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boug' - Page 4

  • Jour 2 : retour à la cité-cadres

    100_3794.JPGUn peu avant 9h, nous descendons dans la salle à manger de l'hôtel. Le buffet du petit déjeuner est pantagruélique : pain noir comme j'aime, brioche aux amandes et fleur d'oranger, assortiment de confitures et miel, charcuteries diverses dont le goûteux jambon fumé local et salami, des fromages non identifiés, fruits frais, céréales et meuleuse à grains, fromages blancs nature et aux framboises fraîches. Je presse des oranges et comme nous avons décidé de ne faire que 2 repas quotidiens, nous nous en mettons plein la panse. Repues mais par l'odeur d'œufs frits alléchées, nous nous laissons tenter une dernière fois par des œufs brouillés. 

    Ce matin, nous n'avons pas le temps de faire grand-chose avant de rejoindre Beate à 14h. Nous nous garons devant la piscine - pour ceux qui n'auraient toujours pas compris, celle ou j'ai gagné mon certificat de triton d'or - et j'y pénètre. Un monsieur m'informe qu'elle est réservée aux « pupils » et n'ouvre au public qu'à  17h. Je prends quelques clichés, c'est incroyable, rien n'a changé en 25 ans, même les mosaïques sont les mêmes.  

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    Un peu plus loin, le grand moment tant attendu est arrivé, nous nous engageons dans la Koenigstrasse. Le château du colonel est plus beau que dans mon souvenir, un vrai château de conte de fées. Dans le parc attenant, des chevaux, des chèvres et des poules s'ébattent en liberté.

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    Tout en conduisant, je désigne à Boug' le bois où nous jouions des heures. Nous nous garons sur le parking de la cité-cadres, les bâtiments n'ont pas changé, les sapins sont toujours là, seuls nos balançoires et tape-cul ont disparu, je prends la pose devant la fenêtre de ma chambre. 

    J'entraîne Boug' sur le chemin tapissé de feuilles mortes qui menait à notre école primaire. L'odeur de mousse et de sous-bois humide m'assaille. Les corbeaux croassent au-dessus de nos têtes, les chats filent en silence, si je fermais les yeux, je me retrouverais projetée 25 ans en arrière. Les marches en bois vermoulu qui menait à l'école ont disparu, elle, et le passage est barré par un grillage.

    Derrière mon immeuble, je raconte ma collision à vélo, particulièrement réussie, avec le fils L. Mes genoux gardent les traces de mes jeux d'enfants ici. Je reconnais les immeubles où habitaient mes petits camarades de l'époque, celui de Sacha, de Nathalie, de Laetitia, de Bertrand, avec lesquels je suis toujours en contact. Impossible de pénétrer dans le camp de ce côté, je prends des photos à travers le grillage. Le camp est immense et intact, visiblement très bien entretenu. Apercevant des voitures qui circulent dans ses murs, je décide de tenter une incursion discrète. Je me gare devant l'entrée du camp, hésitant à braver le signe Verboten et y pénètre d'abord à pied, cachant mon appareil photo dans mon blouson. Je reconnais les baraquements en briques rouges dans lesquels les bidasses passaient leur service militaire. Un peu plus loin, un bâtiment très beau surmonté d'une belle horloge m'est familier, il abrite aujourd'hui un musée sur l'histoire du camp militaire de Mûnsingen. Plus loin à droite, une croix avec Jésus mais la chapelle où je m'égosillais chaque dimanche a disparu, visiblement. 

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    Alors que je prends des clichés, un monsieur blond et massif, accompagné de son chien, s'approche et m'apostrophe en allemand. Ca donne à peu près ça : « Du bist franzose ? » « Ya » « Kleine kinder hier ? » « Ya » « Mit papa soldat? » « Ya ». Le monsieur me propose de revenir le lendemain matin à 10h, il me fera visiter le musée et le « mixte mess ». Nous baragouinons chacun dans notre allemand-anglais approximatifs, nous serrons la main et échangeons nos prénoms, il s'appelle Reinhard.

