La date du 10 mai a donc été choisie par Jacques Chirac pour célébrer l'abolition de l'esclavage, en 1848.
N'oublions pas que, s'il n'est plus l'objet de déportations de masse, l'esclavage n'a pas pour autant disparu.
Le Figaro rappelle que selon le Bureau International du Travail, au moins 12,3 millions d'hommes, femmes et enfants sont victimes du travail forcé dans le monde, dont 2,4 millions de la traite des êtres humains (prostitués et clandestins).
L'Asie compterait le plus grand nombre de travailleurs forcés (9,5 millions), devant l'Amérique latine et les Caraïbes (1,3 million), l'Afrique subsaharienne (600 000), le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord (260 000). Quant aux pays industrialisés, ils en abriteraient quelque 360 000. A ce propos, jetez un coup d'oeil à la triste BD "l'odeur des Sampaguitas" dessinée par Marjorie, expatriée en Jordanie.
En France, le Comité contre l'escalavage moderne (CCEM) a vu le jour en 1994. Le CCEM a constitué 739 dossiers depuis 1998 (une trentaine portée devant les tribunaux chaque année). Le 26 juillet 2005, la Cour européenne des droits de l'homme a condamné la France face à Henriette Siliadin, exploitée par un riche éditeur parisien. Cette mesure rappelle que l'esclavage et la servitude ne sont pas "en tant que tel réprimés par le droit pénal français" (sic).
Mme Rouabah, directrice du CCEM, indique que ces enfants viennent des Philippines, du Sri Lanka, d'Inde, d'Indonésie, du Pakistan, de Somalie, d'Erythrée, d'Ethiopie, du Sénégal, de Côte d'Ivoire, du Bénin, du Maroc, du Congo, de Madagascar et de l'Océan Indien. Il existe des agences de recrutement avec pignon sur rue.
56% des victimes recueillies par le CCEM viennent d'Afrique, 25% d'Asie, 10% de l'Océan Indien et 4% du Moyen-Orient.
Les jeunes filles provenant d'Asie ont en général transité par un pays du Golfe et accompagnent leur patron en France. On les retrouve dans les beaux quartiers et sur la Côte d'Azur.
Les jeunes filles provenant d'Afrique de l'Ouest sont à 80% mineures lors de leur entrée en France. Elles avaient alors entre 8 et 15 ans et sont souvent inscrites sur le passeport de leur patron comme membre de la famille. Elles leur ont été confiées contre de fausses promesses. Souvent analphabètes et habituées à être soumises aux adultes, elles ignorent tout de leur droit en France. Elles deviennent esclaves domestiques, soumises à toutes les violences, souvent harcelées sexuellement et sont mises à la rue quand elles grandissent, renvoyées et remplacées par une fille plus jeune et plus soumise. 70% de ces mineures sont victimes de violences. Un tiers d'entre elles ont été violées. Majeures ou mineures, ces victimes recueillies par le CCEM sont cassées, sans statut, sans repères, sans famille, sans amis, sans logement, sans ressources et surtout sans espoir. Leurs exploiteurs sont issus des milieux diplomatiques ou de familles très riches mais aussi de toutes les autres couches de la société. 42% des patrons sont originaires d'Afrique, 18% d'Europe, 20% des pays arabes et 4% d'Asie.