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  • Fille de l'air

    Ce matin, à la station Châtelet, dans le couloir qui mène à la ligne 14, j'ai particulièrment savouré la bourrasque d'air frais qui s'est engouffrée sous ma robe à franges et m'a mis les cheveux à l'envers.

    Arrivée à notre étage, je me suis gentiment fait charrier sur ma robe charleston et on m'a demandé où j'avais mis ma plume, question à laquelle j'ai préféré ne pas répondre.

    Et puis, un commercial qui m'est fort sympathique a dit, quand je lui ai fait la bise : "Heureusement que je ne suis pas fétichiste des chaussures, je serais devenu fou !"

    Décidément, je ne regrette pas de l'avoir achetée cette petite robe. J'ai l'impression de ne rien avoir sur moi, et c'est très agréable.

    Edt de 15h54 : Mon chef de projet préféré vient d'échanger des messages avec un de nos collègues, absent, au sujet de ma robe à franges. Du coup, il m'a filmé en train d'éxécuter une petite danse charleston sur le plateau, sous les yeux ronds du petit nouveau. J'aurais donné cher pour voir la tête de T. lorsqu'il va recevoir la vidéo, en espérant qu'il ne l'ouvre pas devant des clients ...

    (C'est du grand n'importe quoi, ces jours-ci, faudrait pas que la température ambiante continue à augmenter ...)

  • Ma folle de soeur (à Bruxelles)

    Photo115.jpgGare du Midi, 8h23. Je suis en avance et avant de pénétrer dans les locaux de ce client prestigieux, je  m’offre un café et une gaufre chaude et caramélisée  dans la station de métro Louise. Je suis stressée, comme à chaque fois que j’aborde un nouveau client et que je dois comprendre comment il travaille en quelques jours – 2 en l’occurrence – et surtout répondre à ses demandes. C’est aussi ce que j’aime dans mes missions : une problématique pas toujours claire et quelques jours pour y répondre. La consultante avec laquelle j’avais fait mon bilan de compétences m’avait diagnostiquée comme étant quelqu’un qui s’épanouit plutôt dans des projets à court ou moyen terme. Elle avait parfaitement raison.

    Mes stagiaires sont hollandais, la formation se fera donc en anglais, ce qui me réjouit. Le midi, nous déjeunons rapidement de sandwiches, à la mode belge. Ils me confient que les hollandais mangent le plus souvent devant leur ordinateur, considérant le repas comme une perte de temps nécessaire plutôt qu’un plaisir. Le soir, ils proposent de m’emmener visiter leur nouvelle boutique. C’est la première fois que j’en pousse les portes et je suis étonné de leur parfaite organisation. D. qui vient de La Haye, ne peut s’empêcher d’avoir le regard critique du professionnel sur ses collègues belges et détaille les discours auxquels ils doivent se plier. Ne jamais prononcer le mot « non », bannir les mots négatifs comme « jamais » ou « problème » et poser des questions ouvertes. Et la difficulté d’appliquer cette approche client aux hollandais, qui ont une façon de communiquer très directe.

    Nous rejoignons l’hôtel où nous dormons tous et D. propose un dîner dans un restaurant tout proche. « Ma folle de sœur » est un restaurant chaleureux habillé de bois, sur la chaussée de Charleroi. Pour accéder à la terrasse, située à l’arrière du restaurant, il faut traverser la cuisine, c’est marrant. Mes stagiaires, par chance, ne mangent pas de façon hygiénique mais sont de fins gourmets et me mettent à contribution pour leur traduire la carte. B., qui a longtemps tenu une épicerie fine en plein cœur d’Amsterdam, choisit  un foie d’oie poêlé. Ils commandent 2 bouteilles de vin blanc (pour 3, ça rigole pas chez les Bataves) et moi un verre de rouge, que je déguste sur une bruschetta de tomates fraîches ornée de tranches fines de thon mi-cuit. En face, c'est un millefeuille d'aubergines surmontée d'une boule de chèvre frais.

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    Pour suivre, j'ai jeté mon dévolu sur une poêlée de Saint-Jacques en tombée de chicons, parfaitement saisies.

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    Le repas est détendu et vraiment sympa, le service fluide et agréable. Seul regret : un léger grincement de dents de la patronne qui nous a d'abord remis une facture globale alors que je lui avais spécifiquement demandé de m'en sortir une pour moi. Je ne sais pas comment il faut le leur dire car c'est un problème auquel nous sommes souvent confrontés. La réticence des restaurateurs belges à rédiger des factures individuelles serait dûe au fait qu'ils paient les carnets de tickets.

