que P. m’ait raconté ses nombreuses vies, le doute se fait en moi. Je lui donne 30 ans tout au plus. P. me remercie et arbore un large sourire : il a 38 ans. Il me prend à son tour pour une gamine, je le mets K.O : 1-0, balle au centre.

    Sur le trottoir, P. me serre virilement la main. Nous avons échangé nos coordonnées car j’ai promis de lui montrer une autre facette de Paris, lors de son retour en juin, au gré d’une de mes balades. Et aussi de l'emmener danser la salsa, ce qui m'emmerde, entre nous, mais il aime les danses latinos et Paris en est un des meilleures ambassadrices.

    Qui m’aurait dit que je partagerais avec grand plaisir un verre avec un type qui bombarde l’Afghanistan ? L'humour et l'acuité de P. m'ont enchantée et sa solitude m'a émue. Je repars dans les rues glacées et désertes, conversant maintenant avec une jeune Colombienne qui vit ici depuis des années.

    Quelle belle surprise que cette soirée ! J’en ai même oublié mon parapluie dans le bar.

  • Les éternelles adolescentes

    Où l’on se demande si, finalement, faire plus jeune que son âge est si enviable que cela …

    Les éternelles adolescentes abdiquent leur pouvoir dans le but de plaire aux hommes. Qu’elles soient femmes mariées ou femmes fatales, qu’elles deviennent de parfaites maîtresses de maison ou des muses au destin tragique, elles ont en commun le point suivant : l’éternelle adolescente se trahit elle-même et fabrique son identité à partir des images que les autres, en particulier les hommes, projettent sur elle. Elle éprouve de grandes difficultés à prendre des initiatives et des décisions.

    On distingue 4 types d’éternelles adolescentes :

    On retrouve le plus souvent la petite poupée chérie, « petite chose adorable à regarder », au bras d’un homme qui a du succès. Elle paraît fière et confiante, qualités qui peuvent même susciter l’envie des autres femmes, mais elle-même sait que c’est une façade. Ce comportement reflète la plupart du temps la détresse d’une femme qui a été négligée par son père. Il n’a apprécié sa fille que pour son charme et sa beauté, alors que ses talents et ses qualités l’ont laissé indifférent.

    La fille de verre prend prétexte de sa fragilité et de son hypersensibilité pour se réfugier dans les livres ou dans des mondes de sa propre imagination, devenant ainsi une sorte de fantôme d’elle-même.

    La séductrice vit dans le monde de l’imprévu et dans la joie du moment présent. Elle veut vivre de manière instinctive et sans aucune contrainte. Carburant à l’amour, elle refuse toute forme de responsabilités et d’obligations et, tout comme le don Juan masculin, éprouve énormément de difficulté à s’engager dans une relation durable. Cette existence improvisée, c’est la révolte d’une femme qui a été asservie par sa mère et négligée par son père. Mais elle n’a pas acquis le sens de sa propre valeur et sa révolte l'empêche d'établir une relation véritable avec l'homme qu'elle aime.

    La marginale s’identifie à un père devenu objet de honte, un père qui s’est révolté contre la société ou en a été rejeté. La mère a pris en charge l’organisation familiale mais la petite fille a été émue par le drame de son papa. Parce qu’elle a souvent le même caractère autodestructeur, son destin et celui de son père se ressembleront. En toute occasion, elle a besoin de critiquer et d’affirmer sa différence. Elle a de la difficulté à changer quand elle ne refuse pas carrément de le faire. Elle sombre souvent dans la dépression et le masochisme, pleurant ses vies ratées et ses relations avortées.

    L’éternelle adolescente a besoin de plaire à tout prix. Sa stratégie se résume à peu près ainsi : se faire voir, se faire valoir, se faire vouloir et … se faire avoir !

    [Source : Extrait de "N'y-a-t-il pas d'amour heureux ?" de Guy Cormeau]

     

  • Une après-midi à Camden market

    Tu t'appelais Michael, je crois. Ou Peter. Peu importe.
    Tu étais londonien, sans doute. Ou pas. Peu importe.
    C'était un dimanche de janvier, dans Camden Market. Je m'y promenais, une belle blonde sous le bras, savourant les dernières heures d'un week end froid et ensoleillé à parcourir Londres.Nous nous réchauffions en buvant un thé, humant les effluves sucrées et épicées.