    Je retourne à la voiture et décide, vu l'étendue du camp, de tenter une infiltration véhiculée avec la Boug' en guetteuse et caméraman. Intrusion réussie, seul Reinhard nous repère, je m'arrête de nouveau, lui présente Boug' et RDV est repris pour le lendemain. Nous faisons le tour du camp et du mess des sous-off' où le dimanche était jour de fête puisque nos parents nous y emmenaient régulièrement pour manger couscous ou poulet rôti, l'occasion pour nous tous de cavaler allègrement dans les couloirs du mess et de foutre un sacré bordel, nos parents étant occupés à autre chose. Seul manque le cinéma où j'ai amorcé ma culture cinématographique avec des chefs d'œuvre tels que « Cul et chemise », « Goofy aux sports d'hiver », « Rox et Rouky » et quand même, « Excalibur » qui figure aujourd'hui dans ma DVDthèque.     

    Nous repartons vers Bottingen où j'espère retrouver la trace de M. Mans, un ami de mon père mais les rues du village sont désertes. Je pousse jusqu'à Breithullen, où se trouvait le dépôt de munitions sur lequel travaillait mon père et où j'ai de fabuleux souvenirs de méchouis sur fond de guitare et de nuits étoilées mais je n'en trouve plus trace. En attendant l'heure du RDV avec Beate, nous nous posons dans le Mc Do de Munsingen, espérant capter une connexion wifi mais ici c'est payant et cher (8€ l'heure).

  • Jour 2 : le château du Lichtenstein avec Beate

    100_3855.JPGA 14h, nous nous garons de nouveau Gustav Schwab strabe. Je sonne à la porte et quelques instants plus tard, Beate nous ouvre. Elle n'a pas changé si ce n'est quelques rides autour de ses yeux et je l'aurais reconnue sans peine. Sur la table nous attendent un assortiment de pâtisseries et 2 thermos remplis de thé et café. Boug' se laisse tenter par une Forêt-Noire et une part de tarte à la rhubarbe, et moi par de la Sachertorte et tarte à la rhubarbe.

    Robert nous rejoint et nous échangeons nos souvenirs en français car Beate parle un français quasi-parfait ; elle ne pratique pourtant que très rarement. Elle a laissé une gamine, elle retrouve une femme et nous faisons maintenant connaissance, d'adulte à adulte. J'apprends que Beate n'est pas du tout une münsinger mais qu'elle est originaire de Fribourg, en Forêt-Noire, à quelques kilomètres de la France, ce qui explique sa culture très francophile. Beate s'enquiert de nos projets de visite dans la région. J'ai pensé à Bad Urach et Tubingen, une jolie ville étudiante. Elle propose de nous emmener jusqu'au château du Lichtenstein en empruntant la vallée de la Lauter, un affluent du Danube. Le château du Lichtenstein était un des sites favoris de ma mère, que j'ai plusieurs fois visité avec elle, enfant, et un incontournable pour tous nos visiteurs français.

    Nous partons dans la voiture de Beate. Le temps est nuageux et il fait très froid. Nous quittons Munsingen et la première halte se fait peu après, dans un sous-bois où Beate nous fait découvrir des fleurettes délicates et typiques de la région : des « garçons » et « jeunes filles » et aussi une espèce rare et protégée, une sorte de clochette blanche. Nous reprenons la voiture et poursuivons jusqu'à Offenhausen, à la Lauterquelle, la source de la Lauter, dans un site bucolique à souhait. Beate nous en apprend plus sur cette pierre crayeuse que nous avons aperçue à maintes reprises depuis notre arrivée.

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    Il s'agit d'une pierre calcaire que l'on trouve de Seeburg à Bad Urach, une pierre poreuse, très belle mais qui n'est plus très utilisée pour les constructions. La voiture serpente à travers la végétation hivernale et je contemple les forêts de majestueux sapins de mon enfance, ceux-là même dont les larges branches ployaient sous la neige. Celle-ci était encore présente il y a peu et Beate confirme que les bourgeons n'apparaissent qu'en mai. Il y a des chemins de randonnée partout à flanc de colline et des bancs pour que les promeneurs puissent faire halte. J'aime beaucoup cette proximité qu'ont les Allemands avec la nature.