    B. m’enjoint à assister en août à la Gay Parade d’Amsterdam, visiblement incontournable, le meilleur point de vue se trouvant sur les canaux de la ville.  J’aime sa façon de ponctuer ses questions par mon prénom, en se tournant vers moi. Nous échangeons des vues sur les Français et les Hollandais, la politique, le foot, les hommes et les femmes, nos boulots respectifs. Mes trois charmants convives m’assurent que les Hollandais sont les plus grands râleurs du monde et nettoient leurs assiettes en plaisantant « We’re dutch, we eat  everyhting we pay for ». Une des principales différences, selon eux, entre Hollandais et Belges ? Ces derniers seraient beaucoup plus courtois.

    Le soir, je  me couche bien plus tard que prévu, mais ça me fait du bien de papoter, virtuellement, avec P_o_L et d’autres, plantée au beau milieu du hall de l’hôtel, tout en parcourant mes blogs préférés, où Petite Française me fait des clins d’œil.

    Je me réveille à l’aube, comme tous les jours depuis 1 semaine. Ma cliente me claque deux bises et me tutoie. Les rapports client-fournisseur en Belgique n’ont pas commune mesure avec ce que je peux vivre en France. Au début, ça surprend et on reste un peu sur la réserve et puis on se laisse faire.  Mon autre cliente belge nous accompagne même désormais dans nos explorations gastronomiques nocturnes. Sous les conseils avisés de mes 3 adorables stagiaires, je fais une cure de caféine comme jamais. La journée est assez speed et vers 16h, je nous libère, regrettant de ne pouvoir regarder le match avec eux. A la station Louise, des effluves de gaufre me chatouillent les narines mais déjà, j’ai une boule dans le ventre à l’idée de reprendre le train.

    Ce matin, je leur ai envoyé un mail qui disait, en substance, et en anglais : « Alors ? Pas trop la tête dans le cul ? »

    "Ma folle de soeur"au 53 de la Chaussée de Charleroi, à Bruxelles (Tél : 02/538 22 39)

  • Bribes

    Ce midi, à la cantine, mon chef de projet préféré, qui me suit :

    « Ben alors, quel effet tu fais sur les hommes ! Tu te pointes avec ton plateau et hop ! d’un coup, une table de 8 mecs se lève et se barre »

    Moi : « Ben oui, qu’est ce que tu veux, c’est comme ça en ce moment … je fais fuir les hommes … »

    (...)

    A table, la jolie chef de projet au décolleté champêtre :

    « Alors, t’as pas été trop emmerdée avec le départ du Tour de France à Bruxelles, Fiso ? (bien sûr aucun de mes collègues ne connaît mon surnom).

    « Non, j’ai pas vu qui que ce soit. Juste croisé un cycliste, mollets huilés et vélo à la main, dans la gare du Midi. D’ailleurs, il avait un beau petit cul et je l’aurais bien suivi, mais j’avais une formation à assurer … »

    Tout la tablée se marre et le petit dernier arrivé au support technique, celui qui aime Marcus Miller, me lance : « Ah bon ? Quand tu croises des cyclistes, tu mates leur cul ? »

    « Mais pas que. Je mate le cul de tous les hommes que je trouve charmants. Dans la rue, je me retourne et je mate, et quoi qu'il arrive, je m'arrange pour toujours trouver un angle de visualisation satisfaisant»

  • Conduire en Roumanie

    Pépé.jpgUn des autres apprentissages de mon road-trip avec Boug'fut celui de la conduite hors de nos frontières. Si je n'ai pas grand-chose à dire des conduites autrichiennes et hongroises, sillonner les autoroutes en Allemagne et les routes en Roumanie fut source d'interrogations et d’apprentissage.

    En Allemagne, la vitesse modifie grandement le comportement au volant. Tout va vite et il m'est arrivé plusieurs fois, doublant un véhicule à plus de 150 km/h, d'apercevoir dans mon rétroviseur, surgie de nulle part, une puissante berline qui me poussait au cul. Tout cela sans appels de phares ni coups de klaxon.

    Les conducteurs allemands pratiquent à la perfection le dépassement. En fait, comme nous l’avons tous appris dans le code de la route : je double, je me rabats.

    On n’y voit pas, comme ici-bas, des véhicules isolés avalant les kilomètres sur la voie la plus rapide, se foutant éperdument de freiner plus rapide qu’eux.