    Tu t'es assis devant le piano abandonné à côté de nous, étrange lutin coiffé d'un bonnet à pompon. Tu nous as saluées avant de faire naitre sous tes mitaines une mélodie des Red Hot Chili Peppers. Tu m'as demandé si je connaissais, et si j'aimais. Après quelques morceaux, manquant peut-être d'inspiration, tu m'as sollicitée, offrant de jouer un morceau que j'affectionnerais. J'ai demandé "The scientist" de Coldplay. Tu ne la connaissais pas. Quelques faux départs plus tard, nous nous sommes accordés sur de Karma Police de Radiohead et j'ai chanté avec toi. Puis je t'ai entraîné sur Rat race de Bob Marley, du reggae au piano, fallait le faire et tu l'as fait.

    Nous avons partagé plus qu'une chanson, un de ces instants rares d'amitié qui donnent un sens à cette vie. Une preuve, encore une que c'est l'humain et lui seul qui apporte le bonheur. Que les mots sont superflus quand les émotions sont à l'unisson. Que le bonheur est dans ces instants-là, dans ces rencontres avec des inconnus qui sont toi, ces instants fugaces et éternels.
    Cette photo n'était même pas nécessaire car si j'ai oublié ton prénom, ton visage est dans mon coeur.

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  • Après le week end "fesses à l'air", la journée "peau du cul"

    Préambule : Je suis sûre que CUI aurait trouvé un bien meilleur jeu de mots à faire avec ce billet.

    Ca faisait un petit moment que j'avais envie de tester les voitures électriques d'Autolib. Une collègue m'ayant rassurée sur la simplicité de leur utilisation, il ne me restait plus qu'à attendre une occasion.

    En début de semaine, ressentant le besoin d'aller discuter avec JM, mon ami de presque toujours, je décidai de me lancer et scannai permis de conduire, carte d'identité et photo récente pour envoyer le tout par mail. Hélas, le message "Vos documents ont été validés, vous pouvez maintenant finaliser votre abonnement à une station Autolib'" arriva le lendemain matin.

    Mercredi soir, sortant du concert de mon frère, dotée de mon tee-shirt de groupie N°1, celui-ci me propose de les ramener, lui et ses potes, et de tester l'engin par la même occasion. Je n'ai malheureusement pas mon permis de conduire avec moi, sésame obligatoire pour finaliser ledit abonnement.

    Aujourd'hui, donc, je rejoins une station équipée d'une borne d'abonnement et découvre par la même occasion la ville d'Arcueil. Je trouve les stations Autolib' bien moins repérables que leurs jumelles Vélib' et c'est une épicière qui m'indique la station, sur le trottoir juste en face de moi. Les voitures grises, ce n'est pas non plus très accrocheur, visuellement. Enfin, pour une voiture écolo, ce n'est pas très joyeux, le gris !

    Dans la bulle, une jeune femme apparaît sur un écran et me parle, comme sur Skype. A cause du bruit de la circulation, je dois tendre l'oreille pour entendre ce qu'elle dit (détail qui a son importance, comme vous le comprendrez par la suite).

    Fort sympathique, elle m'indique qu'on va bloquer une caution de 50€ sur mon compte et m'explique comment prendre possession d'un véhicule. Je me plante, bien sûr, et débranche le mauvais véhicule. En fait, c'est exactement comme avec le Vélib, tu passes un badge sur un lecteur, tu tapes ton code secret, on t'attribue une voiture, tu la dévérouilles en passant ledit badge sur un lecteur près du rétro, tu débranches sa prise d'alim et en voiture Simone !

    A bord, un témoin de charge de la batterie indique 96% de charge. Un écran propose de visionner une vidéo qui t'explique comment rouler en mode automatique. Il y a même une option aide qui te permet d'appeler un conseiller directement à partir du véhicule. La classe.

    Au démarrage c'est très étrange, tu as l'impression que la voiture n'a pas démarré, et pourtant si, elle se lance, mais sans bruit !  La boîte automatique ne me dérange pas, j'en ai déjà eu une. Mon GPS ne me sert à rien car la Bluecar en est équipée, ni mon CD de Michael Kiwanuka (elle est dépourvue de lecteur). J'ai toujours l'option radio Nova, mais le volume sonore, bridé, est inaudible en circulation.

