Préambule : Je suis sûre que CUI aurait trouvé un bien meilleur jeu de mots à faire avec ce billet.
Ca faisait un petit moment que j'avais envie de tester les voitures électriques d'Autolib. Une collègue m'ayant rassurée sur la simplicité de leur utilisation, il ne me restait plus qu'à attendre une occasion.
En début de semaine, ressentant le besoin d'aller discuter avec JM, mon ami de presque toujours, je décidai de me lancer et scannai permis de conduire, carte d'identité et photo récente pour envoyer le tout par mail. Hélas, le message "Vos documents ont été validés, vous pouvez maintenant finaliser votre abonnement à une station Autolib'" arriva le lendemain matin.
Mercredi soir, sortant du concert de mon frère, dotée de mon tee-shirt de groupie N°1, celui-ci me propose de les ramener, lui et ses potes, et de tester l'engin par la même occasion. Je n'ai malheureusement pas mon permis de conduire avec moi, sésame obligatoire pour finaliser ledit abonnement.
Aujourd'hui, donc, je rejoins une station équipée d'une borne d'abonnement et découvre par la même occasion la ville d'Arcueil. Je trouve les stations Autolib' bien moins repérables que leurs jumelles Vélib' et c'est une épicière qui m'indique la station, sur le trottoir juste en face de moi. Les voitures grises, ce n'est pas non plus très accrocheur, visuellement. Enfin, pour une voiture écolo, ce n'est pas très joyeux, le gris !
Dans la bulle, une jeune femme apparaît sur un écran et me parle, comme sur Skype. A cause du bruit de la circulation, je dois tendre l'oreille pour entendre ce qu'elle dit (détail qui a son importance, comme vous le comprendrez par la suite).
Fort sympathique, elle m'indique qu'on va bloquer une caution de 50€ sur mon compte et m'explique comment prendre possession d'un véhicule. Je me plante, bien sûr, et débranche le mauvais véhicule. En fait, c'est exactement comme avec le Vélib, tu passes un badge sur un lecteur, tu tapes ton code secret, on t'attribue une voiture, tu la dévérouilles en passant ledit badge sur un lecteur près du rétro, tu débranches sa prise d'alim et en voiture Simone !
A bord, un témoin de charge de la batterie indique 96% de charge. Un écran propose de visionner une vidéo qui t'explique comment rouler en mode automatique. Il y a même une option aide qui te permet d'appeler un conseiller directement à partir du véhicule. La classe.
Au démarrage c'est très étrange, tu as l'impression que la voiture n'a pas démarré, et pourtant si, elle se lance, mais sans bruit ! La boîte automatique ne me dérange pas, j'en ai déjà eu une. Mon GPS ne me sert à rien car la Bluecar en est équipée, ni mon CD de Michael Kiwanuka (elle est dépourvue de lecteur). J'ai toujours l'option radio Nova, mais le volume sonore, bridé, est inaudible en circulation.
C'est parti ! Après avoir vérifié auprès de ma charmante conseillère que c'était autorisé et possible, je me lance sur l'autoroute A6 en direction d'Evry. Ma voiture métallisée, plus haute que les autres, ne passe pas inaperçue. Je suis assez contente de faire de la pub à ce concept écologique et économique. Sur l'autoroute, j'atteins les 110 comme avec n'importe quelle voiture, aucune différence notable, si ce n'est le bruit du moteur, très différent d'une voiture à carburant. Un peu l'impression qu'on met les turbines et que je vais décoller.
Peu après, je me gare sur le parking du magasin de JM qui m'attendait pour se faire conduire à la poste à bord de mon nouveau joujou. Comme moi, il est emballé par la petite voiture.
A l'arrêt, incapable de verrouiller la voiture, je fais appel à un conseiller qui me répond instantanément et me rassure : il va remonter l'anomalie mais de toutes façons, personne ne peut utiliser le véhicule sans badge.
Vers 18h30, j'appelle Boug' qui devait me retrouver chez moi à 19h30 pour un dîner viet'.
"Je suis dans le coin, t'es partante pour une expérience inédite ? "
Elle hésite ma Boug':
- Ça dépend quelle expérience.
- Je passe te chercher et on va dîner dans le coin"
Je gare ma caisse devant le portail avec une demie-heure de retard sur l'heure de l'apéro. Une heure plus tard, après avoir, à la faveur de quelques ralentisseurs, pu mesurer l'assise un peu "dure" de la Bluecar, nous voilà sur le parking d'un restaurant de poissons. Boug' mitraille mon visage au-dessus du slogan "Libre comme l'air", qui dans ma tête résonne comme une promesse. Si seulement !
22h30, je la dépose chez elle et reprend l'autoroute après avoir réservé une place à la station qui se trouve littéralement au coin de ma rue.
"Vous avez 90 minutes pour rejoindre cette station; l'emplacement n°2 vous est réservé" me confirme le jeune homme que j'appelle. 20/20 le service client Autolib' !
Absolument séduite par cet essai, j'appelle mon frère pour lui en vanter les mérites. Arrivée à destination, le témoin de charge de la batterie indique encore 40% d'autonomie après 100 kms de route.
Je gare la voiture sur la place n°2, la rebranche, la verrouille et me dirige vers chez moi. Mon téléphone bipe "Merci d'avoir choisi Autolib. Votre location a duré 468 minutes pour un montant de 121.27 EUR."
Je relis le message. 121.27 EUR ??? Qu'est ce qu'ils me chantent, Autolib', j'ai pris l'otpion à 10€, moi !
Je commence à composer le n° du service client et me ravise. C'est gratuit d'un fixe, je vais d'abord vérifier sur internet que je ne me suis pas planté et j'appellerai de chez moi. Sur internet, je retrouve l'offre abonnement 24h. J'appelle. La jeune femme m'apprend que les 10€ sont le tarif de l'abonnement, mais qu'à cela il faut ajouter un coût de location à la demie-heure, "que je retrouve à gauche, sur la page". Je proteste sur le manque de clarté du site, dis même que j'ai les boules. "On vous l'a indiqué lors de l'abonnement". Peut-être, mais ça devait être quand je n'entendais rien, justement. C'est le moment que choisit ma box pour s'éteindre et mettre fin à mes jérémiades. Et là, contrairement aux autres fois, personne ne me rappelle. Je raccroche, résignée, imaginant déjà la tête de Boug' et de JM quand je vais leur raconter ma dernière mésaventure. Entre nous, je trouve que je les accumule un peu en ce moment.
Sur gmail, un ami est le premier témoin de mon nouvel épisode des malheurs de Sophie. Il me trouve pétillante et rigolote, tu m'étonnes. On ne s'enuie pas avec moi, j'en ai toujours une bonne à raconter. Je préfère en rire, de toute façon je l'ai dans le cul, Lulu, mais j'aurais préféré claquer 120€ de lingerie plutôt qu'en aller-retour vers Evry !
En écrivant ce billet, je me remémore en mode aigre-doux le séduisant slogan affiché sur la portière de la Bluecar : "Libre comme l'air" ... mais surtout fauchée comme les blés !