    Et puis, sur les autoroutes allemandes, les décapotables sont souvent pilotées par des jeunes femmes sophistiquées, cheveux brillants et sourire ultrabright. Ça sent bon l’ordre et la discipline.

    En Roumanie, c’est bien différent. Les routes sont un spectacle permanent, théâtre d’un joyeux bordel, d’où surgissent mille surprises qui font tour à tour frémir et sourire.

    Frisson de dégoût à la vue des carcasses de chiens errants martyrisés sur le bas-côté, frissons fugaces de peur lorsqu’au détour d’un lacet de montagne, on est frôlé par un des nombreux poids-lourds qui sillonnent le pays.

    Sourire attendri au spectacle d’une mémé se tapant un petit roupillon, les mains sur le ventre, dans le foin de la charrette que conduit son mari, laquelle est menée par un cheval parfois coiffé de pompons rouges.

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    Sourire empreint de nostalgie en traversant des villages où posément installés sur les bancs de pierre qui ornent le perron de leurs maisons fleuries, des petits vieux, eux en vest,on, elles en foulard, papotent dans le jour déclinant. Pourquoi on n'a plus ça, en France ?

    Sourire encore à la vue des robes laiteuses des troupeaux de moutons en transhumance, menés par un fier berger sur le vert tendre des prairies, ou encore au détour d’un virage, la mine placide d’un pépé chapeauté qui promène sa vache au bout d’une corde.

    Sourire admiratif, aussi, au passage de la jupe virevoltante d’une belle et piquante gitane aux allures d’Esméralda.  

    Le premier soir, à l’assaut des routes sinueuses de la montagne noire, j’ai bien cru que jamais nous n’embrasserions Dana. Un type avait bien failli me balancer dans le ravin en voulant me doubler, me klaxonnant abondamment au passage. En l’insultant copieusement, je m’étais écrié « Ils roulent n’importe comment, ici, ça promet ! »

    Dix jours plus tard, j’avais compris mon erreur et louais l’étonnant esprit de solidarité des conducteurs roumains, rendu nécessaire par l’état déplorable des routes. J’avais noté avec surprise que les conducteurs signalaient à ceux qui les suivaient un rétrécissement de chaussée en faisant jouer leur clignotant gauche (oui parce que pour faciliter la chose, on roule à droite, certes, mais on se rabat sur la gauche, vous me suivez toujours ?)

    Ignorant cet usage (et d’ailleurs m’étant moi-même fait surprendre par cette voie qui se finissait brutalement sous mes roues), j’avais déclenché le courroux de celui qui entreprenait de me doubler parce que je ne l’avais pas averti que la deux voies se transformait en une.

    Une autre pratique qui m’a surprise, c’est la façon dont les Roumains pratiquent le dépassement.

    Dès qu’ils ont quelques dizaines de mètres de visibilité, ils déboitent et doublent plusieurs véhicules à la fois, se rabattant seulement lorsqu’un véhicule arrive en face. Parfois d’extrême justesse.

    Le premier qui se lance donne ainsi le signal du départ aux autres qui s’élancent à sa suite jusqu’à ce qu’il se rabatte, leur signalant l’arrivée d’un véhicule en sens inverse.

    Ce comportement risqué mais néanmoins inévitable, étant donné la densité de la circulation et les voies uniques, n’est possible que parce que le conducteur se faisant doubler ralentit et permet à tout moment une réinsertion rapide dans le flux de la circulation.

    Attention impensable sur les routes françaises où les conducteurs se comportent le plus souvent en coqs et où chacun se pose en donneur de leçons, quitte à accélérer pour empêcher plus rapides qu’eux de continuer leur route.

    Après quelques hésitations, Boug’ et moi avons vite adopté le comportement de nos hôtes.

    En Roumanie, on ne conduit pas, on pilote, zigzaguant prudemment entre les nids-de-poules et priant qu’un chien ne traverse pas sous notre nez (ni un ours, mais ça c’est une private joke).

    Et si les accidents sont nombreux, ce n’est pas à cause de l’alcool (tolérance zéro) ou de la vitesse mais de l’état des routes.

    Et longtemps après avoir franchi les frontières roumaines, on pouvait encore nous entendre nous écrier, dans un éclat de rire « On a fait la Roumanie, nous, monsieur ! »

    PS 1 : Qu’est qu’on s’emmerde, sur les route françaises !

    PS 2 : Ce billet n’intéressera sans doute que nous, Boug’, mais ça fait du bien, non ?