    Peu après, Beate prend la direction du Schloss Lichtenstein et m'apprend que schloss signifie à la fois dire « serrure » et « château ». Elle gare la voiture sur un parking et le magnifique château du Lichtenstein se découpe dans le ciel. Construit au 14ème siècle, complété au 18ème, fortement endommagé par des tirs des Alliés à la fin de la 2ème guerre mondiale, il se dresse sur un pic rocheux à 250 mètres au-dessus de la vallée.

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    De là-haut on a une vue à couper le souffle sur les montagnes du Jura souabe et jusqu'à Reutlingen.

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    Un guide nous entraîne bientôt sur le pont-levis. Nous suivons la visite sur un document en français. D'abord la salle des armes où l'on trouve une armure d'adolescent. Ensuite la chapelle à la magnifique voûte bleue nuit, dont une niche est illuminée de rouge lorsqu'elle le soleil la frappe de ses rayons puis la chambre royale. Nous entrons ensuite dans une pièce en saillie où se trouve les masques mortuaires de plusieurs personnages illustres, parmi lesquels Napoléon 1er et Goethe.

    La pièce qui m'impressionne le plus est sans nul doute la salle des chasseurs , toute sculptée de bois, avec sa chaire d'où un orateur racontait le retour de chasse. On y trouve aussi une immense flûte à champagne  - à sa taille, soit 1m93 - offert à son époux, le duc Wilhelm, par la princesse Theodolinde Leuchtenberg, petite fille de Joséphine de Beauharnais. Notre dépliant dit qu'il fallait 3 bouteilles de champagne pour remplir cette immense flûte et 3 hommes pour la boire : le premier tenait le verre, le deuxième buvait et le troisième tenait celui qui buvait. Rien ne dit dans quel état finissait le trio ...

    Des inscriptions tantôt chevaleresques « Servir tous les dames mais mourir pour une seule » (en français approximatif dans le texte), tantôt humoristiques « Plus de gens se sont noyés dans la bière et dans le vin que dans le Danube et le Rhin » sont peintes sur les murs.

    Il est 18h30 lorsque nous remercions notre guide. Beate nous dépose chez elle et nous repartons immédiatement dans notre Mégane. En effet, ce soir, c'est détente : j'emmène Boug' se réchauffer dans les thermes de Bad Urach (Urach les Bains).

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    A 19h20, nous nous plongeons avec délice dans le bassin immense à 28° où nous massons nos lombaires sur de puissants jets. Un bassin surmonté de volutes de vapeur nous attire dehors et nous plongeons maintenant avec ravissement dans un bassin extérieur à 34°C où se prélassent d'autres nageurs. Là, en contemplant le ciel couleur d'encre, les montagnes alentour et les moineaux qui pépient joyeusement dans le soir tombant, je me dis que j'ai vraiment, vraiment beaucoup de chance.

    Il est 21h20 quand toutes alanguies, nous regagnons la voiture et tentons, en vain, de trouver un restaurant qui servirait encore à manger autour de la Marktplatz d'Urach, bordée de maisons à colombages.  Quelques minutes après 22h30, nous voici attablées devant un thé rooibos, racontant notre soirée à Beate et comment, descendant au sauna des thermes, Boug' a lâchement rebroussé chemin en  apercevant de jolies paires de fesses d'hommes. Beate rit et nous conte à son tour la mésaventure d'une de ses amies qui s'était le plus naturellement du monde foutue à poil dans un sauna anglais, provoquant une vague d'indignation. Nous avons ensuite échangé des expériences culinaires où il est question d'escargots et de grenouilles et aussi d'une tradition bavaroise qui m'a laissé rêveuse : la pause de 11 heures où l'on déguste un Bretzel accompagné d'une bière, de radis et parfois d'une weiss wurst (saucisse blanche, en fait un boudin blanc) trempée dans de la moutarde sucrée.