    C'est parti ! Après avoir vérifié auprès de ma charmante conseillère que c'était autorisé et possible, je me lance sur l'autoroute A6 en direction d'Evry. Ma voiture métallisée, plus haute que les autres, ne passe pas inaperçue. Je suis assez contente de faire de la pub à ce concept écologique et économique. Sur l'autoroute, j'atteins les 110 comme avec n'importe quelle voiture, aucune différence notable, si ce n'est le bruit du moteur, très différent d'une voiture à carburant. Un peu l'impression qu'on met les turbines et que je vais décoller.

    Peu après, je me gare sur le parking du magasin de JM qui m'attendait pour se faire conduire à la poste à bord de mon nouveau joujou. Comme moi, il est emballé par la petite voiture.

    A l'arrêt, incapable de verrouiller la voiture, je fais appel à un conseiller qui me répond instantanément et me rassure : il va remonter l'anomalie mais de toutes façons, personne ne peut utiliser le véhicule sans badge.

    Vers 18h30, j'appelle Boug' qui devait me retrouver chez moi à 19h30 pour un dîner viet'.
    "Je suis dans le coin, t'es partante pour une expérience inédite ? "
    Elle hésite ma Boug':
    - Ça dépend quelle expérience.
    - Je passe te chercher et on va dîner dans le coin"

    Je gare ma caisse devant le portail avec une demie-heure de retard sur l'heure de l'apéro. Une heure plus tard, après avoir, à la faveur de quelques ralentisseurs, pu mesurer l'assise un peu "dure" de la Bluecar, nous voilà sur le parking d'un restaurant de poissons. Boug' mitraille mon visage au-dessus du slogan "Libre comme l'air", qui dans ma tête résonne comme une promesse. Si seulement !

    autolib'

    22h30, je la dépose chez elle et reprend l'autoroute après avoir réservé une place à la station qui se trouve littéralement au coin de ma rue.

    "Vous avez 90 minutes pour rejoindre cette station; l'emplacement n°2 vous est réservé" me confirme le jeune homme que j'appelle. 20/20 le service client Autolib' !

    Absolument séduite par cet essai, j'appelle mon frère pour lui en vanter les mérites. Arrivée à destination, le témoin de charge de la batterie indique encore 40% d'autonomie après 100 kms de route.

    Je gare la voiture sur la place n°2, la rebranche, la verrouille et me dirige vers chez moi. Mon téléphone bipe "Merci d'avoir choisi Autolib. Votre location a duré 468 minutes pour un montant de 121.27 EUR."

    Je relis le message. 121.27 EUR ??? Qu'est ce qu'ils me chantent, Autolib', j'ai pris l'otpion à 10€, moi !
    Je commence à composer le n° du service client et me ravise. C'est gratuit d'un fixe, je vais d'abord vérifier sur internet que je ne me suis pas planté et j'appellerai de chez moi. Sur internet, je retrouve l'offre abonnement 24h. J'appelle. La jeune femme m'apprend que les 10€ sont le tarif de l'abonnement, mais qu'à cela il faut ajouter un coût de location à la demie-heure, "que je retrouve à gauche, sur la page". Je proteste sur le manque de clarté du site, dis même que j'ai les boules. "On vous l'a indiqué lors de l'abonnement". Peut-être, mais ça devait être quand je n'entendais rien, justement. C'est le moment que choisit ma box pour s'éteindre et mettre fin à mes jérémiades. Et là, contrairement aux autres fois, personne ne me rappelle. Je raccroche, résignée, imaginant déjà la tête de Boug' et de JM quand je vais leur raconter ma dernière mésaventure. Entre nous, je trouve que je les accumule un peu en ce moment.

    Sur gmail, un ami est le premier témoin de mon nouvel épisode des malheurs de Sophie. Il me trouve pétillante et rigolote, tu m'étonnes. On ne s'enuie pas avec moi, j'en ai toujours une bonne à raconter. Je préfère en rire, de toute façon je l'ai dans le cul, Lulu, mais j'aurais préféré claquer 120€ de lingerie plutôt qu'en aller-retour vers Evry  !

    En écrivant ce billet, je me remémore en mode aigre-doux le séduisant slogan affiché sur la portière de la Bluecar : "Libre comme l'air" ... mais surtout fauchée comme les blés !