    En nous souhaitant bonne nuit, Beate promet : demain, Boug' mangera son premier bretzel !

  • France - Roumanie, jour 1 : Münsingen

    100_3788.JPGNDLR : Ce billet interessera plus particulièrement ma famille et les gosses de militaires avec lesquels j'ai grandi mais aussi, peut-être, d'anciens bidasses qui ont souffert dans les baraquements de la Petite Sibérie, comme on l'appelait alors, et qui tomberaient sur ce billet en faisant des recherches, comme je le constate parfois dans la liste des mots-clés amenant le visiteur jusqu'à 2yeux2oreilles.

    Première journée de mon trip à la Thelma et Louise avec Boug´: 2200 kms entre Paris et Rimnicu Valcea, au pied des Carpates roumaines, o­­ù nous attend Dana, en passant par Münsingen, la ville du Jura souabe dans laquelle j'ai grandi, et Budapest où nous profiterons de l´appartement d´Igor, mon ami hongrois.

    Münsingen ... je n'y étais pas revenue depuis 24 ans et je n'aurais pas pensé que ce serait avec Boug' que je retournerais sur les traces de mon enfance. Au fur et à mesure que nous approchions de la frontière, les noms des villes prenaient une sonorité familière. Baden-Baden, Rastatt, Pforzheim puis Stuttgart, la ville de Porsche, ou incrédules, nous nous sommes pris un déluge de grêle sur la tronche. "Tu m'as dit de prendre des tee-shirts parce qu'il pouvait faire beau... c'est des pulls et une doudoune qu'on va aller acheter, oui !" s'exclame Boug', hilare.

    Je bluffe : "Tu vas voir, il fera beau, chez moi !"

    En quittant Stuttgart, je retrouve la végétation aux couleurs magnifiques qui bordent l'autouroute, sillonnées par de puissantes berlines et autres Porsche. Tout le monde roule très vite et pourtant la circulation est parfaitement fluide. Engaillardie par la vitesse à laquelle je suis régulièrement dépassée, j'ose enfin un timide 150. Putain que c'est bon !

    Peu avant Stuttgart, nous prenons à droite la direction de Metzingen, ville connue pour ses nombreux magasins d'usine, que nous traversons avant de rejoindre Bad Urach. Ahhhh ! Bad Urach ! Les souvenirs, que je m'empresse de raconter à Boug', remontent à ma mémoire : la patinoire à ciel ouvert, sur la piste de laquelle j'évoluais pendant des heures avec mon père et mon frère, profitant du passage de la machine d'entretien pour dévorer un hot-dog que je vomissais immanquablement, sur le chemin du retour, dans un des virages de la montée d'Urach. Et justement, à la sortie de la ville, nous attaquons ces fameux virages qui me remplissaient d'appréhension quand j'étais enfant. A droite, en contrebas, le joli ruisseau l'Erms dévale les pierres et la campagne allemande rayonne de beauté sous la lumière du soleil. Car oui, il fait maintenant un soleil radieux et je jubile en silence.

    Enfin nous apercevons le panneau qui annonce notre première halte : Münsingen. Nous prenons à gauche vers le centre-ville et la Marktplatz ou se trouve une magnifique fontaine de pierre et l'hôtel Hermann, une imposante batisse de pierre à colombages. Cette place, je la connais bien, et le magasin de jouets à l'angle, tout proche, m'est familier aussi.

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    Nous posons nos valises et ressortons aussitôt, pressées de nous dégourdir un peu les jambes après 6 heures passées en voiture. J'ai en poche l'adresse de l'ex-femme du parrain de ma petite soeur, née ici. Boug' met son TomTom en mode piéton et nous remontons la rue principale de la ville. Après une centaine de mètres, sur la gauche, je déchiffre une pancarte "Schwimmhalle". Et là, dans un renfoncement, la piscine de mon enfance, celle oü, au milieu de mamies coiffées de bonnets avec de grosses fleurs en plastique, j'ai appris à nager ! Boug' réfrène un sourire amusé devant les cris de la gamine que je redeviens sous ses yeux.

    20 minutes plus tard, assaillies par une nouvelle chute de neige, nous sonnons à la porte d'une jolie maison de la Gustav Schwab Straße (hé hé je me la pète avec les caractères allemands de mon clavier mais pour l'accentuation francaise c'est une autre histoire, d'ailleurs je ne trouve plus la combinaison numérique pour faire le C cédille alors tant pis, je corrigerai une fois rentrée).

    Une jeune fille m'ouvre la porte et me dévisage d'un air soupconneux quand je demande, en anglais, si Beate est là. Je pense avoir affaire à une des locataires de la maison. "Elle n'est pas là. Qui êtes-vous?" "Je suis francaise, je viens de Paris, je suis une amie de Beate". Elle demande mon nom et quand je le lui donne son visage change immédiatement. "Ah ! Vous êtes la soeur de M. !2 s'écrie-t-elle en nous faisant entrer. Il était temps, on se pelait le cul dehors et Boug' a le nez tout rouge.

    Nous montons à l'étage et la jeune fille se présente : c'est Anita, la fille de Beate que je ne connais pas puisqu'elle est née après mon départ. Sa mère, récemment remariée est à Freiburg et doit rentrer ici demain. Je lui montre des photos de ma famille et de ma petite soeur qui est la dernière à être venue ici, il y a 15 ans déjà, d'après les souvenirs d'Anita. Un peu plus tard, son frère, un beau garcon de 19 ans monte nous rejoindre. Nous  discutons longtemps et Anita appelle sa mère qui est visiblement ravie de me savoir là et me donne rendez-vous le lendemain à 14h. "Je ferai du café et un gâteau" me dit-elle dans un francais impeccable.

    Vers 19h, Anita nous emmène d'un coup de voiture jusqu'à un restaurant typique recommandé par son jeune frère. Tout m'est familier : la rue principale ou des maisons modernes ont remplacé les fermes grisatres devant lesquelles s'élevaient alors des tas de fumier et puis, un peu plus loin, sur la gauche, des barrières de bois qui encadrent une montée et un panneau signalant une impasse. "C'est là ! C'est là que j'habitais, là-haut !". Le château majestueux se dresse toujours dans le parc mais le colonel de l'armée francaise n'en occupe plus les lieux depuis belle lurette. C'est là qu'à Pâques, des nuées de gamins s'élancaient à la recherche d'oeufs en chocolat. Anita tourne encore à gauche et nous dépose devant le Gasthaus Schützen, juste en face de l'entrée de l'ancien camp militaire.

    Devant une bonne pinte de bière, nous tentons de déchiffrer le menu. La serveuse nous aide en mimant des cris d'animaux. Ce sera donc un Schwapentöpfle et un Schwabischscher Zwiebelrostbraten, respectivement du porc et du boeuf, servies avec un bol de tendres spätzle.

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    Dans la salle des familles sont attablées devant leur chope de bière et des petties filles gambadent. Au moment de l'addition, moment de panique . aucune de nos cartes de crédit n'est acceptée et la serveuse m'emmène en voiture jusqu'à la Volksbank la plus proche. En route, j'apprends que Maria est russe et vit à Münsingen depuis 12 ans. J'essaie de lui expliquer d'ou je viens et pourquoi je suis là.

    Un peu plus tard, Boug' et moi avalons dans la nuit noire - et un peu glacée -  et sans croiser qui que ce soit, les 3 kilomètres qui nous ramènent jusqu'aux moelleux édredons de l'hôtel Hermann. Demain, nous irons à Bad Urach.

     

     

     

  • Un pingouin, un provençal, une princesse et un Antoine qui s’appelait pas Antoine …

    Il était à peine 18 heures hier soir lorsque sur la place de l’Hôtel de Ville tout illuminé, j’ai retrouvé Aïn, « le premier blogueur que j’ai rencontré  pour de vrai ». Lorsque je découvris qu’il était de passage à Pari, je lui proposai, sans trop y croire car il est timide, de m’accompagner à Paris Carnet. Contre toute attente, il accepta sans hésiter. Il était caché sous un chapeau, lui aussi, le même que Marc Veyrat, d'ailleurs …

    Et voilà qu’après avoir discuté de ses – nombreux – projets dans le bus qui nous déposait là ou Ménilmontant et Belleville s’épousent, nous poussons la porte de l’Assassin.

    « Vous êtes les premiers », dit Hadrien. Nous tombons les chapeaux et nous asseyons, Aïn n’a pas changé, ses tempes sont juste saupoudrées d’argent, et ça lui donne encore plus de charme. Peu de temps après, la silhouette de rugbyman de Boby apparaît dans l’encadrement de la porte. Le Sud en force, ce soir !

    Bientôt, les yeux bleus de Bénédicte s’installent à côté de moi. Puis Boug’ qui sort l’appareil photo à peine assise et me canarde, mine de rien. Faut faire gaffe à cette nana, moi je vous le dis, Boug’ elle tient son appareil photo comme d’autres tiennent leur clope, dans des positions improbables et donc supposément inoffensives, et avant que vous ayez le temps de dire ouf, vos amygdales, votre décolleté voire pire se retrouvent en gros plan, heureusement anonyme, sur un de ses judicieux montages.  

    C’est à cet instant, msieu-dames, qu’il m’arrive quelque chose de drôle. Je m’absente un instant (les dames biens disent « pour me repoudrer le nez », donc on va dire ça …) et en revenant vers notre table, j’avise un jeune homme - ma foi pas dégueulasse - attablé au comptoir. Je le regarde, marque un temps d’arrêt, il me fixe aussi, avec le même air interrogateur. J’avance vers lui « On se connaît, non ? T’es blogueur ? » Il bafouille, essayant en vain de se cacher derrière son journal  « Heu, pas vraiment, enfin, oui, mais bon, je suis incognito, en fait … » Je me lance, fouillant dans mes souvenirs « Tu t’appelles … Antoine ? » « Heu, non … » Et là, illumination ! Je ne l’ai pas rencontré sur les blogs. C’est l’homme avec lequel j’ai vécu pendant 6 ans !

    (nan, j’déconne !!!)

    En fait, ce garçon blond à la mèche un peu rebelle, je l’ai rencontré à une soirée du café de l’amour, il me semble d’ailleurs que c’était la fameuse soirée avec Françoise Simpère. Nous avions poursuivi la discussion au Ménilmontant, avec lui, donc, ma copine Chacha et d’autres joyeux drilles qui n’avaient pas envie de se coucher tôt. Je lui avais demandé son numéro de téléphone et ne l’avait jamais appelé (je fais ça régulièrement quand je manque d’inspiration, pour ma grille de loto du vendredi).

    Il sont deux comme ça à s’être planqués au bar pour observer ces groupes de blogueurs qu’ils ne connaissent pas. F. me dit qu’il a été invité par une blogueuse. Quand il me donne le nom de son blog, je souris. Il y a quelques mois, elle était entrée ici, hésitante, timide, sur mon invitation et je l’avais reconnue sans la connaître. Je les invite à se joindre à notre table. L’autre jeune homme, c’est Monsieur Pingouin. Et puis, Nichevo arrive, tout frigorifié sur sa moto. Un peu plus tard, la grande silhouette tout en longueur d’Oh !91 glisse jusqu’à nous. Embrassades, présentations, rires, comme d’habitude et puis une nouvelle, encore, décidément, c’est chouette ce soir, y’a plein de surprises, c’est PrincessOnLine ! Dans le brouhaha, on n’a pas eu le temps de vraiment faire connaissance mais on s’est promis une soirée en comité restreint. Tiens, Fauvette n’est pas là, ce soir.  Un peu plus tard, d’autres yeux bleus rieurs, avec lesquels j’ai passé une soirée fort sympathique dans le Marais, à la fin de l’hiver dernier. Il n’est pas blogueur et comme son père, il m’appelle « Fizo ». Manque plus que la petite sœur et j’aurai vu toute la fratrie en moins d’une semaine.

    Il est 22h30 quand je grimpe dans le bus 96 qui dévale la rue Jean-Pierre Timbaud. Bien au chaud sous mon chapeau, je voyage à peu de frais : « L’homme bleu », « Bakara Lounge », « La tontine d’or ». Le quartier regorge de restaurants sénégalais où on peut déguster poulets yassas ou mafés, celui-là par exemple, faudra que j’y emmène ma copine gourmande. Sur le trottoir, des grappes de gens, on se croirait un samedi soir. Je note avec un certain plaisir que le froid n’a pas dissuadé tout Paris de mettre le nez dehors.

    Après l’effervescence d’Oberkampf, le bus emprunte la rue de Turenne, déserte. J’aime voyager en bus, la nuit, le nez collé à la vitre. Paris est tellement belle, toute scintillante, mystérieuse, je découvre ici un bar chaleureux, là un monument méconnu ou encore une statue nichée à un angle de rues. Je m’interroge « Qu’est ce que c’est ? » et me parle à moi-même « Tiens, faudra que je revienne par ici ! ». J’ai par exemple appris, depuis hier, que la rue de Turenne s’appelait la rue Saint-Louis, retrouvé la sculpture aperçue furtivement et le style de l’église illuminée. Je suis incapable de distinguer un style architectural d’un autre, tout au plus puis-je reconnaître les églises romanes des gothiques (merci grand-père). A « Hôtel de ville », je changeai de bus - heureusement sans attente  - passai devant le maréchal Ney qui se dresse, prêt à charger, à l’endroit même où il fut exécuté.

    « 23h22, 4°C », annonce le panneau lumineux au-dessus du périphérique. Moins de 20 minutes plus tard, je dors comme un bébé.

  • Ma manga girl

    Mon vélo a passé sa 3ème nuit devant la mosquée de Paris. J’ai pas eu le courage d’aller le chercher hier, en sortant de Paris Carnet à 23h, surtout avec le risque qu’il n’y soit plus. On verra ce soir.

    Richard était enrhumé, Fauvette absente mais Bénédicte toujours aussi délire, Oh!91 au fond de son lit avec une amygdale surinfectée (vas savoir ce qu'il a encore été avaler, çui là!), Boug’ a encore pris des photos dégueus au chocolat coulant, ça devient une habitude, on a ri comme des gamins de 15 ans, et puis … on avait un invité surprise, le chéri de ses dames, qui arborait comme promis son joli badge jaune …

     

    Ce matin, 10 degrés annoncés au dessus du périph’, je marche d’un pas traînant jusqu’au tramway et là, venant vers moi, je reconnais ma petite sœur à la tête de manga, avec ses jolis macarons au-dessus des oreilles. Je l’embrasse dans le cou, d’ailleurs maintenant j’ai les lèvres parfumées à l’Ultraviolet, la serre dans mes bras, « Mais qu’est ce que tu fais là ? », elle part en formation pour une journée dans le nord de Paris, pas envie d’y aller, moi non plus, j’ai envie de lui dire « Viens on va se prendre un petit déj’ toutes les deux », mais ce ne serait pas raisonnable …

    Je monte dans le tram’, j’évite de penser que mon frère part vivre à Nantes ce week-end, et que ma petite Marion va s’exiler bientôt aussi en province. D’habitude c’est toujours moi qui part, et là, ma fratrie me lâche, ça me fait drôle, et j'appréhende.

    Je suis déjà épuisée à l’idée de cette journée à assurer pour 2, ma collab’ étant malade, en plus j’ai encore raté cette p… de navette, et Nova qui passe que des chansons tristes, belles comme celle que j'ai mise là, en dessous, mais tristes, fait chier …

    (ah si ! la bonne nouvelle, c’est que je vais passer le Nouvel An à Budapest avec ma bande de barjos ! j’ai acheté mon billet hier !)